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annuelle, le. Manuel de la Santé, au sujet de laquelle plusieurs
médecins, irrités des succès de la nouvelle méthode, intentèrent
à Raspail des procès pour exercice illégal de la médecine.
« A cette époque, écrivait Raspail en 1874, j’étais réclamé par
mes malades. J’avais jusqu’à cent soixante consultations par jour,
rue Culture-Sainte-Catherine. J’étais recherché par tous les grands
seigneurs de la terre. On m’offrait de l’argent. Je refusais, et
quand on s’obstinait à payer, je répondais : « Tenez, voi'ci l’a¬
dresse d’un malade malheureux, allez vous-même lui porter de
l’argent, et vous verrez ce que c’est que la souffrance. »
Malgré ses condamnations, Raspail continuait toujours à exercer.
Ses adversaires durent s’y résoudre en désespoir de cause. La
mode s’empara de son système, et, à partir de cette époque, dans
toute la France et même en Europe, dans les grandes villes comme
dans le plus petit village, le camphre fut employé pour le traite-
ment de toutes les maladies.

Ses innovations scientifiques lui attirèrent l’hostilité implacable
du monde savant, qu’il paya d’ailleurs de retour. De Candolle,
Arago, Cuvier entr’autres étaient ses bêtes noires. L’Institut lui
tenait rigueur et accueillait ses communications et ses ouvrages
par un silence dédaigneux. Seul Geoffroy-Saint-Hilaire rendit un
jour un éclatant hommage à son mérite en lui disant ces mots
flatteurs : « Courage, vous les devancez de cinquante ans. » Il est
incontestable en effet que Raspail a été l’un des premiers à pres-
sentir les découvertes admirables sur la fermentation qui ont
illustré le nom de Pasteur. Longtemps nos académiciens ont laissé
l’allemand Virchow s’arroger la découverte de la cellule, l’élé-
ment primordial de tous les corps organisés. L’honneur en revient
à Raspail. Les savants professeurs Broca et Robin ont fait rendre
justice à l'illustre chimiste français. Quoiqu’il en soit, Raspail a


été un grand remueur d’idées, un novateur dont les hardiesses,
même dans leur exagération, ont servi la cause de la science. Son
nom restera dans l’histoire scientifique.
A son retour de Belgique, en 1864, Raspail se retira à Arcueil-
Cachan où il s’occupa exclusivement de sciences. Il publia
pendant cette période : Les Nouvelles Etudes scientifiques et physiolo-
giques, l'Histoire naturelle des Ammonites, et des Lérébratules des
Basses-Alpes, des Cévennes et du Vaucluse, Le Choléra en 186y et 1866,
/’Almanach météorologique, 8Histoire naturelle de la santé et de la ma-
ladie che^ les végétaux et les animaux, 3 volumes.
En 1869, il rentra dans la vie politique, comme député de
Lyon.
Poursuivi en 1874 pour a Z’apologie de faits qualifiés crimes »
dans les Ephémérides de son Annuaire, ce vieillard de quatre-vingts ans
lut condamné à deux ans d’emprisonnement. La Cour d’assises de
Seine-et-Oise réduisit cette peine à un an, qu’il subit entièrement
dans une maison de santé. Marseille l’envoya à Versailles en 1876.
En sa qualité de doyen d’âge, il présida la première séance de la
Chambre des députés.
Raspail laisse quatre fils : MM. Benjamin Raspail, député de la
Seine ; Camille Raspail, médecin ; Emile Raspail, ingénieur-chi-
miste, directeur de l’usine pharmaceutique d’Arcueil ; et Xavier
Raspail, médecin. Il avait eu en outre, une fille, morte il y a
quelques années et qui était l’Antigone du vénérable vieillard.
Les restes mortels de l’illustre savant reposent aujourd’hui au
cimetière du Père-Lachaise, à côté de ceux de sa femme dévouée,
dans ce tombeau original et touchant, sculpté par Etex, qui
représente une femme voilée et défaillante, s’accrochant de sa
main aux barreaux de la prison où est enfermé son bien-aimé
mari. Marius Vachon.
 
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