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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
21 Octobre 1877.
LES FINESSES DE CALINO
— Baptiste, vous m'achèterez un thermomètre.
— Monsieur devrait attendre encore un peu. Je me suis laissé dire que cet article-là baissait beau-
coup tous les hivers.
dome, les facéties de Babylone pleuvent dru comme
la grêle et partent comme des fusées d'artifice de
tous les coins de la salle.
« Et M. Stabb continuait de plus belle à chanter
son hymne à tue-tête. »
Les conférences anglaises ne manquent pas de
gaieté.
Une histoire de fou :
Il y a, à Charenton, un pensionnaire avec lequel
vous pouvez converser sans danger. Ainsi qu'il ar-
rive souvent quand on cause avec ces gens-là, vous
vous demandez, avec une certaine impression dé-
sagréable, s'ils ne sont pas raisonnables et si ce
n'est pas vous qui êtes insensé. Il y a une corde
qu'il faut toucher pour faire sonner [la note fausse
et se rassurer en se donnant la preuve de leur folie.
Si la conversation vient à tomber avec celui-ci sur la
littérature, il vous dira avec une froideur se-
reine :
— La poésie... oui, c'est bien, en effet, quelque
chose. Moi-même, autrefois, j'ai fait des vers que
vous trouveriez sublimes ; mais je dédaigne aujour-
d'hui de traduire l'essence de ma pensée par des
mots impuissants... J'ai eu quelques élèves qui tra-
vaillaient sous mes inspirations, le jeune Hugo, le
tendre Lamartine, le petit Musset... Je lisais leurs
productions, j'encourageais leurs essais; ils m'amu-
saient, ils ne faisaient pas mal.
Un musicien, invité à une soirée, s'aperçoit en
arrivant qu'il a oublié la partition du Barbier de Sé-
ville, dont il a besoin.
Il envoie un commissionnaire porter un billet ainsi
conçu :
« Envoyez-moi le Barbier tout de suite. »
Une demi-heure s'écoule.
On vient prévenir le musicien que quelqu'un de-
mande à lui parler.
Il quitte le salon et se trouve en face d'un in-
connu.
— Est-ce à monsieur X... que j'ai l'honneur de
parler.
— Oui, monsieur, c'est moi.
— Je viens de la part de votre bonne, qui m'a dit
de venir tout de suite... Je suis le barbier... Est-ce
pour la barbe ou pour les cheveux ?
Tout le monde.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
21 Octobre 1877.
LES FINESSES DE CALINO
— Baptiste, vous m'achèterez un thermomètre.
— Monsieur devrait attendre encore un peu. Je me suis laissé dire que cet article-là baissait beau-
coup tous les hivers.
dome, les facéties de Babylone pleuvent dru comme
la grêle et partent comme des fusées d'artifice de
tous les coins de la salle.
« Et M. Stabb continuait de plus belle à chanter
son hymne à tue-tête. »
Les conférences anglaises ne manquent pas de
gaieté.
Une histoire de fou :
Il y a, à Charenton, un pensionnaire avec lequel
vous pouvez converser sans danger. Ainsi qu'il ar-
rive souvent quand on cause avec ces gens-là, vous
vous demandez, avec une certaine impression dé-
sagréable, s'ils ne sont pas raisonnables et si ce
n'est pas vous qui êtes insensé. Il y a une corde
qu'il faut toucher pour faire sonner [la note fausse
et se rassurer en se donnant la preuve de leur folie.
Si la conversation vient à tomber avec celui-ci sur la
littérature, il vous dira avec une froideur se-
reine :
— La poésie... oui, c'est bien, en effet, quelque
chose. Moi-même, autrefois, j'ai fait des vers que
vous trouveriez sublimes ; mais je dédaigne aujour-
d'hui de traduire l'essence de ma pensée par des
mots impuissants... J'ai eu quelques élèves qui tra-
vaillaient sous mes inspirations, le jeune Hugo, le
tendre Lamartine, le petit Musset... Je lisais leurs
productions, j'encourageais leurs essais; ils m'amu-
saient, ils ne faisaient pas mal.
Un musicien, invité à une soirée, s'aperçoit en
arrivant qu'il a oublié la partition du Barbier de Sé-
ville, dont il a besoin.
Il envoie un commissionnaire porter un billet ainsi
conçu :
« Envoyez-moi le Barbier tout de suite. »
Une demi-heure s'écoule.
On vient prévenir le musicien que quelqu'un de-
mande à lui parler.
Il quitte le salon et se trouve en face d'un in-
connu.
— Est-ce à monsieur X... que j'ai l'honneur de
parler.
— Oui, monsieur, c'est moi.
— Je viens de la part de votre bonne, qui m'a dit
de venir tout de suite... Je suis le barbier... Est-ce
pour la barbe ou pour les cheveux ?
Tout le monde.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Les finesses de Calino
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 2_136
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg