stabilité immémoriale des civilisations noires se traduit
immédiatement dans ces sculptures rudimentaires, en ce
que jamais, à aucune époque, autant du moins que notre
ignorance de leur chronologie nous permette d'en juger, on
ne peut découvrir en elles la moindre velléité d'évolution
vers l'un des pôles d'expression collectif ou individuel du
sentiment de l'artiste. De ce point de vue, leur art est plus
libre encore que celui des Hindous, même peut-être des
Aztèques. Les cadences secrètes qui animent leurs centres
de réceptivité et de représentation entraînent et ordonnent
tout. Il n'y a plus là que des rapports rythmiques. Les bras,
les jambes peuvent être raccourcis, allongés, voire supprimés,
les organes, les accidents, les plis du visage disposés sans
respect pour leurs fonctions naturelles, l'ivresse musicale
qui incorpore au néant divin l'espèce et l'homme confondus
découvre au spectateur une réalité seconde absolument neuve.
Les masses plastiques se disposent autour de cette ivresse
même avec la liberté qu'apporte le musicien dans la con-
ception et l'expression de l'ordre qu'il impose aux masses
sonores. Pour le nègre plus que pour quiconque, la nature
n'est qu'un dictionnaire consulté avec autant de fièvre que
de candeur. Il y a des œuvres d'art plus hautes, mais non
pas de plus authentiques que celles-là qui, hors de toute
considération sociale, suffiraient à définir l'essence de
l'œuvre d'art.
IV
La peinture offre aussi, suivant l'époque, et la race, et
le peintre, des tendances prédominantes qui lui font revêtir
ici un aspect architectural, là un aspect sculptural (i), ail-
leurs une association étroite et harmonieuse de tous les élé-
ments plastiques dont elle est l'efflorescence dans le cœur
de l'individu. Partout, je ne me lasserai pas de le redire, c'est
(i) Fig. 52.
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immédiatement dans ces sculptures rudimentaires, en ce
que jamais, à aucune époque, autant du moins que notre
ignorance de leur chronologie nous permette d'en juger, on
ne peut découvrir en elles la moindre velléité d'évolution
vers l'un des pôles d'expression collectif ou individuel du
sentiment de l'artiste. De ce point de vue, leur art est plus
libre encore que celui des Hindous, même peut-être des
Aztèques. Les cadences secrètes qui animent leurs centres
de réceptivité et de représentation entraînent et ordonnent
tout. Il n'y a plus là que des rapports rythmiques. Les bras,
les jambes peuvent être raccourcis, allongés, voire supprimés,
les organes, les accidents, les plis du visage disposés sans
respect pour leurs fonctions naturelles, l'ivresse musicale
qui incorpore au néant divin l'espèce et l'homme confondus
découvre au spectateur une réalité seconde absolument neuve.
Les masses plastiques se disposent autour de cette ivresse
même avec la liberté qu'apporte le musicien dans la con-
ception et l'expression de l'ordre qu'il impose aux masses
sonores. Pour le nègre plus que pour quiconque, la nature
n'est qu'un dictionnaire consulté avec autant de fièvre que
de candeur. Il y a des œuvres d'art plus hautes, mais non
pas de plus authentiques que celles-là qui, hors de toute
considération sociale, suffiraient à définir l'essence de
l'œuvre d'art.
IV
La peinture offre aussi, suivant l'époque, et la race, et
le peintre, des tendances prédominantes qui lui font revêtir
ici un aspect architectural, là un aspect sculptural (i), ail-
leurs une association étroite et harmonieuse de tous les élé-
ments plastiques dont elle est l'efflorescence dans le cœur
de l'individu. Partout, je ne me lasserai pas de le redire, c'est
(i) Fig. 52.
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