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Friedrich
L' Antimachiavel ou examen du Prince de Machiavel — München, 1922

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https://doi.org/10.11588/diglit.41521#0013
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CHAPITRE I.
~ Lorsquon veut raisonner juéie, il faut commencer par approfondir la nature du sujet
dont on veut parler, il faut remonter jusqu à l’origine des choses pour en connaître,
autant que l’on peut, les premiers principes; il eû facile alors d'en déduire les pro-
grès et toutes les conséquences qui peuvent s’ensuivre. Avant de marquer les différen-
ces des Ctats, IHachiavel aurait dû, ce me semble; examiner l’origine des princes, et
discuter les rai sort s què ont pu engager des hommes libres à se donner des maîtres.
Peut-être qu'il naurait pas convenu, dans un livre où l’on se proposait de dogma-
tiser le crime et la tyrannie, de faire mention de ce qui devrait la détruire; il y aurait
eu mauvaise grâce à TÏ2achiavel de dire que les peuples ont trouvé nécessaire, pour
leur repos et leur conservation, d’avoir des juges pour régler leurs différends, des pro-
teéteurs pour les maintenir contre leurs ennemis dans la possession de leurs biens, des
souverains pour réunir tous leurs différents intérêts en un seul intérêt commun; qu'ils
ont d’abord choisi, d’entre eux, ceux qu'ils ont crus les plus sages, les plus équitables,
les plus désintéressés, les plus humains, les plus vaillants, pour les gouverner.
C’esê donc la justice, aurait-on dit, qui doit faire le principal objet d’un souverain;
c’eét donc le bien des peuples qu'il gouverne qu'il doit préférer à tout autre intérêt.
Que deviennent alors ces idées d’intérêt, de grandeur, d’ambition et de despotisme/
Il se trouve que le souverain, bien loin d’être le maître absolu des peuples qui sont
sous sa domination, n en esi lui-même que le premier domestique.
Comme je me suis proposé de réfuter ces principes pernicieux en détail, je me réserve
d’en parler à mesure que la matière de chaque chapitre m en fournira l’occasion.
Je dois cependant dire, en général, que ce que j’ai rapporté de l’origine des souverains
rend l’aétion des usurpateurs plus atroce qu elle ne le serait en ne considérant simple-
ment que leur violence, puisqu’ ils contreviennent entièrement à l’intention des peup-
les, qui se sont donné des souverains pour qu'ils les protègent, et qui ne se sont soumis
qu’à cette condition; au lieu qu’en obéissant à l’usurpateur, ils se sacrifient, eux et
tous leurs biens, pour assouvir l’avarice et tous les caprices d’un tyran. Il n’y a donc

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