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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0110
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L' ÊQh I P SI

Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DOMÉE A TOUS LIS NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS <P RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

L'ÉCLIPSÉ vient d'acquérir le droit d'offrir en prime à ses abonnés la publication à succès du moment: Y édition illustrée de LA FILLE
DE MADAME ANGOT, charmant volume grand in-8°, de grand luxe, à couverture coloriée, contenant, en dehors du texte complet de la pièce
de MM. SIRAUDIN, CLAIRYILLE & KONING, la musique des principaux airs de CHARLES LECOGQ, les costumes coloriés dessinés par
GRÉVLN, des vignettes dessinées par P. HADOL, les portraits des auteurs et des créateurs des rôles, et une notice historique sur la pièce,
par JULES CLARETIE.

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, également pour un an, aura le droit de
retirer gratuitement dans les bureaux de VÉclipse un exemplaire de l'édition illustrée de la FILLE DE MADAME ANGOT. —- Les abonnés des départements
qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. 60 c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

A PROPOS DES INONDATIONS

Certes I voilà de grands deuils et d'immenses misères.

A peine remise des cruels malheurs qui lui venaient du
dehors, la France se retrouve en face d'un fléau terrible
qui éclate dans son sein même.

Encore souffrante d'une plaie, monstrueuse dont elle doit
peut-êtie mettre un demi-siècle à guérir, cette mère vaillante
ne se relève de tant de maux que pour entendre les cris de
désespoir de quelques-uns de ses enfants en péril, accablés
par un mal effroyable, et contre lequel né peuvent rien-, ni
la prévoyance ni le courage.

XXX

Cette mère oublie tout : ses douleurs passées, ses souf-
frances présentes et les dangers qu'elle court encore.

A ce cri d'angoisse, elle se lève pâle et superbe, «ans souci
de sa faiblesse; et jetant un regard plein d'amour du côté
d'où sont parties les plaintes, elle jette à ses fils malheureux,
de sa voix mâle et chaude, ce cri de mère :

— Courage, enfants!... je viens... me voici.

XXX

Et elle accourt, vaillante et douce, au secours des infor-
tunés que la douleur et la ruine ont terrassés,

Elle est bien faible encore, la pauvre France !... et ses pas
sont défaillants.

Mais elle est mère. Rien ne l'arrête, rien ne la fatigue,
rien ne l'abat.

Ses fils ont crié : maman!... — comme a dit Théophile
G-autier. — Il faut que maman arrive.
Elle arrivera.

XXX

Elle est épuisée, grelottante, rongée par la fièvre !...
Qu'importe 1...

Chemin faisant, elle dénoue les cordons de son manteau,
afin de ne point perdre de temps.

Et en arrivant, elle le jette sur les épaules de ses pauvres
enfants qui gisent à terre, nus, souffrants, découragés.

XXX

Elle les relève, les réchauffe, les couvre de baisers et de
caresses.

Contre l'irréparable, hélas!... elle ne peut rien. Rien que
pleurer avec leurs frères ses pauvres fils engloutis.
Mais ce qui peut être fait encore, elle le fait.

XXX

Et elle le fait avec cette puissance inouïe que Dieu donne
aux mères dont les fils souffrent.

XX.X

Encore quelques heures, et le mal qui peut être réparé
le sera par elle.
Le paysan retrouvera sa chaumière.
Les femmes et les enfants auront des vêtements.
L'ouvrier aura des outils et du travail.
Et en attendant tout le monde aura du pain.

XXX

Bientôt l'amour maternel aura effacé jusqu'aux dernières
traces d'une aussi effroyable catastrophe^

Tout — excepté les deuils qui ne s'effacent pas.

Et la pauvre mère, fière et heureuse d'avoir accompli sa
tâche sacrée, pressera sur son sein ses chers enfants sauvés
par elle.

xxx

De tant de malheurs, il ne restera plus que le souvenir
Non. Il restera autre chose.

XXX

Il semble vraiment que la Providence, même dans ses
rigueurs,'apporte une sorte de sollicitude pour les nations
qu'elle frappe.

Et l'on dirait presque qu'elle leur réserve les plus rudes
coups pour le moment exact où ils leur sont devenus néces-
saires ,

xxx

Aujourd'hui encore — comme en 1871 le fléau qui
nous frappe n'apporte-t-il pas avec lui le plus grand des
enseignements ?

Nos derniers désastres, cruelle mais juste punition de
vingt années de servilité, d'abjection et d'abandon de nous-
mêmes — nous ont appris que les peuples ne sont grands
que lorsqu'ils sont libres; qu'abdiquer ses droits est un
crime, et que subir la tyrannie est une honte.

Les affreux malheurs qui attaquent aujourd'hui toute une
partie de notre chère France ne sont pas pour nous une leçon
moins haute que celle de 1871.

XXX

Ils viennent affirmer solennellement, juste au moment où
nous en avons le plus grand besoin, le principe de la grande
unité française, et celui de la solidarité dans le malheur do
tous les fils d'une même nation.

XXX

Loin de nous l'idée de prendre, en de si fatales circon-
stances, prétexte d'un deuil' national pour faire entendre
quoi que ce soit qui ressemble à une récrimination.

Le bruit seul de l'argent tombant dans le tronc des inon-
dés et dans la bourse des quêteuses, doit aujourd'hui trou-
bler le silence douloureux de la France en pleurs.

XXX

Cependant, une chose est à dire, et jamais l'occasion ne
sera meilleure.

L'épreuve que nous subissons aujourd'hui est bien faite
pour triompher chez les Français de certaines tendances à
l'égoïsme, et pour leur faire sévèrement comprendre que les
calamités publiques qui frappent un coin du territoire, doi-
vent faire également saigner le cœur des autres.

XXX

Lorsqu'en 1870 tout l'est de la France, qui se trouvait sur
le chemin de la rafale maudite, a subi ce choc épouvan-
table et en a été complètement broyé, les départements du
centre et ceux du midi, protégés par leur éloignement du
théâtre de la guerre, ont-ils été pénétrés à un assez haut
point des principes de la grande solidarité naiionale?

Ont-ils compris, dans toute leur étendue, les saints devoirs
de cetté solidarité?

Nos meurtrissures les ont-elles meurtris au même degré
que nous?

Ont-ils souffert moralement ce que nous avons souffert?

Ont-ils désiré de toutes leurs forces venir prendre, à côté
de nous, leur part de nos peines, de nos dangers?

Ont-ils travaillé autant'que nous?

Ont-ils eu nos fièvres, nos douleurs, nos rages, nos
espoirs?

XXX

Oui, sans doute. Et l'injure serait grande de n'y pas
croire, ou même do n'y croire qu'à demi.

Nos frères, bien qu'épargnés par leur situation, n'ont pas
été moins que noui navrés, anéantis, accablés de nos dé-
faites.

Ils ont eu les souffrances physiques en moins ; mais ce
n'était pas leur faute.

Venir les partager était leur plus violent désir ; ne pou-
voir le faire, leur plus vive douleur.

XXX

Ils n'ont pas eu un seul instant la regrettable pensée que
notre cause n'était pas absolument la leur.

Ils ne se sont jamais dit, en parlant de l'Alsace, de la
Champagne et même de Paris :

— Ils sont sur le chemin de l'ennemi, c'est malheureux
pour eux ; nous n'y pouvons rien.

XXX

Aussi l'admirable élan de fraternité auquel nous assistons
à propos des inondations du Midi, vient-il répondre aux
nobles sentiments d'union dont ces provinces ont fait
preuve à notre égard quand c'était notre tour d'être éprouvés.

XXX

Là est la leçon, et elle est forte.

Elle nous enseigne à tous, citoyens du même pays, qu'en
toutes circonstances, nous nous devons aide et secours.

Elle enseigne à ceux qui sont loin d'un danger aujour-
d'hui qu'ils peuvent être assaillis par un autre demain.

Elle enseigne à chacun des membres de cette grande
famille que l'on appelle encore aujourd'hui la patrie, et que
l'on appellera un jour l'humanité, à ne jouir d'aucun repos
tant qu'il yen a d'autres qui souffrent.

XXX

Le désastre qui nous frappe aujourd'hui aura cela de bon,
de rappeler à ceux qui pourraient être sur le point de l'ou-
blier, que la destinée a des fléaux pour tout le monde, que
personne n'est à l'abri, et que si les montagnes et les rivières
protègent contre les invasions, elles le font quelquefois
payer cher le lendemain.

xxx

Ceci dit, aux porte-monnaie'.... et raide !.,.

LÉON BIENVENU.

SIR LE PONT DAISTERLITZ

— C'était par une belle après-midi d'automne ! » J'allais
voir, muni de provisions de bouche, un de mes amis, qui
est chimpanzé au Jardin des Plantes. Arrivant sur le bou-
levard Contrescarpe, j'apparus sur la place Mazas et me fau-
filai entre les nombreux ronds de flâneurs civils et militaires
qui stationnent sous les arbres maigres, regardant avec
émotion les banquistes et les hercules aux maillots couleur
de saumon cuit, aux manchettes de cuir verni, aux cothur-
nes auréolés de poils de bête à la cheville.

Une tête coiffée d'un immense bonnet de coton dominait
un groupe; sa mèche pétulante s'agitait au centre d'une
grande roue numérotée. Elle frappa mes regards un bref
instant. Mais le Temple de la Vérité m'absorba bientôt tout
entier. Une femme, qui se tenait à côté de ce temple en car-
ton agrémenté de signes cabalistiques sur les quatre faces
m'invita à m'approcher :

— « Le jeune homme y voit celle qui lui fera son bon-
heur, me dit-elle. Approchez, monsieur, regardez. » Et elle
ajouta : « Je vous dirai votre pass£, votre présent et l'avenir,
mon garçon. »

Je m'enfuis. Plus loin, quelques kilos, tels des aérolithes,
montaient et descendaient dans le ciel, brillant au-dessus
des têtes. C'étaient des hercules, gonflant leurs biceps
tatoués de bleu, qui jonglaient avec des poids de qua-
rante.

Marchant toujours, fendant la foule, sans, écouter les
lazzis du pitre septuagénaire d'un faiseur de tours, je dé-
passai enfin et les boutiques hérissées de lignes à pêcher et
les éventaires garnis de pommes en tas et de faux gâteaux
de Nanterre.

Cependant un soupir, où palpitaient les souvenirs d'une
jeunesse, sortait de mon estomac à la vue des carafes de
coco bouchées d'un citron. Des gouttes de salive me vinrent
également aux lèvres en sentant l'odeur des chausso>is de
pommes tout chauds.

0 chaussons de pommes ! ô chaussons de pruneaux pous- :
siéreux et pleins de pierres.' 0 vieux sucre d'orge, mou à la
surface et rigide au centre ! 0 bonbons d'anis multicolores 1

Mais silence, mon cœur ; pas de faiblesse humaine !

Je traversai le vieux et cher pont d'Austerlitz au pas accé-
léré, sans regarder rien, sans appuyer mon ventre une mi-
nute, comme tout le monde, sur le bord poli du parapet,
sans examiner l'eau verte qui se précipite sous les arches ;
sans attendre la sortie de l'eau d'un épervier jeté du haut
d'un bateau; sans même suivre les mouvements d'auto-
mate de l'homme qui repêche, à coups de crocs, les cotte-
rets coulés dans la rivière.

J'étais pressé, car...

Avant d'entrer dans le joyeux domaine de mon ami, qui
est chimpanzé, il était nécessaire que je...

Bref, la cabine de madame veuve Quotte (S centimes d'en-
trée) me souriait à l'autre bout du pont,se découpant, jaune,
sur les verdures de la place Walhubert.

La veuve Quotte, une cruche à la main droite, un léger
amas de carrés de papier brouillard dans l'autre, se tenait
sur le seuil de son utile établissement. Quelques poules pi-
coraient devant elle.

Elle sourit en m'apercevant, se rangea de côté, me laissa
pénétrer dans son buen-retiro. Puis elle fondit en pleurs.

J'étais étonné. En ce moment, le rugissement lointain
d'un lion se fit entendre.

— Est-ce que le commerce ne va plus, ma bonne dame ?
dis-je à la volumineuse madame veuve Quotte, dont les
appas épars s'agitaient sous son caraco, comme des lapins
dans un sac.

— Tous êtes bien bon, articula-t-elle, en versant des
larmes abondantes. Merci. Ça boulotte. Mais c'est le cœur
qui est malade.

Mon étonnement redoubla. Le cœur, dans un pareil
endroit, aurait bien dû rester muet, ce me semble.

Or, comme je me disposais à user du droit qu'en entrant
j'avais acheté à la porte, la veuve Quotte déposa sa cruche â
terre, mit sa main sur mon bras, et éclata en ces termes ;

« — Phantoul m'a trompée ! Il a trompé une vieillesse I
Et pourquoi ? Oh ! monsieur, tenez, c'est mal. Je ne croyais
pas les hommes si canailles. Phantoul, c'est un joli mon-
sieur, allez. Lui, un soldat pourtant, décoré, le nez rouge,
une jambe de bois, que j'ai tout fait pour lui. Même que je
me suis privée d'un cabinet pour en faire une cuisine, avec
des fourneaux, dont un long pour le poisson. Et qu'il venait
ici, tous les jours, manger de bons morceaux ! Ah ! mon-
sieur. A mon âge ! Cinquante-cinq ans à la saint Michel.
Et tous les cadeaux qu'il a reçus. Et qu'il m'avait promis le
mariage. J'aurais eu mon porte-respect jusqu'à la tombe !
Et pour qui qui me plante là, avec mon argent passé en
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