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L’EXPOSITION AGRICOLE

La section française d’agriculture est
installée sur le quai d’Orsay, dans deux
galeries parallèles tardivement con-
struites, occupant chacune une superficie
de 10,000 mètres carrés et s’étendant du
pont de l’Alma à l’entrée du Champ-de-
Mars, c’est à dire à la naissance de l’ave-
nue de La Bourdonnaye. Cette double
galerie est coupée transversalement par
une allée de 2,000 mètres carrés de super-
ficie, décorée de statues d’animaux, et
dont le centre est occupé par la brasserie
Fanfa où les virtuoses tziganes se font en-
tendre à un certain moment du jour.

Des deux galeries de la section agricole,
l’une, celle qui longe le parapet, contient
les produits des champs les plus variés :
pommes de terre, betteraves, blés, seigles,
orges, avoines, maïs, chanvres, lins,
plantes oléagineuses, produits forestiers,
etc. ; expositions particulières, classées par
départements; expositions collectives des
comices et sociétés agricoles; expositions
des fermes-écoles et colonies agricoles
diverses, notamment de l’asile d’aliénés
de Saint-Robert, en Dauphiné, qui pré-
sente en outre toute une collection de
bas, gants, genouillères, etc., en fourrure
de lapin, pour la guérison des douleurs.
On y remarque aussi une étagère de bou-
teilles de champagne et une série de fioles
de vins des différents crus analysés par
M. Gautier-Laroze, de Clermont-Ferrand,
qui dévoile les vertus et les défauts de
chacun.

On trouve aussi dans cette galerie divers
appareils curieux, parmi lesquels nous ci-
terons la gaveuse artificielle pour en-
graisser la volaille en dépit qu’elle en ait,
un appareil à traire mécaniquement, un
autre à faire le beurre, et de petits outils
ingénieux pour découper artistement les
éléments d’une bonne julienne. Les des-
sins et modèles en relief d’exploitations
rurales y sont assez nombreux, mais ce
côté de l’Exposition nous a paru étonnam-
ment faible et les modèles exhibés un peu
fantaisistes en général.

Signalons enfin le chemin de fer agri-
cole de M. Cotelle, qui nous paraît appelé
à un grand avenir, grâce à sa simplicité
pratique et à son bon marché. Ce chemin
de fer se compose de câbles faisant office
de rails, supportés au-dessus du sol, à 12
ou 15 centimètres, au moyen de tra-
verses, et sur lesquels on fait rouler des
wagons ayant des roues à gorge. Une heure
suffit pour poser un kilomètre de voie
ainsi construite, une demi-heure pour
l’enlever, et le mètre de voie, pour les
usages agricoles, coûterait 1 fr. 50 envi-
ron; c’est, seulement le modèle de ce

L’EXPOSITION DE PARIS

chemin de fer qui se trouve ici, il faut
descendre sur la berge pour voir l’original
et assister à la manœuvre; et cela en vaut
la peine.

L’exposition du matériel agricole, qui
se trouve dans l’autre galerie, donne une
très-grande idée-des progrès accomplis
depuis quelques années seulement, non
pas précisément sous le rapport des per-
fectionnements apportés à la construction
des machines, mais, ce qui vaut beaucoup
mieux, quant au développement de cette
construction, qui indique l’emploi courant
des machines en agriculture. Naguère
encore, les constructeurs étaient en fort
petit nombre, et il existait à peine quel-
ques centres de construction sur toute la
surface du pays; aujourd’hui il y a des
constructeurs établis sur presque tous les
points de la France; s’ils s’y sont établis,
et pour faire des machines agricoles, c’est
qu’on y a besoin de ces machines, car
ici la demande doit nécessairement pré-
céder l’offre et y mettre même quelque
insistance. C’est donc le progrès des pro-
cédés mécaniques de culture plus que
celui de l’art de construire les machines
agricoles que nous avons à constater ici,
et nous n’en sommes fâché en aucune
façon.

Voici donc une quantité considérable
de charrues, de semoirs, de herses, de
rouleaux, de ratissoires et de houes à
cheval; des faucheuses, des faneuses, des
râteaux à cheval et des moissonneuses.
Lorsque ces derniers instruments ont fait
leur œuvre, c’est le moment de recourir
à la botteleuse de M. Guitton, de Corbeil,
que plus d’un visiteur non rural regarde
fonctionner avec un véritable plaisir.
Voici maintenant des batteuses de tous les
modèles, batteuses en long, batteuses en
travers; puis les tarares, puis les trieurs
de grain.

Différents modèles de pressoirs attirent
également notre attention ; nous signale-
rons tout particulièrement le très-ingé-
nieux appareil de M. Terrai des Chênes,
qui est nouveau, croyons-nous. Voici du
reste en quels termes M. P. Joigneaux,
qui est du métier, en a parlé dans le
Siècle :

« Il a pour principe la division du tra-
vail. Ainsi, au lieu de former avec les
raisins une seule masse que nous appe-
lons en Bourgogne un sac, et qu’il faut
tailler ou recouper, bâcher, rebâcher,
émietter et represser pour en exprimer
tout le jus, M. Terrai des Chênes s’y
prend d’une autre façon :

« Sur la maie ou plateau en fonte et à
compartiments de son pressoir, il place
des seaux en chêne, à claire-voie, solide-
ment cerclés en fer. Dans chaque seau, il a
versé 40 kilogrammes de raisins cylindrés.

Cela fait, le plateau de fonte, soumis à la
force hydraulique, s’élève vers le plateau
supérieur également en fonte et au revers
duquel sont fixés, en regard des seaux,
des espèces de cônes tronqués et ren-
versés. Ces cônes sont en bois dur ou en
fonte,

« A mesure que le plateau inférieur
monte et se rapproche du plateau supé-
rieur, les cônes entrent dans les seaux de
raisins, comme des pilons dans des mor-
tiers; ils achèvent l’écrasement et forcent
le moût à s’échapper. Après l’opération,
paraît-il, il ne reste plus de jus dans le
marc, et alors les seaux qui ont reçu la
pression sont enlevés et remplacés par
d’autres qui la reçoivent à leur tour. »

Nous rencontrons ensuite des appareils
pour l’échaudage des souches de vignes
attaquées par la pyrale, pour le décantage
et le collage des vins, des pompes à vin,
pompes à eau, pompes dè jardin, etc. Nous
ne saurions décrire par le menu tous les
objets formant cette exposition pleine
d’intérêt, mais qu’il faut être agriculteur
pour apprécier à sa valeur véritable.

Au bout de ces galeries, près de la passe-
relle conduisant au Champ-de-Mars, deux
petits pavillons sollicitent l’attention des
visiteurs : l’un abrite la couveuse artifi-
cielle dont un de nos collaborateurs a
parlé dans un précédent numéro; l’autre
est une fabrique de cidre de Normandie
qu’il est permis à un Bourguignon ou à
un Bordelais de dédaigner, mais dont un
Normand suivra toujours les opérations
avec intérêt, comme c’est son devoir.

O. Renaud.

LES MANUFACTURES DE L’ÉTAT

LE PAUILL0N DES TABACS

C’est dans le parc du Champ-de-Mars,
tout près du quai, en amont du pont d’iéna,
que se trouve ce curieux pavillon, espèce
de manufacture en petit de toute sorte de
tabacs, de cigares et de cigarettes. Pour
qu’on ne s’y puisse tromper, les panneaux
décoratifs de la façade sont ornés de
faïences peintes, représentant des feuilles
et des fleurs de tabac, et tout autour une
plantation de tabac en miniature a été
créée. Mais l’intérieur du pavillon, divisé
en deux salles distinctes, est plus intéres-
sant que l’extérieur.

La salle d’entrée est occupée par les ma-
chines en activité, l’autre contient les pro-
duits manufacturés : c’est l’atelier et le ma-
gasin. Dans l’atelier, on assiste à toutes les
opérations que subit le tabac avant d’être
livré à la consommation, sous forme de
tabac à fumer, à chiquer ou à priser, roulé
I en cigares, en cigarettes,'paqueté, etc.
 
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