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L’EXPOSITION DE PARIS

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qu’à se louer du concours qui vient d’avoir
lieu ; car il a prouvé sa vitalité et les pro-
grès énormes qu’il a réalisés depuis vingt-
deux ans, époque à laquelle remonte le
premier concours international qui ait eu
lieu en France.

«Cette exposition, disaitl’honorable pré-
sident du jury, M. Bouley, ne nous montre
pas seulement des animaux que nous avons
le droit d’appeler perfectionnés, en nous
plaçant au point de vue économique ; il
en est d’autres, de certaines provenances,
où l’œuvre de la nature est restée presque
intacte. C’est là un heureux contraste qui
ne manquera pas sans doute de frapper le
public et qui porte avec lui son enseigne-
ment. Il sera mieux jugé, parla différence,
de la valeur accrue par l’application des
grandes méthodes que les maîtres ont
trouvées et enseignées par leurs exemples,
et de l’insuffisance des résultats quand la
production reste presque exclusivement
l’œuvre de la nature.

« Un autre enseignement, et plus inté-
ressant encore, ressort de notre exposition
actuelle. Elle permet de comparer entre
elles les races des différents pays, et pour
quelques-uns de ces pays, celles qui leur
sont particulières, et l’on peut voir que,
si presque partout les éleveurs ont su se
servir des nouvelles méthodes pour im-
primer à leurs animaux des améliorations,
la plupart ne l’ont fait que dans la juste
mesure que les circonstances locales leur
commandaient d’observer. De telle sorte
que nos races,par exemple, pour ne parler
que des nôtres, tout en portant 'empreinte
manifeste de l’intervention, dans leur
élevage, des méthodes amélioratrices, sont
demeurées avec les caractères et les apti-
tudes diverses qu’elles doivent à leur
milieu, et que, si elles sont différentes de
leurs ascendants par les modifications
heureuses qu’elles ont éprouvées, elles
leur demeurent semblables par leuradap-
tation conservée aux circonstances qui les
entourent et dont elles sont essentielle-
ment dépendantes. Heureuse solution du
problème, qui met d’accord les nouvelles
pratiques avec les nécessités des choses,
et permet de bénéficier des unes sans vio-
lenter les autres. »

On ne pouvait établir mieux, ni d’une
manière plus autorisée, la grande utilité
de ces concours internationaux.

O. Renaud.

La Compagnie des Petites-Voitures a installé
à l’Exposition un atelier très-curieux, dans lequel
une machine fabrique cent fers à cheval de tous
modèles à l’heure, au lieu de sept fers que deux
ouvriers peuvent forger dans le même laps de
temps, à eux deux.

LES BEAUX-ARTS

a l’exposition universelle 1

(Suite.)

L'AUTRICHE-HONGRIE

Si l’art national n’existe pas aux États-
Unis, on peut dire qu’il en est de même,
et pour des causes dans une certaine me-
sure analogues, de l’art austro-hongrois.
Mais le talent personnel est loin de faire
défaut chez les artistes de cet empire où
se coudoient non-seulement des nationa-
lités, mais des races si différentes et même
un peu ennemies : Germains, Latins, Fin-
nois (Hongrois) et Slaves. C’est toutefois
aux artistes hongrois, du moins au Champ-
de-Mars, que la palme triomphale doit
être décernée.

En quittant les salles de la peinture
française (section sud), c’est dans les
salles de la Hongrie que nous pénétrons
d’abord. Nous y trouvons trois tableaux
de M. Munkâcsy, qui est né à la vie artiste
et y a grandi au milieu de nous; deux de
ces tableaux, les Recrues hongroises et l’A-
telier de l’artiste, sont connus ; ce dernier
figurait au Salon de 1876 et marquait déjà
un grand progrès dans la manière du
peintre du Mont-de-Piété ; le troisième
tableau de M. Munkâcsy, Milton aveugle
dictant le Paradis perdu à ses filles, est son
chef-d’œuvre et l’une des meilleures toiles
de toute l’Exposition, pouvant certes mar-
cher de pair avec les Invalides de Chelsea
de M. H. Herkomer. L’infortuné poète,
devenu aveugle, est comme affaissé dans
son fauteuil, son visage sans regard éclairé
du feu intérieur de l’inspiration ; ses filles
l’entourent : l’une est occupée à quelque
travail de broderie; l’autre, assise à l’extré-
mité opposée de la table, écrit sous la
dictée de son père; une troisième est de-
bout ; toutes trois contemplent le poète
avec une expression indicible de tendre
pitié et d’enthousiasme contenu. L’œuvre
est d’une exécution irréprochable et d’un
sentiment exquis : elle était universel-
lement désignée pour la plus haute ré-
compense, et le jury s’est mis d’accord
cette fois avec le sentiment public.

Dans la même salle, nous remarquons
trois charmants petits tableaux de M. Adol-
phe Weisz : la Quêteuse, sœur de charité
quêtant chez une dame du monde ; la
Fiancée alsacienne et la Fiancée slave, dont
Y Exposition de Paris a donné un beau
dessin dans son n° 12. Citons encore la
Fuite de Tokœly, de M. Berthold Székely ;
la Mort d’Hector, de M. Maurice Thann;
les aimables scènes de genre de M. F.
Paczka : le Tambour, Un Jour d’hiver, et
I de M. Bruck, surtout son Déménagement,

i. Voir les n°* 10 à 15.

d’une fantaisie gracieuse et d’un agréable
et juste coloris. Sous ce titre : Partie de la
forêt de Fontainebleau, M. Ladislas Paal
expose un très-bel effet de pleine lune,
s’élevant toute rouge au-dessus de l’hori-
zon, derrière les arbres noirs de la forêt.
D’autres paysages, de MM. Feszty,Mészœly,
André et Charles Marko, Spanjy, etc.;

1 ’Étable des brebis, de M. Pallik, méritent
au moins une mention en passant, puisque
la place nous manquerait pour une ana-
lyse complète.

Les salles spéciales à l’Autriche, où la
Pologne se trouve toutefois mêlée, comme
nous la retrouverons mêlée à la Russie et
à l’Allemagne, contiennent quelques toiles
de valeur, malheureusement écrasées, dès
l’entrée, par l’immense toile décorative
de M. HansMackært, Y Entrée de Charles
Quint dans Anvers, qui envahit à elle
seule presque tout un mur du salon prin-
cipal. Le jeune prince, couvert de soie,
de velours et d’or, bardé de fer, est à che-
val sur une belle bête dont la robe paraît
aussi d’un velours de couleur étrange;
l’expression de son visage (du visage du
prince, bien entendu) est l’ennui. Le
cortège s’avance au milieu des rues pavoi-
sées, sur un tapis de fleurs, précédé d’ar-
chers et de femmes nues conduisant le
cheval de ce héros surfait, dont l’œil ne
brillait qu’à table. Il y a là une foule
énorme, bariolée des plus vives couleurs,
une de ces foules comme on n’en voit
qu’en rêve : trois cents personnes tenant
aisément, en apparence, dans un espace à
peine suffisant pour vingt-cinq. Dans ce
tableau, où tout est conventionnel, pour
ne pas dire faux, M. Mackært a fait une
dépense de talent inouïe ; il paraît que le
succès répond à ses efforts : nous l’en fé-
licitons, et nous ne doutons pas qu’il ne
devienne un grand artiste. —M. Mackært
est encore jeune, pas assez pourtant pour
en être encore, comme un écrivain qui
débute, à répéter ses auteurs. Son Char-
les Quint est splendide, il éblouit; il ne
satisfait pas. Il paraît pourtant qu’il
satisfait le jury, qui l’a désigné pour la
médaille d’honneur.

Malgré l’écrasement qui résulte pour
les autres de cette toile formidable, nous
trouverions à signaler, le plus souvent à
de meilleurs titres, quelques tableaux
d’histoire et de genre, des paysages et des
portraits. Nous commencerons par deux
tableaux de Czermak, mort récemment :
Herzégoviniens rentrant dans leur village
dévasté par les irréguliers ottomans, et les
Funérailles d’un chef monténégrin à tra-
vers la montagne, scènes d’un effet sai-
sissant ; citons aussi deux toiles histo-
riques du représentant le plus autorisé
de la Pologne artiste, de M. Malejko,
directeur de 1 Académie de Cracovie :
 
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