L'ÊCLI PSE
NOUVELLES PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ
Histoire» tîntamarresque do Napo-
léon ïll, par Touchatout. — Illustrée d'un
nombre considérable de gravures noires et colo-
riées. Trés-beau et très-fort volume grand in-8°.
Histoire de France tintamarresque,
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours,
par Touchatout. — Illustrée de gravures noires
et coloriées, par (M, Lafosse, etc. Très-beau et
très-fort volume grand in-8°.
Album de la î^xino et de l'Ecllpso,
contenant cent dessins de Gill. — Beau volume
in-4° à gravures coloriées.
CONDITIONS - : Toute personne qui s'abonnera à
VÉclipse, pourra retirer dans les bureaux de ce
journal l'une des trois primes ci-dessus annon-
cées, moyennant trois francs.
Pour les départements, en raison des frais de port,
le prix de chaque prime est de six francs.
AVIS TRÈS-IMPORTANT
■ L'administration de YÉcMse n'est en mesure de fournil*
que ces dernières primes. Il est do toute impossibilité de
faire droit aux demandes qui parviendraient pour des
primes précédemment annoncées. Elles sont toutes épuisées.
J'AI REÇU VOTRE HÔNORÉE DU.
PETIT COURRIER
Monsieur Varlociie, à Garchcs.
A propos du succès de la candidature de M. Maillé, vous
m'adressez, monsieur, deiix journaux de nuances complète-
ment opposées : l'un républicain, l'autre ordremoralien, qui
tous deux chantent victoire après cette élection.
Le journal républicain dit :
« Nous nous félicitons vivement de ce nouveau triomphe'de notre
« cause., etc., eto... »
La fouille ordremoralienne dit :
« Si l'on veut examiner avec soin le résultat de l'élection de
« Maine-et-Loire, on reconnaîtra, en dépit des apparences, que
« <je scrutin est une victoire pour le parti conservateur que nous
« Représentons. En effet, etc., etc.- »
Vous paraissez fort surpris, monsieur, que l'élection d'un
candidat républicain puisse faire à la fois le bonheur dos
journaux républicains et des journaux monarchistes.
Cette stupeur, cher correspondant, dénote une âme pure,
mais naïve.
. Un peu d'obsèrvation des choses de la politique vous eût
certainement prouvé qu'en matière d'élection, c'est toujours
comme ça.
Chaque parti vaincu est toujours disposé à transformer sa
défaite en victoire triomphale, au moyen d'un groupement
ingénieux des chiffres du vote.
Les uns, en s'adjugeant d'office toutes les abstentions,
prouvent clair comme le jour que l'opinion publique est
avec eux.
Les autres se livrent à des combinaisons machiavéliques
pour établir qu'en tenant compte des voix qu'ils ont obte-
nues et en y ajoutant le nombre des électeurs qui portent
des bretelles et en multipliant le tout par le chiffre des
femmes infidèles do la circonscription, on trouvera que le
triomphe éclatant est du côté du candidat qui a été blakc-
bqtfté.
Ne vous étonnez donc plus, cher monsieur, do ces fantai-
sies innocontes, et tenez-vous prêt, au contraire, à lire dans
la Patrie, aux lendemains des élections générales qui enver-
ront prochainement à la chambre 080 républicains sur 730
députés, un premier-Parissa'terminant ainsi :
« Nous ne pouvons que nous réjouir de ci; résultat inespéré, qui
u affirme d'une façon éclulant& les tendances monarchiques de la
« France. Car il est incontestable que si l'on retranchait des sept
v millions de voix républicaines celles qui appartiennent aux ci*
« toyens ayant encore des cheveux, là majorité serait en notre
« faveur. »
Voilà, cher monsieur, mon opinion sur cette question qui
semble vous avoir rendu si perplexe.
Ai propos, si vous trouvez dans votre département urijour-
nalrépublicainqui, depuis deux ans, n'ait été nisupprimé,ni
suspendu, ni interdit sur la voie publique, envoyez-m'on
donc un numéro. Je les collectionne, parce que cela tient
encore moins de place que les litnbj'és-poste.
Recevez, monsieur, etc..
Madame olymte n... li Niort.
Oui, madame, oui... on vous a parfaitement renseignée :
Un monsieur Duc qui avait tiré un coup de révolver sur sa
femme, dont aucun d.6 ses amis pourtant n'avait à se
plaindre, vient d'être acquitté par le Jury,
L'écriture fiévreuse de votre lettre m'indique assez que
cet événement a jet 'î un très-grand trouble dans votre es-
prit; mais je n'y puis absolument rien.
A propos, si vous trouvez dans votre département un
journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait été ni sup-
primé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publique, en-.
voyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne, parce que
cela tient encore moins de place que les timbres-poste.
Veuillez agréer, madame, etc., etc.
ji - ffons&BFDppinsqn. à XiMl. ____
.Vous me faites des questions impossibles !...
Comment voulez-vous que je sache pourquoi l'interdic-
tion qui frappait le journal l'Événement a été levée au bout
de seize jours quand celle du XIX" Siècle a duré près de six
mois ?
Demandez cela à ceux que cela regarde.
On vous renverra probablement au ministre de l'Intérieur,
qui vous renverra au préfet de police, qui vous dira de vous
adresser au maréchal, qui ne manquera pas de vous faire
rebondir jusqu'au gouverneur de Paris.
Et ainsi de suite.
Vous n'en saurez pas davantage ; mais au moins, vous
m'aurez laissé tranquille.
Tout ce que je puis vous dirn, c'est ceci :
Si vous êtes républicain, comme vous vous plaisez à le
dire, mesurez toujours le mérite et la valeur des hommes de
l'opposition au plus ou moins de bontés qu'ont pour eux les
gouvernements.
A propos, si vous trouvez par hasard dans voire départe-
ment un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait été
ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voix publique,
envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne, parce
que cela tient encore moins de place que les timbres-poste.
Recevez, monsieur, etc..
Monsieur VergNOT, à Sens,
Vous m'écrivez pour me dire que ça vous ennuie mortel-
lement de lire les. comptes rendus des séances de la commis-
sion de permanence.
Vous ê*es encore réussi, vous!... Est-ce que vous croyez
que ça m'amuse, moi.
Vous me dites :
— C'est assommant!... c'est toujours la même chose. Un
député se lève, fait une question au ministre et il s'assied.
Le ministre se lève, ne répond pas au député et s'assied
aussi. Le député se relève et insiste, le ministre reste assis
et ne dit plus rien. Alors le président, sans se lever, dit : ces
sortes de questions n'ont pas le moindre intérêt, allons dîner.
Et l'on s'en va,..
Vous avez parfaitement raison, monsieur Vergnot ; les
choses se passent exactement comme vous le dites ; mais
vous devriez être assez raisonnable pour comprendre
que je n'y puis rien.
Tout ce qu'il y aurait à faire, peut-être, ce serait d'appeler
cette commission : la commission de bcrnancncc.
A propos, si vous trouvez par hasard dans votre départe-
ment un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait été
ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publique,
envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne, parce
que ça tient encore moios de place que les timbres-poste.
J'ai l'honneur, monsieur, etc..
Monsieur de Bourdenec, à Loricnt.
Vous mo demandez, monsieur, avec une pointe d'ironie
qui perce très-bien dans la boucle de vos vieux y en vieille
bâtarde, ce que je pense du rappel de l'Orénoque.
Je pense, monsieur, que cela est — si c'est fait-— ou serait
— si ça ne l'est pas encore — une excellente chose.
Et mon opinion se base sur cette vérité indiscutable qu'il
n'y a rien de plus dangereux que d'aller se poser le poing
sur la hanche devant un homme qui ne pense pas à toucher
à une chose, pour lui dire d'un ton menaçant
—- Je te guette.....et je te défends de toucher à ça.....en-
tends-tu?
On a vu des envies, qui ne se seraient jamais produites,
naître pour moins que cela.
Voiià pourquoi je crois qu'un homme sage et prudent —
de même qu'une nation sage et prudente — doit non-seu-
lement éviter les provocations, mais encore s'abstenir avec
soin de provoquer les provocations.
Ce n'est peut-être pas votre avis, monsieur de Bourdenec,
mais que voulez-vous!.... j'ai vu tant de prêtres dire des
messes, et des messes excellentes, sans avoir YOrénoque sur
le dos, que je ne puis vraiment croire que le départ de ce
• bâtiment gêne beaucoup Sa Sainteté dans l'exercice de son
divin sacerdoce.
A propos, si vous trouviez par hasard dans votre dépar-
tement un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait
été ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publi-
que, envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne,
parce que cela tient encore moins de place que les timbres-
poste.
Veuillez accepter, monsieur, etc, etc.
Madame Vertonge, à Melun.
Oui, madame, certainement, j'ai été voir l'homme ta-
toué.
Selon votre désir, je mo suis procuré une de ses photo-
graphies, et je vous l'envoie poste restante, comme vous me
le-recommandez, puisque vous désirez que votre mari ignore
cette velléité artistique.
Quant à l'authenticité du tatouage que vous me deman-
dez de vous garantir, je ne le puis vraiment.
Presque tout le monde ici paraît très-convaincu que les
dessins qui émaillent le corps de l'homme tatoué ont bien
été obtenus par cette terrible opération.
Maïs je ne dois point vous cacher que certaines personnes
attribuent â ces images une autre origine.
Elles prétendent que l'homme tatoué a obtenu ces nom-
breux bariolages en se frottant le corps tout du long contro
les opinions politiques de M. Batbie.
Cette version, comme v°us le voyez, est également vrai-
semblable. En tous cas, c'est un fort joli travail.
A propos, si vous trouviez par hasard, dans votre départe-
ment, un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait
été ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publi-
que, envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne,
parce que cela tient encore moins de place que les timbres-
poste.
J'ai l'honneur, madame, etc., etc,
LÉON BIENVENU.
LA MORALITÉ D'UN PROCÈS
saI:U\
Un monsieur en veston chiné cherche des cigares pour en offrir
à un monsieur en redingote puce. Une dame en robe écrue brode
prés d'une dame en robe bleue.
le veston chiné. — Bon procès, excellent procès !
A la robe écrue. L'avez-vous lu, Léontine?
la robe écrue, après une hésitation. — Non, mon
ami. »i - ! **»
le veston chine. — C'est un tort. Il faut lire cela.
Ah ! le président lui a joliment rivé son clou à cette dame !
la redingote ru ce. — Je lui en fais mon compli-
munt>»n' i ii" " '" » ■•■«I* *"»nr p| " ""^
le veston chiné. — Mol aussi, je suis très-content de
cette semonce. Ça venge la morale.
la redingote rucE. — C'est d'un exemple excellent.
le veston chiné. — Les femmes qui seraient tenté.s
de manquer à leurs devoirs feront leur profit de ce procès.
(Avec un regard significatif à la robe écrue). Elles en feront
leur profit ! {Il sort majestueusement avec son ami.)
II
la robe bleue, à la robe écrue. — Comment, vous n'a-
vez pas lu ?
la robe écrue. — Si, mais j-1 n'osais pas le dire à
mon mari.
la robe bleue. — Pourquoi donc?
la robe écrue. — Il y a des lettres tellement... Com-
ment dirai-je ?
la robe bleue. — C'est vrai. Elles sont un pou... Je
n'aurais jamais cru qn'on pouvait écrire des choses pa-
reilles. ,
la robe icRUK. — Oh! moi non plus.
la robe bleue. — H est vrai que quand on répond
aux signes que les jeunes gens vous font par les fenêtres.
Car il y a des femmes qui répondent...
la robe échue. — Oui vraiment, c'est incroyable !
la robe bleue. — Incroyable. Et pourtant, ma chère,
vous voyez que ça se fait.
la robe écrue, résignée. — Ça se fait.
la robe bleue.— Il ya surtout une lettre bien curieuse.
Celle qui commence par.'.". -
la robe écrue, souriant. — « Beau bébé aimé. »
la robe bleue. — Oui, c'est ça même.
la robe écrue. — Elle est courte, mais bien sentie.
la &OBE bleue. — Courte, je ne trouve pas. Où donc
l'avez-vous lue ?
la roue écrue. — Dans le jourïial de mon mari. Elle
n'avait que cinq lignes.
la robe bleue. — Oh! mais îe journal du mien la
donne bien plus longue.
la robe écrue. — Vraiment? Je ne- comprends pas
qu'Auguste s'abonne à un journal où les nouvelles sont
tronquées. Mais il en a peut-être ub autre. Si j'allais voir
d ms sa chambre pendant qu'il est au jardin.
la robe bleiie. — Oui, voyons donc? Jo ne serais pas
fâchée de la savoir paf éœur, cette lettre.
la robe écrue. — Par cœur ?
la robe bleue. — Eh bien ! pourquoi me regardez-*
vous comme cela. Vous ne pensez pas que je voudrais en
faire usage au moins.
la robe écrue, riant. — Moi non plus, J'imagine.
III
Une jeune fille, entrant discrètement. Personne. {Elle
cherche vivement de tous les côtés.) Où est ce journal ? Bon je
ne le trouverai pas. C'éskfait pour moi ? Il y a pourtant de-
dans un modèle de léttf&.. (le tirant de dessous des livres de
musique) Ah ! le voici. Vite ! (Elle pose le journal sur la table,
cherche l'endroit, tire de sa poche un crayon, du papier, ët copie :
« Beau bébé aimé. » (Bruit de pas.) Quelqu'un ! (Ellecachc
ce qu'elle écrivait.) '■ wV* B» j ,
la robe écrue, orneront lu.porte. —Impossibled#5trïettro
la main dessus. C'est étonnant. (Avisant la jeune filial Tiens,
tu es ici, Minette?
la jeune fille. — Oui, ma tante. Je... jo cherche
mon dé. Tu n'as pas vu mon dé ?
la robe écrue. —Non.
le robe bleue, bas (i la robe éeme. — La jouftiaî est
sur la table,
- la robe écrue (même jeu). — Chut ! pas devant elle !
la jeune fille, sortant. — Mais où ai je pu mettra
mon dé ?
le s'en
■ la robe bleue, se rapprochant de la table. »r-
va...
la jeune Fille, en refermant ta porte.— Je reviendrai/
Danâ un café
Trois jeunes gens causent autour d'une table chargvc^dc
consommations.
alfrëd, déposant le journal qu'il tenait sur latabld-^ TrêS'
Instructif, ce procès ! On se donne souvent bien du mal pour
conquérir un cœur! Quand je pense qu'il peut suffire de 3?
gnaux à une fenêtre...
ernest. — C'est pourtant vrai.
henri.—Je n'aurais pas cru que les gestes pouvaie0'
avoir tant d'effet sur une femme.
alfred. — Eh! bien, vous no savez pas, il me poU#*
une idée...
ernest. — Je la devine, ton idée.
Alfred. — Ah bah!
ernest. — Oui, parce que la même me vient.
HEiwi. — Tions ! Si la vôtre était la mienne...
alfred, à Uenri, — Tu voudrais essayer du procé^"5' "
hein?
NOUVELLES PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ
Histoire» tîntamarresque do Napo-
léon ïll, par Touchatout. — Illustrée d'un
nombre considérable de gravures noires et colo-
riées. Trés-beau et très-fort volume grand in-8°.
Histoire de France tintamarresque,
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours,
par Touchatout. — Illustrée de gravures noires
et coloriées, par (M, Lafosse, etc. Très-beau et
très-fort volume grand in-8°.
Album de la î^xino et de l'Ecllpso,
contenant cent dessins de Gill. — Beau volume
in-4° à gravures coloriées.
CONDITIONS - : Toute personne qui s'abonnera à
VÉclipse, pourra retirer dans les bureaux de ce
journal l'une des trois primes ci-dessus annon-
cées, moyennant trois francs.
Pour les départements, en raison des frais de port,
le prix de chaque prime est de six francs.
AVIS TRÈS-IMPORTANT
■ L'administration de YÉcMse n'est en mesure de fournil*
que ces dernières primes. Il est do toute impossibilité de
faire droit aux demandes qui parviendraient pour des
primes précédemment annoncées. Elles sont toutes épuisées.
J'AI REÇU VOTRE HÔNORÉE DU.
PETIT COURRIER
Monsieur Varlociie, à Garchcs.
A propos du succès de la candidature de M. Maillé, vous
m'adressez, monsieur, deiix journaux de nuances complète-
ment opposées : l'un républicain, l'autre ordremoralien, qui
tous deux chantent victoire après cette élection.
Le journal républicain dit :
« Nous nous félicitons vivement de ce nouveau triomphe'de notre
« cause., etc., eto... »
La fouille ordremoralienne dit :
« Si l'on veut examiner avec soin le résultat de l'élection de
« Maine-et-Loire, on reconnaîtra, en dépit des apparences, que
« <je scrutin est une victoire pour le parti conservateur que nous
« Représentons. En effet, etc., etc.- »
Vous paraissez fort surpris, monsieur, que l'élection d'un
candidat républicain puisse faire à la fois le bonheur dos
journaux républicains et des journaux monarchistes.
Cette stupeur, cher correspondant, dénote une âme pure,
mais naïve.
. Un peu d'obsèrvation des choses de la politique vous eût
certainement prouvé qu'en matière d'élection, c'est toujours
comme ça.
Chaque parti vaincu est toujours disposé à transformer sa
défaite en victoire triomphale, au moyen d'un groupement
ingénieux des chiffres du vote.
Les uns, en s'adjugeant d'office toutes les abstentions,
prouvent clair comme le jour que l'opinion publique est
avec eux.
Les autres se livrent à des combinaisons machiavéliques
pour établir qu'en tenant compte des voix qu'ils ont obte-
nues et en y ajoutant le nombre des électeurs qui portent
des bretelles et en multipliant le tout par le chiffre des
femmes infidèles do la circonscription, on trouvera que le
triomphe éclatant est du côté du candidat qui a été blakc-
bqtfté.
Ne vous étonnez donc plus, cher monsieur, do ces fantai-
sies innocontes, et tenez-vous prêt, au contraire, à lire dans
la Patrie, aux lendemains des élections générales qui enver-
ront prochainement à la chambre 080 républicains sur 730
députés, un premier-Parissa'terminant ainsi :
« Nous ne pouvons que nous réjouir de ci; résultat inespéré, qui
u affirme d'une façon éclulant& les tendances monarchiques de la
« France. Car il est incontestable que si l'on retranchait des sept
v millions de voix républicaines celles qui appartiennent aux ci*
« toyens ayant encore des cheveux, là majorité serait en notre
« faveur. »
Voilà, cher monsieur, mon opinion sur cette question qui
semble vous avoir rendu si perplexe.
Ai propos, si vous trouvez dans votre département urijour-
nalrépublicainqui, depuis deux ans, n'ait été nisupprimé,ni
suspendu, ni interdit sur la voie publique, envoyez-m'on
donc un numéro. Je les collectionne, parce que cela tient
encore moins de place que les litnbj'és-poste.
Recevez, monsieur, etc..
Madame olymte n... li Niort.
Oui, madame, oui... on vous a parfaitement renseignée :
Un monsieur Duc qui avait tiré un coup de révolver sur sa
femme, dont aucun d.6 ses amis pourtant n'avait à se
plaindre, vient d'être acquitté par le Jury,
L'écriture fiévreuse de votre lettre m'indique assez que
cet événement a jet 'î un très-grand trouble dans votre es-
prit; mais je n'y puis absolument rien.
A propos, si vous trouvez dans votre département un
journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait été ni sup-
primé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publique, en-.
voyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne, parce que
cela tient encore moins de place que les timbres-poste.
Veuillez agréer, madame, etc., etc.
ji - ffons&BFDppinsqn. à XiMl. ____
.Vous me faites des questions impossibles !...
Comment voulez-vous que je sache pourquoi l'interdic-
tion qui frappait le journal l'Événement a été levée au bout
de seize jours quand celle du XIX" Siècle a duré près de six
mois ?
Demandez cela à ceux que cela regarde.
On vous renverra probablement au ministre de l'Intérieur,
qui vous renverra au préfet de police, qui vous dira de vous
adresser au maréchal, qui ne manquera pas de vous faire
rebondir jusqu'au gouverneur de Paris.
Et ainsi de suite.
Vous n'en saurez pas davantage ; mais au moins, vous
m'aurez laissé tranquille.
Tout ce que je puis vous dirn, c'est ceci :
Si vous êtes républicain, comme vous vous plaisez à le
dire, mesurez toujours le mérite et la valeur des hommes de
l'opposition au plus ou moins de bontés qu'ont pour eux les
gouvernements.
A propos, si vous trouvez par hasard dans voire départe-
ment un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait été
ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voix publique,
envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne, parce
que cela tient encore moins de place que les timbres-poste.
Recevez, monsieur, etc..
Monsieur VergNOT, à Sens,
Vous m'écrivez pour me dire que ça vous ennuie mortel-
lement de lire les. comptes rendus des séances de la commis-
sion de permanence.
Vous ê*es encore réussi, vous!... Est-ce que vous croyez
que ça m'amuse, moi.
Vous me dites :
— C'est assommant!... c'est toujours la même chose. Un
député se lève, fait une question au ministre et il s'assied.
Le ministre se lève, ne répond pas au député et s'assied
aussi. Le député se relève et insiste, le ministre reste assis
et ne dit plus rien. Alors le président, sans se lever, dit : ces
sortes de questions n'ont pas le moindre intérêt, allons dîner.
Et l'on s'en va,..
Vous avez parfaitement raison, monsieur Vergnot ; les
choses se passent exactement comme vous le dites ; mais
vous devriez être assez raisonnable pour comprendre
que je n'y puis rien.
Tout ce qu'il y aurait à faire, peut-être, ce serait d'appeler
cette commission : la commission de bcrnancncc.
A propos, si vous trouvez par hasard dans votre départe-
ment un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait été
ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publique,
envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne, parce
que ça tient encore moios de place que les timbres-poste.
J'ai l'honneur, monsieur, etc..
Monsieur de Bourdenec, à Loricnt.
Vous mo demandez, monsieur, avec une pointe d'ironie
qui perce très-bien dans la boucle de vos vieux y en vieille
bâtarde, ce que je pense du rappel de l'Orénoque.
Je pense, monsieur, que cela est — si c'est fait-— ou serait
— si ça ne l'est pas encore — une excellente chose.
Et mon opinion se base sur cette vérité indiscutable qu'il
n'y a rien de plus dangereux que d'aller se poser le poing
sur la hanche devant un homme qui ne pense pas à toucher
à une chose, pour lui dire d'un ton menaçant
—- Je te guette.....et je te défends de toucher à ça.....en-
tends-tu?
On a vu des envies, qui ne se seraient jamais produites,
naître pour moins que cela.
Voiià pourquoi je crois qu'un homme sage et prudent —
de même qu'une nation sage et prudente — doit non-seu-
lement éviter les provocations, mais encore s'abstenir avec
soin de provoquer les provocations.
Ce n'est peut-être pas votre avis, monsieur de Bourdenec,
mais que voulez-vous!.... j'ai vu tant de prêtres dire des
messes, et des messes excellentes, sans avoir YOrénoque sur
le dos, que je ne puis vraiment croire que le départ de ce
• bâtiment gêne beaucoup Sa Sainteté dans l'exercice de son
divin sacerdoce.
A propos, si vous trouviez par hasard dans votre dépar-
tement un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait
été ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publi-
que, envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne,
parce que cela tient encore moins de place que les timbres-
poste.
Veuillez accepter, monsieur, etc, etc.
Madame Vertonge, à Melun.
Oui, madame, certainement, j'ai été voir l'homme ta-
toué.
Selon votre désir, je mo suis procuré une de ses photo-
graphies, et je vous l'envoie poste restante, comme vous me
le-recommandez, puisque vous désirez que votre mari ignore
cette velléité artistique.
Quant à l'authenticité du tatouage que vous me deman-
dez de vous garantir, je ne le puis vraiment.
Presque tout le monde ici paraît très-convaincu que les
dessins qui émaillent le corps de l'homme tatoué ont bien
été obtenus par cette terrible opération.
Maïs je ne dois point vous cacher que certaines personnes
attribuent â ces images une autre origine.
Elles prétendent que l'homme tatoué a obtenu ces nom-
breux bariolages en se frottant le corps tout du long contro
les opinions politiques de M. Batbie.
Cette version, comme v°us le voyez, est également vrai-
semblable. En tous cas, c'est un fort joli travail.
A propos, si vous trouviez par hasard, dans votre départe-
ment, un journal républicain qui, depuis deux ans, n'ait
été ni supprimé, ni suspendu, ni interdit sur la voie publi-
que, envoyez-m'en donc un numéro. Je les collectionne,
parce que cela tient encore moins de place que les timbres-
poste.
J'ai l'honneur, madame, etc., etc,
LÉON BIENVENU.
LA MORALITÉ D'UN PROCÈS
saI:U\
Un monsieur en veston chiné cherche des cigares pour en offrir
à un monsieur en redingote puce. Une dame en robe écrue brode
prés d'une dame en robe bleue.
le veston chiné. — Bon procès, excellent procès !
A la robe écrue. L'avez-vous lu, Léontine?
la robe écrue, après une hésitation. — Non, mon
ami. »i - ! **»
le veston chine. — C'est un tort. Il faut lire cela.
Ah ! le président lui a joliment rivé son clou à cette dame !
la redingote ru ce. — Je lui en fais mon compli-
munt>»n' i ii" " '" » ■•■«I* *"»nr p| " ""^
le veston chiné. — Mol aussi, je suis très-content de
cette semonce. Ça venge la morale.
la redingote rucE. — C'est d'un exemple excellent.
le veston chiné. — Les femmes qui seraient tenté.s
de manquer à leurs devoirs feront leur profit de ce procès.
(Avec un regard significatif à la robe écrue). Elles en feront
leur profit ! {Il sort majestueusement avec son ami.)
II
la robe bleue, à la robe écrue. — Comment, vous n'a-
vez pas lu ?
la robe écrue. — Si, mais j-1 n'osais pas le dire à
mon mari.
la robe bleue. — Pourquoi donc?
la robe écrue. — Il y a des lettres tellement... Com-
ment dirai-je ?
la robe bleue. — C'est vrai. Elles sont un pou... Je
n'aurais jamais cru qn'on pouvait écrire des choses pa-
reilles. ,
la robe icRUK. — Oh! moi non plus.
la robe bleue. — H est vrai que quand on répond
aux signes que les jeunes gens vous font par les fenêtres.
Car il y a des femmes qui répondent...
la robe échue. — Oui vraiment, c'est incroyable !
la robe bleue. — Incroyable. Et pourtant, ma chère,
vous voyez que ça se fait.
la robe écrue, résignée. — Ça se fait.
la robe bleue.— Il ya surtout une lettre bien curieuse.
Celle qui commence par.'.". -
la robe écrue, souriant. — « Beau bébé aimé. »
la robe bleue. — Oui, c'est ça même.
la robe écrue. — Elle est courte, mais bien sentie.
la &OBE bleue. — Courte, je ne trouve pas. Où donc
l'avez-vous lue ?
la roue écrue. — Dans le jourïial de mon mari. Elle
n'avait que cinq lignes.
la robe bleue. — Oh! mais îe journal du mien la
donne bien plus longue.
la robe écrue. — Vraiment? Je ne- comprends pas
qu'Auguste s'abonne à un journal où les nouvelles sont
tronquées. Mais il en a peut-être ub autre. Si j'allais voir
d ms sa chambre pendant qu'il est au jardin.
la robe bleiie. — Oui, voyons donc? Jo ne serais pas
fâchée de la savoir paf éœur, cette lettre.
la robe écrue. — Par cœur ?
la robe bleue. — Eh bien ! pourquoi me regardez-*
vous comme cela. Vous ne pensez pas que je voudrais en
faire usage au moins.
la robe écrue, riant. — Moi non plus, J'imagine.
III
Une jeune fille, entrant discrètement. Personne. {Elle
cherche vivement de tous les côtés.) Où est ce journal ? Bon je
ne le trouverai pas. C'éskfait pour moi ? Il y a pourtant de-
dans un modèle de léttf&.. (le tirant de dessous des livres de
musique) Ah ! le voici. Vite ! (Elle pose le journal sur la table,
cherche l'endroit, tire de sa poche un crayon, du papier, ët copie :
« Beau bébé aimé. » (Bruit de pas.) Quelqu'un ! (Ellecachc
ce qu'elle écrivait.) '■ wV* B» j ,
la robe écrue, orneront lu.porte. —Impossibled#5trïettro
la main dessus. C'est étonnant. (Avisant la jeune filial Tiens,
tu es ici, Minette?
la jeune fille. — Oui, ma tante. Je... jo cherche
mon dé. Tu n'as pas vu mon dé ?
la robe écrue. —Non.
le robe bleue, bas (i la robe éeme. — La jouftiaî est
sur la table,
- la robe écrue (même jeu). — Chut ! pas devant elle !
la jeune fille, sortant. — Mais où ai je pu mettra
mon dé ?
le s'en
■ la robe bleue, se rapprochant de la table. »r-
va...
la jeune Fille, en refermant ta porte.— Je reviendrai/
Danâ un café
Trois jeunes gens causent autour d'une table chargvc^dc
consommations.
alfrëd, déposant le journal qu'il tenait sur latabld-^ TrêS'
Instructif, ce procès ! On se donne souvent bien du mal pour
conquérir un cœur! Quand je pense qu'il peut suffire de 3?
gnaux à une fenêtre...
ernest. — C'est pourtant vrai.
henri.—Je n'aurais pas cru que les gestes pouvaie0'
avoir tant d'effet sur une femme.
alfred. — Eh! bien, vous no savez pas, il me poU#*
une idée...
ernest. — Je la devine, ton idée.
Alfred. — Ah bah!
ernest. — Oui, parce que la même me vient.
HEiwi. — Tions ! Si la vôtre était la mienne...
alfred, à Uenri, — Tu voudrais essayer du procé^"5' "
hein?