Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
250

LÀ CARTE DE L’ÉTAT-MAJOR

L’exposition du ministère de la guerre,
au lieu d'occuper, comme en 1867, un
Bâtiment spécial ou plutôt deux baraques
du type adopté au camp de Châlons et qui
ne méritaient peut-être pas cet excès d’hon-
neur, est répartie dansles différentes classes
auxquelles ressortissent naturellement
les objets qui la composent. Une seule
exception a dû être faite pour la carte de
France dressée par nos officiers du dépôt
de la guerre, à cause de ses vastes dimen-
sions exigeant un emplacement particu-
lier que la classe 16 ne pouvait lui offrir.

On avait primitivement choisi, pour y
placer cette carte, le mur prolongé de la
galerie des machines françaises, du côté
de la porte de Tourville, vis-à-vis de l’ex-
trémité orientale de la galerie du travail
manuel; mais le trophée Laveissière l’eût
masquée complètement à la vue de la
plupart des visiteurs, de ceux venant à
travers cette dernière galerie, si fréquentée.
On imagina alors d’élever un mur sépa-
rant la galerie du travail de l’amorce de la
galerie des machines, et c’est sur ce mur
qu’ont été assemblées et encadrées ma-
gnifiquement les deux cent soixante-
quatre feuilles composant cette œuvre
splendide.

Le mur en question est percé de trois
larges baies formant arcades, afin que la
circulation ne soit pas entravée. C’est na-
turellement au-dessus de ces arcades, qui
ont près de 6 mètres de hauteur, qu’a été
placée la carte de l’état-major dont le
point nord touche presque aux corniches.
Elle a 12m,30 de hauteur sur 13m,20 de
base et occupe une surface de 180 mètres
carrés avec son cadre.

Cettecarte immense et magnifique, déjà
connue et admirée du public restreint
qui visita notre Exposition internationale
de géographie en 1875, a été dressée au
80,000e. Chef-d’œuvre de précision
et de relief dans le plus grand nombre
de ses feuilles isolées, elle a exigé un tra-
vail vraiment effrayant, de la part tant
des ingénieurs-géographes et des officiers
du corps d’état-major que des dessinateurs
et des graveurs du dépôt de la guerre. Et
combien sont morts avant d’en voir la fin!
— C’est en 1818 que les travaux ont été
commencés; depuis cette époque jusqu’en
1875, jusqu’aujourd’hui pour mieux dire,
ils ont été poursuivis en quelque sorte
sans interruption. Les frais de dessin et
degravureont été évalués à 20,000 francs
par chaque feuille, et l'on estime que
l’exécution totale, sans comprendre dans
ce chiffre le prix d’achat d’instruments de
topographie et de géodésie nécessaires,
divers autres frais matériels, les indem-

L’EXPOSITION DE PARIS

nités de déplacement et autres, a coûté
environ 4 millions de francs.

A l’Exposition de 1878, la carte de
l’état-major ne produit pas un effet à
beaucoup près aussi imposant que dans
la salle des États en 1875, où elle rece-
vait la lumière par le haut et était
placée d’une manière beaucoup plus favo-
rable de tout point. Il faut s’en éloigner
un peu, d’une soixantaine de pas, pour en
bien saisir l’ensemble et les détails des
lignes générales. Mais on avait à compter
avec les difficultés inhérentes à une expo-
sition générale ayant de telles propor-
tions, et il faut reconaître que tout ce qui
était possible a été fait.

Ajoutons toutefois que, si les détails
des régions septentrionales de la grande
carte de France échappent aux regards, il
en est un entre tous qui n’y échappe point :
c’est cette ligne rouge qui s’étend irrégu-
lièrement à l’est, retranchant du sol fran-
çais ses deux provinces d’Alsace et de Lor-
raine, comme pour rappeler les flots de
sang répandu avant d’en venir à ce sacri-
fice suprême.

Bien peu de visages français se tournent
vers ce point de la carte sans exprimer
une émotion 'poignante. Le souvenir de
cette perte et des malheurs qui l’ont
amenée n’est pas près de s’effacer de notre
mémoire. Ceux qui jugent à l’apparence
que le Français manque de patriotisme
se trompent singulièrement : la vérité est
qu’il n’est pas dans son humeur de faire
étalage de ses sentiments, —au contraire,
— et qu’il a plaisir à désorienter l’obser-
vateur superficiel. C’est un défaut de race.

A. Bitard.

LA MUSIQUE A L’EXPOSITION

LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE ANCIENS

AD TROCADÉRO

Les magnifiques et curieux instruments
de musique exposés au Trocadéro, dans la
galerie des Arts rétrospectifs, forment une
collection d’un genre tout particulier et
vraiment admirable qui vaut la peine
qu’on s’y arrête un moment.

Depuis un certain nombre d’années, le
goût des collections d’instruments de mu-
sique s’est singulièrement répandu, et non-
seulement les grands États de l’Europe ont
formé de superbes musées de ce genre,
mais de simples particuliers, des amateurs,
ont pris goût à ces collections, et en ont
réuni qui deviendront certainement célè-
bres et qui seront,par la suite, d’une
grande utilité pour l’histoire si intéressante
de la lutherie et de la facture instrumen-
tale. Avant Clapisson, dontlabelle réunion

d’instruments a formé le noyau primitif
du beau musée du Conservatoire de Paris,
on n’entendait guère parler ^d’amateurs
en ce genre. Pourtant j’ai vu, il y a une
dizaine d’années, dans une toute petite
ville de la Belgique, à Renaix, une très-
belle et nombreuse série d’instruments de
toute sorte qu’un notaire mélomane,
M. César Snoeck, avait su rassembler avec
beaucoup d’intelligence; elle est aujour-
d’hui bien plus nombreuse encore, et a
acquis une grande valeur. Depuis ce temps
on a formé à Vienne, au South-Kensinglon-
Museum de Londres, et au Conservaloire
de Bruxelles, des musées spéciaux très-im-
portants et d’une grande richesse. Mais,
comme je le disais, des particuliers se sont
mis de la partie, en tous pays, et font, sur
le marché européen, une concurrence ter-
rible aux collectionneurs officiels, aux
conservateurs de ces musées.

Je citerai, entre autres, M. Alexandre
Kraus, de Florence; M. Mahillon, facteur
à Bruxelles, qui, lui aussi, a exposé au
Trocadéro; puis, en France, M. Tolbecque,
dont la collection est une des plus impor-
tantes connues; M. Escosura, M. Loup.
M. Bonjour, et quelques autres.

L’exhibition instrumentale française du
Trocadéro ne contient guère moins de cent
cinquante pièces, toutes admirables par
leur beauté, leur richesse, leur conserva-
tion, et de ce nombre quarante appartien-
nent à M. Tolbecque, qui est un violoncel-
liste fort distingué, membre de la Société
des concerts du Conservatoire. Parmi ces
dernières, l’une des plus précieuses est un
merveilleux clavecin de Vincent Tibaut,
daté de 1679 ; viennent ensuite quatre po-
chettes charmantes, une belle basse de
viole de Baker, un alto de Médard, deux
jolies violes d’amour, un luth du-xvne siè-
cle, un superbe théorbe de Renault et
Châtelain, puis des guitares, des sistres,
des orgues, des flûles, des flageolets, et
enfin, comme curiosité rarissime, un cla-
vecin replié de Marius, qui inventait le mé-
canisme du' piano en France, tandis que
Cristofori l’inventait en Italie et Schrœter
en Allemagne.

Quelques spécimens extrêmement re-
marquables d’ancienne lutherie ont été
exposés par MM. Gallay (une basse de
viole incomparable), Chardon (une basse
de viole de Gaspar da Salo), Depret (une
basse de viole de Duiffoprugcar), Bonjour
(plusieurs violons d’Amati, de Joseph
Guarnerius, des altos de Rugger, de Ber-
gonzi et de Guadagnini, des violoncelles
de Stradivarius, de Bergonzi et de Rug-
gerj, de La Panouze (un violon de Guada-
gnini et un alto de Maggini), Garcin (un
violon de Stradivarius et un de Pierre Guar-
nerius), etc.

M. Mahillon a établi, dans la section
 
Annotationen