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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0050
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h ' S Q L l 9 B 1

AVIS. - Nous avons lo

plaisir <lo provenir» nos lec-
teurs que clans

HUIT

jours, o'esst-â-clire la se-
maine prochaine, nous leur
oll'rirons un numéro excep-
tionnel comme on n'en a ja-
mais vu depuis qu'il existe
des

JOURNAUX

Nous n'allons pas nous
amuser Tbien entendu à leur
raconter la chose en détail
aujourd'hui; il faut quo ce
soit une surprise

POUR

tout le monde. «£>u'il nous
suffise du dire à nos lec-
teurs que ce noméro sera
extravagant, insensé, inouï,
incroyable !... Ils savent que
nous n'avons pas l'habitude
de nous moquer

nous pouvons encore dire
sans indiscrétion que oe
numéro curieux leur mon-
trera

SOUS

ses aspects les plus variés
une des choses les plus
vivantes, les plus palpitan-
tes, les plus émouvantes
qui occupent l'^ittenti©n pu-
blique.

L'ÉCLIPSÉ. I
--+-

LES BONAPARTISTES ET L'ECLIPSE

ANNEXE AU RAPPORT SAVAfiY

nouveaux TEMOINS

Au moment où s'instruit devant la tribunal de l'opinion
publique — flui vaut, sinon mieux, du moins autant que
tous les autres, — le procès de cette vaste internationale
verte qui a peut-être failli triompher encore une fois de nos
libertés et de nos milliards, il est bon que chacun apporte
à cet énorme pique-nique des honnêtes gens, lé plat dont il
peut disposer.

XXX

La semaine dernière — nous regrettons beaucoup que
cela n'ait pas été plus tôt — nous sont arrivées de nos cor-
respondants de province des lettres qui jettent un jour tout
nouveau suries agissements des bonapartistes en province.

XXX

Entre autres, nous détachons de cas correspondances les
passages que l'on, va lire.

Ils sont textuels !... et nous tenons les originaux de
ces lettres à la disposition des abonnés du Pays eux-mêmes.

XXX

Le premier de nos correspondants nous écrit du départe-
ment de Saône-et-Loire :

« Yoilà quelques jours que l'on m'a défendu de vendre

« dos journaux.

« Aux deruiè es élections municipales, mon mari a été
« nommé conseiller, et messieurs les bonapartistes ne Sa-
it chant pas quelles méchancetés l'aire, ont fini par nous
« empêcher de vendre l'Éclipsé, que nous vendions depuis
« huit ans:

« Mais j'espère que je ne tarderai pab à recevoir une nou-
« velle autorisation pour remplacer celle que j'avais depuis
« 1871 et qui a disparu de la mairie1 de *** »

XXX

Cela est déjà assez singulier, n'est-ce pas, qu'indépen-
damment de la censure, du colportage, de l'estampille, et
mille autres engins officiels auxquels sont soumis les librai-
res, ils aient eu encore — en pleine République — à rester,
dans certaines localités, à la discrétion d'un personnel bona-
partiste faisant œuvre d'administration occulte à côté de la
véritable admini.-tration.

Mais voici qui est plus réussi.

Un autre de nos correspondants dépositaires, de X"*
(Puy-de -Dôme), nous marque ceci :

« Je voes dirai qu'en j il et il m'a été proposé, par un
« bonapartiste, de cesser la vente de l'Éclipsé seulement, et
« que l'on me donnerait vingt francs par an, ce que j'ai re-
« fusé avec dédain. »

XXX 1
Ce dernier procédé dépasse toutes les bornes de la haute
et de la basse fantaisie.

.Ainsi, voila qui est bien avéré : dans les localités où mes-
sieurs les bonapartistes n'obtenaient, pas assez largement, à
leur gré, le précltUx concours des agents de M. de Broglio
pour fair^ suspendre, supprimer ou prohiber les jo .rnaux
qui leur déplaisaient, ils avaient entrepris cette glorieuse
càtnpagno de s'en débarrasser en corrompant les intermé-
diaires.
C'est du propre.

XXX

L'Éclipse est certainement flère d'apprendre qu'elle occu-
pait cette place d'honneur sur les registres de proscription
des bonapartistes.

Mais, cependant, il faut avouer que ces derniers ne sont
pas très-géuéreux.

Offrir vingt francs par an de gra'ification à un libraire
pour qu'il renonce à la vente d'un journal. C'est maigre.

XXX

Maintenant, vous me direz à cela que Chislehurst — la
maison mère de cet'e internationale — avait beaucoup d'au-
tres dépenses à faire et qu'il fallait bien qu'elle réparât ses
sacrifices.

Elle n'a pas que des journaux à tuer: elle en a à faire
vivre.

Et ça coûte, aux prix où sont les grands restaurants et les
petites dameS.

XXX ...

Maintenant, il y a encore autre chose à quoi je ne prenais
pas ass z garde :

Ces modestes 20 francs qui ne paraissent rien, au premier
abord, représentent au contraire un eh lire assez rond, dès
que l'on veut bien réfléchir à la multiplicité des journaux
et des localités.

XXX

Pour nous rendre compte, nous avons à la hâte aligné
quelques chiffres, et nous avons trouvé Ce résultat à faire
pâlir d'horreur les vestiges les plus solides des ex-listes civi-
les impériales.

XXX

Étant donné que la France possède 36,000 communes,
soit, à un marchand de journaux par commune : 30,000
marchands de journaux.
Si madame de Montijo faisait payer à chacun d'eux 20
i francs par ans pour ne paS vendre l'Eclipsé, cela représente-
rait déjà une dépense annuelle de 720,000 francs.

XXX

Je sais bien que ce ne serait pas encore payer trop cher
l'extermination des crayons de Gill et Hadol et celle de la
plume de vos huu.bies serviteurs.

Mais il y a une complication.

Si l'on donne 20 francs par an à un libraire pouT qu'il ne
voiide pas l'Eclipsé, il n'y aurait pas ne raison pour qu'on
ne lui donnât pas également un louis pour chaque journal
républicain qu'il met rait à l'index.

XXX

Or, en comptant trois journaux républicains seulement
par département, on obtient 270 journaux.

Et 270 journaux multipliés par une subvention annuelle
de 720,000 francs donnent...

Vous ne vous en doutiez pas?

Donnent.....194 millions 400,000 francs!... qu'il faudrait

débourser chaque année pour réduire au silence la presse
anti-bonapartiste.

Poursuivons le calcul avec toute la brutalité d'un mathé-
maticien :

194,400,000 francs de rentes, au denier cinq, représentent
tout net uei capital de :

3 MILLIARDS 888 MILLIONS DE FRANCS !...

Et ce.a, ri n que pour trier les feuilles mal pensantes, et
sais compter ce qu'if faut pour empêcher-les autres de
mourir.

XXX

Vous voyez que nous arrivons à un chiffre effrayant.

Cela reviendrait presque aussi cher aux bonapartistes que
de nous rembourser purement et simplement les cinq mil-
liards de notre rançon à la Prusse.

XXX

Aussi alléchants qus puissent être les dividendes futurs
que p. ut faire reluire la société financière Montijo-Véloei-
pède IV, Tiicoche et Cie, je doute fort quô l'on trouve des
capitalistes assez confiants pour risquer un pareil décou-
vert.

XXX

Maintenant, les horizons ouverts par la nouvelle combi-
naison des bonapartistes nous font apercevoir la question
sous un autre aspect.

Si les partis se mêl ent à payer les marchands de jour-
ni-ix pour qdMis ne vendent plus que des paroissiens et des
plumes d'oies, ils ne peuvent manquer de penser bientôt à
traiter directement-avec les journaux pour qu'ils ne parais-
sent plus, moyennant finance, et même avec les écrivains
prur qu'ils n'écrivent plus, moyennant une petite pension
alimentaire.

Ce serait plus direct et pl"s court.

• ■ ' XKX

C'est ce qui fait espérer que nous ne sommes pas loin du
moment où l'on dira d'un journaliste :

— Un tel!... il gagne un argent fou, figurez-vous. Il
se fait quarante-cinq mille francs par an au jjas mot.

— Bah!... Comment cela1?

— Dam!... C'est bien simples. Il est rédacteur en chef
de cinq journaux anti-bonaParUstes qui ne paraissent ja-
mais.

\ LÉON BIENVENU

RÉCITS DU GOLFE JUAN

par juliette lamber 1

Quel rêve plus exquis que celui qui, nous arrachant su-
bitement à nos aigres bises, à nos brumes tristes, nous donne
pour un moment la délicieuse vision des côtes radieuses de
Provence! Cette impression enchanteresse, un livre vient
de nous la donner — et nous ne le quittons qu'avec peine,—
ce sont les Récits du golfe Juan, par Mmo Juliette Lamber.

Le golfe JuaU est ce joli golfe dont la courbe élégante s'ar-
rondit mollement de la côte 01 ntale de Cannes à la pointe
d'Antibes. On devine aisément que cette plage bénie du so-
leil est familière à l'auteur. Nul peut-être ne commit mieux
cette belle région ; nul à coup sûr no saurait la peindre d'un
trait plus sûr et plus charmant.

C'est plaisir d'aspirer avec lui cet air pur et lumineux, de
voir, à travers les délicates fictions de la comédie et du drame,
se dérouler tantôt cette mer aux flots bleus, ces lointains
transparents, cette floraison rayonnante de la côle, tantôt
dans les montagnes, les gorges abruptes et grandioses où la
Siagne roule ses flots clairs. Un coin de la Provence vit dans
les pages de ce livre, avec son ciel, avec ses mœurs. Aimant
cette nature Mme Juliette Lamber n'a pas de peine à la faire
aimer.

Mais on ne trouve pss seulement de vivantes peintures
dans son œuvre; un sentiment plus profond s'en dégage.
On peut dire que l'âme tout entière de l'auteur est passée
dans e s récits dont le premier, Patrie, est un superbo cri
d'amour pour la France; dont le dernier, Mythra, est un
hymne saisissant au soleil.

PAUL PARFAIT. *

(1) Uu vol in-IS. Michel Lévy, éditeur.

■»--

LES REVENANTS

DE LA GALERIE DES TOMBEAUX

silhouettes parlementaires

Quatorzième groupe.
Qui se souvient aujourd'hui que la candidature du

VICE-AMIRAL SAISSET

a été posée et recommand e par lo journal de Rochefort le
îlot d'Ordre? M. le vice-amiral prétendra sans doute que
c'était pour restaurer la monarchie légitime.

M. LE COMTE LOUIS DE SÉGUR,

gendre de M. Casimir Périer, et par conséquent neveu de
M. d'Audiil'ret-Pasquier, a paru osciller entre le centre
gauche et la droite, entre son beau-père et son oncle. Mais,
s'il est de bon goût d'être quelquefois de l'avis de son oncle,
il est presque ridicule, pour un gendre bien appris, d'être
trop souvent de l'avis de son beau-père. L'indépendance en
famille, comme en politique, se prouve par ces petites
émancipations.

Ce n'est pas là sans doute l'unique raison de l'attitude
actuelle de M. de Ségair ; mais, si j'en connaissais une au-
tre, je la donnerais. En 1871, M. le vicomte se déclarait
formellement pour le gouvernement qui nous divise le moins.

Quelle peur de la désunion on avait alors !

M. DE SUGIMY,
qui a accompagné M. Merveilleux-Duvignaux à Frohsdorff,
était aussi, en 1871, un ami déclaré de la République. Voici
textuellement ce qu'il écrivait le 9 janvier dans un journal
de Saint-Etienne i

« Que nos minisires ne croient pas que le mot de Répu-
« bjique nous effraie ; ce n'est pas parmi nous que vous
« trouverez les ennemis d'une République intelligente, qui
« saurait gouverner la société en respectant les fortunes, en
« reconnaissant les droits, en épargnant la liberté et en ho-
« norant les croyances. »

M. de Sugny croit-il sérieusement la gauche et le centre
gauche coupables et capables de vouloir une République
spoliatrice des fortunes, déd ligneuse des droits légitimes,
attentatoire à la liberté et h la conscience? Il adhérait à la
République intelligente, c'était uu grand effort de sa part.
S'imagine-t-il que les geriS restés fidèles à cette forme défini-
tive du progrès poliliqué se contenteraient d'une Républi-
que d'imbéciles? Rien dans l'attitude de l'opposition répu-
blicaine ne justitie ce reproche de résignation.

Quinzième groupe.

M.TARGET

forme à lui tout seul un groupe, ou quelque chose d'appro-
chant; disons mieux, une borne qui sert à limiter le centre
gauahe et à agrandir un peu les limites du centre droit.

Ancien collaborateur du Courrier du dimanche sous l'Em-
pire, ayant refusé le sermtnt comme conseiller général, il
était si naturellement désigné pour une fonction au 4 sep-
tembre, que le gouvernement da la défense nationale s'em-
pressa de le nommer commissaire civil. Sa gloire ne date pas
de son emploi, mais de la séance du 24 mai, dans laquelle
il renversa M. Thiers pour mieux lui rendre hommage.

On se souvient de ses généreuses paroles, mais on ne sau-
rait trop les relire. Ces sentences ont besoin d'être gravées
dans le cœur,' les voici :

Au nom de mes collègues dont les noms suivent, j'ai l'honneur
de déclarer, afin de bien préciser la pensée et la portée de notre
vote, que, tout en nous associant à l'ordre du jour (très-bien! très
bien ! à droite), nous nous déclaroùs résolus à adopter la forme
républicaine, telle qu'elle résulte de l'ensemble des luis constitu-
tionnelles présentées par le gouvernement, et à mettre fin à un
provisoire qui compromet les intérêts du pays.

M. Denormandie. — La chute du gouvernement peut produire

en France une grande émotion, dont les conséquences sont incslcii-
lables. (Vive approbation ii gauche.— Protestations à droite.)

M. Target — La victoire que nous recherchons, c'est l'affirma-
tion de la République avec ». thiers.

Peu de paroles dans l'histoire égalent celles-là, mais au-
cune ne peut les effacer. Accuser M. Target de duplicité
serait lui faire injure, personne n'est plus simple.

C'est d'ailleurs une fatalité dans la famille Target de por-
ter malheur au chef de l'État qui compte sur elle. Le grand-
père refusa de défendre Louis XVI devan. la Convention ;
le petit-fils, aussi-républic in, mais moins insensible, a
défendu, comme on sait, M. Thiers devant l'Assemblée na-
tionale : le concours de celui-ci vaut, le refus decelui-lài à
l'échafaud près.
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