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Galerie contemporaine, littéraire, artistique — 3. Année, 1 Semestre.1878

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1re Série
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Alex. Dumas père
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https://doi.org/10.11588/diglit.55261#0037
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'imagination la plus féconde, l’esprit le
plus riant et le plus jeune, le tempéra-
ment le plus dramatique, la verve la plus
abondante et la plus infatigable, ont fait
d’AlexandreDumaspère l’un des écrivains
les plus étonnants de notre siècle. Il sem-
ble n’avoir jamais connu la lassitude de son immense travail,
ou l’épuisement de la sénilité. On peut dire que sa longue
vie n’a été qu’une éternelle jeunesse, et quand il est mort
en 1870, à 68 ans, il avait plus de fraîcheur dans l’âme, que
son fils, n’en avait à vingt ans, quand il écrivit la Dame, aux
Camélias. Il est rare, malheureusement, que les transforma-
tions de l’esprit de l’homme soient soumises à la fatale régu-
larité des transformations de son corps : ils sont faciles à
compter les écrivains ou les artistes qui ont été adolescents,
hommes mûrs et vieillards : les uns n’ont pas eu d’enfance
et ont connu dès leur vingtième année le septicisme,
l’expérience et les désillusions de la maturité, les autres
se sont développés tard et ont commencé d’éclore à l’âge
où les premiers se flétrissent comme des fleurs hâtives, il est
d’autres enfin qui semblent ne pas vieillir ; les années
s’accumulent sur les années, les hommes de leur génération
disparaissent, eux-mêmes voient leurs cheveux blanchir,
leur corps s’alourdir, ils sentent leur main devenir trem-
blante. Qu’importe ! leur pensée est aussi puissante, leur
invention aussi féconde qu’au premier jour. Ils ont été et
resteront jeunes. Alexandre Dumas a été un de ces privilégiés
de la nature.
Sa biographie ne peut se faire qu’en quelques lignes ou en
mille pages; on peut dire : il est né en 1803, il est mort
en 1870, et il a écrit plus de cinq cents volumes : si l’on veut
raconter sa vie par le détail, il faut entreprendre 1 histoire


littéraire du siècle. Nous laisserons donc de côté la partie
anecdotique de sa vie, il n’est personne qui ne la connaisse.
Tout le monde a lu ses mémoires, tout le monde sait qu’il
est né à Villers-Cauterets, qu’il est petit fils du marquis
de la Pailleterie et de Tiennette Dumas, et fils du général
Alexandre Dumas, qui, en prenant du service dans les
armées de la République a laissé son titre pour prendre le
nom roturier de sa mère, enfin qu’après avoir passé son
enfance et sa première jeunesse à jouer, courir, chasser, il
vint à Paris où sur la recommandation du général Foy, et
grâce à sa belle écriture, il fut nommé expéditionnaire au
secrétariat du duc d’Orléans, qu’il débuta en 1829 par
Henri III, aux Français, que, dès ce moment, les pièces et
les romans sortirent de sa plume avec une rapidité vertigi-
neuse, une abondance intarissable et en même temps un
succès prodigieux, Henri III, Christine, Antony, Charles Vil,
Caligula, la Tour de Nesle, Mademoiselle de Belle-Isle, Kean, les
Impressions de Voyage, les Trois Mousquetaires, Vingt Ans
après, le Comte de Monte-Cristo, la Reine Margot, etc., qu’il
fonda le Théâtre Historiqîie, destiné à ne jouer que ses pièces,
puis un journal, Le Moibsquetaire, destiné à ne publier que
ses romans ou ses articles, qu’il gagna et dépensa une
des fortunes littéraires les plus considérables que l’on ait
jamais faites, qu’il n’écrivit pas tout seul tous les romans
qu’il a signés, enfin qu’il est mort en septembre 1870, au
Puys, chez son fils, achevé par la nouvelle des inoubliables
désastres de la France.
La biographie d’Alexandre Dumas ne doit pas non plus
être le portrait physique et moral de l’homme que l’on peut
coudoyer dans la rue ; elle doit être une étude de son talent.
L’homme repose maintenant dans un humble cimetière de
village que sa présence rendra célèbre ; ne troublons pas la
 
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