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AUTOGRAPHE DE RASPAIL, ADRESSÉ A MADAME EDGAR QUINET A L’OCCASION DU MONUMENT A ÉLEVER A SON MARI.



C


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F.-V. RASPAIL

e 12 janvier, la veille des funérailles de François-
Vincent Raspail, nous nous trouvions à Arcueil
dans la maison où est mort, presque subitement
à l’âge de 84 ans, l’illustre et savant démocrate.
Là nous avons été témoin d’une scène qui ne
s’effacera jamais de notre mémoire et dont le
récit pur et simple vaut la plus éloquente oraison funèbre. En
même temps que nous, était entré un homme paraissant âgé d’une
cinquantaine d’années et vêtu d’un costume d’ouvrier aisé. Il
avait hésité un instant à franchir le seuil de cette maison qui ne
devait point cependant lui être tout à fait inconnue. L’invitation
très-polie d’un domestique l’enhardit. Il s’avança, mais craintive-
ment. Nous lui offrîmes la plume qui venait de nous servir à
inscrire notre nom sur un registre volumineux, tout couvert de
signatures diverses, signatures d’hommes politiques, de négo-


ciants, d’ouvriers, d’étrangers de distinction, d’inconnus, etc.
Il essaya de signer, mais sa main tremblait convulsivement. Une
femme mise avec distinction venait d’entrer; il lui remit la plume.
Le cercueil contenant les restes mortels de Raspail était déposé
au milieu du grand salon de la villa, recouvert de couronnes colos-
sales et de bouquets de roses, de violettes, d’immortelles de toutes
dimensions. L’ouvrier s’arrêta à la porte du salon; après avoir
considéré un instant, avec un regard triste, le cercueil, il se mit à
pleurer silencieusement. Deux ouvrières entrèrent, en se signant
avec dévotion, et s’agenouillèrent près d’une vaste couronne
d’immortelles envoyée par une loge maçonnique de Paris, mur-
murant une prière pour le savant philanthrope dont les dernières
paroles ont été : « Mes enfants, je meurs en libre-penseur comme
j’ai toujours vécu. » Nous sortîmes du salon pour rendre une
visite à un membre de la famille. A notre départ, une demi-heure
 
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