Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0014
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'ÊCLî PS S

AVIS IMPORTANT. — 1L.es sous-
cripteurs à l'Éclipsé» dont l'abonne-
ment expire le 3 0 Janvier sont
priés de le renouveler sans retard,
s'ils ne veulent point subir d'Inter-
ruption dans la réception du jour-
nal.

PRIME EXCEPTIONNELLE

De F Éclipse

LE MUSÉE UNIVERSEL, splendide volume
de 800 pages, illustré d'un très-grand nombre de belles gra-
vures sur bois. Texte des meilleurs écrivains, dessins des
plus célèbres artistes.

Reliure de luxe, tranches dorées.
CONDITIONS : Toute personne déjà abonnée à VÉclipse ou
crai s'y abonnera pourra retirer dans les bureaux de ce
journal le volume du Musée Universel, moyennant Cinq
franos.

Pour les départements, le port sera à la charge du destina-
taire, qui devra envoyer Six francs représentant le prix
du volume et les frais de l'emballage dans une petite
caisse.

Ce volume, dont le prix de librairie est.de 16 francs, consti-
tue un très-beau cadeau.

LES REVENANTS

DE LA GALERIE DES TOMBEAUX

silhouettes parlementaires

Cinquième groupe.

M. FRESNEAU

Représentait en 1848 le clergé d'Ille-et-Vilaine ; fidèle à
se? convictions, il représente aujourd'hui le clergé de Mor-
bihan. Maigre, pâle, d'une loquacité nerveuse et impru-
dente, il n'est craint que de ses amis, qu'il épouvante par
ses ardeurs maladroites. Gendre de M. Ségur d'Aguesseau,
le sénateur du second empire qui a acclamé tant de fois de
suite la République, il en veut à la révolution de Février,
qui a destitué son père, préfet de la Corse. M. Fresneau a
été un des dissulutionnistes les plus fougueux pendant la
constituante de la seconde République ; 11 réfute aujour-
d'hui avec la même vigueur les excellents arguments qu'il
trouvait irréfutables en 1848 : s'il ne voulait pas le maintien
d'une assemblée qui pouvait fonder la République, il veut
maintenir aujourd'hui l'assemblée qui se flatte d'empêcher
le gouvernement légal de la France de devenir un gouver-
nement définitif. M. Fresneau est absolument logique : il
tourne, mais toujours sur le même pivot. C'est l'essentiel
pour la conscience.

Sixième groupe.

M. GASLONDE

En 1848, était professeur de droit à Dijon. L'art avec
lequel il débitait les lois le fit choisir deux fois pour en fa-
briquer ; mais il n'avait pas, par rapport à sa double qua-
lité de légiste et de législateur, les mêmes fiertés que M. Va-
lette. On se souvient que celui-ci, membre de l'Assemblée
législative et professeur de droit à l'Ecole de Paris, dit à
ceux qui vinrent l'arrêter au 2 décembre : « J'ai deux titres
pour aller à Mazas : je suis représentant du peupls et pro-
fesseur de droit. »

M. Gaslonde ne dit rien, par dépit sans doute de n'avoir
pu trouver ces belles paroles ; il n'alla pas à Mazas, mais au
conseil d'Etat, en qualité de maître des requêtes, et, vers
1886, il fut nommé conseiller. Bonapartiste sous l'Empire,
il est devenu royaliste sous la République. Il redeviendra
peut-être conseiller d'Etat.

M. DE LA GERMONIÈRE

s'appelait Germonière tout court en 1848 ; c'était bien court
et c'était presque ridicule : quand on s'appelle Germonière,
autant s'appeler Germon. Sa vaillance lors de la campagne
des banquets lui valut un mandat à la Constituante. Il re-
vint à l'Assemblée législative sans qu'on sût pourquoi ;
personne ne demande comment il fait partie de l'Assemblée
actuelle. Il y est bien et s'y trouve bien. Prévoyant une
chance de restauration, il s'est fait inscrire sous le nom de
la Germonière ; les Chevau-Légers ne se sont pas offusqués
de cette particule instantanée, qui leur a semblé une poli-
tesse, et le rire des autres n'a pas troublé M. Germonière
dans le plaisir qu'il trouvait à payer ainsi sa bienvenue
dans le camp des nobles.

Destiné au barreau, mais se sentant l'éloquenee un peu
filandreuse, M. rfe la Germonière devint filateur en «'asso-
ciant à son beau-père. On lui doit un échantillon d'élo-
quence qui justifie son absence continuelle de la tribune.
C'est lui qui compara le vote nocturne de la prorogation au
vote du traité de paix avec les Prussiens. La comparaison,
bien que grotesque, ne fit rire personne.

M. LE VICOMTE DE GONTAUT-BIRON

appartient, comme on dit, à une grande famille, qu'il a
encore singulièrement-agrandie, s'il est vrai qu'il soit l'heu-
reux père de vingt-deux enfants. Ce n'est pas seulement
pour ce service rendu 4 la patrie, et que la Convention vou-

lait récompenser, que M. de Gontaut-Biron est célèbre. En-
voyé par M. Thiers à Berlin, il méritait mieux que per-
sonne de représenter la République, car il avait signé une
profession de foi contenant ces judicieuses paroles :

« Montrons à l'Europe que le pays tout entier est et veut
rester uni. La République, a-t-on dit, est la forme qui nous
divise le moins; puisse-t-elle être celle qui nous unisse le
plusl J'y travaillerai de tout mon pouvoir 1 »

M. de Gontaut-Biron a sans doute le travail silencieux,
car ses efforts en faveur de la République font peu de
bruit.

M. LE MARQUIS DE GRAMMONT

Est le fils d'un père qui fut terrible pour la légitimité.
L'ancien marquis était parmi les 221 ; il s'opposa en 1830 à
ce que les abdications de Charles X et de son fils, le duc
d'Angoulême, en faveur du duc de Bordeaux, fussent dé-
posées aux archives de la Chambre. Plus tard, il fit une
vigoureuse opposition à Louis-Philippe et siégeait à l'ex-
trême gauche.

Le fils rachète auprès des légitimistes les fautes du père :
« Noblesse oblige! » Il abuse peu d'ailleurs du verre d'eau
sucrée de la tribune, il ne parle jamais ; il interrompt sou-
vent, et Dieu sait avec quel à propos ! C'est lui qui s'effa-
roucha, avec une délicatesse singulière, du mot bagage pro-
noncé par M. Le Royer, et c'est lui qui fut, par cet incident,
la cause de la démission de M. Grévy.

C'est l'acte le plus considérable, parce qu'il est le plus in-
volontaire de sa lungue carrière de député. Il représente la
gaieté de la Haute-Saône depuis l'année 1843. Il est gai en
effet, grivois à l'occasion ; les lis ne rougissent pas !

Septième groupe.

Mi LE VICOMTE D'HAUSSONVILLE

A fréquenté les républicains dans sa jeunesse, pendant le
second empire; il les a souvent salués chez son père; il y
parut bien, au 5 février 1871, quand il se présenta devant le
comité électoral deRozoy; il prit alors l'engagement formel
de fonder la République, et il ajoutait, avee une témérité
de pressentiment qui l'embarrasse peu aujourd'hui :

L'assemblée devra se retirer après avoir eonclu la paix au nom
du gouvernement établi.

Al. le vicomte, pour rester fidèle à son programme, em-
pêche d'établir un gouvernement; d-e cette façon, l'assemblée
a le droit de rester, sans gêner ceux qui la condamnaient
d'avance.

L'ex-préfet d'Alger, qui s'était cru menacé par un fusil,
sans cartouche, mais qui a été rendu, par M. de Broglie,
aux espérances de la diplomatie, M. d'Ideville, dans les in-
discrétions qu'il a récemment publiées, avait mis sous la
date 1862, à propos du jeune vicomte, ces paroles protec-
trices : Un brave garçon. Fort heureusement, avant d'envoyer
le manuscrit à l'imprimerie, M. d'Ideville fut efficacement
protégé à son tour par le jeune vicomte; alors il ajouta,
comme témoignage de gratitude : Il ira loin.

Je ne sais où M. d'Ideville espérait envoyer M. le vicomte
d'Haussonville ; mais je sais bien que si celui-ci va jamais
où veulent l'envoyer ses électeurs aux prochaines élections,
il ira loin ! En attendant, il est le neveu de M. de Broglie :
cela suffit à gonfler son ambition, qui prend son vol.

UN OBSERVATEUR.

BROUTILLES

Hamburger à Dupuis. — Pourquoi un homme triste
n'est-il jamais un bon factionnaire?
Dupuis. — ???

Hamburger. — Parce qu'un homme triste est impropre
à faire le guet.

*

» »

Pensée d'un ivrogne :

Au fur et à mesure que l'on boit, on perd de sa conte-
nance.

» »

Si l'on en croit certains historiens, Louis XIV, en épou-
sant madame de Mainrenoo, aurait dit à la célèbre veuve ;
— Madame... je vous épouse et vous êtes reine.
Madame de Maintenon a dû rire en dessous.

*

* »

A l'écarté, c'est étrange : ce n'est que lorsqu'un joueur a
besoin de cartes qu'il en donne,



* *

Pour les épicuriens, vider un verre, c'est remplir un de-
voir.

Axiome dédié à M, de dismark :
Avaler beaucoup de choses ne prouve rien. Il n'y a que
ce que l'on digère qui profite.

Barow Brisse.

*

* *

Copié sur l'enseigne d'un charcutier dans une petite ville

de province :

Batta fils, charcutier, tue les cochons comme non pére.

* .. JKXY?'?''-, • f ' ;

+ *

On dit qu'il y a des montagnes dans la lune :
Pas toujours.

Quand elle est pleine, par exemple.

» »

îl y a des cuisinières brunes qui font des roux.

«

Dupuis à Hamburger. — Ma revanche !... Avec quoi
faut-il essuyer la porcelaine fine Pour ne pas la casser ?

Hamburger. —???

Dupuis. — Il faut l'essuyer...............avec beaucoup de

soin.

TURLUPIN,

LE FURET DES BOIS, MESDAMES

Il court, il court, le furet, le furet des bois, mesdames ; il
a passé par ici, il repassera par là. (Bis.)

Tous les jours de la semaine, d'un bout à l'autre de l'an-
née, au Louvre, entre midi et trois heures et demie, à tra-
vers les salles encombrées de copistes de tableaux, mâles et
surtout femelles, circule, le nez au vent, innocente et fûtée,
une très-jeune fille, artiste en bouton encore, et qui, sous
aucun prétexte, ne peut rester enchaînée à son chevalet plus
de dix minutes par heure.

C'est une véritable pensionnaire échappée.

On l'a surnommée le Furet.

L'œil très-indulgent, presque paternel, des gardiens la
suit avec un sourire dans ses évolutions sans rime ni rai-
son.

Le brigadier lui-même, ce haut personnage, daigne, mal-
gré son rang, quand il rencontre le gentil Furet, lui faire un
signe de tête affectueux.

Et ce mouvement amical met en branle — honneur in-
signe 1 — son volumineux tricorne à passe d'or, son habit
vert-billard à boutons d'or, son gilet rouge à galons d'or, sa
chemise à boutons d'or, et sa main ornée d'un gros anneau
d'or!

Le Furet, à qui tant de majesté n'impose point du tout,
passe près de lui, un fin rire aux lèvres, et, de son cher
petit index, menace le noble vieillard étonné de tant d'au-
dace, et dont le sourcil impérieux se fronce.

Heureusement, le froncement du sourcil du brigadier
vénérable n'a pas la propriété de celui de Zeus, qui faisait
trembler l'Olympe jusque dans ses fondements. Or, les dieux
et déesses mythologiques, peintes, et qui le contemplent du
haut de leur cadre, demeurant impassibles et sereins.

Mince, blonde, les cheveux enfouis sous un filet léger,
portant hardiment la tète en arrière, le Furet court de ci, dé
là, sans bruit, sa petite personne enveloppée dans un im-
mense sarreau de percaline, noire jadis, luisante comme une
cuirasse.

Sa robe grise, à traîne fort longue, vraie queue de furet
sur laquelle o,n est toujours près de marcher, balaye le par-
quet poli.

Il court, il ccurt, le furet, le furet des bois, mesdames ;
il a passé par ici, il repassera par là !

Toujours en camp volant, on la croise, vingt fois par
heure, dans la Galerie française, aux Egyptiens, devant les
Rubens, dans le Salon carré, enfin partout, excepté à l'en-
droit où se trouve le tableau qu'elle est censée copier depuis
des mois !

Elle s'insinue sans peine entre les chevalets des cama-
rades, souriante, les dérange, se penche à leur oreille pour
dire des riens mystérieusement. Et, de rire.

Et l'étranger, le visittur bourgeois, le Philistin enfin qui
marche sur la pointe du pied, et glisse maladroitement de
temps en temps, rougit, se trouble, en écoutant les frais
éclats de rires étouffés que poussent le Furet et ses amies.

Parfois, grave, mais l'œil aux aguets, le Furet flâneur at-
trape par le bras une collègue de son âge, et, roucoulant,
ondulant, se promène parmi la foule, causant d'art ; le
public, que le bavardage plein d'assurance de cette enfant
aux formes juvéniles, à peine accusées par le sarreau, étonne
et fait réfléchir, s'en préoccupe, se retourne, et les mères en
parlent à mi-voix à leurs filles.

Le Furet ne pose pas. Il est l'enfant du Louvre. Il se croit
chez lui. Les badauds, il ne les voit pas, ne les entend pas,
et les compte pour zéro.

La chère petite est la porteuse de nouvelles, la propaga-
trice des menus propos, le moniteur en jupon des can-
cans.

C'est un joli trait d'union incessant entre toutes ces
dames.

— « Ahl ma chère, si vous saviez... » et le Furet com-
mence ainsi à déronler son chapelet de confidences inno-
centes.

Elle sait tout ce qui se passe, tout ce qui se dit, tout ce
qui aura lieu. Elle est au fait des commandes, de leur prix,
des marchands qui demandent telle ou telle chose ; elle
n'ignore pas, elle apprend avant toutes les autres pour le
leur redire avec joie, le jour delà visite des riches amateurs,
le chiffre de leur fortune, leurs goûts particuliers.

Ce cher gamin aux yeux gris, mais vifs et malins, est
encore la distraction des vieux copistes du Louvre, de ces
pauvres bonshommes qui puent la térébenthine et l'huile
grasse à quinze pas.

Le Furet, c'est l'ange du siccatif pour ees travailleurs
acharnés qui refont sans relâche, depuis vingt ans, la copie
qui leur donne un pain rudement gagné.

Comme ils l'aiment 1 On dirait qu'un rayon du bon soleil
de juin caresse leur échine lorsque le Furet, de sa petite voix
brève, claire, les interroge, et, comme aux pêcheurs à la
ligne, dit : — « Eh I bien, ça mord-il ? »

Mettant la palette de côté, ils se retournent, essuyant
leurs doigts à leurs vieux chiffons, et, tout gaillards, le
regard gai, répondent : — « Mais pas mal, merci, petit
Furet ! »

Mais déjà le Furet est bien loin près d'un autre, et comme
ces papillons qui, posés tout à coup sur un chardon dessé-
ché dans la campagne, semblent une fleur soudain éclose, le
Furet met un instant de jeunesse et de grâce sur les vi-
sages fanés et vieillis des artistes auxquels son bonjour
s'adresse.

Ah 1 dame, par exemple, il est des dame» surannées, po-
sées, sérieuses, qui ne peuvent souffrir ce rapin de leur sexe,
et se demandent entre elles comment il est possible de sup-
porter une petite péronnelle de ce genre-là ! Ah ! l'affreuse
créature ! murmurent-elles. Et sous leurs lunettes vertes
des restes d'éclairs de colère s'allument par instant.

Mais le Furet s'en moque comme un boa d'une contre-
marque 1 Elle est même joyeuse de frôler, par taquinerie,
leur escabeau pudiquement voilé de serge verte. C'est l'his-
toire de l'enfant qui pousse le coude à son camarade, Les
respectables demoiselles qui font de la peinture comme un»
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen