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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0119
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L'ÉCLÏPSS

AVIS IMPORTANT. — 3Les souscrip-
teurs à l'Éclipsé dont l'albonnement ex-
pire le 31 juillet, sont priés do le
renouveler sans retard., s'ils ne veulent
point subir d'interruption dans la ré-
ception du journal.

PETITE CHRONIQUE

(pas politique)

0999

cause du coloris, nous sommes obli-
gés de faire tirer YEclipse vingt-quatre
heures d'avance.

Par le temps qui court, il se passe
bien des choses en vingt-quatre heures,
Aussi ne parlerons-nous pas. politi-
que aujourd'hui, si vous voulez bien,
cher lecteur.
D'ailleurs nous ne pourrions guère
nous entretenir que du projet constitutionnel de M. Yentavon
et en rire à gorge déployée.

Et franchement ce serait inconvenant. Il est trop malade
pour cela,., s'il n'est défunt à l'heure qu'il est.

*

* *

L'ESCLAVE, de Membrée

Depuis longtemps, les paris étaient ouverts sur la question
suivante :
Qui sera inauguré le plus tôt :
De la fontaine du Château-d'Eau,
De l'Esclave de Membrée,

Ou du tunnel sous-marin reliant la France à l'Angleterre.

Un Anglais avait engagé cent mille francs sur le tunnel.
L'Esclave vient d'être joué à l'Opéra ; donc l'Anglais a perdu;
mais il ne s'en fallait pas de beaucoup.

On sait que l'ouvrage de Membrée attend son tour de rampe
depuis une vingtaine d'années.

Un tel empressement des directeurs n'est-il pas fait pour
exciter les débutants au travail et doter l'art d'hommes nou-
veaux, dont il a d'ailleurs le plus pressant besoin ?

En effet, le résultat est saisissant.

Vous prenez un jeune compositeur plein d'avenir qui a déjà
écrit des choses comme Page, Ecuyer, Capitaine, Pierre l'Ermite,
etc., et vous lui dites :

— Maintenant, mon garçon, votre affaire est faite... Donnez-
moi votre opéra... Le temps de reprendre les Huguenots, Guil-
laume Tell, la Juive, le Prophète, la Favorite, Don Juan, VAfri-
caine, *Robert-le-Diable, etc., etc.. qui n'ont encore que cinq
cents représentations chacun, et nous sommes à vous.

Dix ans après, l'archiviste donne un conp de plumeau à
l'œuvre en question.
Deux ans pour la relire,
Trois ans pour la faire copier,
Cinq ans pour les répétitions.

Avec les raccords, les indispositions dos cantatrices et les dé-
cès de ténors qui meurent de vieillesse, ou atteint facilement le
quart de siècle.

.'■3Sj&p * * '
L'œuvre obtient — ou n'obtient pas — un gf/and succès.
Et l'auteur, en apprenant cette nouvelle par les journaux,
s'écrie :

— Ah !... oui... je me souviens... C'est moi qui ai fait cette
machine-là dans le temps.., mais, ma foi, comme je n'enten-
dais parler de rien, je me sais mis dans le commerce pour vivre.

Et voilà comment la protection platonique accordée j,ux jeu-
nes compositeurs tourne souvent au profit do la passementerie.

M. Membrée no s'est pas fait passementier, parce qu'il pou-
vait attendre probablement ; mais admettez quo l'auteur de
l'Esclave ait eu à sa charge sa mère veuve et Cinq enfants !...

Il eût eu bien du mal à nourrir tout ce monde-là avec la re-
prise de Don Juan.

*

■ * *

' les noms de rues

Voilà encore que l'on s'occupe de débaptiser nos voies publi-
ques.

D'accord. Il y a, j'en conviens, des noms de rues et de boule-
vards qui rappellent" des choses et des personnalités trop mal-
saines.

Qu'on les supprime, mais, pour l'amour de Dieu î que ce soit
la dernière fois.

* *

Je demande instamment, par exemple, si l'on débaptise cer-
taines voies, que l'on ne répare pas unesottisepar une nouvelle
sottise, et que l'on choisisse pour nouveaux parrains de nos
places publiques des personnages dont le mérite et la moralité
soient incontestables pour tout le monde.

S'il nous faut remanier le catalogue des rues de Paris à
chaque changement de ministère, le métier de cocher do fiacre
finira par devenir intolérable.

C'est ce que l'on éviterait en ne cédant pas à un engouement
puéril et en laissant le temps, qui est un grand niveleur, con-
sacrer la réputation des hommes sous le patronage de qui l'on
veut placer nos trottoirs.
Je considère qu'il y aurait lieu d'adopter le principe suivant:
« Aucune place, rue ou voie ne pourra recevoir le nom d'un
« citoyen que vingt ans au moins après sa mort. »

* *

les agences de courses

Elles ont enfin excité l'attention de l'autorité, C'est vraiment
dommage, cela promettait,

On n'avait, jusqu'à présent, trouvé rien de mieux pour rem-
placer la loterie de triste mémoire.

La loterie, au moins, avait encore le mérite d'afficher crâne-
ment ses turpitudes et son immoralité. C'était le jeu franc et
sans maquillage.

Mais les poules de courses, est-ce assez bête !...

Ce monsieur qui, en passant sur le boulevard des Italiens, se
dit :

—-Tiens... si je pariais dix francs pour Jarret-de-baleine ou
pour Tcndon-d'Acier que je n'ai jamais vu courir.
Comme c'est drôle !,..

- ***

Le côté le plus blâmable de ces machines-là, c'est de gazer
un vice sous les apparences d'une louable émulation.

L'iroquois à qui l'on dirait que les Parisiens possèdent qua-
rante établissements spéciaux où l'on parie pour les courses de
chevaux, ne manquerait pas de s'écrier :

— Quels enragés sportsmen !...

Eh ! bien, pas sportsmen le moins du monde, nous sommes
joueurs, voilà tout.

Et joueurs comme de vieilles portières... joueurs à nourrir
un quaterne pendant cinq mois !...

***

Les agences de poules n'ont aucune raison d'être si les jeux
de hasard sont interdits.

A ce compte-là, il y aurait mille agences à créer et à autori-
ser, toutes plus légitimes les unes que les autres :

Une agence barométrique où chacun parierait pour le temps
du lendemain et mettrait trente sous sur le variable ou quinze
francs sur le grand vent. •

Une agence d'accidents d'omnibus où l'on toucherait quinze
fois sa mise quand on aurait parié pour la ligue Z et qu'une
des voitures do cette ligne écraserait quelqu'un.

Une agence de horions, où l'on pourrait parier pour un cer •
tain nombre de giffles distribuées au café de Suèdo — ou tout
autre — pendant une journée, etc., etc.

Mais encore une fois, puisque la loterie est interdite, ayons
la pudeur de ne pas nous déguiser en jockeys pour jouer aux
cotes.

Jouons ou ne jouons pas.

Si nous jouons, jouons franchement à pile ou face, comme
des gens qui cherchent tout bonnement à gagner cent francs,et
qui se moquent absolument que Locomotive batte Vent-qui-sifjle
d'une demi-longueur.

***

la loi sur la presse

Il paraît que le nouveau projet de loi sur la presse que l'on
élabore en ce moment porte une élévation des cautionnements
à déposer par les journaux.

— Pourquoi, me demandait hier quelqu'un, pourquoi im-
poser un cautionnement aux journalistes plutôt qu'à tout autre
industriel.

— Dame ! lui répondis-je dans ma candeur, comme garanties
des amendes qu'ils peuvent encourir.

— Diable ! mais avec ce système préventif, on pourrait aller
très-loin. Sur le boulevard, je suppose, un monsieur marche
devant moi, sa canne à la main. Jélui frappe sur l'épaule et je
lui dis : — Citoyen ! veuillez me verser trois mille francs de
cautionnement ! — Pourquoi ça ? dit-il. — Tiens parbleu ! où
est ma garjntie si vous mettez tout à coup votre canne sous
votre bras et qu'en vous retouroant vous me creviez un œil
avec...

J'avoue qno cet exemple m'a interloqué.

* *

des précautions a prendre
pendant les orages

Les violents orages qui se sont succédé depuis quelques
jours ont inspiré à un philanthrope la pensée do réunir quel-
ques conseils précieux pour éviter les terribles accidents causés
par la foudre.

Nous en extrayons les suivants :

*

* *

« Pendant un orage, lorsque vous voyez l'éclair, vous êtes
« certain de ne point être tué par le coup de tonnerre qui vient
« d'éclater.

« De même, lorsque vous êtes foudroyé vous pouvez être
« tranquille, l'éclair du coup ne vous brûlera pas la vue.

i

* *

« Le voisinage des corps métalliques est très-dangereux pen-
« dant un orage.

« On devra se tenir le plus près possible de la caisse du
galion de Vigo.

« Les courants d'air sont surtout terribles pendant l'orage.

« On â souvent vu la foudre se précipiter par une ouverture
« et ne ressortir qu'à l'autre extrémité après avoir tout ravagé
« sur son passage.

« On doit donc quand il tonne, se surveiller très-soigneuse-
ment en bâillant. »

PAR QUARANTE DEGRÉS

n ne dira plus de M. le comte
Chambord : ,^
« Pas méchant, mais ^
maladroit ! »

Non, si le premier qualiflCf
peut rester à l'hôte naïf de Fi'°-'
dorf, il y aurait injustice à
conserver le second, après sa "
nière proclamation aux Français.

Quoi de plus adroit, en effet, quand un peuple esi aed
par quarante degrés de chaleur, que de lui promettre

« monarchie tempérée? »

Si son rival en aplomb, le héros de tant de photograpk1
veut lutter de manifeste avec lui, le voilà maintenant àr
l'obligation de promettre à la France un gouvernement à'$
fraîcheur inquiétante.
Ce n'est pas, du reste, ce qui pourra lui coûter beaucoup
Attendons-nous donc à trouver au premier matin à n<>
porte — où,il aura été déposé par « le comité de distribut*
sous les paillassons — le document ci-joint, portant la signai
du jeune artilleur :

i

« Français !
« On vous promet une monarchie tempérée.
« Une belle affaire, oh ! la la !

« Ce que je vous offre, moi, c'est un empire à la fraîche.
« Désireux de justiiier son nom, il fera tout ce qui lui '•
possible pour mettre la majorité du public à l'ombre.

Rappelez-moi, et aussitôt — j'en fais serment parles pati*1'
de mon père :

Les fonctionnaires de l'Ordre moral seront tous rempla^'
par des fonctionnaires à ventilateurs.

« La conservation avec eux, de pénible qu'elle était, dévie11'
dra par là une véritable jouissance.

« La candidature officielle, échangeant son nom contre cel"'
de « candidature rafraîchissante, » ne sera plus offerte qu'àcei1'
dont les opinions seront capables de fairegeler le mercure às$
le thermomètre.
« On aimera serrer la main de tels candidats.
« Les manœuvres de la dernière heure ne se trahiront pi11*
que par des distributions de sorbets et de parasols.

«Afin que les journaux ne puissent plus donner que dfi
nouvelles fraîches, ils seront tous frappés.

« Enfin, j'aurai soin que chacun de mes décrets jette un fro>'
dans le pays.
« Le froid, j'en réponds 1

« Français,

« Botivenez-vous que le thermomètre marque les degrés !»
Si avec ça l'empire n'est pas fait, c'est qu'il neseferajamai5

LÉO.

LEON BIENVENU.

LA LÉGENDE DU SAPEUR FREDOUILLDt

C'y commence la légende du sapeur Fredouillot.

Le colonel du 194e de ligne mandele sapeur Fredouillot. ,

— Sapeur Fredouillot, lui dit-il, j'ai été à la chasse hier, c'
j'ai été assez heureux pour tuer un lièvre et deux perdrix : \
lièvre, je le garde ; quant aux deux perdrix, vous allez les pû1'
ter à -ion collègue et ami, le colonel du 195e, avec la lettre q1'1
je vais écrire.

— Oui, m'n col'nel.

Et le colonel du 194e écrit :

« Mon cher collègue et ami,

« J'ai été à la chasse hier et j'ai été assez heureux pour t\$
un lièvre et deux perdrix. Je vous envoie ces dernières P'lf
mon sapeur. Veuillez les déposer, avec mes hommages, é?*
pieds de madame de Fontbrillant, dont je suis le très-humP^
serviteur.

« Votre collègue et ami,
Léopold de Vaudrecourt de GrandmonT^'
Colonel du 194e de ligne. »>

Le sieur Fredouillot part avec sa lettre et ses doux perdri*.,'
mais en route, il rencontre un de ses camarades avec lequel 1
déjeû'io et mange l'une des deux pefdrix.

Il arrive chez le colonel du 195* et lui remet la lettre de so11
supérieur avec la perdrix qui lui reste.

Le colonel, qui est dans son salon avec sa femme, prend ^
perdrix et lit la lettre.

— Sapeur !

— M'n col'nel?

— Qu'est-ce que cela signifie? Le colonel du 194e, mon cd'
lègue et ami, m'écrit qu'il m'envoie deux perdrix, et vous 96
m'en apportez qu'une?

— Oui, m'n col'nel.

— Eh bien ! où est l'autre ?

— La voilà, m'n col'nel.

— Comment, la voilà ! En voici une, bien, mais il m'en fallt
deux.

— Oui, m'n col'nel.

— Tonnerre ! c'est la première,ça, où est la seconde:-'

— La seconde, la voilà, m'n col'nel.

— Ah ! ça, sapeur, vous f....-vous de moi?

— Non, m'n col'nel.

— Alors, c'est donc votre colonel ?

— Je ne sais point, m'n colonel.
Madame de Fontbrillant intervient :

— Mou Dieu, mon ami, vous troublez ce pauvre garçon
vous impatientant. Laissez-moi l'interroger.

Dites-moi, mon ami, vous êtes chargé de nous apporter dei>*
perdrix ?

— Oui, ma col'nel.

— Or, vous ne nous en remettez qu'une ?
—- Oui, ma col'nel.

— Eh bien ! qu'est devenue l'autre ?

— L'autre? mais c'est celle-ci, ma col'nel?

— Celle-ci ne fait qu'une, sapeur, et la lettre de votre coloOe
est bien explicite : « Je vous envoie ces dernières par mon Sa'
peur » ; ces dernières, au pluriel, c'est bien clair...

— Oui, ma col hel.
Le colonel du 195e perd patience.

— Sacrebleu ! sapeur, je n'aime pas qu'on se f... de moi- »
vais écrire à votre colonel pour lui demander une explicatif1

Et le colonel du 19b° écrit au colonel du 194° :

« Mon cher collègue,
« Par votre honorée de ce jour, vous m'annoncez que «$S
m'envoyez deux perdrix et je n'en reçois qu'une. Qu'est-ce 0?
cela signifie ? J'attends votre réponse et suis avec considér*
tion.

Votre collègue et ami,
Timoléon de Fontbrillant,

Colonel du 195o de ligne. »
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