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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0066
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h ' & Cl h I P S B

La Catastrophe

ZÉNITH

Notre journal, qui s'est donné pour tâche de faire l'histoire
du temps présent par la caricature, ayait chargé Grill, à la
nouvelle d'un nouveau départ du Zénith, de faire un dessin
représentant les trois haniis aéronautes escaladant 1 ciel.
Le travail était achevé lorsque l'on apprit à Paris le terrible
accident qui ajoute deux nouveaux noms au martyrologe
déjà si long de la navigation aérienne ; c'est alors que Ghl
fit la composition placée à notre première page.

A côté d'un semblable dessin, rappelant un si lugubre
drame, des articles satiriques comme ceux que publie habi-
tuellement ce journal sembleraient déplacés. Nous avons
donc pensé que les lecteurs de YÉclipsc ne trouveraient pas
mauvais que le texte du numéro fût comacré, lui aussi, au
triste événement qui fait le sujet de toutes les conversa-
tions.

L'ECLIPSE.

SOUSCRIPTION

Destinée à venir en aide aux familles de MM. Sivel et Crocé-Spinelli

Tous les journaux de Paris ont reçu la communicalion
suivante :

La Société française de navigation aérienne, en présence du mal-
heur qui vient de frapper deux de ses membres, MM. Sivel et Crocé-
Spinelli, croit devoir ouvrir une souscription pour venir en aide
aux famillas de ces deux victimes de leur dévouement à la science.
Elle compte sur la bienveillance unanime de la presse, bienveillance
dont les manifestations l'ont profondément, touchée, et elle espère
que chaque journal voudra bien donner place dans ses colonnes il
la liste des souscripteurs qui s'adresseront définitivement à lui.

Les sommes souscrites seront ensuite centralisées entre les mains
de M. Félix Caron, trésorier de la Société de navigation aérienne,
dans les bureaux du journal YAéronaute, 25, rue de Lafayette.

Le président: Hervé-Mangon, membre de l'Institut;
Les vice-présidents : Paul Bert, Marey, Motard ;
Le secrétaire général: Abel Bureau de Villeneuve.

L'Éclipsé s'empresse de se rendre à l'invitation qui 1 i est
adressée. Une souscription est ouverte dans ses bureaux, et
le journal s'inscrit sur la liste pour une somme de cent
francs.

Nous faisons appel à nos abonnés et- à nos lecteurs, afin
qu'ils nous adressent leurs souscriptions, dont nous publie-
rons une liste. Les sommes ainsi sousc-ites seront versées
chaque semaine entre les mains du trésorier de la Société
de navigation aérienne.

Il LETTRE DE 1. GASTON TISSAPI»

M. Gaston Tissandier a eu le courage d'adresser, aussitôt
qu'il a pu recouvrer ses sens, la lettre suivante à la Société
de navigation aérienne :

Ciron (Indre), 16 avril 187S.

A M. le président de la Société française de navigation aérienne.

Cher monsieur,
Un télégramme envoyé par voie officielle vous a appris
l'épouvantable malheur qui nous a frappé*. Sivel et Crocé-
Spinelli ne sont plus : l'asphyxie les a saisis dans les hautes
régions de l'air que nous avons atteintes. Je vous dirai ce
que je puis savoir de ce drame ,• car, pendant deux heures
consécutives, je me suis trouvé dans un état d'anéantissement
complet.

L'ascension de l'usine à gaz de la Villette s'est bien ac-
complie : à une heure de l'après-midi, nous étions à plus de
5,000 mètres (pression 400).

Nous avions fait passer l'air dans les tubes a potasse, tâté
•nos pulsations, mesuré la température intérieure du ballon,
qui était de plus de 20°, tandis que l'air extérieur était de
5°. Sivel avait arrimé la nacelle, Crocé s'était servi de
son spectroscope. Nous nous sentions tout joyeux. Sivel
jette du lest; bientôt nous montons, tout en respirant de
l'oxygène, qui produit un effet excellent.

A i heure 20, le baromètre marque 320. Nous sommes à
l'altitude de 7,000 m. ; la température est de 10°. Sivel et
Crocé sont pâles et je me sens faible. Je respire de l'oxygène,
qui me ranime un peu. Nous montons encore. Sivel se
tourne vers moi et me dit : « Nous avons beaucoup de lest,
faut-il en jeter? »

Je lui réponds : « Faites ce que vous voudrez. » Il se
tourne vers Crocé et lui f ait la même question. Crocé baisse
la tête avec un signe d'affirmation très- énergique. Il y avait
dans la nacelle au moins cinq sacs de lest ; il y en avait
quatre au moins pendus au dehors par des cordelettes.

Sivel saisU son couteau et coupe successivement trois cor-
des ; les trois sacs se vident et nous montons rapidement.
Je me sens tout à coup si faible que je ne peux même pas
tourner la tête pour regarder mes compagnons, qui, je
crois, se sont assis. Je veux saisir le tube à oxygène, mais
il m'est impossible de lever le bras. Mon esprit était encore
très-lucide. J'avais les yeux sur le chiffre de la pression,
290, puis 280, qu'elle dépasse. Je veux m'écrier : « Nous
sommes à 8,000 mètres ! » mais ma langue est comme para-
lysée. Tout à coup, je ferme les yeux et je tombe inerte,
perdant absolument le souvenir. Il était environ lheureip?.

A 2 heures 8 minutes, je me rôvcillo lia moment. Le
ballon descendait rapidement. J'ai pu couper un sac de lest
pour arrêter la vitesse, et écrire sur mon registre de bord
les lignes suivantes que je recopie :

« Nous descendons; température-8°; je jettelest, T[=3.is
Nous descendons. Sivel e'. Crocé encore évanouis au fond de
la nacelle. Descendons très-fort. »

A peine ai-je écrit c s lignes qu'une sorte de tremblement
me saisit, et je retombe évanoui encore une fois. Je ressen-
tais un vent violent qui indiquait une descente très-rapide.
Quelques moments après,, je me sens secouer par ie bras, et
je reconnais Crocé, qui s'est ranimé. « Jetez du lest, me
dit-il, nous descendons. » Mais c'est à peine si je puis ouvrir
les yeux, et je n'ai pas vu si Sivel était réveillé.

Je me rappelle que Crocé a détaché l'aspirateur, qu'il a jeté
par-dessus bord, et qu'il a jeté du lest, des couvertures, etc.
Tout cela est, un souvenir extrêmement confus qui s'éteint
vite, car je retombe dans mon inertie plus complètement
encore qu'auparava t, et il me semble queje m'endors d'un
sommeil éternel.

Que s'est-il passé? Je suppose que le bd'on délesté, imper-
méable comme il l'était, et très-chaud, a remonté encore une
fois dans les lv-.utes régions.

A 3 h. 15 enviro i, je rouvre les yeux, je me sens étourdi,
a aissé, mais mon esprit se ranime. Le ballr-n descend avec
, une vitesse effrayante; la nacelle est balancée avec violence
et décrit de grandes oscillations. Je me traîne sur les genoux
et je tire Siyt'l par le bras ainsi que Croc \
— Sivel! Crocé! m'écriai-je, réveillez-vous!
Mes deux compagnons étaient ac-roupis dans la nacelle,
la lête cachée sour leurs manteaux. Je rassemble mes forces
et j'essaie de les soulever. Sivel avait la figure noire, les
yeux ter- es, la bouche béante et remplie de sang. Crocé-
Spinelli avait les yeux ferm's et la bouche ensanglantée.

"Vous dire ce qui se passa alors m'est impossible. Je ressen-
tais un vent effroyable de bas en haut. Nous étions encore
à 6,000 mètres d'altitude. Il y avait dans la nacelle deux sacs
de lest que j'ai jetés. Bientôt la terre se rapproche, je veux
s&i-nr mon couieau pour couper la cordelettu de l'ancre :
impossible de le retrouver. J'étais comme fou, je continuais
à appeler : Sivel! Sivel!

Par bonheur, j'ai pu mettre la main sur un couteau et
détacher i'ancreau moment voulu. Le choc à terre fut d'une
violence extrême. Le ballon sembla s'aplatir et je crus qu'il
allait rester on p'ace, mais le vent était violent et l'entraîna.
L'ancre ne mordait pas et la nacelle glissait à plat sur les
champs; les corps dô mes mtlheureux amis étaient cahotés
çà et là, et je croyais à tout moment qu'ils allaient tomber
delà nacelle. Cependant, j.'ai pu rnisir la corde de soupape,
et le ballon n'a pas tardé à se vider, puis à s'éventrer contre
un arbre. Il était quatre heures.

En mettant pied à terre, j'ai été saisi d'une surexcitation
fébrile violente, et je me suis affaissé en devenant livide.
J'ai cru que j'allais rejoindre mes amis dans l'autre monde.

Cependant, je me remis peu à peu. Je suis a'ié auprès de
mes malheureux compagnons, qui étaient déjà froids et
crispés. J'ai fait porter leurs corps à l'abri dans une grange
voisine; les sanglots m'étouffaient et m'ôlouffent encore.

Je suis à Ciron, près le Blanc (Indre), où j'ai trouvé une
hospitalité parfaite.

J'ai eu la fièvre toute la nuit, je n'ai pas encore pu man-
ger quoi qi<e ce soit, et je suis bien failiK
Je vous embrasse.

Gaston Tissandieb.

CIRON

Aussitôt la nouvelle de l'effroyable catastrophe, l'Evéne-
ment envoya, à Ci ton un de ses rédacteurs qui en rapporta
les renseignements suivants, que nous lui empruntons tex-
tuellement :

Le village de Cirou, que les dépêches nous avaient signalé comme
ayant été le lieu du sinistre, est situé entre Argentan et Le Blanc,
& environ trois ou quatre lieues de ces deux localités.

Parti do Paris par le train de 7 h. 45, en compagnie de M. Albert
Tissandier et de quatre confrères, nous sommes arrivés à Ciron vers
cinq heures du matin.

La ferme de M. d'Aubeigné est sise à trois quarts d'heure du vil-
lage; on n'y parvient qu'à pied.après avoir traversé la Creuse en Bac
et parcouru les bois dépendant de la propriété de M. de liondy, le
plus riche propriétaire du pays et conseiller général de l'arrondis-
sement.

A sept heures, nous arrivions à la ferme dite La Margauderie,
habitée par M. Henri, le régisseur de M. de Bondy, que l'on nous
avait signalé comme, ayant donné l'hospitalité au seul survivant du
désastre.

Par un sentiment de prudence facile à comprendre, nous laissâ-
mes tout d'abord M. Albert Tissandier pénétrer seul près de son
frère.

Est-il besoin de décrire l'effusion ineffable qui eut lieu entre ces
deux hommes dont l'un avait échappé par miracle à la mort, et
dont l'uutre retrouvait vivant un frère adoré qu'il avait failli perdre
d'une façon si terrible ?

Lorsque ce premier moment de reconnaissance fut passé, nous
pénétrâmes pour présenter nos hommages i M. Gaston Tissan-
dier.

H était installé au rez-de-chaussée de la maison du régisseur,
dans une chambre modeste, meublée de deux lits, de quelques
chaises dt d'une table ronde sur le tapis de laquelle il avait déposé
les épaves du sinistre : boussole, instruments météorologiques, ba-
romètre, carte géographique, etc., etc.

Nous ne saurions exprimer avec quelle gratitude il accueillit notre
visile. Ce pauvre garçon, les larmes aux yeux, nous serrait les
mains, nous remerciant de ce long dérangement, tout heureux de
retrouver des visages de connaissance et des cœurs absolument
amis, au lendemain d'usé si horrible catastrophe.

Nos premières paroles d'entrevue furent brèves, la douleur nous
serrait tous trop la gorge pour nous permettre en cet instant une
longue conversation.

Du reste, Gaston Tissandier devinait notre pensée. Sans même
ajuster ses vêtements, sans gilet, la chemise à peine couverte d'une
vareuse, il nous guida vers le lieu où no9 interrogatious muettes
demandaient, hélas f à connaître la vérité !

Néraud, comme on appelle la ferme de M. d'Aubeigné, est abso-
lument isolé entre le château de Rumfort, inhabité ; la Creuse, qui
serpente doucement au pied de la colline, fertilisant les prairies
qu'elle baigne ; de, grands étangs et la Margauderie.

L'habitation est à gauche ; à droite, étables et écuries ; au centre
une grange. C'est dans cette grange que sont déposés les deux
martyrs- de la science, Sivel et Crocé-Spinenj,

Le garde champêtre, qui, pour éviter la curiosité indiscrète des
paysans, a dû garder la clef du Ddtytp'em^ vient nous ouvrir.

Le spectacle que nous avons sous les yeux est navrant.

Sivel et Crocé sont étendus là> sur de la paille, encore couverts
de leurs vêtements ; leur couverture de voyage est jetée sur eux,
laissant la tête, seule à découvert. Leurs visages sont violacés et
noirâtres par places, la bouche serrée convulsivement et injectée de
sang, les yeux sont complètement fermés.

Nous demandons pourquoi l'on n'a pas donné aux cadavres un
lieu de repos plus convenable, et l'on nous fait observer que c'est
sur les conseils de M. Tissandier, qui a pensé raisonnablement
qu'un endroit vaste et bien aéré était préférable à une chambre
quelconque.

A ce moment, nous voyons Gaston et Albert Tissandier devenir
livides, puis éclater en sanglots. Nous les entraînons loin de ce lieu
de douleur et nous les emmenons à la Margauderie.

Arrivé à la ferme de M. de Bondy, Gaston Tissandier redevient
maître de lui-même. 11 nous fait asseoir et consent à nous donner
le récit de son voyage.

Il nous raconte les plaisanteries du départ.

Crocé-Spinelli s'écriant aux premiers moments : « Si nous conti-
nuons à monter de ce train-là, ce soir bous serons dans la lune. »

Puis, alors que la suffocation commençait à se produire, disant à
Tissandier : « Eh bien, qu'y a-t-il donc ? tu souffles comme un mar
soin. »

Ensuite... ensuite, c'est la catastrophe. C'est ce ballon qui, dix
fois touche terre et dix fois se relève,ballottant comme des fantoches
ce vivant et ces deux cadavres qui se heurtent sans cesse.

Enfin, le Zénith, embarrassé dans un groupe de saules situé non
loin de Néraud, se déchire et est, maintenu par les gens accou-
rus.

A ce moment, la douleur de Tissandier est sans bornes. Il se jette
en pleurant sur les corps de ses compagnons, qu'il embrasse sans
pouvoir les rappeler à la vie. Sa peine est navrante à voir. Pris lui-
même de surdité subite, il n'entend pas les exhortations qu'on lui
adresse, et se laisse conduire comme un enfant à l'habitation la
plus proche — le Néraud.

Ce n'est qu'alors qu'il est un peu remis, que les corps des deux
victimes ont été recueillis, qu'on l'entraîne à la Margauderie, où les
soins à lui prodiguer seront plus confortables.

La nuit fut bonne, mais le réveil fut, hélas ! aussi déchirant que la
soirée. Néanmoins, l'homme finit par maîtriser sa douleur, et c'est
de façon relativement calme qu'il put recevoir la visite du sous-
préfet du Blanc, du maire et des notabilités du pays, empressés à
venir lui porter leurs hommages et leurs consolations.

Aussitôt la nouvelle de ce désastre connue de tous les villages
environnants, d'Argentan, de Saint-Gaultier, du Blanc même, des
caravanes de paysans, poussés par cette curiosité que l'on sait,
accouraient sur le lieu du sinistre pour le visiter.

La précaution bien entendue du maire qui fit enfermer les corps
des malheureux, mit heureusement un terme à ce pèlerinage peu
convenable.

Georges Daviuy.

LE PREMIER VOYAGE

DU ZÉNITH

Racusnté E*îar 53. &asion Tissandier

Nous empruntons à l'excellente revue scientiiique la Nature, que
dirige M. Tissandier, le récit suivant de la première ascension du
'Zénith.

L'Ascension de longue durée

du ballon LE ZÉNITH.

Si la science commence à entrevoir les lois qui président aux mou-
vements de l'Océan, c'est que des navigateurs ont sillonné la sur-
face de ses eaux dans leur étendue tout entière; c'est que des
observateurs ont jeté la sonde dans leurs abîmes, ont mesuré leur
température à différentes profondeurs.

Si nous voulons connaître l'atmosphère qui enveloppe notre globe,
qui règle le cours des saisons, qui entretient la vie, il faut procéder
de la même façon; il faut la parcourir sur de vastes étendues, la
sonder de bas en haut, depuis la surface de la terre jusqu'à ses
plus hautes régions. De là, la nécessité de deux modes d'explora-
tion par les aérostats : ascensions de longue durée, ascensions à
grande hauteur.

Les expéditions aériennes des Biot et des Gay-Lussac, des Robert-
son, des Welsh, de MM. Barrai et Bixio, de M. Glaishe, en Angle-
terre, ont glorieusement ouvert la voie de l'exploration scientifi-
que de l'atmosphère. Dans ces dernières années un grand nombre
d'autres voyages aéronautiques, ayant pour but d'étudier les phénomè
nés aériens, ont été exécutés en France, notamment par MM. C. Flam-
marion, W. de Fbnvielle, etc.; des résultats intéressants ont été
obtenus; mais bien des obstacles, bien des entraves arrêtant l'obser-
vateur livré à ses propres ressources.

Depuis le siège de Paris, les aérostats ont particulièrement attiré
les regards. Une société savante, la Société française de navigation
aérienne, a été fondée. Présidée l'an dernier par un de plus illustres
membres de l'Institut, M. Janssen, qui, par ses grande travaux et fa
mâle énergie, s'est assuré déjà l'admiration de la postérité ; présidée
cette année par un autre membre de l'Académie des sciences,
M. Hervé-Mangon, dont le rare dévouement à la science est conpu
de tous, dont le rôle si actif dans l'organisation de la poste aérienne,
pendant la guerre, ne sera pas oublié, la Société de navigation
aérienne a vite attiré dans son sein la plupart de ceux qui se préoe -
cupent de l'aéronautique et de l'étude de l'atmosphère.

L'an dernier, c'est sous ses auspices que MM. Crocé-Spinelli et
Sivel ont exécuté ce magnifique voyage en hauteur, dont tout le
monde connaît les résultats. Grâce aux remarquables travaux phy
siologiques de M. Paul Bert, et à l'inhalation de l'oxygène, les in-
trépides et savants voyageurs ont pu atteindre l'altitude de 7,3*0
mètres, et rapporter de leur expédition le fruit d'observations nom-
breuses et fécondes.

Cette année, la Société de navigation aérienne a étudié un nouveau
programme d'ascensions scientifiques : il a été décidé que deux voya-
ges aériens seraient successivement exécutés à l'aide du ballon le Zénith
cubant 3,000 mètres, et construit par M. Sivel : l'un de grande durée,
l'autre de grande hauteur.

Grâce au concours de l'Académie des sciences, de l'Association
scientifique de France, de l'Association française pour l'avancement
des sciences, de quelques savants émineuts, MM. Dumas, Hervé-
Mangon, Henri Giffard, docteur Paul Bert, Dupuy de Lôme, docteur
Bureau de Villeneuve, secrétaire général de la Société, d'Eichthal,
docteur Marey, HôUél, Lavalley, F.-R. Duval, Dailly, Chabrier, etc..
les conditions nécessaires à l'exécution de l'entreprise ont été rapi-
dement assurées.

Le premier voyage du ballon le Zénith a répondu aux espérances
de la Société de navigation aérienne; il a eu lieu pendant 22 h. 40 m.,
dépassant ainsi de beaucoup la durée des plus longues ascensions
accomplies jusqu'à ce jour; il a permis aux membres de l'expédition
d'entreprendre, sans interruption, une série d'observations, et d'exé *
cuter de nombreuses expériences.

Le départ a eu lieu le 23 mars, à l'usine à gaz de la Villette, ofl
la Compagnie parisienne a fourni le gaz de l'éclairage nécessaire
au gonflement. A 0 heures 20 minutes du soir, le ballon s'élève
majestueusement dans l'espace, emportant dans sa nacelle les aéro-
nautes désignés par la Société de navigatidn aérienne : MM. Sivel»
Crocé-Spinelli, Albert Tissandier, Jobert et moi, H00 kilogramme»
de lest formé de sable fin, des instruments et des appareils de phy"
sique et de chimie.

Nous nous élevons dan3 l'atmosphère, traversant Paris, où des
milliers de lumières scintillent comme les constellations d'un cie'
étoilé; nous passons lentement au-dessus du jardin des Tuileries,
au-dessus du dôme des Invalides, et bientôt le spectacle de la grande
métropole disparaît à l'horizon, pour céder la place au tableau non
moins majestueux de la campagne. Le soleil jette ses derniers feu*
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