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578 LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION

LE TROGADÉRO

IEN que le Palais du Trocadéro ne
soit pas une construction spécia-
lement édifiée pour l'Exposition
de 1889, il concourt an succès gé-
néral, non seulement par son utili-
sation, mais encore par la magni-
fique perspective qu'il offre aux
visiteurs du Champ de Mars.
Du reste, c'est à tort que l'on a
dit un peu partout qu'il n'y avait
rien de nouveau au Trocadéro, à
propos de l'Exposition.
Et si cela était vrai, ce ne serait pas une raison pour ne
pas s en occuper ici, d'autant que le Trocadéro, palais et
parc, est toujours nouveau pour ceux qui ne le connaissent
pas, — dirait M. de la Palisse, — moi, j'ajouterai : et même
pour les Parisiens qui y sont allés dix fois et ne savent pas
ce qu'il renferme.
Ce serait, d'ailleurs, une lacune dans ce journal, que de
n'en pas parler avec autant de détails que des autres cons-
tructions formant l'ensemble de l'Exposition.
Construit en 1878, par MM. Davioud et Sourdais, le
Palais du Trocadéro est un magnifique édifice, qui ne doit
pas tout son succès à son admirable situation.
Bien que formant un tout complet, très complet même,
on peut dire qu'il se compose de trois parties distinctes.
Une construction centrale, vaste rotonde avec colon-
nade, qui est la salle des Fêtes, et deux galeries formant le
fer à cheval, parleur jonction avec la partie centrale, qui
s'opère au moyen de pavilions et de deux tours élancées,
comme les minarets arabes auxquels elles ont emprunté
leur décoration.
On pourrait compter aussi, comme une partie distincte, !
la façade extérieure, si sa décoration ne profitait pas des
deux grandes tours-minarets, qui ont surtout été faites pour
encadrer la rotonde, ce qui de loin lui donne un faux air
de mosquée, d'autant que les deux minarets sont une ré-
pétition, augmentée quant à la hauteur, qui atteint ici
82 mètres, de ceux qui flanquent la cathédrale d'Alger,
qui est précisément une ancienne mosquée.
La façade extérieure ne ressemble pas précisément à
une mosquée, on pourrait même dire qu'elle ne ressemble
à rien, car vue à distance on pourrait tout aussi bien la
prendre pour une gare de chemin de fer, que pour une
église, ou une tribune de courses.
En réalité ce n'est qu'une porte, car elie n'a pas d'autre
préiention que celle d'encadrer l'entrée du Palais du Tro-
cadéro et par extension de l'Exposition ; et c'est pour mieux
marquer cette destination que l'on a relié les deux pavil-
lons à toits pyramidaux qui encadrent le perron, par une
grande marquise, qui abrite le dit perron et permet aux !
visiteurs qui arrivent en voiture par un temps de pluie,
si toutefois on va à l'Exposition quand il pleut, de des-
cendre à couvert.

Cette marquise a été faite cette année. Ce qui prouve
qu'il y a quelque chose de nouveau de ce côté.
Immédiatement derrière les deux pavilions à toits
pointus, s'élèvent les deux clochers coiffés de campaniles,
mais pas plus que le pignon en escaliers qui les relie, ils
n'appartiennent à la façade extérieure, on les voit par-
dessus le toit de cet avant-corps, mais ils en sont complè-
tement indépendants, ce sont les derrières de la salle des
Fêtes.
L'avant-corps, percé de neuf portes, est en somme le
vestibule du palais, vestibule monumental puisqu'il a
62 mètres de longueur, sans compter les deux gros pavil-
lons coiffés en dômes qui servent aussi à son ornementa-
tion, bien qu'ils aient été faits comme traits d'union entre
les deux péristyles semi-circulaires et la partie centrale.
De ce vestibule, on va partout dans le palais, même dans
le sommet des tours, au moyen d'ascenseurs qui montent
les visiteurs jusqu'à la terrasse qui entoure les campa-
niles.
De là-haut, naturellement, la vue est superbe, mais
moins belle que de la Tour Eiffel, précisément parce que
ladite Tour Eiffel accapare déjà la moitié du panorama.
Si Ton ne monte qu'au premier étage par un escalier
superbe, éclairé de beaux vitraux modernes, on arrive au
Musée d'ethnographie, curieux en toute saison mais plus
encore en temps d'exposition, où il y a un public spécial qui
ne demande qu'à s'étonner, et qui s'étonne d'autant plus
qu'il n'a pas le loisir d'étudier les chosesà fond.
Du reste, l'administration du Musée s'est mise en frais
pour offrir elie aussi, à ses visiteurs, quelque chose de
nouveau.
On afaitrcvivre,àl'aide de mannequins habilement mis
en scène, la plupart des costumes populaires nationaux de
l'ancienne France, connue cela existait déjà au Musée pour
la Bretagne, et Ton a même pris, comme modèle d'arrange-
ment, cet intérieur breton qui donne une idée si exacte,
si complète et si intéressante des mœurs, des coutumes et
des costumes des paysans de cette ancienne province.
Mais ceci n'est dit que pour mémoire, le Musée ethno-
graphique est trop intéressant pour que nous ne lui con-
sacrions pas un article spéciai.
Ce que nous ferons aussi pour l'exposition d'archéo-
logie et de trésors et ornements d'église, qui occupe toute
la galerie en fer à cheval du côté de Passy et qui n'est
pas trop à Taise, car on y voit des moulages de monuments
historiques, portails d'églises et autres, des tapisseries, des
meubles, des faïences, des dessins, des photographies, de
Témaillerie, de l'orfèvrerie, des sculptures sur bois, bret,
toute une exposition genre Musée de Cluny, du plus haut
intérêt et de la plus grande curiosité.
11 y a bien aussi au Trocadéro un Musée de sculptures,
mais ce n'est pas précisément ce que Ton va voir.
Du reste, je ne veux m'occuper ici que du contenant et
point du contenu.
Comme extérieur, nous avons encore à voir la façade
 
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