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Hulot, Jean [Ill.]; Fougères, Gustave [Ill.]
Sélinonte: la ville, l'acropole et les temples ; [Colonie dorienne en Sicile] — Paris, 1910

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https://doi.org/10.11588/diglit.6832#0149
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DE 25o AVANT J.-C. JUSQU'A NOS JOURS i33

déplacement latéral, par un glissement horizontal de la base, du nord au sud, qui
aurait déterminé le branle de l'énorme entablement vers le nord. Tout autre
est l'effondrement confus et lourd du temple G, dont la masse, au lieu de
s'écarteler par le haut, s'est affaissée sur elle-même, en tas informe. Est-ce l'effet
d'une secousse de bas en haut, ou bien de la structure hypèthre du temple, dont
le vide intérieur pouvait attirer vers le centre la dislocation ?

Le temple E a fait une chute plus dramatique et plus pittoresque : il s'est
disloqué par le faîte, éparpillant sur trois côtés les murs de sa cella et les tambours
de son péristyle. Seul l'ante nord-est du pronaos s'est maintenue ferme à son
poste et continue à étançonner une poussée chaotique de blocs qui semblent
l'assaillir comme des vagues à l'assaut d'un phare. Ici, l'hypothèse de la secousse
« sussultoire » a pour elle les apparences'.

Deux questions se posent au sujet de cette catastrophe. S'est-elle produite en
une seule fois, et tous les temples sont-ils tombés au même moment, ou bien
doit-on admettre une série de secousses et de chutes successives, réparties sur un
assez long espace de temps? Enfin, quelle est la date approximative du cataclysme?
La réponse à la première question ne pourrait être donnée que par des hommes
de science, après une étude attentive des monuments, étude qui n'a pas encore
été faite. Quant à la date de l'effondrement, le groupe de l'Acropole fournit
quelques indices chronologiques. La chute des temples C et D est sûrement
postérieure à l'existence du hameau chrétien, dont les masures ont été écrasées
par leurs colonnes : on voit encore des tambours suspendus sur les débris des
maisons. Donc, c'est après le vc siècle de notre ère que le tremblement de terre
a eu lieu. D'autre part, sur les ruines des temples écroulés, un nouveau village
s'est installé. On a retrouvé, près de l'angle nord-est du temple C, un cimetière
chrétien évidemment postérieur à la chute du temple, puisqu'on a employé en
guise de dalles funéraires deux fragments de l'architrave angulaire, sur lesquels
ont été sculptées deux croix byzantines et une croix latine2; les tombes contenaient
de la poterie sans ornements. L'usage de la croix grecque a survécu en Sicile après
la domination byzantine; il persista jusqu'à la conquête normande; on le retrouve
dans les églises normandes de la région, notamment dans l'église de la Trinità
di Délia, près de Castelvetrano\ Fazello et d'Orville ont vu, sur le temple C, les
restes d'un édifice rond à coupole, qui ne peut avoir été que la chapelle byzantine 1
de ce village. Le temple D fut aussi habité et transformé en refuge fortifié à l'aide
des matériaux empruntés au temple lui-même5; à côté, un autre cimetière renfer-

1. Voir la photographie, p. 10 et la gravure de Houel en tête du chapitre.

2. Cavallari. Alli dei Lincei, 1882, p. 464.

5. Cavallari. Archivio stonco sied., 1883, VU, p, 105. — Patricolo. Ibid., 1880, V, p. ^2.

4. Fazello. De reb. sicul., p. 147. — D'Orville. Sicula, I, p. 69.

5. Cavallari. Bullettino di antieh. in Sieilia, 1871, IV, p. 16, 17; 1874, VII. p. 14.

SELINONTE.

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