terre, qu'ainsi ils transfigurent sans la dissimuler (i). N'as-
sistons-nous pas à un spectacle analogue chez le Grec, qui
ne va jamais au delà de sa faculté prodigieuse d'ennoblir et
d'idéaliser la forme exclusivement physique, ce qui est la
marque indélébile de son réalisme étroit dans le domaine
de la vie pratique et de l'intérêt matériel? Chez le Français,
dont la mesure dans le rythme, tout en dissimulant son
absence de mesure dans les opinions, accuse l'incapacité
pour les grands essors lyriques? Chez l'Anglais, où, dans le
désordre grandiose du poème réagissant contre l'ordre puis-
sant de la vie pratique et domestique, persiste en les plus
libres, Swift, Hogarth, de Foë, Byron, Stevenson, Bernard
Shaw, parfois Shakespeare même, la hantise obstinée du
principe de moralité? Chez l'Allemand, dont la puissante
évasion musicale hors la monotonie de l'obéissance et l'épaisse
matérialité des mœurs, traîne après elle, dans l'empire des
sons, une obéissance absolue aux commandements de l'esprit
du plus indépendant des langages, et contraint le moins
matériel des langages à apporter aux forces dionysiaques —
appétits de table, appétits de sexe, appétits de guerre — leur
plus formidable appui?
L'Italien nous donne un spectacle encore plus impression-
nant. Il a inventé l'arabesque (2), dont la signification spiri-
tuelle est la plus profonde qui soit. Les Grecs l'avaient à
peine soupçonnée. Même on pourrait se demander si la forme
de leur fronton ne nous donne pas l'illusion qu'ils en con-
naissaient la vertu secrète, n'était le combat d' Olympie (3)
dont le statuaire a obéi au souci dominant d'une continuité
dans l'action qui se traduit par une continuité dans le geste
où les grands Italiens eussent reconnu leur préoccupation
dominante. Cependant, ce n'est là qu'une œuvre isolée.
Même individualisés, les Grecs disposaient encore du temple
et du mythe pour les unir. Chez les Italiens, au contraire,
dès le xive siècle, le mythe est attaqué, le temple ébranlé sur
ses bases mystiques, les dieux étrangers au catholicisme
(1) Fig. 24, 103 et 104.
(2) Fig. 48.
(3) Art Antique, p. 122.
— I22 —
sistons-nous pas à un spectacle analogue chez le Grec, qui
ne va jamais au delà de sa faculté prodigieuse d'ennoblir et
d'idéaliser la forme exclusivement physique, ce qui est la
marque indélébile de son réalisme étroit dans le domaine
de la vie pratique et de l'intérêt matériel? Chez le Français,
dont la mesure dans le rythme, tout en dissimulant son
absence de mesure dans les opinions, accuse l'incapacité
pour les grands essors lyriques? Chez l'Anglais, où, dans le
désordre grandiose du poème réagissant contre l'ordre puis-
sant de la vie pratique et domestique, persiste en les plus
libres, Swift, Hogarth, de Foë, Byron, Stevenson, Bernard
Shaw, parfois Shakespeare même, la hantise obstinée du
principe de moralité? Chez l'Allemand, dont la puissante
évasion musicale hors la monotonie de l'obéissance et l'épaisse
matérialité des mœurs, traîne après elle, dans l'empire des
sons, une obéissance absolue aux commandements de l'esprit
du plus indépendant des langages, et contraint le moins
matériel des langages à apporter aux forces dionysiaques —
appétits de table, appétits de sexe, appétits de guerre — leur
plus formidable appui?
L'Italien nous donne un spectacle encore plus impression-
nant. Il a inventé l'arabesque (2), dont la signification spiri-
tuelle est la plus profonde qui soit. Les Grecs l'avaient à
peine soupçonnée. Même on pourrait se demander si la forme
de leur fronton ne nous donne pas l'illusion qu'ils en con-
naissaient la vertu secrète, n'était le combat d' Olympie (3)
dont le statuaire a obéi au souci dominant d'une continuité
dans l'action qui se traduit par une continuité dans le geste
où les grands Italiens eussent reconnu leur préoccupation
dominante. Cependant, ce n'est là qu'une œuvre isolée.
Même individualisés, les Grecs disposaient encore du temple
et du mythe pour les unir. Chez les Italiens, au contraire,
dès le xive siècle, le mythe est attaqué, le temple ébranlé sur
ses bases mystiques, les dieux étrangers au catholicisme
(1) Fig. 24, 103 et 104.
(2) Fig. 48.
(3) Art Antique, p. 122.
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