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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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https://doi.org/10.11588/diglit.2794#0017
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Z' Année. — N" 131.

F>RIX : 5 CENTIMES

Uiarleville, le 12 Janvier 1916.

Gazette des Ardennes

JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT TROIS FOIS PAR SEMAINE
On s'abonne dans tous les bureaux de posta

MILITARISME

Le fameux « militariame », cette institution tant
exécrée contre laquelle l'Angleterre et ses auxiliaires
prétendent*défendre la « liberté » et la « civilisation »
européenne eBt aujourd'hui plue que jamais à l'ordre
du jour. Ne voyons-nous pas cette même Angleterre
en train de l'introduire chez elle, après avoir d'abord,
pendant dix-huit mois, laissé a ses alliés, et surtout à
la France, l'honneur de se faire saigner pour épargner
ce cauchemar bu bien-être britannique I

Comment donc I Pas plus tard qu'hier, la presse
française parluit avec emphase des succès stupéfiants
du ministre recruteur Lord Derby, et les revues il-
lustrées de Paris reproduisaient des tableaux imagi-
naires, illustrant dramatiquement la course effrénée de
la jeunesse anglaise vers les bureaux de recrutement.
Et voilà soudain qu'on nous apprend que toute cette
campagne ne fut qu'un « bluff » et que, pour amener
les célibataires anglais sous les drapeaux, où les pères
de famille français combattent depuis 18 mois, il va
falloir avoir recours à la contrainte I

11 n'est pas probable que l'Angleterre se soit de
plein gré décidée à cette mesure portant une si grave
atteinte à ses conceptions traditionnelles. Il est, au
contraire certain que sous la pression de l'opinion
publique, le gouvernement français, si docile pourtant,
a fini par ne plus croire aux promesses anglaises avec
cette même ingénuité qu'il montra au printemps passé
à l'égard de la fameuse armée Kitcbener. En effet, tous
les chiffres anglais lancé* plus ou moins officiellement
dans la presse française et européenne, étaient faux,
lift comprenaient tout particulièrement un grand
nombre d'hommes qui ne s'étaient engagés que pour
la fabrication de munitions ou pour le -«borne
service», c'est-à-dire le service en Angleterre. Mais
ces hommes-là ne comptent pas pour la France 1 Après
les terribles sacrifices qui lui ont été imposés jusqu'ici,
elle trouve que maintenant ce serait le tour de l'Angle-
terre.

„ Gare à II nouvelle illusion I Au printemps postA
on promettait aux soldats français l'arrivée prochaine
de la formidable armée Kitchener. Aujourd'hui, ce
•ont les « célibataires a anglais qu'on leur fait espérer j
mais ils peuvent être certain* qu'il passera de l'eau
sous les ponts et que beaucoup de sang français dev*a
encore couler — de ce sang déjà si rare I — avant que
le fameux «militarisme anglais» n'entre en action.
Qu'importe, si par sort nouveau bluff, lLAngleterre at-
teint une fois encore son but invariable, qui consiste
à faire combattre les autres 1 Et l'Angleterre se sent
encore bien sûre du gouvernement de Paris I

Notons toutefois, le fait que les ennemis de l'Alle-
magne ont fini par se rendre compte que ce militari*ma
qu'ils prétendaient combattre leur a joué un tour qu'ils
ne prévoyaient pas. Leur intrigue était basée sur un
faux calcul ; ils espéraient écraser, non point le milita-
risme prussion, mais la prospérité allemande snus leur
supériorité numérique, et voilà qu*ils s'aperçoivent
que ce fameux « militarisme « fait brillamment se*
preuves de fidèle gardien de l'existence et de la pros-
périté d'un peuple actif et laborieux. Et nous \o;ons
l'Angleterre obligée de mettre elle-même la main à la
pale du gâteau qu'elle espérait manger et.qui semble
se gâter, pour sauver ce qu'elle pourra de son prestige
chancelant, de ce prestige établi depuis des siècles sur
la discorde des autres.

Elle s'improvise «militariste». Mais c'est là une
de ces improvisations qui ne valent pas cher. On ne
crée pas du jour au lendemain une nation armée t On

FEUILLETON Dlî LA *GAZETTU DES AKDENNF.S»

Madame HAUBOURDIN

Par KARL B08NEK.

Mais ce jour-là. Madame Haubourdin fit appeler le
jardinier, et pour la première fois, elle lui parla des
Allemands. Elle demanda ce qui se passait là cn-bas,
puis elle vînt à parler des différents types d'officiers
qu'elle avait remarqués, et tout doucement et comme
par hasard, elle parla du ji une lieutenant.

Le froid vint- Malgré cela, elle descendait, elle res-
tait même plus longtemps an jardin. Et quand la
petite bête grelottait, elle la levait et la gardait serrée
contre, elle. Elle semblait attendre.

Quant à Baisen. il aurait tant aimé soitîr, faire la
causette en français. Mais le capitaine ne le lui avait-il
pas quasi défendu ? Un capitaine, mon Dieu, c'éluit
pour le jeune officier un si grand personnage 1

Presque tous les jours, Durand montait faire son
rappoil à Madame.

Une fois, elle lui dit: «Le pauvre Jules I....
DiU-s donc, Durand, ne trouvez-vous pas que ce petit
Bnitettant rappelle un peu notre pauvre petit P »

Durand n'avait pas remarqué cette ressemblante.
Une autre fois, quand elle traversa le coriidor,
Baifien passa. Elle luissa tomber son mouchoir. Vive-
ment, il le ramassa et le lui rendit. Mais au même mu-

peut d'ailleurs être sûr que l'Angleterre n'eût pas songé
à contraindre même ses précieux célibataires, si elle
ne se sentait menacée dans ses intérêts les plus vitaux.
Les décisions prises par le gouvernement de Londres
s'inspirent, certes, beaucoup moins du désir de libérer
la France et la Belgique, que do celui de conserver
l'Egypte et les Indes. C'est là-bas que regarde l'in-
quiétude anglaise, c'est là-bar qu'elle enverra ses
premiers célibataires improvisés soldats, et le poilu
français dans les tranchées d'Argonne et de Cham-
pagne ne sentira donc certainement pas avant long-
temps sa tâche allégée par le camarade anglais dont d
a fait, jusqu'ici, pour une bonne part la besogne I

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand Quartier général, le 8 janvier 1910.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.
L'activité de combat fut défavorablement influencée
par le temps sur la plus grande_partic du front»

Au sud du HartmannswcUerkopf, nous avons ar-
raché aux Français un bout de tranchée par une pous-
sée imprévue* Plus de Co chasseurs tombèrent pri-
sonniers entre nos mains.

Th'éâtre de la guerre à l'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans.

Aucun événement important.

Grand Quartier général, le 9 janvier 1916.
Théâtre de ta guerre à l'Ouest.
Au sud du Hartmannsweilerkopf, tu Hirzstein,
nous réussimes hier à reconquérir la dernière tranchée,
tombée aux mains de l'ennemi le ai décembre ; nous
avons fait prisonniers, à cette occasion, ao officiers et
i,o83 chasseurs et pris i5 mitrailleuses.

Théâtre de la guerre à l'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans.
La situation est sans changement.'

Grand Quartier général, le 10 janvier 1010.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.
Au nord-ouest de Massigcs, dans la contrée de la
ferme Maison de Champagne, des attaques de nos trou-
pes aboutirent à enlever de* postes d'observation enne-
mis et des tranchées sur une étendue de plusieurs
centaines de mètres. 423 Français, parmi lesquels
7 officiers, 5 mitrailleuses, un grand et un petit lance-
mines tombèrent entre nos mains. Une contre-attaque
française, à l'est de la ferme,, échoua. "

Une escadrille allemande d'avions attaqua les
installations d'étape ennemies à Fumes.

Théâtre de la guerre à l'Est.

La situation est en général sans changement.
Près de Bcrcstiany la poussée d'un fort détachement
russe fut rejetéc.

Théâtre de la guerre aux Balkans.
Rien de nouveau.

—*-♦----

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Paris, 3 janvier 1010, soir.

En Belgique, notre artillerie a continué a se montrer
active. Ses batteries, de concert avec l'artillerie belge, ont
exécuté, sur une batterie ennemie repérée a l'est de Saint-
Georges, un tir qui a paru efficace. . .

A l'est de Boestnghe et dans la région de Steenstiaete,
nous avons cononné avec succès les organisations ennerucs.

Au sud de la Somme, bombardement des tranchées alle-
mandes de première ligne, près de Duinpiene. Un convoi
de ravitaillement, pus sous notre feu, dans la région d'HolIu,
sud de Ciiaulnes, s'est dispersé.

ment, le capitaine entra. Et il salua madame si froide-
ment, que le jeune lieutenant, tout décontenancé, ne
sut plus que dire :

u Excusez, Madame)). Le mot «mouchoir», de
frayeur, lut avait échappé.

A la Saint-Sylvestre, Durand fut envoyé chez le
major avec la commission, que tout le Champagne, qui
reposait dans la cave des Haubourdin, était à la disposi-
tion de ces messieurs. Le major très sensible à celle
amubihtéi ajouta à sa lettre de bonne année, qu'il ac-
ceptait, avec tous ses remerciements, l'offre pour les
blessés dans les hôpitaux.

Puis, quelque temps, on n'entendit plus rien de
Madame Haubourdin. Mais il parait que régulièrement
elle questionnait Durand-

A partir de la mi-janvier, le jeune lieutenant n'ap-
purut plus au casino. 11 était là-bas, dans les tranchées.

Et c'est à Hollebekc qu'il fut blessé. Oh, un rien,
une balle dans le poumon. Il respirait encore. Mais le
premier médecin qui l'ausculta, secoua la tète. Serait-
ce gtave, très grave même ? Il fut transpûi té à
l'hospice des vieillards. On l'étend sur le dos. Qu'il
ne bouge pas I Comment bouger P II ne le pourrait
pas, il ert cloué l.t, épuise, exténué. Et des tiraillcun uts
singuliers lui passent par le corps.

Cet accident était arrivé le matin. Au casino, les
officiers en parlèieut. Une ordonnance l'ayant entendu
au vol, un quart d'heure plus tard, Durand en apporta
lu nouvelle à Madame Haubourdin.

Ces messieurs prenaient encore le café, quand on
vint l'annoncer. Elle débirait parler tu major. Dans
lu petite chambre, à coté de la salle à -manger, la

En Champagne, une nouvelle attaque à la grenade,
dirigée sur nos positions, n l'ouest de Tahure, a échoué.

Dans les Vosges, duel d'artillerie assez intense dans lé
secteur du lin nteia.

Paria, 4 janvier 1916, 3 heures.
Aucun événement important a signaler au cours de la

m

Dans la soirée d'hier, notre artillerie a démoli, en lisière
d'Aodéchy (région de Roje), une maison où étaient abritées
des mitrailleuses.

Paris, 4 janvier 1910, aoir.

En Artois, notre artillerie a couse, des pertes sensibles
A des gioupes de travailleurs ennemis dans le secteur de
Thetus, nord d'Arras.

Nos batteries ont exécuté un tir violent sur des troupes
allemandes aperçues dans des faubourgs de Roye.

Dans les Vosges, tirs efficaces sur les ouvrages ennemis
de la région de Balschvviller, au nord-ouest d'Altkirch ; les
tranchées adverses ont été bouleversées ; un dépôt de muni-
lions a sauté.

Armée d'Orient. — Des détachements bulgares ont pillé
quelques villages de la frontière grecque.

Picn a signaler sur notre front,

Paris, 5 janvier 1316, 3 heure». •

Au cours de la nuit, après un bombardement violent,
les 'Allemands ont prononcé une assez forte attaque contre
nos tranchées, entre la cote 193 et la butte de Tatrure.

Ils ont Clé complément repousses.

Aucun événement important sur le reste du front
Paria, 5 janvier 1016, soir.

tntre Baissons et Reims, notre artillerie a pris à partie
le* Wterics adverses et causé des dégâts importants aui
ouvrages ennemis de la région au nord-est de Vailly.

En Champagne, nous avons exécuté sur divers points
sensibles du front ennemi des tus de destruction qui ont
bouleversé les tranchées allemandes et provoqué l'explosion
des dépôts de munitions.

Paiia, 0 janvier 1916, 3 heurci.
Au cours de la nuit, faible activité de l'artillerie. •
En Artois, aux abords de la roule de Lille, l'ennemi a fait

aauiter une mine dont il n'a pu occuper l'entonnoir.

Entre l'Oise et l'Aisne, nous avons pris sous notre feu des

patrouilles ennemies et des travailleurs occupés a réparer

les tranchées.

En Champagne, le bombardement exécuté hier par nos
batteries aur divers points du front ennemi a été parti-
culièrement efficace a l'ouest de Maisons-de-Champagne où
de* tranchées allemandes ont été comblées.

le Service obligatoire îles Célibataires anglais

La séance de la Chambre des Commune» du 5 janvier
était peut-être la plus importante qui ait ,élé tenue par les
Paiements anglais depuis le début de la guerre. .Nous en
donnons un résumé d'uprè* les dépêche* officielles :

Répondant a une question, M. Teima.nl donne les chif-
fres des perles anglaises en France du aa septembre au 8 oc-
tobre iqi5, soit ii,ii8 tuées, 3o,3S3 blessés et n,i65 man-
quants.

Ensuite M. Asqaith déposa le projet de loi sur le servies
obligatoire des célibataire», projet basé aur le résultat de
la fameuse n campsgnc Derby ». D'après le rapport officiel
3 millions d'homme» auraient offert volontairement leurs
service» au paya, dont un demi-million d'hommes furent
reconnus inapte» au lervice. M. Asquith trouve la statistique
excellente : u Elle convaincra à la fois nos amis et nos enne-
mi» que nous avons mi» tout notre cœur dans cette guerre».
Nos lecteurs se rappellent que malgré le résultat s encou-
rageant » de la campagne Derby et malgré ces belles pa-
role» d'Asquith on a reconnu en Angleterre et en France
l'échec complet du système. Qu'on pense par exemple aux
65a,ooo embusqué» célibataire». En outre de» centimes de
i.iliti- hommes mariés ont accompli le beau geste de s'en-
rôler uniquement parce qu'on avait donné la promesse for-
melle de le» libérer s'il y avait assez de célibataires. Mais
o'cs,t justement ceux-là qui ont fuit défaut et qu'on devra
eniVlcr de force !

jEcoutona M. Asquïth :

m Le projet de loi vise strictement les célibataires. H est
le Renouvellement de lft promesse que j'ai faîte, au moment

singulière rencontre eut lieu- La vieille dame avait les
laïques aux yeux, et ses belles mains tremblaient, ner-
veuses et inquiètes.

. n Comment va donc cet enfant, ce jeune officier P
Nous avons dans la maison tout un étage de libre. Et
de'si bons lits I Pourquoi le hisser là-bas entre les
quatre murs d'une chambre d'hôpital ? Moi-même,
je veux le soigner, cet enfant I »

; Le major déclara qu'à son regret cela ne lui semblait
pot faisable.

' Alors, elle se mit à pleurer. Elle perdit toute conte-
nance. Et on entendit sa complainte : «cette guerre,
celte guerre meurtrière lui avait enlevé tous les siens,
eljè était seule au monde ; mais comment vivre, sans
avoir quelqu'un à qui se dévouer ? On meurt dans la
solitude, n

| Le médecin-major, qui survint, lui expliqua l'im-
possibilité de transférer le blessé sans compromettre
sa* vie.

^ «Ne pourrais-je pas du moins aller le voir ?»
« Mais si. Quelques instants. »

Et le jour même, Madame Haubourdin, pour la
première fois depuis trois mois, traversa le seuil de la
maison, les bras chaigés de fleurs, dont elle avait
dépouillé ses sciics. Llle en l >u\ rit le lit du blessé à
l'hôpital. Le doigt sur les le.'. ies, pour lui commander
litence, elle le contempla. Puia elle repartit.

A la maison, elle raconta à Durand : « Mun Dieut
qu'il était pâle 1 Maintenant, c'est tout à fuit Jules l.„
Et j'en ai vu encore d'uutres. Sans uni/ormes, couchés
dans leurs lits blancs, ils n'ont plus du tout l'air en-
nemi. On oublie que ce sont dca Allemands' a

où de nombreux hommes mariés anxieux de »crvir leur pty»
désiraient cependant que les célibataires soient appelés avant
eux. Si celte assurance ne leur avait pas été donnée la cam-
pagne de recrutement eût complètement échoué. Où en
•erions-nou» maintenant ? (/Ippluudijjemenfj.) Je crois
que le nombre des célibataires n'ayant pas répondu à l'ap-
pel cal considérable, u

Lè, l'orateur u dit la vérité. Ensuite il donne les ligne»
priucipalea du projet :

« Tous lca célibataire» ou veufs sans enfants, entre 18 et
41 ans, ne possédant aucun motif d'exemption, »eronl con-,
■ïdéré» comme s'étant engagés pour la durée de la guerre,
à partir du jour fixé pour l'appel. La loi entrera en vigueur
quttorze jours après la sanction royale et la date définitive
sera fixée vingt-deux jour» après la sanction royale, c'est-
à-dire dans à peu pré» cinq semaine». Le» territoriaux qui
se sont engagés pour la défense de la métropole tombent
sous le coup de la loi. Des exemption» »eronl accordée* aux
homme» qui sonl occupés dan» tes industries d'intérêt na-
tional, t ceux qui ont charge de famille et à ceux qui »e
croient dtna l'impossibilité de combattre par raison de
conscience. Des tribunaux spéciaux seront institués pour
juger tout ces cas et empêcher quiconque de se dérober. Le
système Derby ne t'appliquait pas à l'Irlande, en conté-
quence le projet de loi ne vise également pas ce pays. »

Vient une admonestation sévère tux embusqué» :

« Je demande au Parlement et tu pays si l'on peut
éprouver quelque sympathie pour les hommes, pour la
plupart jeune», qui, ne possédant aucune raison d'cxem3
Uou, sont cause dé la création d'une loi ipéciale pour les
obliger à remplir ce que chacun estime être une obligation
morale durant la période critique que traverse l'histoire. »

M. Atquith termina par une communication qm pro-
voqua l'hilarité générale :

ii J'eapèrc toujour» d'tilleura que la conscription tell*
qu'elle est comprise dans le projet de loi restera lettre

morte. i>

Il ajouta encore que la campagne de recrutement con-
tinuera et que les autorité» militaires permettront aux jo»
lontairea retardataire» de s'enrôler d'après l'ancien système.
Qu'un ministre tout en défendant une loi ajoute en même
temps « j'espère qu'elle restera lettre morte a, voilà du
nouveau I « Pourquoi alors lt loi u, a'écria-t-on.

Après M. Aiquith, M. Simon »'e»t levé et a exprimé ses
regrets de quitter le gouvernement. Il a ajouté :

« Je considère le volontariat comme le principe vital de
notre vie nationale et plusieurs ministres encore sur le banc
du gouvernement partagent mes vues à ce sujet. D'ailleurs,
la question de principe iniae à part, personne ne peut dire
actuellement combien de jeunes gens sont restés en arrière
sans excuse et je regrette que le projet ait été introduit
avant que l'on ait pu voir si ce» jeune» gens constituent ou
non une minorité négligeable. Si ce projet passe, et bien
que j'opère qu'il ne passera pas, je ne terai jamais du côté
de ceux qui lui opposeront une résistance violente, u

Sir Simon termina :

» Le principe du aetrrjcc obligatoire une fois adopté, on
ne s'arrêtera plus. "3 ssr t! muit pas faire l'honneur tu

mililariimc prussien d'imiter ses institutions le» plus détes-
tables. » -

Parmi les autres discours relevons encore celui du gé-
néral Seely :

« Puisque le gouvernement vous dit que la mesure est
un des moyens de remporter la victoire, il vous incombe de

■la .voter.

H Pensez aussi à lt France, la grande-nation amie : let
BOuffrtnce» de la France, dans cette guerre sont intentes.
Pour chaijuo lover britannique plongé dans le deuil. Il y a
au moins dix foyers français dans la douleur. La guerre
t dévasté plusieurs beaux départements de la France. La
France t combattu avec un courage indomptable qu'il est
impossible de décrire. Le» Français ont trouvé que le ser-
vice obligttoire était une nécessité pour organiser la nation.
Il est de notre devoir de considérer si, par quelque action
de notre part, il nous est possible d'aider le» Françaî» dans
celle lutte acharnée.. »

M. Redmond déclare qu' « à son plu» grand regret » le
groupe irlandais ne votera pu» le bill. M. Dillon combat

Le jour suivant, elle y retourna. Elle avait emporté
son netlt chien, elle le tendit au blessé, qui, avec un
sourire, se souleva un peu et de sea mains émaciéei
caressa la bêle.

Pendant toute la convalescence, elle vint ainsi à
son lit. Et elle lui parla de son gendre tombé à Namur,;
et de Jules, qui avait dix-huit ans comme lui. Et elle
lui parla de sa mère, et de toutes les mères. Lui ré-
pondait de son mieux, dans un français dont elle corn
rigeait doucement lés fautes.

Llle s'aventura aussi dans les autres salles de l'hôpi-
tal . Et, prenant intérêt aux malades, elle leur parlait*
elle leur apportait du linge, du vin fin et des fruits*
Et quand le jeune lieutenant, étant remis, rentra chex
lui en congé, elle continua pourtant ses visites. Car
il faut avoir quelqu'un à qui se dévouer, on meurt
dans la solitude.

Voilà plus d'un an que ce corps d'armée se bat tuf
l'Ysère et que le casino est installé dans la maison de
Madame Haubourdin. Mais elle n'y est plus que rare-
ment. De bon matin, elle sort déjà en robe de aoie
noire, le petit chien sous le bras. Quand le canon tonne
au loin, elle soupire : « Les pauvres. » Si, en passant
.par le jardin, elle voit des ofDciers attablés dans la
salle à manger, elle salue poliment. Et son chemin
toujours la mène à l'hôpital. Dca blessés allemands,
anglais, belges, y sont mêlés, lit à lit. dans les grandea
salles. Et elle va de l'un à l'autre, elle les soigne tous,
sons faire de différence.

FIN
 
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