h ' & G L 1 P S iù
Il avait l'air très-fâché, mais il riait cri dessous. Il nous
prit la main. « Allons, venez, petits misérables ! Tout le
« monde vous cherche. On pleure à la maison. «
— Mais, papa, c'est Bitch qui n'a jamais voulu nous obéir !
sanglotâmes-nous.
— Il a bien fait ! Pourquoi aurait-il obéi à des enfants
désobéissants ! Il savait bien ce qu'il faisait, allez. Vous
l'aviez entraîné. 11 s'est dit : « Bon! je sais ce qui me reste
à faire. Rira bien qui rira le dernier. »
Et vous allez être punis.
On rentra à la maison. Le dessert nous passa devant le
nez. Nous avions le cœur bien gros, surtout quand Bitch,
l'infâme, qui dînait tout son saoul, — et avec des gâteaux,
encore ! — nous regardait en clignant de l'œil.
L'histoire de la bonne farce de Bitch passa en proverbe
dans la famille. Et chaque fois que nous fûmes en faute, on
la raconta aux étrangers.
Nous boudâmes Bitch pendant trois mois.
ERNEST D'HERVILLY.
LE COMMERCE DES AUTOGRAPHES
Paris a des branches do commerce complètement ignorées
de la majorité du public, Parmi celles-ci, je citerai le com-
merce des autographes.
L'amateur d'autographes est peut-être le plus passionné
de tous les collectionneurs ; en revanche, il représente peu
au point de vue du nombre. Les maisons qui tiennent bou-
tique d'autographes le savent bien, et elles vous diront à un
près combien on compte d'amateurs d'autographes dans
chaque partie du monde.
On compte 20 amateurs à Paris et oO en France; 20 dans
chacun despays suivants:—Italie, Allemagne, Belgique et Hol-
lande ; 30 à Londres et 00 dans les provinces anglaises; 100
à peu près aux Etats-Unis.
Combien valent les autographes ? Cela dépend naturelle-
ment de leur plus ou moins de rareté, de leur état plus ou
moins bon de conservation.
Voici la cote de quelques personnages contemporains :
Le maréchal de Mac-Mahon (très-rare), 20 francs ; M. Tlriers,
de G à 8francs; M. Gambetta, même prix; Jules Simon, 3 fr.;
Victor Hugo, de 3 à 4 francs (très-abondant sur le marché);
le duc d'Aumale, de 6 à 7 francs ; le général Trochu, 8 francs;
le maréchal Bazaine, 15 francs; Rochefort, 10 francs; Jules
Favre, de 3 à 4 francs; Blanqui, de 6 à 7 francs.
Louis-Philippe,de 15 à20 francs; Napoléon III, 30francs;
l'impératrice Eugénie, 100 francs pour une lettre ordinaire
et 300 francs pour une lettre d'un intérêt particulier; le comte
de Chambord, 100 francs (excessivement rare).
Ce n'est guère que depuis une cinquantaine d'années
que la passion de l'autographe s'est développée ; elle a pris
naissance à Paris où se comptent seulement deux maisons
qui s'en occupent sérieusement.
Les chefs de ces maisons sont en correspondance avec
les villes suivantes, dans lesquelles se tiennent, à diverses
époques de l'année, des marchés d'autographes : — Londres,
principalement, Leipslck et Amsterdam. Le marché de
Paris est le plus important de tous.
Partout où une vente d'autographes est annoncée, les
négociants s'y rendent, et, dès leur retour, informent leurs
clients qui s'empressent d'accourir.
Disons-le, en terminant, la passion de l'autographe est
Une passion spéciale à la vieillesse. On ne connaît guère
d'amateurs d'autographes au-dessous de soixante-quinze ans.
Il y en a qui portent encore la douillette, accompagnée de
la traditionnelle canne à bec de corbin.
EDOUARD DANGIN.
Gazette à la main
Tous les journaux sont encore pleins de Dôjazet...
Celui-ci reproduit son masque aimable et fin ; celui-là la
représente dans les différents costumes des rôles que nous
avons ônumôrés dernièrement ; cet autre raconte ses dé-
buts précoces, ses succès éclatants , les particularités
piquantes de sa carrière d'artiste en vogue, sa bienfaisance
inépuisable, sa fin chrétienne, ses funérailles entourées du
concours de l'admiration, du respect et de la douleur...
De quel nom appeler cette préoccupation universelle?...
Hé ! mon Dieu, c'est — tout simplement — de la recon-
naissance !...
Cette femme^—- que nous pleurons après l'avoir acclamée,
a, pendant plus d'un demi-siècle, versé, du haut de son ta-
lent inimitable, le plaisir, la joie, la consolation dans tous
les cœurs...
Voilà pourquoi chacun de nous conservait, dans un coin
intime, quelque souvenir d'elle qu'il n'avait point songé à
publier du vivant de la pauvre charmante Frétillon, et qui,
à présent qu'elle est morte, éclate, tout à coup, sous la
plume en récits amusants ou touchants...
XX
Avec les anecdotes sont venus les rapprochements.
On a comparé l'enterrement de Déjazet à celui de Rachel.
Certes, les obsèques de celle-ci furent dignes de la célèbre
tragédienne.
La cérémonie était indiquée pour onze heures du matin.
Dès huit heures, les abords du logis mortuaire étaient en-
combrés. A dix, non-seulement les arcades de la place
Royal», mais aussi la large voie qui la longe sur les quatre
faces étaient couvertes de monde, — et les arbres du square
se chargeaient de curieux.
Ce ne fut qu'au prix de peines inouïes, ce ne fut que
grâce à une persistance, qui n'était point sans danger,
lu'Alexandre Dumas père, — lequel devait tenir l'un des
cordons du poêle, — réussit à pénétrer dans la cour de
l'hôtel Félix.
« En nous enfonçant dans cette mer humaine, racontait-il
le lendemain, nous avons rencontré le comte Daru qui se re-
tirait. Depuis plus de vingt minutes, il luttait pour se frayer
un chemin. De guerre lasse, il s'en allait vaincu, en nous
priant de constater sa présence et l'inutilité de jj ses
efforts. »
XX
Eh bien, ce que la foule avait refusé de faire pour M. le
comte Daru et ce qu'elle n'avait fait qu'avec difficulté en
face de l'étincelante individualité d'Alexandre Dumas, elle
le fit — bénévolement — devant Virginie Déjazet,
Lorsque celle-ci arriva, on s'écarta pour lui livrer pas-
sage.
Elle prit place à la suite du char à côté de Mmc Judith, de
la Comédie-Française. Sous l'empire d'une vive émotion, on
l'entendait murmurer à plusieurs reprises :
— Pauvre femme ! Ah! la pauvre femme !...
Puis, regardant autour d'elle :
— Que de monde ! Mon Dieu! que de monde !...
Puis encore, se penchant vers M°»° Judith, elle ajouta
d'une voix étranglée par les larmes :
— C'est moi qui serais joliment fière d'en avoir la moitié
derrière mon cercueil !
XX
Les désordres qui ont eu lieu, sur la place de la Trinité,
lors des funérailles de Déjazet, ne sont rien en comparaison
de ceux qui se produisirent au Père-Lachaise, lors de l'en-
terrement de Rachel.
En s'arrêtant, le corbillard faillit écraser le baron Taylor,
qui fut pris entre une de ses roues et la masse compacte qui
le suivait.
Cinq ou six cents privilégiés purent à peine s'introduire
dans le cimetière israéliste. La grille, qui donne accès dans
cet enclos, se referma brusquement sur le reste des assis-
tants : trente mille personnes au bas mot ! C'est ce qui fit
dire piteusement à un vieux monsieur :
— Je n'ai vraiment pas de chance avec cette grande ac-
trice. Je suis allé cinq fois aux Français pour l'applaudir :
jamais je n'ai pu trouver de place, — et voilà qu'aujourd'hui
encore, on me flanque la porte au nez.
XX
Rachel, du reste, n'était point populaire.!
Son convoi, annoncé pour le vendredi, avait dû être for-
cément remis au lundi suivant.
— Parbleu! fit quelqu'un à ce sujet, ce ne sera pas la
première fois qu'elle aura fait changer un programme de
spectacle.
XX
En cette journée funèbre, un des sociétaires des Français
s'écria en voyant le relâche annoncé sur l'affiche de ce
théâtre :
— Allons, il faut espérer que c'est le dernier argent qu'elle
fera perdre à ses camarades.
r ' ,Ç» | XX
A la cérémonie de samedi, M. Eugène Déjazet, fils de la
défunte, conduisait le deuil.
Il est constant que M. Eugène Déjazet est un musicien de
mérite...
Mais il me paraît non moins certain que ce fut un impré-
sario original et fantaisiste...
Du temps qu'irdirigeait le théâtre maternel, il avait pour
domestique son propre frère de lait, un étrange garçon
nommé Jean. Une édifiante intimité régnait entre les deux
hommes. Toutes ces petites dames de la boite s'adressaient
volontiers à Jean :
— Le patron est-il visible ?
— Mes trognons adorés, répondait gracieusement le fa-
mulw, Eugène est dans son cabinet. Ne le dérangez pas. 11 a
besoin de travailler.
; XX
Jean était économe. Lorsque son frère de lait lui deman-
dait un habit noir, le domestique apportait une vieille re-
dingote bleue. Furieux, le maître se récriait :
— Qu'est-ce que c'est que cette guenille ?
— Panier percé ! ripostait Jean. Mettre un vêtement neuf
tous les jours. Tu veux donc nous faire mourir sur la paille!
|L«^£V ait *"
Un jour, le directeur se promenait au Bois dans son pa-
nier en osier, — Jean sur le siège de derrière.
Aux environs de la Cascade, il rencontre madame de Z...
On se salue. M. Déjazet descend de voiture et accoste l'il-
lustre cocodète, en faisant signe au domestique de tenir le
cheval en bride. La conversation s'engage, elle continue,
elle se prolonge...
Tout à coup, Jean quitte son poste, et, jetant les rênes à
son maître et ami :
— Eugène, je vais boire un bock au café de la Cascade.
Quand tu auras fini, tu viendras me prendre.
XX
... Le soir de ce même samedi, les trois quarts du monde
spécial qui avait accompagné Lisette à l'église et au cime-
tière se retrouvaient à la première représentation de Regina
Sarpi, au Théâtre-Historique. Bon drame de MM. Ohnet et
Denayrouse, deux débutants. Drame corse — et corsé —
qui, naturellement, roule sur la vendetta. Artistes convena-
bles. Mise en scène décente. Naturellement encore Mmc Marie
Laurent remplit un rôle de travesti. Elle y est fort applau-
die. Mais cette androgynomanie devient agaçante à la fin :
— Il est, me dit un de mes voisins, unefpièce que Mm0 Lau-
rent devrait bien se résoudre à jouer...
— Laquelle?...
— Bonsoir, monsieur Pantalon.
XX
Dans un entr'acte, — au foyer, — je surprends le bout
de dialogue suivant entre deux charmantes actrices :
— Alors, elle fait tout ce qu'elle veut aux Variétés ?
— Tout ce qu'elle veut : c'est le mot.
— C'estbizarre...
— Mais non : question de pure géographie...
— Comment cela?
— Dame! du moment que Granville est dans laMaiiche.
STAR
25 CERTIFIES LA LIVRAISON
BELLE ÉDITION DE BIBLIOTHÈQUE DE
L'HISTOIRE
RÉVOLUTION Î1E 1870-71
Par JULES CLARETIE
La Chute de l'Empire. — La Guerre. — Le Siège de
Paris. — La Commune. — La Présidence de
M. Thiers. — La Présidence du Maréchal de Mac-
Mahon.
Publication illustrée de nombreuses gravures
hors texte, vignettes et fleurons
dessinés par les meilleurs artistes,
PORTRAITS, SCÈNES, VUES, TYPES MILITAIRES, ETC., ETC.
Cette nouvelle édition de l'Histoire de la Révolution de 1870-71
aura le format in-8 carré des éditions de Bibliothèque des ou-
vrages historiques de M. Thiers.
Louvrage sera complet en 120 livraisons à 25 centimes,
10 séries à 1 franc et 5 volumes à « fr.
PETITE GAZETTE
Le Jury, à l'Exposition maritime et fluviale, a décerné h
M. Crespin aine, une médaille en or pour son système de
vente à crédit, et une autre h la machine à plisser et à tuyau-
ter. C'est la quatrième consécration officielle de l'utilité
morale de ce système philanthropique de vente à crédit, créé
depuis vingt ans par Crespin aîné, et des nombreux avantages
qui en résultent, surtout pour les travailleurs. A toutes
les Expositions auxquelles il a précédemment concouru,
Crespin ainé a obtenu des premiers prix (trois médailles d'or),
et a été mis hors de concours à l'une d'elles.
LE TEMPLE DES PARFUMS
Une des premières curiosités qui attirent le regard et
captivent l'attention de l'étranger qui descend au Grand-
Hôtel ou du provincial qui visite le nouvel Opéra, est la
Rotonde de Violet, précisément située à l'angle du boulevard
et de la rue Scribe, et si connue de nos élégantes pari-
siennes.
Nous ne ferons pas ici rénumération des parfums, qui
ressemblerait à la sèche nomenclature d'un Traité de bota-
nique ; nous ne ferons même que mentionner ces admira-
bles fards qui, malgré le vers légendaire d'Athalie, savent
«réparer des ans l'irréparable outrage », fards blancs et roses,
secs, onctueux, en poudre, liquides, avec la formule bien
connue : rosé pour blonde, mat pour châtain, bistré pour
brune, et composant deux séries : l'une pour le jour, l'autre
pour la lumière. Ces fards sont absolument inoflénsifs, et,
par leur union intime avec le teint, il est impossible de con-
stater leur présence sur le visage.
Les élégantes qui franchissent le seuil du Temple y trou-
vent de petites chapelles latérales, où elles peuventfaire le
double essai des fards au jour et à la lumière artificielle. Il
n'est même pas nécessaire de se déplacer; un numéro
d'ordre, indiqué dans une Instruction détaillée, suffit pour
désigner le fard qu'on désire. La célébrité européenne de
la Maison Violet nous dispense d'insister sur ces merveil-
leuses découvertes, car elle seule possède le secret de la
jeunesse éternelle et de l'éternelle beauté.
La Gazette des Beaux-Arts de décembre contient trois gra-
vures hors texte. La Famille de Vanloo, eau-forte de M. Gil-
bert d'après Vanloo ; Portrait de Goya, gravé par M. Lalanne
d'après Lopez, et l'Amadée, estampe do Marc-Antoine. Des-
sins originaux de Pils, de Goya, de Jules Jacquemart, etc.
Les articles principaux sont signés de MM. Clément de Ris,
Bonaffé, P. Lefort, A. de Montaiglon, L. Gonse, F. Lenormant,
G. Duplessis, etc.
La livraison prochaine sera entièrement consacrée à
Michel-Ange.
L'éditeur Alphonse Lemerre, 31, passage Choiseul, vien
de mettre en vente un nouveau volume, Olivier, poëme par
François Coppée.
Prix 2 fr. — Chez tous les libraires.
La 4mB livraison de la Revue posthume illustrée vient de pa-
raître. Elle contient les biographies et les portraits photo-
graphiés des sculpteurs Carpeaux, Marbëau, le fondateur
des crèches, et Ledru-Rollin.
Prix de la livraison l fr. — Bureaux à Paris, 7, rue Mayran.
Le Journal de Paris, rue d'Aboukir, 9, offre comme prime,
absolument gratuite à ses abonnés d'un an, un buste de M. le
Maréchal de Mac-Mahon, œuvre d'art d'une valeur excep-
tionnelle, modèle d'Oliva, fonte de Ranvier.
Prix de l'abonnement pour Paris et pour les départe-
ments : oi fr. par an.
LA VELOUTINE
est une poudre de riz spéciale
préparée au bismuth,
par conséquent d'une action
salutaire sur la peau.
Elle est adhérente et invisible, aussi
donne-l-elle au teint
une fraîcheur naturelle.
CH. FA Y, inventeur
Se méfier des imitations [et contrefaçons.
jugement
du tribunal civil de la SEINE
du 8 mai 187a.
POMMADE SATIN
Pour conserver aux mains la sou-
plesse, la douceur
et les préserver des gerçures
et autres accidents provoqués par
le froid.
9, rue de la Paix. — Paris.
Insensibilisateur Duchesne. — Guérison, extraction et
pose de dents sans douleur, 4b, rue LafayeUe.
Le Gérant : le révérend.
Paris. — imp. F. DEBONS et C°, 16, rue du Croissant.
Il avait l'air très-fâché, mais il riait cri dessous. Il nous
prit la main. « Allons, venez, petits misérables ! Tout le
« monde vous cherche. On pleure à la maison. «
— Mais, papa, c'est Bitch qui n'a jamais voulu nous obéir !
sanglotâmes-nous.
— Il a bien fait ! Pourquoi aurait-il obéi à des enfants
désobéissants ! Il savait bien ce qu'il faisait, allez. Vous
l'aviez entraîné. 11 s'est dit : « Bon! je sais ce qui me reste
à faire. Rira bien qui rira le dernier. »
Et vous allez être punis.
On rentra à la maison. Le dessert nous passa devant le
nez. Nous avions le cœur bien gros, surtout quand Bitch,
l'infâme, qui dînait tout son saoul, — et avec des gâteaux,
encore ! — nous regardait en clignant de l'œil.
L'histoire de la bonne farce de Bitch passa en proverbe
dans la famille. Et chaque fois que nous fûmes en faute, on
la raconta aux étrangers.
Nous boudâmes Bitch pendant trois mois.
ERNEST D'HERVILLY.
LE COMMERCE DES AUTOGRAPHES
Paris a des branches do commerce complètement ignorées
de la majorité du public, Parmi celles-ci, je citerai le com-
merce des autographes.
L'amateur d'autographes est peut-être le plus passionné
de tous les collectionneurs ; en revanche, il représente peu
au point de vue du nombre. Les maisons qui tiennent bou-
tique d'autographes le savent bien, et elles vous diront à un
près combien on compte d'amateurs d'autographes dans
chaque partie du monde.
On compte 20 amateurs à Paris et oO en France; 20 dans
chacun despays suivants:—Italie, Allemagne, Belgique et Hol-
lande ; 30 à Londres et 00 dans les provinces anglaises; 100
à peu près aux Etats-Unis.
Combien valent les autographes ? Cela dépend naturelle-
ment de leur plus ou moins de rareté, de leur état plus ou
moins bon de conservation.
Voici la cote de quelques personnages contemporains :
Le maréchal de Mac-Mahon (très-rare), 20 francs ; M. Tlriers,
de G à 8francs; M. Gambetta, même prix; Jules Simon, 3 fr.;
Victor Hugo, de 3 à 4 francs (très-abondant sur le marché);
le duc d'Aumale, de 6 à 7 francs ; le général Trochu, 8 francs;
le maréchal Bazaine, 15 francs; Rochefort, 10 francs; Jules
Favre, de 3 à 4 francs; Blanqui, de 6 à 7 francs.
Louis-Philippe,de 15 à20 francs; Napoléon III, 30francs;
l'impératrice Eugénie, 100 francs pour une lettre ordinaire
et 300 francs pour une lettre d'un intérêt particulier; le comte
de Chambord, 100 francs (excessivement rare).
Ce n'est guère que depuis une cinquantaine d'années
que la passion de l'autographe s'est développée ; elle a pris
naissance à Paris où se comptent seulement deux maisons
qui s'en occupent sérieusement.
Les chefs de ces maisons sont en correspondance avec
les villes suivantes, dans lesquelles se tiennent, à diverses
époques de l'année, des marchés d'autographes : — Londres,
principalement, Leipslck et Amsterdam. Le marché de
Paris est le plus important de tous.
Partout où une vente d'autographes est annoncée, les
négociants s'y rendent, et, dès leur retour, informent leurs
clients qui s'empressent d'accourir.
Disons-le, en terminant, la passion de l'autographe est
Une passion spéciale à la vieillesse. On ne connaît guère
d'amateurs d'autographes au-dessous de soixante-quinze ans.
Il y en a qui portent encore la douillette, accompagnée de
la traditionnelle canne à bec de corbin.
EDOUARD DANGIN.
Gazette à la main
Tous les journaux sont encore pleins de Dôjazet...
Celui-ci reproduit son masque aimable et fin ; celui-là la
représente dans les différents costumes des rôles que nous
avons ônumôrés dernièrement ; cet autre raconte ses dé-
buts précoces, ses succès éclatants , les particularités
piquantes de sa carrière d'artiste en vogue, sa bienfaisance
inépuisable, sa fin chrétienne, ses funérailles entourées du
concours de l'admiration, du respect et de la douleur...
De quel nom appeler cette préoccupation universelle?...
Hé ! mon Dieu, c'est — tout simplement — de la recon-
naissance !...
Cette femme^—- que nous pleurons après l'avoir acclamée,
a, pendant plus d'un demi-siècle, versé, du haut de son ta-
lent inimitable, le plaisir, la joie, la consolation dans tous
les cœurs...
Voilà pourquoi chacun de nous conservait, dans un coin
intime, quelque souvenir d'elle qu'il n'avait point songé à
publier du vivant de la pauvre charmante Frétillon, et qui,
à présent qu'elle est morte, éclate, tout à coup, sous la
plume en récits amusants ou touchants...
XX
Avec les anecdotes sont venus les rapprochements.
On a comparé l'enterrement de Déjazet à celui de Rachel.
Certes, les obsèques de celle-ci furent dignes de la célèbre
tragédienne.
La cérémonie était indiquée pour onze heures du matin.
Dès huit heures, les abords du logis mortuaire étaient en-
combrés. A dix, non-seulement les arcades de la place
Royal», mais aussi la large voie qui la longe sur les quatre
faces étaient couvertes de monde, — et les arbres du square
se chargeaient de curieux.
Ce ne fut qu'au prix de peines inouïes, ce ne fut que
grâce à une persistance, qui n'était point sans danger,
lu'Alexandre Dumas père, — lequel devait tenir l'un des
cordons du poêle, — réussit à pénétrer dans la cour de
l'hôtel Félix.
« En nous enfonçant dans cette mer humaine, racontait-il
le lendemain, nous avons rencontré le comte Daru qui se re-
tirait. Depuis plus de vingt minutes, il luttait pour se frayer
un chemin. De guerre lasse, il s'en allait vaincu, en nous
priant de constater sa présence et l'inutilité de jj ses
efforts. »
XX
Eh bien, ce que la foule avait refusé de faire pour M. le
comte Daru et ce qu'elle n'avait fait qu'avec difficulté en
face de l'étincelante individualité d'Alexandre Dumas, elle
le fit — bénévolement — devant Virginie Déjazet,
Lorsque celle-ci arriva, on s'écarta pour lui livrer pas-
sage.
Elle prit place à la suite du char à côté de Mmc Judith, de
la Comédie-Française. Sous l'empire d'une vive émotion, on
l'entendait murmurer à plusieurs reprises :
— Pauvre femme ! Ah! la pauvre femme !...
Puis, regardant autour d'elle :
— Que de monde ! Mon Dieu! que de monde !...
Puis encore, se penchant vers M°»° Judith, elle ajouta
d'une voix étranglée par les larmes :
— C'est moi qui serais joliment fière d'en avoir la moitié
derrière mon cercueil !
XX
Les désordres qui ont eu lieu, sur la place de la Trinité,
lors des funérailles de Déjazet, ne sont rien en comparaison
de ceux qui se produisirent au Père-Lachaise, lors de l'en-
terrement de Rachel.
En s'arrêtant, le corbillard faillit écraser le baron Taylor,
qui fut pris entre une de ses roues et la masse compacte qui
le suivait.
Cinq ou six cents privilégiés purent à peine s'introduire
dans le cimetière israéliste. La grille, qui donne accès dans
cet enclos, se referma brusquement sur le reste des assis-
tants : trente mille personnes au bas mot ! C'est ce qui fit
dire piteusement à un vieux monsieur :
— Je n'ai vraiment pas de chance avec cette grande ac-
trice. Je suis allé cinq fois aux Français pour l'applaudir :
jamais je n'ai pu trouver de place, — et voilà qu'aujourd'hui
encore, on me flanque la porte au nez.
XX
Rachel, du reste, n'était point populaire.!
Son convoi, annoncé pour le vendredi, avait dû être for-
cément remis au lundi suivant.
— Parbleu! fit quelqu'un à ce sujet, ce ne sera pas la
première fois qu'elle aura fait changer un programme de
spectacle.
XX
En cette journée funèbre, un des sociétaires des Français
s'écria en voyant le relâche annoncé sur l'affiche de ce
théâtre :
— Allons, il faut espérer que c'est le dernier argent qu'elle
fera perdre à ses camarades.
r ' ,Ç» | XX
A la cérémonie de samedi, M. Eugène Déjazet, fils de la
défunte, conduisait le deuil.
Il est constant que M. Eugène Déjazet est un musicien de
mérite...
Mais il me paraît non moins certain que ce fut un impré-
sario original et fantaisiste...
Du temps qu'irdirigeait le théâtre maternel, il avait pour
domestique son propre frère de lait, un étrange garçon
nommé Jean. Une édifiante intimité régnait entre les deux
hommes. Toutes ces petites dames de la boite s'adressaient
volontiers à Jean :
— Le patron est-il visible ?
— Mes trognons adorés, répondait gracieusement le fa-
mulw, Eugène est dans son cabinet. Ne le dérangez pas. 11 a
besoin de travailler.
; XX
Jean était économe. Lorsque son frère de lait lui deman-
dait un habit noir, le domestique apportait une vieille re-
dingote bleue. Furieux, le maître se récriait :
— Qu'est-ce que c'est que cette guenille ?
— Panier percé ! ripostait Jean. Mettre un vêtement neuf
tous les jours. Tu veux donc nous faire mourir sur la paille!
|L«^£V ait *"
Un jour, le directeur se promenait au Bois dans son pa-
nier en osier, — Jean sur le siège de derrière.
Aux environs de la Cascade, il rencontre madame de Z...
On se salue. M. Déjazet descend de voiture et accoste l'il-
lustre cocodète, en faisant signe au domestique de tenir le
cheval en bride. La conversation s'engage, elle continue,
elle se prolonge...
Tout à coup, Jean quitte son poste, et, jetant les rênes à
son maître et ami :
— Eugène, je vais boire un bock au café de la Cascade.
Quand tu auras fini, tu viendras me prendre.
XX
... Le soir de ce même samedi, les trois quarts du monde
spécial qui avait accompagné Lisette à l'église et au cime-
tière se retrouvaient à la première représentation de Regina
Sarpi, au Théâtre-Historique. Bon drame de MM. Ohnet et
Denayrouse, deux débutants. Drame corse — et corsé —
qui, naturellement, roule sur la vendetta. Artistes convena-
bles. Mise en scène décente. Naturellement encore Mmc Marie
Laurent remplit un rôle de travesti. Elle y est fort applau-
die. Mais cette androgynomanie devient agaçante à la fin :
— Il est, me dit un de mes voisins, unefpièce que Mm0 Lau-
rent devrait bien se résoudre à jouer...
— Laquelle?...
— Bonsoir, monsieur Pantalon.
XX
Dans un entr'acte, — au foyer, — je surprends le bout
de dialogue suivant entre deux charmantes actrices :
— Alors, elle fait tout ce qu'elle veut aux Variétés ?
— Tout ce qu'elle veut : c'est le mot.
— C'estbizarre...
— Mais non : question de pure géographie...
— Comment cela?
— Dame! du moment que Granville est dans laMaiiche.
STAR
25 CERTIFIES LA LIVRAISON
BELLE ÉDITION DE BIBLIOTHÈQUE DE
L'HISTOIRE
RÉVOLUTION Î1E 1870-71
Par JULES CLARETIE
La Chute de l'Empire. — La Guerre. — Le Siège de
Paris. — La Commune. — La Présidence de
M. Thiers. — La Présidence du Maréchal de Mac-
Mahon.
Publication illustrée de nombreuses gravures
hors texte, vignettes et fleurons
dessinés par les meilleurs artistes,
PORTRAITS, SCÈNES, VUES, TYPES MILITAIRES, ETC., ETC.
Cette nouvelle édition de l'Histoire de la Révolution de 1870-71
aura le format in-8 carré des éditions de Bibliothèque des ou-
vrages historiques de M. Thiers.
Louvrage sera complet en 120 livraisons à 25 centimes,
10 séries à 1 franc et 5 volumes à « fr.
PETITE GAZETTE
Le Jury, à l'Exposition maritime et fluviale, a décerné h
M. Crespin aine, une médaille en or pour son système de
vente à crédit, et une autre h la machine à plisser et à tuyau-
ter. C'est la quatrième consécration officielle de l'utilité
morale de ce système philanthropique de vente à crédit, créé
depuis vingt ans par Crespin aîné, et des nombreux avantages
qui en résultent, surtout pour les travailleurs. A toutes
les Expositions auxquelles il a précédemment concouru,
Crespin ainé a obtenu des premiers prix (trois médailles d'or),
et a été mis hors de concours à l'une d'elles.
LE TEMPLE DES PARFUMS
Une des premières curiosités qui attirent le regard et
captivent l'attention de l'étranger qui descend au Grand-
Hôtel ou du provincial qui visite le nouvel Opéra, est la
Rotonde de Violet, précisément située à l'angle du boulevard
et de la rue Scribe, et si connue de nos élégantes pari-
siennes.
Nous ne ferons pas ici rénumération des parfums, qui
ressemblerait à la sèche nomenclature d'un Traité de bota-
nique ; nous ne ferons même que mentionner ces admira-
bles fards qui, malgré le vers légendaire d'Athalie, savent
«réparer des ans l'irréparable outrage », fards blancs et roses,
secs, onctueux, en poudre, liquides, avec la formule bien
connue : rosé pour blonde, mat pour châtain, bistré pour
brune, et composant deux séries : l'une pour le jour, l'autre
pour la lumière. Ces fards sont absolument inoflénsifs, et,
par leur union intime avec le teint, il est impossible de con-
stater leur présence sur le visage.
Les élégantes qui franchissent le seuil du Temple y trou-
vent de petites chapelles latérales, où elles peuventfaire le
double essai des fards au jour et à la lumière artificielle. Il
n'est même pas nécessaire de se déplacer; un numéro
d'ordre, indiqué dans une Instruction détaillée, suffit pour
désigner le fard qu'on désire. La célébrité européenne de
la Maison Violet nous dispense d'insister sur ces merveil-
leuses découvertes, car elle seule possède le secret de la
jeunesse éternelle et de l'éternelle beauté.
La Gazette des Beaux-Arts de décembre contient trois gra-
vures hors texte. La Famille de Vanloo, eau-forte de M. Gil-
bert d'après Vanloo ; Portrait de Goya, gravé par M. Lalanne
d'après Lopez, et l'Amadée, estampe do Marc-Antoine. Des-
sins originaux de Pils, de Goya, de Jules Jacquemart, etc.
Les articles principaux sont signés de MM. Clément de Ris,
Bonaffé, P. Lefort, A. de Montaiglon, L. Gonse, F. Lenormant,
G. Duplessis, etc.
La livraison prochaine sera entièrement consacrée à
Michel-Ange.
L'éditeur Alphonse Lemerre, 31, passage Choiseul, vien
de mettre en vente un nouveau volume, Olivier, poëme par
François Coppée.
Prix 2 fr. — Chez tous les libraires.
La 4mB livraison de la Revue posthume illustrée vient de pa-
raître. Elle contient les biographies et les portraits photo-
graphiés des sculpteurs Carpeaux, Marbëau, le fondateur
des crèches, et Ledru-Rollin.
Prix de la livraison l fr. — Bureaux à Paris, 7, rue Mayran.
Le Journal de Paris, rue d'Aboukir, 9, offre comme prime,
absolument gratuite à ses abonnés d'un an, un buste de M. le
Maréchal de Mac-Mahon, œuvre d'art d'une valeur excep-
tionnelle, modèle d'Oliva, fonte de Ranvier.
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ments : oi fr. par an.
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Se méfier des imitations [et contrefaçons.
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du tribunal civil de la SEINE
du 8 mai 187a.
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