Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0119
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L ' a c T, I ? S I «

au ruissellement de l'or et de l'argent, tandis que dans la
boutique voisine de celle des changeurs s'égosillaient les oi-
seaux en cage chez les oiseliers, est devenu calme et banal,
et les files de passants qui suivent ses trottoirs sont graves
et silencieuses.

Le Prado n'existe plus. Jusqu'à la destruction de la Cité,
ce bal célèbre fut, dans la rue de la Barillerie, le point de
confluence de deux flots de jeunes gens venant des deux
rives de la Seine, la chanson à la lèvre, et les jambss trépi-
dantes.

Tout cela est mort.

Maintenant, sur le pont au Change, passent surtout des
8ens pâles, absolument rasés, ou pourvus de favoris énor-
mes, au linge fin, et qui portent sous le bras des serviettes
de cuir noir remplies de dossiers volumineux. Avocats et
juges, huissiers, avoués, plaideurs, à certaines heures du
jour, traversent seuls et vivement le vieux pont. Ils vont
s'engoutfrer dans les salles sombres du Palais de Justice.

Derrière eux, trottent des gendarmes ou des gardes répu-
blicains, accompagnant le sinistre pâmer à salade rempli de
criminels.

D'autres voitures, plus légères, sillonnent encore le tablier
du pont au Change. Celles-là ont l'air d'honnêtes omnibus
de province et sont généralement peintes en jaune. Mais les
Portières sont closes au moyen de jalousies fixes. Et sur leur
flanc on lit : Voitures à volonté. Environs de Paris.

Inutile de vous dire quelle sorte de cargaison elles ballot-
tent sur le pavé. Vous devinez qu'il s'agit des pécheresses
îubliques appelées à la Préfecture par la vigilante Faculté
de médecine.

Le Pont Saliit-Mirlicl

Bâti en 1378. Il fait pendant au pont au Change. Les
Voûtes du Petit-Châtelet en avalaient une bonne partie
jadis. Bien qu'il fût protégé par les innombrables tours de
la vieille forteresse, les éléments le respectèrent peu. En-
traîné par les glaces en 1408, et rebâti, toujours en bois, la
ttiê ne année, il fut de nouveau emporté par une débâcle en
1847. Rebâti de nouveau en bois, il fut détruit une troi-
sième fois en janvier 1616. Sans perdre courage, nos pères,
ces fourmis tenaces, réédifièrent, et cette fois en pierre, le
Pont Saint-Michel, peu de mois après sa démolition. Trente-
deux pittoresques maisons furent bâties snr son dos, et leurs
toits y verdirent, couverts de mousses et de joubarbes, jus-
qu'en 1808.

Il a été totalement reconstruit en 18S6.

Mais il a perdu pour toujours son antique animation
Ses parapets, roses et luisants, sont, de temps à autre, garnis
d'étalages de mouleurs italiens. Mais les passants ne s'y
arrêtent pas. Ce pont n'est plus qu'un passage, meurtrier
en hiver, où les vents, qui descendent les boulevards Saint-
Michel et Sébastopol, coupent à angle droit ceux qui descen-
dent ou remontent la Seine. C'est le carrefour des bron-
chites.

Les Crevettes de la Seine.

Une naïve spectatrice disait à ses voisins, d'un air d'in-
crédulité, en regardant un acteur excessivement maigre :
— C'est du faux, n'est-ce pas ?

Eh bien! en voyant les gamins de Paris grouiller tout
nus sur les rives du fleuve, loin .de l'œil amer des sergents
de ville, on est souvent près de se demander où ils vont
chercher la maigreur qu'ils montrent.

Il n'y a pas de pauvres crevettes à 13 sous le quart qui ne
soient plus fournies de chair que ces gringalets barbouillés
5ui se voilent gravement d'un mouchoir en loques.

Néanmoins, ces petits squelettes exagérés sont d'une gaieté
et surtout d'une vitalité extrêmes. La pomme de terre frite
et les poires vertes, éléments principaux du régime qu'ils
suivent, leur font, à ce qu'il paraît, des muscles résistants
et des os solides, Quant à l'enveloppe naturelle de ces os et
de ces muscles, elle est d'une solidité de peau de chagrin,
^leuie, jaunie, verdie parles coups, blanchie ou rougie par
le froid, elle supporte tout, résiste à tout, triomphe de
tout.

Et l'on est tout surpris, en même temps que très-heureux,
d'entendre sortir sans «esse de ces petits corps malingres,
emaciés, articulés comme des polichinelles, des voix solides
et des rires joyeux.

Cela rassure.

Les égoiats.

Il y a loin, heureusement, des canaux à ciel ouvert creu-
sés parles soins d'Aubriot, prévôt des marchands sous
Charles V, et qui déversaient les eaux stagnantes dans l'an-
cien ruisseau de Ménilmontant, aux splendides égouts sou-
terrains du Paris moderne.

Depuis François Miron, qui construisit à ses frais l'égout
du Ponceau voûté, de la rue Saint-Denis à la porte Saint-
Martin, jusqu'à M.Haussmann, qui a fait des prodiges avec
notre argent, l'écoulement des eaux sales et des immondices
de la capitale fut absolument négligé par les rois.

Pendant des siècles, les égouts restèrent à l'état rudimen-
taire, engorgés de détritus de toute sorte, qui empuantis-
saient l'air des rues et des maisons.

Tout cela est radicalement changé aujourd'hui.

Il y a vingt ans, les égouts en construction mesuraient
« peine 147 kilomètres. Maintenant leur longueur totale est
d'environ 500 kilomètres.

Tout en multipliant les voies souterraines, la Ville a donné
« ces galeries si indispensables des dimensions impor-
tantes qui en font de véritables monuments très-curieux à
Visiter.

Les grands égouts de Paris peuvent être parcourus à pied,
<*n bateau, en wagon-vannes. Ces wagons, en circulant sur
<fes rails, au moyen de la pression de l'eau, permettent aux
Souts de se curer eux-mêmes.

A présent encore, grâce à la multiplicité des branchements
*articuliers, ces traits d'union de maçonnerie entre les mai-
°ns et les égouts publics, les eaux ménagères et pluviales,
*ui inondaient jadis les rues et les caves, corrompaient l'air,
déposaient dans le sol des principes malsains, sont em-
portées au loin rapidement.

Ij f * Seine, elle-même, ne charrie plus dans Paris les dé-
ris de toute nature et les liquides toxiques qui la souil-

laient et rendaient ses eaux si purgatives, lorsque,les égouts
primitifs vomissaient leurs ondes rousses dans son sein.

De grands collecteurs reçoivent la décharge des égouts
partiels et les envoient souterrainement au delà de la ville,
à Asnières ou à Saint-Denis.

La visite des égouts, qui portent les noms des rues sous
lesquelles ils passent, et les numéros des maisons qui y
jettent leurs liquides, est des plus intéressante à faire.

Elle complète certainement l'idée de grandeur et de puis-
sance que la vue des monuments de Paris fait naître dans
l'esprit de l'étranger.

ERNEST D'HERVILLY.

GAZETTE AUX EAUX DES VOSGES

Contrexeville, — juillet.

Dans cette bourgade vosgienne, où j'ai prismes quartiers
d'été, — étrange idée ! été bizarre! — et où les baigneurs re-
çoivent sur la tête, lorsqu'ils mettent le nez dehors, plus de
douches, administrées par l'arrosoir du bon Dieu, que n'en
dispenseront jamais aux parties malades de leur corps tous
les robinets, tous les appareils, toutes les machines de l'Éta-
blissement. '

Quand de folles nuées courent dans le ciel noir;
Quand la pluie aux carreaux se lamente, le soir,
Qhandla bise gémit comme une voix qui pleure,
Si l'on ne veut tout seul se coucher de bonne heure,
Que faire, emprisonné par le cyclone- affreux,
Lorsqu'on est cinq ou six, au lieu d'être que deux?v.

Oui, que faire, dans le grand salon de l'Hôtel Mansùy, —
en face le Parc, — un hô'el que je vous recommande pour
l'excellence de la cuisine et l'aménité du patron, — alors
que l'on a absorbé le c-fé, le pousse-café et larincette, qu'une
dame mûre gratte du piano, et que les gens à rhumatismes
achèvent de se momifier dans la lecture de leur journal?...

Que faire?...

Hé ! tout d'abord, allumer un cigare,—au risque d'exciter
le courroux de la comtesse d'Escarbagnas,..

Puis, demander quelques canettes de bière moussue de
Tanton ville...

Puis, encore, causer, bavarder, •patiner. — raconter des
calembredaines, des coq-à-l'âne, des fariboles!...

Ce sont ces résultats de nos soirées d'averse que je livre
aujourd'hui, à l'appréciation des abonnés de l'Éclipsé. Mes
camarades jasent. Moi j'écris...

Que si, dans ce fatras, tout ne vous paraissait pas égale-
ment neuf, comique, exquis, spirituel, plaignez-vous-en au
temps qui sévit depuis un mois! Le moyen d'être gai;bril-
lant, original, quand le baromètre marque : laid fitie, — et
qu'on redoute pour soi-même le sort, dépourvu d'agféments,
de certains quartiers de Toulouse, de Tarbes, de Moissac ou
d'Agcn!...

XX

Contes des soirs de pluie. *

Un mari, toutes les fois que son beau-père, qui habitait
la campagne, venait le voir, se plaignait à lui des défauts
de sa femme.

Un jour le beau-père, lassé d'entendre toujours répéter
les mêmes plaintes, lui dit :

— Vous avez raison, mon gendre, ma fille est colère et
impertinente, et, si elle ne se corrige paS) je la déshériterai.

A partir de ce moment, l'époux ne se plaignit plus de sa
femme.

XX

C'était, je crois, en 1847, M. Thiers promenait un pro-
vincial (un Normand) dans le palais législatif. Ar/ivés dans
la bibliothèque, il fit remarquer et voulut faire admirer les
fresques de son favori, M. Eugène Delacroix.

Le provincial ne se connaissait pas en peinture ; mais il
se connaissait en chevaux. Il se cabra devant le cheval ca-
bré d'Attila, et choqué de son hennissement et de sa cou-
leur :

— Je n'ai jamais vu un cheval comme celui-là.

— Vous êtes bon enfant, répondit M. Thiers, avec son fin
sourire; vous voudriez avoir vu le cheval d'Attila î

XX

Un bouvier rosse un pauvre bœuf à coups de bâton. Pa£se
un membre de la Société protectrice des animaux, avec un
ventre proéminent :

— Malheureux! s'écrie ce dernier, épargnez cette pauvre
bête; vous allez lui abîmer les beefsteacks.

XX

G... n'est pas généreux, « c'est son moindre défaut » ; il
offre bien quelquefois à ses amis un verre de liqueur, une
tasse de café ; mais à déjeuner ,ou à dîner, jam lis ! — Voilà
quelques jours, ayant abusé des jambes d'un camarade dans
des courses ennuyeuses, il lui offrit en rentrant un verre de
madère.

La domestique apporte la bouteille et une carafe d'eau :

— Comment préfères-tu le prendre? lui demanda le
pingre.

— Aux filets de bœuf, répondit l'ami, qui n'avait pas dé-
jeuné.

XX

Certain poète du jour se vante da mettre des rimes riches
partout.

Est-ce pour cela qu'un critique disait un soir devant lui,
au foyer de la Porte-Saint-Martin :

— Une rime riche au bout d'un mauvais vers, c'est un
mouchoir blanc dans une main sale?

XX

Un légitimiste bien connu causait politique avec M. Vé-
ron, notre spirituel confrère du Charivari.

— Votre Ganbaldi, disait avec emportement M..., votre
Garibaldi, tenez ! Je voudrais qu'on l'enfermât d'ans une
cage de fer et qu'on m'en confiât la garde !

— Parbleu ! Je le crois bien, répliqua Vôron, vous n'êtes
vraiment pas dégoûté : vous pourriez le montrer en public
et, à raison de dix sous par curieux, vous gagneriez promp-
tement un joli sac.

STAR

10 cent, la Livraison, — 50 cent, la Série
Une livraison à 10 cent, le mardi et le vendredi de chaque semaine

UNE SÉRIE TOUS LES VINGT JOURS ENVIRON

HISTOIRE DE FRANCE

INTAMARRESQUE

par

TOUCH ATOUT

Belle édition illustrée
Nombreux dessins noirs et coloriés par G. 1AFOSSE

AVEC LA COLLABORATION

De MM. GILL, HADOL, DRANER & ROBIDA

L'Histoire de France tintamarresque est devenue
un véritable classique de la littérature gauloise. Tous ceux
qui n'ont pu se procurer les éditions précédentes, épuisées
toutes depuis plus d'un an, voudront posséder cette nou-
velle édition.

L'HISTOIRE DE FRANCE TINTAMARRESQUE

est en vente chez tous les libraires de Paris et des
départements et formera 100 livraisons ou 20 sé-
ries.

PETITE GAZETTE

L'ouverture de l'Exposition internationale des industries
maritimes et fluviales a été placée sous les auspices de la
charité.

La quête faite au banquet d'inauguration a produit 700
francs qui ont été remis à Mmola maréchale deMac-Mahon
pour les victimes de l'inondation du Midi.

La foule s'est portée en masse dimanche au palais de
l'Industrie. Le nombre des entrées payantes s'est élevé au
chiffre de 6,878 ; les entrées de faveur ont dépassé 600.

Les installations se poursuivent avec la plus grande acti-
vité. Dans quelques jotfrs l'exposition de 1875 sera au grand
complet.

----■*-

L'Agence centrale de la célèbre Compagnie fondée par
EliasHowe, inventeur delà machine à coudre, et dont le siège
est à Paris, 48, boulevard Sébastopol, vient de faire, à l'ad-
ministration du Petit Journal, un premier versement de
3,825 fr. 50 c.pour les inondés. Cette somme a été recueillie
par ses soins dans ses divers établissements de France et
de l'étranger.

La Compagnie Howe continue sa souscription et fera des
versements ultérieurs.

Les Merveilles de l'Industrie ou description populaire des pro-
cédés industriels depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
jours, par Louis Figuier. —Dans ce recueil, de.-tiné à
faire suite aux Merveilles de la Science, du même auteur, les
industries chimiques, mécaniques, agricoles et alimentaires
seront passées en revue avec le secours de nombreuses gra-
vures, dessinées d'après nature ou d'après les documents les
plus exacts. Les séries de 16 à 20, qui traitent de l'industrie
de l'eau et commencent le tome III, sont en vente. (Furne,
Jouvet et C°, éditeurs, 42, rue Saint-André-des-Arts, Paris.)

La Bibliothèque Charpentier vient de mettre en vente un
volume, traduit de l'anglais, qui a pour titre : Fables lyri-
ques, et pour auteur lord Lytton (fils de Bulwer Lytton),
actuellement ambassadeur d'Angleterre à Lisbonne et, en
dernier lieu, premier secrétaire de l'ambassade d'Angleterre
à Parts. Ces Fables ont obtenu le plus vif succès lors de leur
publication en Angleterre.

nsensifoilisateur Duchesne.— Ouérison, extraction et
pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.

En vente chez E. CHATOT, éditeur s

19, rue Neuve-des-Petits-Champs.

Adine, mazurka, \

Le Colibri, grande valse, / Compositions

Georgette, polka, > de

Paris-Gazette, grande mazurka \M. Paul FRESTEL

de salon. /

du même auteur :

Souvenir d'Uriage, schottisch.
Capricieuse, valse.

PARFUMERIE DES FÉES

Diplôme de mérite à l'Exposition universelle de Tienne 1873.

EAI7/BËS FÉES

Sarah Félix 1
recoloration des cheveux et de la barbe

Dix années de succès et une vente considérable ont prouvé
l'incontestable supériorité de ce produit sur ceux du mémo
genre, ainsi que sa parfaite innocuité.

L'emploi des autres produits de la Parfumerie des Péea

avec l'Eau des Fées, est vivement recommandé.

Pommade des Fées, pour favoriser l'action del'Eau de»

Fées.

Eau de Poppée pour nettoyer la tête.

latte* l^bains""" DES FÉB8' P°Ur 163 S°lnS dfl la to1"
Paris, 43, rue Richer, et dans toutes les parfumeries de l'univers.

Le Gérant : le révérend.

P*H*-— Imp. ES ^ÉBONS «t C>», U, ru* da Cr«iuM%i
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen