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L’EXPOSITION DE PARIS

LA GALERIE DU TRAVAIL

Il s’agit, on le sait, de la galerie appelée
sur les plans de l’Exposition du Champ-de-
Mars galerie de l'ÉccAe militaire. A son
extrémité orientale s'élève le trophée de
tubes de cuivre d’un diamètre formidable
de la maison Laveyssière, et à son extré-
mité ouest la pyramide de barils et de
bouteilles des Pays-Bas et le trophée des
Iodes néerlandaises. Le long du mur, les
grandes orgues de Stolz frères et de deux
ou trois autres facteurs; au milieu, des
tours, métiers divers, balanciers, presses
à frapper des médailles, à estamper des
bijoux, et nombre d’autres engins moins
bruyants, mais non moins curieux.

La merveilleuse puissance de la division
du travail, qui permet de livrer à des prix
dérisoires des objets qui, sans son secours,
exigeraient plusieurs journées de labeur ,
est ici mise en pleine lumière pour le
bénéfice de qui sait voir comme de qui
sait acheter. On y constate, il est vrai,
l’absence de quelques industries bien in-
téressantes ; mais si cette absence est re-
grettable, il reste encore amplement de
quoi occuper l’attention de l’observateur
et des éléments d’instruction précieux et
très-divers.

Faisons donc en ceci comme le public,
qui ne se lasse pas d’admirer, se fait
expliquer les procédés de fabrication, la
composition des matières premières, leur
provenance, leur origine, et achète avec
entrain les objets qu’il voit fabriquer sous
ses yeux et, en quelque sorte, exprès pour
lui. C’est le vrai moyen de tirer tout le
profit possible de ce qui est.

Les ateliers de bijoux en doublé sont,
je crois, les plus nombreux et les plus
constamment achalandés; ce qu’ils débi-
tent journellement de boutons de man-
chettes, de bagues, de porte-bonbeur, de
médaillons est incalculable. Ici se fabri-
quent des briquets (triste retour du mo-
nopole des allumettes chimiques !) ; là, des
colliers en perles soufflées, des waterproofs,
des boutons de nacre, des pipes en écume
de mer et dès bouquins d’ambre. Voici
un métier à barre d'où se déroulent de
longs rubans illustrés de vues de l’Exposi-
tion ou de tout autre sujet de circonstance.
Plus loin, des dentellières normandes
réunissent sur leurs carreaux des milliers
d’épingles, au grand et candide ébahisse-
ment des profanes; dans le voisinage, des
brossiers, des vanniers ; des fabricants de
sachets pour bonbons, de fleurs en émail,
en papier, en plumes, de porte-monnaie,
depuis la préparation du cuir jusqu'à
l’adaptation du fermoir métallique, de
porte-plumes, de boîtiers de montres.

Vient ensuite la broderie à la main, puis
la broderie au métier...

Mais n’oublions pas la fabrication des
châles de l’Inde, qu’entoure une foule
profondément intéressée. Nous avons eu
déjà l’occasion de parler du long travail
exigé par cette fabrication, à propos de
l’exposition du prince de Galles. Ici deux
Hindous nous en donnent la démonstra-
tion pratique. L’un tisse la laine des pré-
cieuses chèvres de Kashmyr sur le métier
primitif conservé obstinément par les
ouvriers hindous ; l’autre s’empare des
bandes d’étoffe ainsi obtenues, longues
d'environ 30 centimètres, et les coud en-
semble, avec une précision telle que, le
châle terminé, on ne peut découvrir
aucune trace de couture.

Non loin du métier de ces mélancoli-
ques et intelligents enfants de l’Inde, la
taillerie de diamants de Roulina, que nous
avons signalée, attire à son tour une foule
de visiteurs étonnés de la complication de
travaux que comporte la taille du dia-
mant. Après cela défilent des ateliers
d’éventaillistes, de filets à la main, de
coutellerie en ivoire, une fabrique de
médailles en ivorine minérale. Il paraît
que cette « ivorine» serait une composi-
tion de pierres pulvérisées, réduites en
pâte et séchées ensuite, ayant sous cette
nouvelle forme le poli de l’ivoire. Une
presse Thonnelier frappe aussi des mé-
dailles, mais d’autre sorte, à quelques pas
de Yivorinier.

Un métier à bas, sans couture, fonc-
tionne également dans cette galerie ; un
autre fabrique des chapeaux de paille.
Voici un atelier complet de décorateur sur
porcelaine, avec sa moufle pour cuire la
porcelaine une fois peinte, ainsi que nous
l’expliquions dans notre article sur la
Manufacture de Sèvres. Viennent ensuite
un graveur sur métaux, un graveur sur
verre, un tabletier en os ; des tresses mé-
talliques et des fausses tresses de cheveux ;
un opticien fabricant de lorgnettes, un
fabricant de verres achromatiques, un
souffleur de verre, un fabricant de petits
objets en verre étiré à la lampe et au cha-
lumeau comme on n’en faisait plus chez
nous depuis un demi-siècle; des fabri-
cants de jouets, de bijoux en filigrane, de
papier à lettres et d’enveloppes, et un
second et dernier ivoirier. — C’est à peu
près tout.

Cette galerie du travail offre au public
de véritables cours pratiques d’industrie
parisienne; car non-seulement on voit
faire, mais encore, s’il reste quelque
obscurité dans l’esprit, il suffît de de-
mander aux ouvriers ou aux ouvrières qui
y sont occupés, et qui paraissent avoir été
choisis pour cette éventualité, les rensei-
gnements les plus circonstanciés sur leur

travail : ils les fournissent avec la meil-
leure grâce et la plus sincère exactitude.

A. B.

IMPRESSIONS D’UN FLANEUR

a l’exposition

Le seul véhicule auquel je me confie
avec plaisir, quand je vais à l’Exposi-
tion, c’est le bateau,— mouche ou hiron-
delle, peu m’importe, si je suis sûr que
l’un n’avalera l’autre sous aucun prétexte.

Deux raisons principales me portent à
cette préférence. La première, c’est qu’on
n’est point cahoté sur la route parcourue
par le bateau, et qu’il ne soulève pas
dans sa course un nuage ininterrompu de
poussière aveuglante. La seconde, c’est
que le trajet ne coûte que quatre sous en
monnaie de France.

— Mais, m’objectera-t-on, pour que ce
moyen de transport soit tout à fait avan-
tageux, il faut avoir sa demeure... au
coin du quai ou dans les environs.
— Sans doute.—Et le retour?—Ah!...
le retour?.... Je n’ai pas prétendu re-
tourner par cette voie agréable, et je ne
crois pas l’avoir jamais fait, faute de pa-
tience ou par crainte de suffocation.

*

* *

Le retour s’effectue toujours sans
difficultés insurmontables; le tout est de
savoir attendre. Ce n’est pas si difficile
après tout. Le séjour au Champ-de-Mars
ou au Trocadéro, si l’on a franchi, sans
accident, le Sahara qui sépare ces deux
points extrêmes de l'Exposition, offre
toutes les séductions imaginables, même
celles auxquelles un estomac délabré sera
toujours le plus sensible.

Sans doute les extorsionists, comme les
ont justement baptisés les enfants ter-
ribles de la perfide Albion, sont à éviter;
mais on les évite, avec un peu de pratique.
Récemment je me suis refait — pour ne
l’être point par d'autres — au restaurant
Duval qui tourne le dos à l’École mili-
taire, et je ne m’en suis pas mal trouvé
du tout.

Une famille anglaise, aux prises avec
une de ces servantes accortes et proprettes,
que vous savez, au sujet de l'interpréta-
tion à donner aux propositions du bill of
fare, ne s’est pas mal trouvée non plus
de mon intervention sans laquelle, en
dépit du regard de vautour que lançait à
la pauvre fille la mère de famille indignée
de tant d’ignorance, elle risquait de ne
point dîner à son goût.

Mais n'insistons pas.

*

* *
 
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