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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0018
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L'ÉCLIPSÉ

AVIS IMPORTANT. — I«es sons-
oripïot3.î"fjj à l'Éclipsé closit l'atooirrae-
ment estpir-e lo 3 1 Janvier koïsè
priés d.e l& renouveler saààiS ret53r«î,
s'ils m.© veulent poirat sabir ct'ijatex*-
rtaptloA dans la réception du j©-t«>
naJ,.

PRIME DE L'ÉCLIPSÉ

Album «le la Imne et de l'Eclipsé,
contenant Gent dessins de Gill. — Beau volume
in-4° à gravures coloriées.

CONDITIONS : Toute personne qui s'abonnera à
Y Éclipse pourra retirer dans les bureaux de ce
journal la prime ci-dessus annoncée, moyen-
nant trois francs.

Pour les départements, en raison des frais de port,
le prix de la prime est de six francs.

• -4,--_

AVIS TRÈS-IMPORTANT

Le volume du Musée universel que l'ÉCLIPSE donnait
en prime à ses abonnes est complètement épuisé. Il est donc dé-
sormais imjmssible de faire droit aux demkndes qui pourraient
parvenir pour cette prime.

UNE NOUVELLE PHASE
DE LA RÉGÉNÉRATION

Si quelques esprits chagrins doutaient encore des efforts
tentés on haut lieu — et même partout—pour le relève-
ment de notre niveau moral, j'espère qu'après lecture de la
lettre de M. le général Chabaud Latour, que les journaux
ont publiée cette semaine, ils ne se refuseront plus à recon-
naître.que nous sommes entrés en pleine voie de régénéra-
tion.

XXX

Voici l'aff.iire en quelques mots, pour ceux de nos lecteurs
qui pourraient n'être point au courant.

XXX

Un livre de M. Agénor de Gasparin, Intitulé : L'ennemi
de la famille, ayant été mis a l'index par la commission d î
colportage, madame veuve de Gasparin écrivit pu minisire
de l'Intérieur pour le prier de faire lever cette interdiction.

Par une lettre — celle de laquelle nous parlions tout à
l'heure, — M. de Chabaud-Latour refusa de revenir sur la
décision de la commission de colportage

Cette obstination n'est pas une chose assez rare pourêlro
curieuse ; mais les raisons que douce le ministre sont vrai-
ment dignes d'intérêt.

XXX

Nous nous bornerons à citer les suivantes, les meilleures
du reste.

M. le ministre reconnaît qun la polémique du livre inter-
dit, « tout en étant très-vigoureuse, est aussi sérieuse que le
« comporte la délicatesse du sujet. »

M. le ministre trouve ce livre « remarquable par l'élévation
« des sujets qui y sont traités, comme par le talent. »

Mais M. le ministre refuse do laisser placr ce livre sur
les étagères des bibliothèques de chemin de fer, parce que
« il ne s'y trouverait pas en compagnie digne de lui. au milieu
« de livrespresque toujours frivoles et quelquefois licc.ieieux. »

XXX

Monsieur le ministre console d'ailleurs madame veuve de
Gasparin en lui disant que « c'est dans les bibliothèques pu-
« bliques, dans celles des hommes distingués voués à de sérieuses
« études sur la marche de l'esprit publie que ce livre doit trouver
« place. »

XXX

Ainsi, voilà qui est bien entendu, bien convenu et clai-
rement expliqué par un des ministres de l'ordre moral ;
nous sommes entrés dans cette nouvcll i phase de noire ré-
génération où les œuvres « élevées par le sujet traité et par le
talent » sont condamnées à s'enfouir dans les bibliothèques
particulières, parce que dans les autres elles s'encanaille-
raient horriblement,

XXX

Ce souci de la dignité des lettres nous rappelle certain
arrêté presque récent qui, au nombre des considérants in-
voqués pour suspendre un journal, faisait figurer celui-ci :

« Considérant que le ton de polémique du journal le***
porteuno grave atteinte à la dignité de la presse... etc.,etc.

Je me souviens même que la Franco a ri commeune folio
pendant trois semaines de l'état de siège supprimant un
journal, sans jugement, au nom de la dignité de la presse.

M. Chabaud-Latour prenant, pour interdire un livre trop
bon, prétexte do la dignité des lettres, nous sembla un assez
joli pendant.

XXX

Quoi qu'il en soit, la lettre, déjà célèbre, de M. lo ministre
de l'Intérieur est, parait-il, destinée à opérer une grande
révolution dans nos mœurs.

On dit que beaucoup de fonctionnaires et même de chefs
d'établissemeats particuliers se proposent d'épurer les œuvres
qui leur sont soumises en vertu du principe adopté par
M. de Chabaud-Latour.

xxx

Ainsi, le bruit court que le chef de la censure des dessins
vient d'envoyer à André Gjli la lettre suivante :

« Monsieur,

« Jo viens d'examiner votre admirable croquis. La pensée
« en est forte, courageuse et honnête. C'est assez vous dlço
« qu'il m'est impossible d'eu autoriser la publication.

« Cette œuvre originale et saine ne sa trouverait pas en
« compagnie.digue d'elle'avec les dessius de mauvais goût
« qui encombrent les vitrines de no3 libraires.

« C'est dan; les cartons des amateurs sérieux du beau et
« de l'art frai qu'elle trouvera sa place légitime.

« Veuillez agréer, monsieur, etc.. »

XXX

On parle aussi de la lettre suivante qui serait sur le point
d'être envoyée à un littérateur ayant demandé l'autorisation
de fonder un nouveau journal :
« Monsieur,

« Je viens de recevoir le spécimen do la France libre que
« vous désirez fonder.

« Je ne puis qu'applaudir à votre programme, il est élevé,
« noble et généreux.

« D'un bout à l'autre, la lecture de cette feuille loyale a
« excité mon enthousiasme. t

«Je ne puis donc votiri autoriser à la publier. Son atti-
« tude digne la rendrait complètement déplacée à côté des
« nombreux journaux honteux qui sont déjà créés1.

« C'est dans los cercles intimes d'hommes d'élite, coura-
« geux et convaincus que vous doVez trouver l'occasion
« d'émettre des opinions aussi précieuses et aussi recom-
« mandables.

« J'ai l'honneur, monsiour, etc.. »

XXX

D'un antre côté, on prétend qu'iai pein re de beaucoup
de talent doit se voir refuser au Salon prochain, un grand
tableau d'histoire et dans ces termes :
« Monsieur,

« Votre toile est de toute be'tuté, le jury a été émervoillô.
« C'est le réveil de la grande peinture.
, « Nous ne pouvons naturellement ordonner l'accès du
« Saloil à un tel tableau, ses qualités larges et puissantes
« le rendraient absolument déplacé à côté des innombrables
« croûtes que nous avons déjà admises au concours.

« C'est dans les galeries particulières de connaisseurs
« riches que de telles beautés doivent trouver à se caser.

« Veuillez agréer, etc. »

XXX

Et enfin, la censure des théâtres serait à la veilla de ré-
pondre à M. La Rochelle, qui avait demandé L'autorisation
de reprendre le Roi s'amuse a?>rès le Tour du monde en 80
jours :

« Monsieur,

« Nous venons d'examiner de nouveau le superbo drame
« do Victor Hu«;o que vous désirez remettre au répertoire.

« Voilà la dixième fois que nous lisons cet ouvrage admi-
« rable en pareille circonstance.

« Que vous dira-, monsieur?...

« Plus nous liions ce chef-d'œuvre, plus nous lo trouvons
« splendide !...

« .Lirais tant de qualités dramatiques n'ont été réunies
« dans une même œuvre. Nous la trouvons tout simple •
« ment renversante.

« Et saus parler, bien entendu, do l'idée puissante et gé-
« néreusc qui anime ce drame; sans compter les idées élo-
« vées qu'il émet, et que nous partageons avec le maître
« vénéré; sans compter l'honnêteté du but qu'il poursuit,
« etc., etc.. .

« Bref, cette lecture a plongé de nouveau tous les mem-
« bres do la commission d'examen dans un état d'enthou-
« siasme voisin do l'extase et dont on ne peut les tirer depuis
« huit jours...

« En conséquence, nous avons l'honneur de vous infor-
« mer, monsieur, quo nous nous opposoas plus formollc-
« ment que jamais à la reprise du flot s'amuse.

« Les qualités de premier ordre don! fourmille ce drame,
« un des plus beaux que nous connaissions, le rendraient
« absolument déplacé au milieu des innombrables inepties
« dramatiques que produit la g/t.éraliofl contemporaine.

« C'est en famille, derrière un paraven1, dans de petites
« soirées composées d'hommes remaïquablcs et distingùés,
« quo doivent se jouer des œuvres aussi admirables, aussi
« glorieuses !... ;

« Veuillez agréer, monsieur, etc.. »

XXX

Nous pourrions multiplier ces exemples. C'est inutile.

Que l'on no vienne pas dire maintenant quo notre ^gé-
nération ne marche pas, puisque nous en sommes déjà arri-
ves à discerner les œuvres saines des œuvres pourries et à
on faire deux tas bien distincts :

L'un quo nous offrons à l'alimentation publique : le
mauvais,

L'autre que nous caehons soigneusement ; lo bon.

XXX
A part cekj tout va bien.

LÉOiJ BIENVENU.

33 ïbl O'UtIL LE S

Pour ebàsserj un domestique, u n est pas du tout néces-
saire emo la chasse soit ouverte — n su]m.t (jue co sojL la
porte.

*- « » >— ,

« La liberté a fait le tour du monde, » a dit le général Bona-
parte.

Plutôt que de la voir faire le tour du monde, nous vou-
drions la voir pénétrer dans la s°ciété.

La Révolution du 4 septembre a été fort pacifique. Il n'y
a pas eu une goutte de sang rePandu, ni un ministre de
pendu.

TURLUPIN.

RAGES DISPARUES

Que les lecteurs, immédiatement après avoir lu ce titre,
ne s'écrient pas, comme le juge de Racine :

Avocats, ah! passons au déluge !

Il ne s'agit point ici des races antédiluviennes : Maston-
donte, Mégatherium, Toxodon, Plésiosaurus, etc., etc., dont
la reconstitution par le système inductif et déductif a doté
le monde scientifique, depuis Cuvier, d'une nouvelle bran-
che d'études fort intéressante : la Paléontologie.

Nous allons tout simplement nous occuper de races pari-
siennes disparues, peu à peu, dans ces cataclysmes succes-
sifs, mais insensibles, que nous appellerons — les phases du
progrès ; races que l'on ne relrouve plus qu'à l'état de fos-
siles dans les romans post rieurs au règne de Louis-Phi-
lippe.

Bien entendu, nous ne parlerons pas des types tombés
dans le néant : lo postillon, l'allumeur de réverbères, leraccom-
modeur de faïences, l'aubergiste, l'ermite qui voit tout, qui sait
tout, la rosière, le traître, le brigand, la nonne et le spectre, que
personne ne regrette, et dont l'absence ne peut nullement
servir à faire le procès au siècle.

A gran.is coups de plume nous comptons esquisser les
portraits sympathiques d'une dizaine de personnages, 'fort
rares à notre époque, et que la démoralisation croissante,
cette expropriation des meilleurs sentiments de l'homme, a
chassés loin de la grande ville bien autrement préoccupée,
et réduit à se'réfugier peut-être dans la province, pent-être
à l'étranger.

Ce léger prologue sermonneur avalé, commençons notre
galerie de tableaux par :

I

l'ami

Certainement, l'exception confirmant li règle, il est en-
core des amis ici-bas. Eh! qui le sait mieux que moi, grand
Dieu! mais l'ami des temps écoulés, le Patrocle d'Achille,
l'Athos de Dartagnan, où diable se cache-t-il?

Dites-moi, tre>uverez-vous à Paris, je ne dis pas cent, je
ne dis pas dix, mais trois amis dévoués, désintéressés, pleins
d'abnégation, comme l'ami du Monomotapa, dont parle La
Fontaine?

Quel est l'ami aujourd'hui qui, sur la foi d'un songe,
viendrait offrir son bras, son argent, sa maîtresse, à celui
qu'il aime î

traiter ego n'existe plus à partir do la quinzième année au
collège.

Quelqu'un qui serait bien étonné s'il ressuscitait de nos

jours, ce serait ce bon Socrate, ce gourmet 'en amitié, en li-
sant dans un journal du soir ;

« M. X... vient de mourir... Ses nombreux amis qui n'au-
raient pas reçu de lettré de faire part sont priés, etc. »

Non, mon bon Socrate, l'ami sincère, l'ami unique, le
fidus, est mort et enseveli. Nous avons des relations des con-
naissances par centaines, que dis-je, par milliers, mais pas
un ami, fût-il, comme le Tiberge de Desgrieux, ennuyeux
et raisonneur.

Parmi les gens qui vivent au jour le jour, les artistes et
les gens de lettres, reconnaissons-le tout de suite, l'expô
rience de la vie précaire ouvre plus facilement le cœur aux
émotions fortifiantes de l'amitié.

Mais dans les autres rangs, le3 rangs supérieurs de la so-
ciété, la sécheresse de l'âme est à la mode. L'ami est un
luxe qui ne fait pas assez d'effet : on le supprime. On ne
s'aime plus; on se voit, c'est déjà beaucoup.

Bref, que l'on m'apporte, le parangon de l'amitié mo-
derne, le rara avis déniché à grand'peine, et je suis certain,
si l'on me permet ii faire son autopsie morale, de décou-
vrir au plus profond de son cœur un recoia ignoré du plus
Intime de ses intimes.

Tout ami, en 18~j, a quelque part, dans l'intérieur de son
être, un cabinet de la Barbe-Bleue, rempli de secrets, dont
il ne confie jamais, jamais la petite clef.

II

le bienfaiteur

La publicité des journaux a tué le bienfaiteur.

Jadis, rappelez-vous les gravures du temps, on voyait, au
fond d'une mansarde, une dame couverte de velours et de
fourrures, et suivie d'un négrillon en livrée, apporter des
secours à quelque grabataire.

La dame tendait une bourse à l'infortuné. La femme et
les enfants du malheureux, en guenilles, se jetaient aux
pieds de la belle dame qui, le cœur joyeux, rentrait dans son
hôtel au galop de ses quatre chevaux.

Oui, jadis on allait se faire bénir à domicile ; la Provi-
dence allait en ville.

Maintenant, nous avons changé tout cela: on écrit à
n'importe quel bureau de bienfaisance, et, le soir, on a le
plaisir de voir son nom dans les journaux, et les abonnés
vous accordent des louanges.

Ou ne se dérange plus pour faire le bien. On le fait à ses
heures, avec toutes ses aises. Parfois on garde l'anonyme,
je le veux bien, et cette discrétion mérite des éloges ; mais
la vieille charité, celle qui joignait les conseils à l'argent, le
sourire au bienfait, ne valait-elle pas mieux pour l'obligé et
pour le donateur?

Et puis, autrefois, un bienfait pouvait tirer un homme
du désespoir, tandis qu'à cette heure un secours envoyé au
bureau de bienfaisance n'apporte qu'une insuffisante au-
mône à plusieurs individus.

Hélas I tt cette divine récompense du cœur bienfaisant, la
reconnaissance, que devient-elle ainsi subdivisée et ne s'a-
dressant à personne ?
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