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RECHERCHES
homme qui ne doute de rien (l). On en voit un
exemple dans les mots qui suivent : « Si ce dieu est
» une aine, comment peut-il être entre dans le
» monde (2)?» Le Batteux, quand il a traduit le
premier membre de la phrase par ces mots, Pijtha-
gore croit que Dieu est une aine, avoit porté son
jugement d’avance sur l’opinion de Pythagore (3): il
justifioit de bonne foi son propre sentiment, plutôt
qu’il ne cherchoit à découvrir celui du maître.
Le passage de Plutarque, dont j’ai voulu parler,
est celui-ci : « Pythagore et Platon assurent que
» lame est immortelle, puisqu’en sortant du corps
» elle va se réunir à lame de l’univers , qui est
» de même nature quelle (4). » Si ces mots ren-
fermoient la véritable doctrine de Pythagore, onpour-
roit croire en effet que , suivant son opinion, il n’exis-
teroit pas d’autre dieu suprême que l’Ame de l’univers,
et Pythagore paroîtroit un athée dans le point même
de l’essence des âmes, qui est au contraire celui où il
s’est conformé le plus fidèlement aux croyances reli-
gieuses des Egyptiens. Mais le passage dont nous par-
(1) Cicer. de Nat. deor. lib. i, cap. 8.
(2) Ibid. cap. il.
(3) C’est ce qu’on voit dans son cinquième Mémoire sur le
principe actif de l’univers ; Acad, des inscriptions, tom. XXIX,
pag. 234. — Iî suit le texte deLactance: Pythagoram censuisse
Deum esse animum, &c. Lactant. Div. inst. îib. 1, cap. 5.
(4) Plutarch. de Placit. phil. Iib. iv, cap. 7.
RECHERCHES
homme qui ne doute de rien (l). On en voit un
exemple dans les mots qui suivent : « Si ce dieu est
» une aine, comment peut-il être entre dans le
» monde (2)?» Le Batteux, quand il a traduit le
premier membre de la phrase par ces mots, Pijtha-
gore croit que Dieu est une aine, avoit porté son
jugement d’avance sur l’opinion de Pythagore (3): il
justifioit de bonne foi son propre sentiment, plutôt
qu’il ne cherchoit à découvrir celui du maître.
Le passage de Plutarque, dont j’ai voulu parler,
est celui-ci : « Pythagore et Platon assurent que
» lame est immortelle, puisqu’en sortant du corps
» elle va se réunir à lame de l’univers , qui est
» de même nature quelle (4). » Si ces mots ren-
fermoient la véritable doctrine de Pythagore, onpour-
roit croire en effet que , suivant son opinion, il n’exis-
teroit pas d’autre dieu suprême que l’Ame de l’univers,
et Pythagore paroîtroit un athée dans le point même
de l’essence des âmes, qui est au contraire celui où il
s’est conformé le plus fidèlement aux croyances reli-
gieuses des Egyptiens. Mais le passage dont nous par-
(1) Cicer. de Nat. deor. lib. i, cap. 8.
(2) Ibid. cap. il.
(3) C’est ce qu’on voit dans son cinquième Mémoire sur le
principe actif de l’univers ; Acad, des inscriptions, tom. XXIX,
pag. 234. — Iî suit le texte deLactance: Pythagoram censuisse
Deum esse animum, &c. Lactant. Div. inst. îib. 1, cap. 5.
(4) Plutarch. de Placit. phil. Iib. iv, cap. 7.