DOI Heft:
1re Série
DOI Artikel:Préface
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.55261#0011
PRÉFACE
l se produit en ce moment un fait capital dans l’histoire de la peinture contem-
poraine. Nous le signalerons ici, brièvement, en laissant au lecteur le soin d’en tirer
les conséquences immédiates.
L’Exposition universelle de 1878 nous montre brutalement cette vérité : la pein-
ture de l’École, la peinture des traditions, est non pas mourante, mais morte; tout ce qui de prés
ou de loin touche à l’enseignement classique est fini, usé, démodé comme tout ce qui est arti-
ficiel. Il ne s’agit pas de s’attarder à des regrets inutiles, il faut plutôt se réjouir de voir triom-
pher cette idée, admise depuis longtemps par nos meilleurs artistes, mais repoussée jusqu’à présent
par le public. La chose ne s’est pas faite en un instant. L’art officiel, bien apparenté, bien doté,
soutenu par une camaraderie puissante, s’est défendu avec l’énergie désespérée des mauvaises
causes. Mais enfin il n’est pas d’idée fausse, si fausse quelle soit, qui ne finisse par succomber.
Aujourd’hui la débâcle commence et tous les prix d’honneur de la terre n’y changeront rien.
Rendons justice, en passant, aux impressionnistes, dont les témérités n’ont pas nui à cette chute de
l’art classique. Ils n’ont pas remplacé, il est vrai, ce qu’ils ont voulu détruire, mais leurs tenta-
tives ont été fécondes en ce sens que plus d’un artiste, dans la solitude de l’atelier, s’est senti
troublé et s’est dit qu’aprés tout, ces jeunes réformateurs n’étaient pas aussi loin de la vérité que
d’aucuns le prétendaient.
Donc, nous assistons en ce moment à une révolution dans l’art. Si les nouvelles formules
ne sont pas encore trouvées, il est facile de voir ce qu’elles devront être : un retour complet à
la nature.
La sculpture, dans ce mouvement considérable, tient la tête.
Nos sculpteurs, tout imprégnés du souvenir des grands Florentins du XVe siècle, ont cherché
leurs inspirations aux mêmes sources qu’eux et, comme Ghiberti, Donatello, Mino da Fiesole
étaient des réalistes, au sens moderne du mot, les nôtres, guidés par ces maîtres vénérables, sont
revenus à la grande maîtresse de tout art, la nature. Les résultats ont été ce que 1 on sait. Notre
l se produit en ce moment un fait capital dans l’histoire de la peinture contem-
poraine. Nous le signalerons ici, brièvement, en laissant au lecteur le soin d’en tirer
les conséquences immédiates.
L’Exposition universelle de 1878 nous montre brutalement cette vérité : la pein-
ture de l’École, la peinture des traditions, est non pas mourante, mais morte; tout ce qui de prés
ou de loin touche à l’enseignement classique est fini, usé, démodé comme tout ce qui est arti-
ficiel. Il ne s’agit pas de s’attarder à des regrets inutiles, il faut plutôt se réjouir de voir triom-
pher cette idée, admise depuis longtemps par nos meilleurs artistes, mais repoussée jusqu’à présent
par le public. La chose ne s’est pas faite en un instant. L’art officiel, bien apparenté, bien doté,
soutenu par une camaraderie puissante, s’est défendu avec l’énergie désespérée des mauvaises
causes. Mais enfin il n’est pas d’idée fausse, si fausse quelle soit, qui ne finisse par succomber.
Aujourd’hui la débâcle commence et tous les prix d’honneur de la terre n’y changeront rien.
Rendons justice, en passant, aux impressionnistes, dont les témérités n’ont pas nui à cette chute de
l’art classique. Ils n’ont pas remplacé, il est vrai, ce qu’ils ont voulu détruire, mais leurs tenta-
tives ont été fécondes en ce sens que plus d’un artiste, dans la solitude de l’atelier, s’est senti
troublé et s’est dit qu’aprés tout, ces jeunes réformateurs n’étaient pas aussi loin de la vérité que
d’aucuns le prétendaient.
Donc, nous assistons en ce moment à une révolution dans l’art. Si les nouvelles formules
ne sont pas encore trouvées, il est facile de voir ce qu’elles devront être : un retour complet à
la nature.
La sculpture, dans ce mouvement considérable, tient la tête.
Nos sculpteurs, tout imprégnés du souvenir des grands Florentins du XVe siècle, ont cherché
leurs inspirations aux mêmes sources qu’eux et, comme Ghiberti, Donatello, Mino da Fiesole
étaient des réalistes, au sens moderne du mot, les nôtres, guidés par ces maîtres vénérables, sont
revenus à la grande maîtresse de tout art, la nature. Les résultats ont été ce que 1 on sait. Notre