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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0089
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HUITIÈME ASNÊB. — N' 348.

PARIS HT DÉPARTEMENTS 3 1o CENTIMES

Las abonnements portent <to
t« de chaque mois

BUREAUX
M, rme du Cr»l»wti f •

DIMANCHE 6 JUIN 1875,

AJNNONCE3
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ADOLPHE EWIG

ADRESSER LES ABONNEMENTS ET RÉCLAMATIONS A L'ADMINISTRAI EUR DU JOURNAL

RÉFLEXIONS D'UN LUNATIQUE

A. force d'être gâté par les femmes, on en art-ire parfois à
116 Plus être que de la pourriture.

Après le bal masqué, mieux vaut souper avec un domino
Porteur de faux nez que de faux nénés.

Avec une grande bouche, on a la physionomie ouverte.

Je connais un officier d'artillerie très-sourd, et qui néan-
moins entend très-bien la guerre.

Il y a des gens qui se noient dans les plaisirs, c'est pour-
vut une sorte de pâtisserie bien |èche.

*

La terre est la nourrice du genre humain tout entier, et
^Urtant elle n'a qu'un globe.

Moudre du café brù'é, c'est broyer du noir.

Cultiver ses amis, c'est leur l'aire rendre à son prolit tout
Ce qu'ils sont capables de produire.

C'est en ne négligeant ni leur tenue ni leur tir que les
Militaires soignent leur ajustement.

**aire le commerce de chaussures en grand, c'est le faire
Sur le pied de Latour.

*

* *

La pomme de terre, aliment du pauvre, pourrait être ap-
pelée la pomme de pain,

HIPPOLYTE BRIOLLET.

CONFIDENCES

Lettre trouvée dans la rue.

, Ma bonne petite Pulchérie, je t'écris de chez mon oncle,
. bijoutier de la galerie de Valois, au Palais-Royal. J<i suis
^*ns une petite chambre basse, on appelle cela un entre-sol,
j^t-la fenêtre cintrée donne sur une rue fort laide, qu'on

Ouvre jamais, et qui sent toutes sortes d'odeurs de cui-
^ ^ la rue de Valois. On y voit surtout des cuisiniers et

es garçons de salle, une serviette nouée autour du cou^ qui
i °Qt jouer aux cartes dans des cafés souterrains. Il est onze
t<^Ures S0^Tl Nous venons de fermer les contrevents en
, 6 de la boutique. Je suis libre. Je Irouve enfin le moment

e ^envoyer quelques nouvelles sur ma position. Elle n'a

6n de rude. Nous nous levons tard. Je fais tous les jours
toilette du dimanche, et la bonne me coiffe à ravir,

chaque matin. J'ai pour emploi d'èlre fort avenante et de
siéger pendant toute la journée dans le comptoir, en atten-
dant les acheteurs. Quand il vient des clients, je fds cha-
toyer devant leurs yeux les bagues et les bijoux de mon
oricle et je leur souris de l'air le plus engageant. J'ai encore
les mains très-rouges, et les dames qui viennent chez nous
font des comparaisons, à leur avantage, entre leurs mains
pâles et effilées et mes petites pattes de jeune homard de
province. — Cela passera, m'a dit M. Eusèbe. le commis de
la maison, qui est, lui, tous les jours, bien mieux mis que
notre sous-préfet.

Je te dirai, ma bonne Pulchérie, que mon état est assez
agréable, à part que j'aime beaucoup la verdure, comme tu
lésais, et qu'ici il n'y en a pas. De ma place, je ne vois que
des bancs de fer plantés dans le j rdin du Palais Royal, au
pied d'arhres qui n'ont pas d'ombre. Au fait, ils n'ombrage-
raient que des créatures malheureuses qui s'asseyent, avec"
des airs mourant de faim, sous leurs branches, et qui font
aux passants des yeux étranges. Ma tante m'a dit cejjue ces
femmes attendaient là, et cela m'a s-rré le cœur.

Le soir, notre galerie est extrêmement brillante, et nos
voisins luttent avec nous de gaz et de glaces pour éblouir
les étrangers qui se figurent encore que le Palais-Royal est
le lieu de promenade du monde élégant.

Ma bonne Pulchérie, je te dirai encore que, le soir, la vue
des gens qui se plantenc devant notre vitrine, est parfois
énervante. On m'a dit que je m'y ferais. Je veux îe croire,
et je l'espère bien. Sans cela la position ne serait pas tena-
ble. Des pensées agaçantes remplissent ma tête pendant
toute la soirée. Figure-toi que, depuis six heures du soir,
des femmes, fardées comme des actrices, se succèdent et sta-
tionnent devant nos pierreries, qu'elles font semblant de re-
garder. Mais, je le vois bien, leurs yeux peints lancent à
droite et à gauche, en coulisse, des coups-d'œil inquiets et
fatigués. A chaque instant, bien -que je m'efforce de m'ab-
sorber dans un travail de broderie, je vois un monsieur
jeune ou vieux, surtout vieux, venir examiner à son tour,
d'un air indifférent, nos pendants d'oreille et nos porte-
bonheur, mais son regard contemple surtout l'horrible femme
arrêfie devant notre magasin. M. Eusèbe rit, alors, et fait
des dpisaii taries. Moi, je rougis et j'ai de la colère au cœur.
BieiKôt, la dame et le monsieur se rapprochent, et ils cau-
sent tout bas. Quand le monsieur est jeune, il rougit d'a-
bord et sourit ensuite. Quand ie monsieur est vieux, c'est la
dame qni sourit en dessous. Quant au vieux monsieur, il a
toujours l'air gêné ; on dirai' qu'il tremble d'être vu par
quelqu'un, une épouse peut-être ou un ami.

J'ai envie, quand la conversation se prolonge, de leur
crier : « Mais, allez-vous-en doncl » et je leur jette des
regards de mépris. Mais ils n'ont pas l'air de se douter qu'on
puisse les voir de la boutique, entre les broches et les chaînes
de montre, et ça n'en finit pas. C'est affreux 1 M. Eusèbe dit
que ça fait aller le commerce. En effet, plusieurs fois une
dame et un monsieur, apiès avoir longuement causé en-
semble, sont entrés dans la boutique. Presque toujours, le
monsieur était un étranger avec une barbe extrêmement
blonde; la dame se faisait offrir une bague, et ils partaient
enchantés l'un de l'autre. Quels monstres, que ces créatures!
et que les hommes sont bêtes et faibles! Ce n'est pas à nous
autres, jeunes filles honnêtes, qu'on offrirait des bagues de
prix ! Ils aiment mieux ces filles laides, mal peignées, et dont
les jupons, je le vois bien, sont toujours pleins de boue ou
de poussière par le bas. Et c'est tous les soirs la même
chose !

A côlé de ces vilaines femmes et de ces hommes coupables,
il y a des couples d'amoureux pauvres; ceux-là, ils me font
p'aisir à voir, et je les aime. Après un modeste diner dans
un petit restaurant de la galerio, ils arrivent tout souriants,
tout joyeux, et contemplent les bijoux dont ils se promet-
tent de se faire des cadeaux, plus tard, quand ils seront
riches !

J'ai toujours une folle envie, à l'insu de mon oncle, de
leur offrir une jolie petite bague pour presque rien. Ça les
rendrait si heureux! Mais je n'ose pas, et puis M. Eusèbe
est là; il se moque de moi. C'est égal, ça repose de voir deâ
amoureux honnêtes, et cela fait espérer.

Adieu, ma bonne Pulchérie. Du reste, je me porte bien,
sauf que j'ai eu encore hier un évanouissement en revenant
dans ma chambre. C'est la chaleur sans doute.

Pour copie conforme :

Ta fidèle, A. M.

ERNEST D'HERVILLY.

Gazette à la main

Voilà M. John Lemoine de l'Académie : grand bien lui
fasse, — et à l'illustre Compagnie pareillement.
Mon Dieu, il est certain que le grave publiciste

Dignus est intrare
In Mo dùcto corpore...

Toutefois, je ne puis m'empêcher de me rappeler que
voici ce qui se chanta't déjà, sous Louis-Philippe, dans un
pont-neuf intitulé : Humble supplique aux Anglais, à une
époque où le nouvel académicien — plus jeune, et, par con-
séquent, moins sérieux — débutait à la feuilles de la rue
des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois :

Votre opium vaut-il les Débats
Pour exciter la somnolence? 1 ;
Hébert ne surpasse-t-il pas
Laubardemont en éloquence?
Débarrassez-nous à la fois
De John Lemoine et de Laurence !
. Ab! pour nous vendez aux Chinois
Tous ces embéteurs de la France !

Petit bulletin des spectacles

Succès, au Théâtre-Français, avec la Grand'Maman, de
M. Cadol, une comédie archi-morale, mais amusante et
spirituelle par instants, qui célèbre.les inconvénients de la
séparation de corps et chante les délices du raccommode-
ment. On n'est pas une douairière plus aimable que
Mme Piessis-Arnould. Elle ferait souhaiter d'avoir des che-
veux blancs.

Succès, au Gymnase, avec la Quête à domicile, une agréable
bluette de M. Vr rconsin, fort joliment mari.vaudée par
Achard et mademoiselle Legault.*

■ Succès, à l'Odéon, avec la reprise de Geneviève et de la
Demoiselle à marier, de Scribe, jouées en perfection par
mademoiselle Baretta.

Mais,pour Dieu, jusques.à quand l'Opéra-Comique laisse-
ra-t-il ses paroliers aux abois travestir en livrets les œuvres
des grands écrivains ? A propos de Carmen, - de Mérimée,
devenue un prétexte à musique à la salle Favart, on nous-
rappellè un mot naïf d'un ancien directeur de boui-boui théâ-
tral, installé jadis sur le boulevard du Temple et placé sous
l'invocation du Petit-Lazari :

XX

C'était en 1830 ; le père Frénoy, profitant de la Révolu-
tion, avait remplacé ses pantins de bois par. des mariour
nettes en chair et en os. Il donnait une pièce qui faisait
courir toute la rue des Fossés-du-Temple et même un peu
la rue de Crussol. Cet'e pièce était intitulée : La Vieillesse
de May eux, ou Mayeux avarei

C'était tout simplement Harpagon remanié par Fréaoy.

— Mon cher, dit Maurice Alhoy en acostant le directeur-
auteur, je te fais mon compliment ; tu as fait une
pièce charmante.

— C'est vrai, fit modestement Fr moy, mais ça n'a pas été
sans peine. Tu ne te doutes pas comme c'est difficile d'arran-
ger Molière 1

Le mot de la fin

On causait d'Arthémise devant M. Alexandre Dumas"fils,
et des procédés maguifiques de cette princesse à l'égard de
défunt Mausole, son conjoint.

—Aujourd'hui, déelart le spirituel auteur de l'Ami des
Femmes, Arthéiiiise forait peut-être bien encore élever un
superbe mausolée au feu roi, son mari ; mais elle épouserait
l'architecte.

STAR
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