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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0187
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I

L'ÉCLipgE

Ainsi vivait, seigneur et maître de six mètres carrés de
terre, le père Sturm, aussi heureux qu'on peut l'être quand
on a perdu ce qui est à la fois, dans la vie, le but et le cou-
rage, je veux dire la femme aimée.

Il ne désirait rien ; et, parfois, soit à Largouzolas, soit à
Schmitz, il témoignait son étonnement de voir tant de
gens venir de loin à Paris chercher, le bonheur, ou s'en
aller dans les pays lointains dans le même but, quand il est
si facile de le créer avec rien, à l'endroit même où le sort
vous attache.

■ .,4 j 0 iïT ii * ï» A J£i 'T 3i*' 1 1 ' i '■■ * ji- ■ * "i ** ii ïi î ■" !

Pour en revenir aux lapins du père Sturm, sachez que le
plus ancien de ces rongeurs, le préféré naturellement de
l'aiguilleur, portait le nom de Mars. On n'a jamais su pour-
quoi. Mars était, parmi ses confrères, le type achevé de la
couardise.

Vous me direz que, pour un lapin, vivre à cinquante cen-
timètres des rails sur lesquels court le train express, c'est
déjà quelque chose, je vous l'accorde. Mais enfin le lièvre
de la Fontaine, en bravoure, aurait rendu des points au
lapin du chemin de fer.

Quelquefois il était exporté de sa cabane dans la guérite
des aiguilleurs, qu'il amusait par ses mines eilarées.

Un jour, — troisième date dans la vie du pauvre bon-
homme, — Mars, qui était persuadé que la prudence est la
mère de la sûreté, avait fait des difficultés pour répondre
aux invitations de Largouzolas. Néanmoins, moitié de gré,
moitié de force, il vint se frotter contre les bottes du père
Sturm, qui justement manœuvrait une aiguille un peu plus
loin.

On attendait l'express, en retard comme toujours.

— Rentre donc Mars, cria le père Sturm à Largouzoulas.
Tu vas le faire écraser.

— J'y vais, dit celui-ci.

Au moment où Largouzolas allait empoigner le lapin, ce-
lui-ci se mit en devoir de traverser la voie, et déjà les rails
vibraient, ainsi que les fils du disque, ce qui annonçait
l'approche du train.

— Arrière ! voilà le rapide! ici, Mars, Mars!

— Mars, Mars ! viens, mon petit Mars !

Ohl bien, oui ! il était trop tard, Mars s'était assis sur un
rail et se peignait tranquillement les pattes avec sa langue.
Le train passa comme la foudre !

C'est ainsi que disparut, sans rien laisser qui pût faire
deviner ce qu'il était devenu, le pauvre Mars, le plus beau
des lapins apprivoisés.

Le coup fut sensible au cœur du père Sturm. Il ne lâcha
pâ3 son aiguille pour cela, le pauvre vieux; mais deux
grosses larmes coulèrent sur sa joue, en voyant écraser le
pauvre animal qu'il avait élevé à la main...

Il ôta sa pipe de sa bouche, la jeta par terre, quand le
train fut passé, la broya en miettes sous son talon, et
jura.

Et, comme le roi de Thulé, quand il eut jeté sa coupe au
sein des Ilots, le père Sturrn «plus jamais ne fuma. »

Un malheur n'arrive jamais seul. Hélas ! le triste proverbe
eut raison une fois de plus.

Le lendemain de la mort de Mars, s'éteignit doucement
l'ingénieur qui aimait à cueillir les fleurs du père Sturm et
à en respirer le parfum pour chasser l'odeur de l'huile
grasse et des chaudières chauffées à blanc.

Un jeune homme, très-savant et très-digne, lui succéda. Il
avait reçu du ciel autant de bienveillance qu'un autre, mais
les disciples et les règlements des collèges et des écoles l'a-
vaient chassée peu à peu de son âme. Il s'était fait un cœur
administratif; — les accidents arrivés sur sa ligne l'émou-
vaient.

Pour tout dire, cet ami de la ligne inflexiblement droite
en matière de règlement ne put longtemps souffrir la légère
déviation que le,jar lin de l'aiguilleur lui faisait subir, et,
avec la meilleure intention du monde, sans penser qu'il
pouvait briser d'humbles cœurs et faire s'envoler de pauvres
joies, il demanda au conseil la suppression du jardin de
l'aiguilî eur, jardin devenu un peu touffu, il faut l'avouer.

Il prétendit que la surveillance des manœuvres en devait
souffrir.

On décréta la suppression du jardin.

Le père Sturm n'eut pas la douleur d'être obligé de dé-
truire de ses propres mains son cher ouvrage. En apprenant
la nouvelle, — qu'accompagnait du reste une petite gratifi-
cation obtenue par le chef de gare, — un cœur qui compre-
nait le jardinage! — il tomba malade, oui, pardieu, malade.

On le transporta à Saint-Louis.

C'est là, quelques jours avant de mourir, qu'il me raconta,
navré, l'histoire de son jardin.
Pauvre bonhomme !

ERNEST D'HERVILLYi

Gazette à- la, main

Un de nos amis, peintre de beaucoup d'esprit, discutait
dernièrement cette grave question de savoir dans quelle
classe de la société un jeune homme devait, de préférence,
choisir sa maîtresse. Lui penchait pour une femme mariée
et appartenant à la bourgeoisie.

— Bon, répartit son interlocuteur, je connais cela, et
puis, au bout de trois mois, votre maîtresse se présente chez
vous d'un air embarrassé ; son mari a un billet de quinze
cents francs à payer...

— Eh 1 bien 1

— Eh ! bien, la pauvre petite temme a compté sur vous.
Que faire î

— Refuser, pardieu !

— Refuser, refuser... Mais que lui répondre ?

— Tiens I on lui répond : Dis à ton mari qu'il travaille !

Les camaldules, comme on sait, mangent tout à l'huile.
Un pauvre diable de Camaldule, dont l'estomac ne pouvait
supporter l'huile, était en train de succomber à une gastrite
à trente-six ans.

Au moment de trépasser, il entend la sonnette dans le
corridor, puis des pas qui s'approchent de sa porte.

— Qu'est-ce encore ? demande-t-il d'une voix mourante.

— Ce sont les saintes huiles, mon père, lui annonce-t on.

— Toujours à l'Hude ! s'écrie le pauvre moine, qui, par un
dernier effort, se tourne vers la muraille et rend le dernier
soupir.

L'auteur d'Agamemnon, de Cahin-caha, de la Panhypocri-
siade, M. Lemercier, se vantait un jour devant Alexandre
Dumas, au foyer du Théâtre-Français, d'avoir empêché
Victor Hugo d'entrer à l'Académie.

Dumas écouta un instant sa diatribe.

Puis, secouant la tête :

— Monsieur Lemercier, lui dit-il, vous avez refusé votre
voix lout simplement au plus grand poëte de notre époque;
mais il y a une chose que vous serez obligé de lui donner
un jour ou l'autre : cVst votre place. Prenez garde qu'en
échange du mal que vous avez dit de lui, il ne soit obligé
de dire un jour du bien de vous.

Ce fut ce qui arriva. Hugo, lui ayant succédé, prononça
son éloge.

X*

Puisque nous parlons de l'Académie, parlons-en encore.

M. V..., malgré ses quatre-vingt-quatre ans, est resté un
des hommes les plus haineux et les plus agressifs de la
docte assemblée. Nous assistions un jour à un dîner où,
s'emportant avec sa vivacité naturelle, il disait de M. de
Lamartine :

— Un fat qui se croit le premier homme politique de son
époque, et qui n'en est pas même le premier poëte.

— Dans tous les cas, lui répliqua M""» G..., d'un bout à
l'autre de la table, il n'en est pas le dernier : la place est
prise.

Sur ces dames

La femme est l'édition de luxe de l'humanité tirée par la
nature sur papier vélin. Cette édition va bien dans une bi-
bliothèque à glace, derrière des rideaux de soie et de velours;
mais elle est trop finement reliée pour qu'un homme sage
l'emballe dans sa malle pendant le long voyage de sa vie.

XX

La fausseté est un sixième sens que la nature a donné
aux femmes.

XX

Les attaques de nerfs sont une armée que les femmes
maintiennent permanente et toute équipée, même en temps
de paix.

XX

Les migraines sont les soldats congédiés, qu'elles rappel-
lent en temps de guerre.

XX

Les larmes et les évanouissements sont une garde mobile,
qu'elles font marcher quand la pairie est en danger.

Racontars Cynégéticrues.

Sous ce titre : Mémoires du baron de Crac, M. Bénédict-
Henri Révoil vient de publier, chez Deutu, un volume rem-
pli de joyeusetés empruntées à la chasse. Dans cette série,
M. Révoil s'est plus d'une fois inspire de la Gazette à la main
de VÊclipse. Rendons-lui la politesse, et faisons à notre tour
quelques coupures dans son livre. Elles ne seront pas plus
déplacées chez nous que celles qu'il a pratiquées à notre en-
droit ne sont mal venues chez lui.

Propos d'un p0u.

Un garde, le fusil en bandoulière, la carnassière assez plate
sur le dos, s'arrête, tenant en main un cheval de chasse, et
par la laisse deux chiens couplés, devant la grille d'une mai-
son d'aliénés. Un fou — de ceux qui sont tranquilles et,
pour cela, laissés en liberté — s'approche de lui :

— Vous avez là un beau cheval, combien vaut-il?

— Il a coûté deux mille cinq cents francs à mon maître.

— Et le fusil que vous portez?

— C'est un Faure-Lepage de cinq cents francs.

— Et ces deux chiens sont de prix aussi ?

— Je crois bien ! ils valent quatre cents francs à eux
deux.

— Et qu'avez-vous dans votre carnassière ?

— Une bécassine.

— Ah! mon cher ami, sauvez-vous au plus vite. Si notre
directeur apprenait qu'il y a un homme qui a dépensé trois •
mille quatre cents francs pour-tuer une bécassine, il arrive-
rait avec ses argousins, et vous ne seriez pas longtemps sans
être sous clef!

Un mets nouveau.

— Est-ce que la pêche est ouverte?

— Je ne crois pas.

— Alors qu'est-ce que ces goujons inscrits sur la carte?

— Ce sont des fritures de conserve.

Une vraie punition.

Dans un hameau perdu au fond des montagnes du Jura,
on venait de prendre un loup au piège.
Grande joie pour tous.

Après avoir promené l'animal par tout le village, on déli-
bère sur la punition à lui infliger :
Il faut le pendre par les pattes !
11 faut l'assommer 1
Si on le noyait ?
Non! il faut le brûler !

— C'est trop doux, tout ça, dit une paysanne malheureuse
en ménage : il faut le marier.

STAR.

IIM VRAIE SURPRISE

Si vous sortez cette semaine, ami lecteur, méfiez-vous et
prenez garde à votre porte-monnaie.

Il s'ourdit en ce moment, contre trois de vos francs, une
conspiration dont ils seront infailliblement la victime. '

Et le complot est d'autant plus dangereux qU'U a de nom-

breux complices et que la plupart semblent avoir pris une
patente exprès pour cela.

Méfiez-vous ! Tous les libraires sont affiliés et ils cachen*
leur jeu, les malheureux.

Ils vous laisseront approcher de leurs vitrines, et, pendant
que vous serez absorbé dans la contemplation des gravures,
ils feront miroiter sous vos yeux une grande enveloppe de
papier bulle coquettement ficelée d'une faveur rose.

Méfiez-vous !

Ah! ils ne vous diront rien, les libraires, ils sont sûrs de
l'eflet; ils l'ont expérimenté, les vils spéculateurs, car cette
enveloppe porte en caractères de feu un titre qui vous prend
à la curiosité et à la bourse.

La Boite aux lettres, lisez-vous, et par un indiscret encore...

Mon Dieu, oui, c'est une boîte aux lettres, cette enveloppe;
il y a là-dedans une soixantaine d'autographes, peut-être
eent, que sais-je? car vous pensez bien que je n'ai pas
osé en approcher (nous sommes trop loin du commencement
du mois); mais, dix amis, vingt connaissances, trente indif-
férents, m'ont dit que c'était une vériiable surprise : des
lettres roses, des lettres jaunes, des lettres grises (il y en a
de grises), aes lettres vertes ; il paraît même qu'il y en a de
très-vertes; tout cela, varié d'intrigues, de styles, d'écritures,
et d'orthographes, mais se rattachant à une même action,
forme un petit roman très-intéressant, bien parisien surtout,
mais très-fouillé.

Où diable le roman va-t-il se nicher ?

Et puis, c'est que c'est joli comme tout d'aspect. Toutes
ces lettres, collées sur des pages blanches, sont reliées en un
volume où il y a autant de luxe que d'originalité.

Je vous le répète, ami lecteur, prenez garde à vos trois
francs.

D'autant plus qu'on en a pour son argent, vous savez.

PETITE GAZETTE

PAS DE CRÉDIT ! 15 0/0 d'esc. Nous recommandons

aux économes SA VIGNY, tailleur, 47, r.Neuve-des-Petits-Champs.

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Rabelais, La Bruyère, Montaigne, Agrippa d'Aubignê,
Mathurin Régnier, Molière, Lafontaine (œuvres com-
plètes). ^Volumes in-8° écu, imprimés sur papier de Hollan-
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Joséphin Soulary, Sully Prudhomme, Auguste Bri-
zeux, André Chénier, Léon Gozlan, Edmond et Jules de
Goncourt, Barbey d'Aurevilly, Gustave Flaubert, etc.
— Volumes petit in-12 (format des elzévirs), imprimés sur
papier vélin teinté. Chaque volume, orné d'un portrait
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