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r.orij qui, tout zèlé, tout bien intentionné qu’il ctoit9
n’a pas fait moins de mal à la Republique des Ro~
riiains, que Demosthene à celle des Atheniens. Je
veux que Marc-Antonin ait été bon Empereur : il
ne me fera pas changer de these, puisqu’il étoitin-
commodë à ses Sujets, & que même ils le haïlToient
par le seul endroit de sa Philosophie. Encore une
îbis, je veux que Marc-Antonin ait été bon Prin-
Ce : toüjours eit-il vrai 5 qu’il ne pouvoit pas rendre
un plus mauvais office à la Republique , qu’en lui
lairiant Commode son Fils pour Succeiseur ; en quoi
il a causé un plusgrandmalheur àl’Empire, queson
adminiifration ne lui avoit été avantageuse. Cette
espece de gensqui s’adonnent à l’étude de la Sageise,
sont ordinairement très malheureux en tout 3 mais
principalement dans leurs Enfans*. Je m’imagine
que cela vient d’une précaution de la Nature , qui
empêche par là que cette peile de SageiTe ne se ré-
pande trop chez les Mortels. Le Fils de Ciceron
dégénera ; & le sage Socrate eut des Enfans qui te-
noient plus de la Mere que du Pere , c’eil à dire 5
comme quelqu’un l’a interpreté joliment, qui étoient
fous.
On auroit patience, ii ces Philosophes n’étoieiit
incapabies que des Charges , que des Emplois pu-
blics : mais ils ne valent pas mieux pour les fonctions
8c pour les devoirs de la vie. Invitez un Sage à un
repas : ou il gardera un morne silence 5 ou il in-j
terrompra sans ceise la Compagnie , par ses frivo-
les ÔC importunes questions : prenez-le pour danser.
* Voycz là Fig. pag. s©.
r.orij qui, tout zèlé, tout bien intentionné qu’il ctoit9
n’a pas fait moins de mal à la Republique des Ro~
riiains, que Demosthene à celle des Atheniens. Je
veux que Marc-Antonin ait été bon Empereur : il
ne me fera pas changer de these, puisqu’il étoitin-
commodë à ses Sujets, & que même ils le haïlToient
par le seul endroit de sa Philosophie. Encore une
îbis, je veux que Marc-Antonin ait été bon Prin-
Ce : toüjours eit-il vrai 5 qu’il ne pouvoit pas rendre
un plus mauvais office à la Republique , qu’en lui
lairiant Commode son Fils pour Succeiseur ; en quoi
il a causé un plusgrandmalheur àl’Empire, queson
adminiifration ne lui avoit été avantageuse. Cette
espece de gensqui s’adonnent à l’étude de la Sageise,
sont ordinairement très malheureux en tout 3 mais
principalement dans leurs Enfans*. Je m’imagine
que cela vient d’une précaution de la Nature , qui
empêche par là que cette peile de SageiTe ne se ré-
pande trop chez les Mortels. Le Fils de Ciceron
dégénera ; & le sage Socrate eut des Enfans qui te-
noient plus de la Mere que du Pere , c’eil à dire 5
comme quelqu’un l’a interpreté joliment, qui étoient
fous.
On auroit patience, ii ces Philosophes n’étoieiit
incapabies que des Charges , que des Emplois pu-
blics : mais ils ne valent pas mieux pour les fonctions
8c pour les devoirs de la vie. Invitez un Sage à un
repas : ou il gardera un morne silence 5 ou il in-j
terrompra sans ceise la Compagnie , par ses frivo-
les ÔC importunes questions : prenez-le pour danser.
* Voycz là Fig. pag. s©.