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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0126
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Stï^TJf'1T. n%

rime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DONNÉE A TOUS LES NÔliYEAlI ABONNÉS DUN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS QUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D O AN PAR ANTICIPATION

L'ÉCLIPSÉ vient d'acquérir le droit d'offrir en prime à ses abonnés la publication à succès du moment: Y édition illustrée de LA FILL-E
DE MADAME ANGOT, charmant volume grandin-8°, de grand luxe, à couverture coloriée, contenant, en dehors du texte complet de la pièc6
de MM. SIRAUDIN. CLAIRVILLE & KONING, la musique des principaux airs de CHARLES LECOCQ, les costumes coloriés dessinés
GRÉVIN, des vignettes dessinées par P. HADOL, les portraits des auteurs et des créateurs des rôles, et une notice historique sur la pièce>
par JULES GLARETIE.

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, également pour un an, aura le droit à6
retirer gratuitement dans les bureaux de VÉclipse un exemplaire de l'édition illustrée de la FILLE DE MADAME ANGOT. — Les abonnés des département
qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. 60 c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

j'ai reçu votre honorée dd...

PETIT COURRIER

Monsieur Verlinguet, à Meaux.

Vous appelez mon attention sur un article de la loi des
élections sénatoriales qui vient d'être voté par 339 voix
coDtre 334; soit 5 voix de majorité.

Je vous remercie bien de votre obligeance; mais vous de-
viez bien penser que j'avais lu ça dans mon journal en
même temps que vous.

Ce ne sont pas là des choses qui peuvent échapper.

Maintenant, je vois très-bien où vous voudriez en venir;
vous désirez que je vous dise ce que je pense à ce propos,
mais je m'en garderai bien.

D'ailleurs, pourquoi me demandez-vous cela à moi plutôt
qu'à un au ire?

La première personne venue vous répondra sans aucune
hésitation, j'en suis certain.

Et si vous avez dans vos amis un homme à peu près intel-
ligent, dites-lui donc tout simplement : « Que penses-tu
d'une loi vot e à CINQ voix de majorité par une assemblée
où il y a VINGT sièges vacants? »

Recevez, monsieur, etc., etc. .

XXX

Monsieur Doberlac, à Agen.

Vous m'exprimez, avec une certaine amertume, monsieur,
tous vosreg ets d'avoir vu repousser parla Chambre le projet
qui consistait à choisir les futurs sénateurs pàf rang d'âge, en
commençant par les plus vieux.

Vous me dites que l'âge est une garantie de sagesse et
d'expérience, et qu'une nation n'aurait qu'à gagner à être
dirigée par des hommes dont une longue existence a calmé
les passions qui sont toujours, ajoutez-vous, les mauvaises
conseillères de la politique.

Mon Dieu, monsieur, je ne dis pas que vous ayez oomplé
tement tort. Certainement l'expérience est utile aux législa-
teurs et l'expérience s'acquiert avec les années; c'est incon-
testable.

Cependant, il ne faudrait pas pousser les choses à l'ex-
trême. Quand un homme est excessivement vieux, mettons
quatre-vingt-dix ans, souvent il a vu tant de choses qu'il en
oublie la moitié; alors, C'est absolument comme s'il n'avait
vu que la moitié de laquelle il sè souvient, et, en ce cas, un
homme de quarante-cinq ans le vaut.

L'excès en tout est un défaut. Je crois que les hommes
politiques, comme fruits, doivent être mangés mûrs, mais
pas blets.

Et si l'on composait la Chambre haute selon vos goûts,
ce ne serait plus le sénat qu'il faudrait la nommer, mais le
sénilat.

A propos, si vous avez un ami à peu près sain d't sprit,
demandez-lui donc à brûle-pourpoint : « Quel degré de res-
pect t'inspirerait une loi votée à CINQ voix de majorité par
une Assemblée où il y a VINGT sièges sans députés
dessus? »

J'ai l'honneur, monsieur, etc., etc.

XXX

Monsieur TouraNgë l, à Pau.

Je suis complètement de votre avis, monsieur, relative-
ment à l'attitude nette et franche que vient de prendre
M. Buffet à l'occasion de l'état de siège.

Je crois, comme vous, que ce lancement de portefeuille
par-dessus les moulins était bien ce qui pourrait nous arri-
ver de meilleur.

Jusqu'à ce jour, M. Buffet, encourageant ceux-ci, ne dé-
sespérant pas ceux-là, caressant les autres, avait fortement
embarrassé beaucoup de gens faciles à endormir.

On se disait surtout dans le camp libéral, — le plus aisé
à duper, c'est triste à constater :

— Patieuce! patience! Il ne veut rien brusquer, mais tfi
cœur, il est avec nous contre l'Empire, et, petit à petit, aus-
sitôt que possible, il se rangera de notre côté

Ce leurre, comme vous le dites, cher monsieur, ftUait une
perte de temps fâcheusë. Il empêchait les convictions de se
former et retenait les indécis — ils sont bien nombreux —
de prendre un parti.

Aujourd'hui que le doute n'est plus permis sur les sym-
pathies de M. Buffet ei sur ses projets de gouvernement par
le système de l'état de siège concentré et iuusable, les situa-
tions redeviennent iiettrs et l'on sait au juste ce que l'on a
à atiendre de ce mini-tère que l'on nous a donne pour nous
consoler de celui de M. de Broglie et le continuer au besoin.

C'est toujours cela de gagné.

A propos, si, au nombre de vos amis, il y en a un qui ait
une lueur de sens commun, demandez-lui donc brusque-
ment : «Si tu tenais un bureau de mont-de-piété, combien
prêterais-tu sur une loi votée à CINQ voix de majorité par
une Assemblée où il y a VINGT sièges vacants, sans
compter les espérances de la chute des feuilles d'automne ?»

Je vous prie d'agréer, monsieur, etc.

XXX

Monsieur Toupin, a Marseille,

Vous aussi, monsieur, vous m'écrivez à propos de
M. Buffet et de l'état de siège.

Répondant à cette observation d'un député, que l'on de-
vrait au moins accorder l'autorisation de fonder un journal
puisque l'on ignore s'il se conduira mal, le vice-préddent
du conseil a dit d'un ton léger; qui pourrait même passer
pour gouailleur :

— A quoi bon ?... L'état de si^ge pourrait supprimer le
journal le lendemain, autant qu'il le supprime la veille.

Cette réponse humoristique a l'air de vous offusquer beau-
coup, cher monsieur Toupin : un peu plus, vous insinueriez
que de pareilles raisons données à des gens sérieux sur une
question sérieuse est une grosse inconvenance, et qu'il est
malséant à un vice-président du conseil des ministres de
trancher des questions de cette importance avec des mauvais
mots de vaudeville.

Chut! chut!...Tout beau, mon cher monsieur Toupin !...
Là... là !... Quel âge avez-vous doue pour vous indigner
ainsi de choses qui devraient vous paraître toutes natu-
relles.

Je parie pour vin^'t ans à peine.

Pauvre jeune homme!... Vous débutez dans l'état de
siège : vous vous y ferez, mon enfant.

A propos, si dans vos camarades il s'en trouve Un qui
jouisse à peu près de sa raison, abordez-le donc tout d'un
coup et dites-lui : « Comment saluerais-tu, si tu la rencon-
trais dans )a rue, une loi votéa â CINQ voix do majorité par
une Assemblée où il y a VINGT sièges vacants ? »

Recevez, mon jeune ami, etc.

XXX

Madame Virolet, à Dammartin.

Comment ! vous aussi, madame! vous me parlez de
M. Buffet et de l'état de siège I... Ah ça, mais, tout le monde
s'est donc donné le mot?

Une chose vous a froissée, dites-vous, madame, dans le
plaidoyer de M Buflu en faveur de l'état de siège.

— Voyez, a-t-il dit, tel département demandait il y a
trois mois la levée de 1 état de siège; eh bien! justemeu
il y a à peine huit jours, l'état de siège a été obligé de sus-
pendre un journal de ce dépa' tement.

Vous trouvez cet argument irrésistible, madame, et vous
ajoutez :

— Cette expérience est concluante contre l'état de siège,
puisque justement cet état de siège Vient de servir dans un
département qui demandait sa suppression.

Ma foi, madame, devant un tel raisonnement, il ne me
reste rien à dire. Je m'incline.

Seulement je vous demande la permission de supposer la
petite fable suivante et de faire des souhaits pour qu'elle
devienne bientôt une réalité.

Voici ma fable :

M. Virolet, votre époux, prend tout d'un coup l'habitude
de vous administrer quotidiennement deux ou trois volées
avec un gros bâton qui ne le quitte plus.

Un bouton manque à sa chemise? v lan.

Le dî >er est en retard de dix minutes? — v'ian.

Vous lui répondez un non sec ? — v'ian.

Vous ne lui répondez pas du tout? — v'ian.

Enfin c'est une décoction incessante.

Un jour, vous lui dites :

— Voyons, mon ami, quitte donc ce bâton que tu iiens
toujours à la main... Je te promets que le ménage ira bien
sans cela.

A quoi M. Virolet serait bien mal avisé s'il ne répond, en
citant des auteurs.

— Y penses-tu, mon ange?... Quitter mon bâton? C'est
impossible ! Tiens!... la meilleure preuve qu'il m'est indis-
pensable, c'est que je t'ai encore rossée avec ce matin.

Le jour où cela vous arrivera, cr.ère madame, envuyez-
moi une dépêche poi.r m'en informer, et je vous plaindrai
comme vous le méritez.

A propos, si au nombre de vos amis, il s'en trouve un qui
no soit pas complètement idiot, demandez-lui donc pendadt
combien de temps il pourrait regarder sans rire une loi
votée à CINQ voix de majorité par une assemblée où VINGT
sièges sont vides.

Recevez, madame, mes respectueuses salutations,

LÉON BIENVENU.

ACTfm tu es mal mon roni

— Pardon, madame et lectrice .. l'adresse exacte des
mânes1 d'Actéon, je vous prie?...

Allons, bon! voilà mon accès qui méprend! ah ! que c'esj
contrariant. Juste au moment où je me promettais d'êtrô SJ
sérieux, je sens une douce folie m'envahir !

Permettez-moi donc un instant d'insenséisme, madame et
lectrice, je vous en conjure!

Il faut en passer par là. Du reste, cela ne dure jamais bieP
longtemps.

Oui, j'.i besoin de l'adre se exacte des mânes d'ActéoO-
Leur dernière demeure? La savez-vous, madame, la saveZ'
vous ?

Non ! voilà qui est triste. Et moi qui me faisais une joie
de leur envoyer, sous bande et franc de port, ce numéro de
l'Eclipsé.

Pauvre Actéon ! pauvre chasseur dix cors si cruellement
mis à mort par ta propre meute (ce qui a même donné lie11
à ce proverbe : On n'est jamais trahi que par les chiens), que
je suis affligé de ne pouvoir te raconter comment et où tu
fus vengé, ces jours derniers !

Enfin, au petit bonheur ! Le récit qui va suivre t'est dé'
dié. Je te l'adresse, Olympe restant, en Grèce.

Et maintenant, madame et lectrice, cesregiets exprimés,
daignez me prêter l'une et l'autre de vos oreilles délicates.

Au château de... ai tué à... (con rée fort giboyeuse), par
une aJorable matinée de ce mois, à l'heure où l'Aurore,
mal réveillée encore, frisso ne dans son peignoir de brumes
flrMentines, une d»me que j'appellerai Diane, à cause de ses
intentions cynégétiques, quittait furtivement sa chambr6
parfumée, traversai c le parc, et, par la petite porte qui doa$e
sur les bois, s'enfuyait de son pied léger, sans rien df0 à
personne.

Bien avant elle, ces messieurs avaient vidé le château,
arme sur i'épaule gauche, et déjà, dans le lointain, des coup8
de feu'éclataieut par intervalles irréguliers.

Madame de... chut, Diane, veux-je dire, avait endossé le
plus délicieux costume masculin qu'un tailleur ait jamais
conçu dans ses rêves; un habit de chasse qui lui allait
comme un gant, et quicohait sur son exquise personne
comme une peau d'abdeot sur ce fruit parfumé. Tout un
miguon attirail de chasseresse accompagnait cet habit. Et la
Carnassière se balançait, soulevée avec une grâce qui, une
grâce que... à sa place ordinaire.

Diane, en outre, et naturellement, ce me semble, tenait,
sous le bras, un Lefaucheux de dame, léger comme le fusil
de paille de la chanson.

Mme Diane s'en allait à la chasse, à la chasse aux perdrix,
carabi, pour la première fois.

Elle voulait surpreudre son monde.

« J'arriver i au rendez-vous, à l'neure du déjeuner, trionr
phante, chargée des dépouilles des hôtes de ces bois, » se
disait-elle!

Et ce projet la faisait sourire en marchant de ses plus
grands petits pas. Sa chère jambe, guêtree à ravir, se ten-
dait nerveusement, et ses gros souliers — (qu'on me les ap'
porte, je les mets sur mon cœur) — foulaient les fleurettes
avec résolution.

Oh! madame... Diane avait bien pris toutes ses précau-
tions. On était à cent lieues et quart de se douter de son
dessein. Son permis, son fusil, sou costume, étaient venus
de Paris, sous le plus strict incognito.

« Quel honneur! » murmurait Diane, heureuse comme
une enfant.

Pourtant elle regrettait qu'aucune de ces dames ne fût là
pour la voir! Sans doute, plusieurs d'entre elles seraient
tombées rai jes mortes de dépit, eu l'apercevant, si charmante1
dans Cette toilette si inattendue !

Pendant que cette réflexion charitable germait dans 1e
délicieux cerveau de Diane, la brume matinale s'était trans-
formée eh bruine. Il pleuvaii. Puis la beile chasseresse, uU
peu gênée dans son... costume neuf (elle se l'avoùait ton1
bas), trouvait encore que le l'util est à la longue un fardeau-
Mais bah !

Ehe marchait, droit devant elle, en essayant de siffler d'Ui'
petit air crâne, voyez-vous cela !

Depuis une demi-heure elle errait sous bois, se demandant
à chaque carrefour, laquelle des longues allées qui s'offraient,
quatre par quatre, devant elle, il lui fallait suivre, pour u°
pas s'égarer, et arriver au reudez-vous, bonne troisième a11
moins, comme diseat les turtistes

La pluie continuait de tomber, plus grosse. Mais quaU!|
on est un petit homme, il ne faut pas s'inquiéter de cela •
Son... costume... (dame, le manque d'h bilude) lui fais*5''
mal, ici et là. Les jambières serrées par les mains iuhabilcS
de la femme de chambre frottaient rudement sur les moUtts
charmants de la pauvre Diane. Ec son fusil lui semblait d'uI1
lourd!...

Dois-je l'avouer? Oui, avouons-le. De temps en tévaP1'
des craquements de mauvais augure se faisaient onteo^f
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