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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0319
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et sur qui s'est greffe, sans être pénétré par elle, un art
hybride, héraldique et monarchique (i) dont tous les éléments
venaient d'Assyrie, d'Egypte, de Grèce, des Indes et qui n'a
jamais pris racine dans le sol. Celle d'une région voisine,
la Chaldée, l'Assyrie surtout, dont l'art direct, terrible (2),
s'est développé presque tout entier en dehors de l'esprit
religieux, le mythe inspirant seulement des monstres compo-
sites dont le caractère cruel souligne la violence des inspi-
rations coutumières, la chasse, la guerre, les supplices, bour-
reaux, victimes, vautours sur des charognes, hommes et
lions au combat. Celle de Rome, dont l'expression plastique
n'est qu'imitation et redites alors qu'une admirable archi-
tecture civile, cirques, théâtres, routes, aqueducs (3), affirme
la grandeur et la permanence d'un dessin où n'apparaît
aucune trace, aussi fugitive soit-elle, du sentiment religieux.
Cette architecture, de plus, se développe en pleine anarchie
mythique, au moment où le paganisme agonise, où le chris-
tianisme balbutie, où les nouveaux cultes d'Asie, titubant et
se coudoyant, envahissent confusément le monde latin qui
laisse faire : impressionnant maintien de l'unité et de la
majesté de l'esprit avançant seul, pour des fins d'ailleurs
utilitaires, comme un navire sur les flots.
Pourtant, il faut le dire. Quelque chose manque à cet art-là,
comme aussi à l'art grec surtout après Phidias, à l'art japo-
nais (4) qui se développe à peu près exclusivement en dehors
de la religion, à l'art européen depuis le xvie siècle, si l'on met
à part les âmes héroïques qui ont eu assez de continuité et
de constance dans l'effort pour supporter les colonnes du
temple et maintenir en eux une religion survivant aux formes
confessionnelles : Michel-Ange, Vinci, les symphonistes de
Venise, Rubens, Poussin, Rembrandt, Vélasquez, Watteau,
Goya, Delacroix, quelques autres. Mais même alors une
tristesse immense plane sur leur solitude. Réellement, à
l'heure où coïncide une fois — rien qu'une fois dans le déve-
(1) Art Antique, p. 87.
(2) Art Antique, p. 82.
(3) Art Antique, p. 176.
(4) Fig^ i°9.

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