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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0170
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L'ÉGLIPSE

Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DOUÉE k TOUS LES NOUVEAUX ABONNÉS D'UN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS OUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

_______ _______—-—--*-_____

VÉCLIPSE a acquis le droit d'offrir en prime à ses abonnés la publication à succès du moment : Védition illustrée de LA FILLE
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par JULES CLARETIE.

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SCÈNES PARISIENNES

i —
ii

comment et pourquoi l'on fonde

un journal
Au café de Suède

HECTOR FENOUILLOT.

Alors les enfants, c'est convenu; aussitôt la loi sur la
presse promulguée, nous fondons l'Incendiaire.

TOUS.

Oui... oui!...

alfred TISON.

Moi, je propose comme sous-titre : journal politique, quoti-
dien et volcanique.

LES CHŒURS.

Bravo !

HECTOR FENOUILLOT.

Il s'agit maintenant de jeter les bases de notre numéro
spécimen. Qu'est-ce qui a apporté des articles?

[Tous tirent de leur poche d'inquiétants rouleaux de copie.)

ALFRED TISON.

Voici une grande machine à sensation. J'avais d'abord
trouvé un titre épatant, mais qui aurait peut-être compro-
mis l'avenir de l'Incendiaire. Je me suis donc rabattu sur celui-
ci : Aux armes citoyens! Mon article a pour but de pousser
les Chinois à se constituer en République.

plusieurs voix.
Bravo!... superbe!... nous tirons ce numéro à cent mille!

oscar baudruche.

Moi, j'ai en portefeuille, depuis dix-sept ans, un roman-
fenilleton réaliste en cinquante-huit volumes. Ce sera pal-
pitant d'actualité... pour les gens qui ne se sont pas réveil-
lés depuis 1868. Titre le Faux-col du parricide. En neprenant
quotidiennement pour mon feuilleton que les quatre bas
de pages du journal, la publication de ce roman ne durera
guère que dix-huit mois.

Tous.

Adopté!...;.

* hector FENOUILLOT.

Voyons!... Maintenant, il s'agit de nommer un rédacteur
en chef à l'Incendiaire.

le chœur, avec enthousiasme.
Fenouillot!... Fenouillot!...

oscar fenouillot, rougissant.
Garçon!... huit bocks!... «•> Mes amis,j<; suis ému; mais
j'accepte de grand cœur... Occupons-nous tout de suite de
réunir les mises de fonds.

(Silence complet.)

hector fenouillot.

Je vois qu'aucun de vous ne veut humilier ses collègues
par l'offrande de son or. Cet assaut de délicatesse me
touche.

I| OSCAR BAUDRUCHi;.

Je parlerai donc le premier. J'ai à vous proposer un ex-
c,-lient moyen de constituer notre capital sans froisser au-
cune susceptibilité.

(Mouvement d'attention.)

oscar baudruche, continuant.
Il est bien évident, messieurs, {que nous n'avons éprouvé
l'impérieux besoin de nommer un rédacteur en chef que
pour savoir immédiatement à qui nous pouvons demander
des avances.

(Adhésions unanimes.)

oscar baudruche.
Or, qu'Hector'Fenouiltot, notre bien aimé rédacteur en
chef, nous remette à chacun quarante francs à-coinpte sur
notre copie, et nous enverrons de suite vingt francs pour la
fondation de l'Incendiaire.

(La décision est ajournée.)

Sous le péristyle de la Bourse.

CABOSSAC.-

Dites-donc, Roulgogo!... une excellente affaire à vous pro-
poser.

roci/ciogo.

Voyons ça.

cabossac.

Nous faisons une iâfltf Comp ète à 13,65 des actions de la
Carrière de pain d'épicedu Guadalquivir, qui sont en baisse; et
dans six semaines, aussitôt la loi sur la presse sortie, nous
fondons un journal/dans lequel nous publions que jamais
l'extraction n'a été plus abondante.

roulgogo.

Je saisis.

cabossac.

Nous assurons que l'on vient de mettre à découvert un
nouveau filon duquel on retire en masses compactes le pain
d'épice toutgarni d'amandes, d'abricots.

roulgogo.

Parfait!...

cabossac.

Nos actions montent d'un trait à 89,40 et nous réalisons.

roulgogo.

C'est convenu... A propos, avez-vous un titre pour ce
journal.

cabossac

Parbleu!... Nous l'appellerons l'Intégrité financière.

roulgogo.

Excellent !...

Dans le boudoir d'une cocotte.

baguenaudine.

Dis-donc, chéri!... tu sais que je débute dans quinze jours
au théâtre des Délacements-Purisiens, tu devrais bien me faire
un peu de réclame.

de saint-crevey.

Mon adorée, je n'ai point attendu cette prière; j'en ai
parle ce matin à deux gaze iers de mes amis qui m'ont pro-
mis quelques lignes charmantes.

baguenaudine, faisant la moue.
Quelques ligues charmantes!... _Ce n'est pas avec cela
qu'on lance une artiste.

de saint-crevey.

Cependant, mignonne...

baguenaudine.

Ah ! laissez-moi donc tranquille !... Maintenant qu'il va y
avoir une nouvelle loi sur la presse, si vous m'aimiez un
peu, vous fonderiez bien, à mon intention, un tout petit
journal, comme le baron de Curniffart a promis a Truffi-
nene de le laire.

de saint-crevey.

Excellente idée, ma houri... Je le fonde... Et dès demain

je dépose mon titre : La Lorgnette indépendante.

Dans un bureau de ministère

cabochin, bas à Lambinet, en affectant d'être plongé dans
un travail.

Ainsi, c'est convenu ; nous allons, aussitôt la loi votée,

lancer l'Escargot magnétique.

lambinet, à voix basse.
Parfaitement... J'ai un dessin tout prêt, représentant
notre sous-chef en train de cirer les bottines de sa femme.

cabochin

Moi, j'ai préparé , pour le premier numéro, une ode à
rimes riches, dans laquelle je chante la luiuriante végéta-
tion du nez de monsieur Boulanpomme, notre chef.

lambinet.

Parfait !... Ça va faire un potin de tous les cinq cents
diables.

cabochin

Je le crois...

lambinet

Et les fonds pour faire les premiers frais de cet organe si
respectueusement dédié à nos supérieurs, où les prendrons-
nous ?

cabochin.

Chut!... Et les gratifications qu'ils vont nous faire avoir
à la fin du mois !«.<

LÉON BIENVENU-

LA PRINCESSE BADROULBOUDOUR1

Vous en souvenez-vous 1

Dans un célèbre conte arabe, l'un des plus chers amis de
notre jeunesse, Aladin, caché derrière une porte, heureuse-
ment remplie de fentes, voit arriver aux bains, dévoilée et
charmante, à la tête de ses femmes, l'incomparable Badroul-
boudour, prlne sse de la Chine !

1. Notre collaborateur Ernest dHervilly vient de publier à la li-
brairie Charpentier, sous le tjtre. ,^ : Mesdames les Parisiennes, un
charmant volume, véritable régal littéraire pour les délicats. Nous
lui empruntons la Princesse Baaroult>oudour.

Heureux Aladin !

Mais qu'il fut impatient, cet indiscret jeune homme !
Que n'attendit-il la sortie de la princesse Badroulbou-
dour?

Il eût assisté à quelque chose de ravissant, de très-diffici-
lement exprimable, au spectacle séduisant et suggestif que
donne la femme qui revient chez elle, légère et pourtant
alanguie, après un bain parfumé.

Plus calme qu'Aladin, — peut-être parce qu'aucune
lampe merveilleuse ne nous attendait chez nous — nous avons
eu la joie, hier, de suivre une dame, retour de l'onde.

Nous appellerons cette dame : la princesse Badroulbou- '
cour, si vous le permettez.

La princesse, cachant sous son paletot de velours un pa-
quet tout petit, composé de menus objets de toilette qu'on
ne trouve pas au bain, quitta le seuil de l'établissement —
balnéaire, comme on dit dans la Gazette des Eaux, — en je-
tant, à droite et à gauche, un regard furtif, presque inquiet,
plein de pudeur, puis s'élança sur le trottoir, le voile collé
au visage, accroché qu'il était à un nez gros comme rien.

Lante, nonchalante, comme lassée, elle allait, l'œil hu-
mide et brillant, l'air très-doux; lèvent se parfumait en
caressant ses joues d'un rose tendre, d'un rose rajeuni, d'un
rose poudrederizé, rendu plus suave encore par le voisinage
de la dentelle noire du chapeau et de la voilette.

La princesse Badroulboudour n'était pas une jeune fille.
C'était une femme fort jeune encore. Le duvet éphémère de
la première floraison avait disparu. Mais le rose frais de son
vi-age mignon était des plus agréables à l'œil.Et le bain lui
avait donné cet éclat exquis que l'Amour, peintre délicat,
sait si bien trouver sur sa palette pour en orner le minois
des timides amoureuses, ces sensitives toujours émues.

A cinq cents pas du bain, la dame à la démarche pleine de
morbidessa reprit son assurance, et comme une Dinne
qu'aucun Actéon n'a pu rendre confuse, elle se mit à flâner,
bâillant aux magasins, lorgnant les cols, admirant les man-
chettes, enviant les robes, critiquant en elle-même les
femmes qui passaient.

Pourtant, ô princesse Badroulboudour! vous saviez bien
que nous étions de l'autre côté de la rue, sur le trottoir, et
vous admirant. Nos deux regards, le nôtre hardi et railleur,
le vôtre boudeur et craintif, s'étaient rencontrés, juste au
moment où vous quittiez la maison des bains.

Vous vous doutiez parfaitement que nous vous suivions,
et dans les glaces des vitrines, lorsque nos yeux retrouvaient
les vôtres, vous nous faisiez une mine fâchée et charmée à
la fois.

Fâchée parce que honnête, charmée parce que femme !

Et puis, notre examen prolongé n'avait rien de brutal. Un
simple examen admiratif de poète curieux, voilà tout.

Aussi, parfois, un sourire imperceptible se jouait dans le
fin duvet du coin de vus lèvres serrées.

0 princesse Badroulboudour ! ce sourire à peine dessiné,
si vague, si aérien, nous allons avoir l'audace de le traduire,
malgré vous, ici même.

Ce sourire ténu, narquois et triomphant, voulait dire, en
vingt mots :

— « Oui, mon bon monsieur, vous avez raison de me
trouver jolie, et d'essayer de me le faire comprendre. Je sais
ce que je suis, et peut-être mieux que vous. Je viens de le
constater, et vous, vous ne pouvez que le deviner. Sans
cesser d'être chaste, en restant vertueuse comme Suzanne,
on peut être coquette au bain. Oui, je suis belle lorsque rien
ne me pare plus. Seulement, mon bon monsieur, cela me
fait rougir de penser que votre esprit observateur ait fait
toutes ces réflexions en même temps que moi, et votre re-
gard téméraire m'embarrasse. La fouie, ce vulgaire qui bat
le pavé autour de nous, se dit en me voyant : —Ah! voilà une
charmante créature; mais vous, vous vous écriez dans le fond
de votre âme perverse : — Voilà une créature charmante, con-
vaincue de nouveau et depuis peu qu'elle est réellement adorable.
Eh bien, mon bon monsieur, cela me courrouce de vous sa-
voir tant d'esprit. 11 est de ces mystère du cœur féminin
qu'il n'est pas galant de montrer qu'on a approfondis. Gar-
dez votre science pour vous. N'osez pas me faire entrevoir
que vous êtes savant. Je vous sais gré, néanmoins, de ne
pas être une bête; mais, au nom du ciel, n'ayez pas l'air de
vous apercevoir de mon contentement intérieur. Pour le
monde, pour la décence, je prends une mine-austère et fu-
rieuse; pour vous seul, j'y mêle un grain de satisfaction.
Allez, et ne péchez plus ! »

Oui, princesse de la Chine, votre petit sourire voulait dire
tout cela, et plus encore que notre imperfection masculine
ne saurait rendre avec des mots lourds comme des maisons.

Et ravissante, le sourcil légèrement froncé, mais l'œil pé-
tillant, vous alliez du pas preste et irrésolu des demoiselles
qui, au printemps, songent à Sainte-Catherine.

Vous, vous ne pensiez guère à Sainte-Catherine, la bien
coiffée, ô princesse Badroulboudour! Non, épouse légitime
de quelque homme en place, — une pièce de résistance, —
vous reveniez au domicile conjugal, sans tristesse, mais
aussi sans enthousiasme, par raison, par devoir, ne vous
avouant pas que vous êtes bien trop belle pour votre sei-
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