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Galerie contemporaine, littéraire, artistique — 3. Année, 1 Semestre.1878

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1re Série
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T. Barrière
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https://doi.org/10.11588/diglit.55261#0061
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héodore Barrière, que la littérature dramatique
vient de perdre récemment, était né à Paris,
en 1823. Il avait donc 54 ans, lorsqu’il fut em-
porté, en huit jours, par une fluxion de poitrine;
c’est-à-dire qu’il était encore dans toute la force
de l’âge et qu’on était en droit d’attendre de lui
de nouvelles œuvres égales, sinon supérieures à celles qui l’avaient
mis hors de pair.
Lorsque la terrible maladie le saisit, il venait de faire jouer, au
théâtre du Palais Royal, les Demoiselles de Montfermeil, comédie
en trois actes qui avait obtenu un succès de fou rire, et de mettre
en répétition, au Théâtre-Historique, la 100e d’Hamlet, un drame
hardi et poignant qui sera un grand succès de larmes. Il travaillait
en outre à une pièce en trois actes avec Raymond Deslandes, le
sympathique directeur du Vaudeville, ainsi qu’à une grande
comédie de mœurs avec celui qui écrit ces lignes,— un jeune ami
et un élève, qui garde de cette collaboration violemment brisée
un douloureux souvenir et de précieuses leçons.
On pourra voir, par l’énumération que nous avons faite de ses
dernières œuvres, quel infatigable travailleur était Théodore
Barrière, en même temps que leur diversité montrera la nature
complexe de son talent.
En effet, Barrière, à l’exemple de quelques-uns de ses plus
éminents confrères, ne s’est pas confiné dans un genre particulier,
où il eût pu, comme eux, être un maître incontesté.
Vaudevilles, bouffonneries, comédies de mœurs ou de carac-


tères, drames historiques ou de passion, mélodrames à spectacle,
aucune manifestation de l’auteur dramatique ne lui fut étrangère,
et dans toutes ses œuvres, même dans celles où le succès ne lui fut
pas fidèle, il laissait l’empreinte profonde de son esprit, caustique
et railleur par parti-pris, plus encore, ajoutons-nous, que par
nature.
Bien que l’espace nous soit mesuré, nous voulons mettre sous
les yeux du lecteur des preuves de la proposition que nous venons
d’émettre et qui semble contredire l’opinion que la masse du
public s’est faite de Théodore Barrière, en le représentant comme
un misanthrope, toujours prêt à fouailler d’un amer sarcasme les
vices ou les ridicules de notre pauvre humanité. Avouons, cepen-
dant, que l’opinion avait quelques raisons de se tromper. En effet
les mots à T emporte-pièce de Barrière sont célèbres. Les journaux
les ont répétés à l’envi, et même, en vertu de cet axiome : qu’on
ne prête qu’aux riches, ils lui ont fait maintes fois endosser la
paternité de leurs rancunes, sans qu’il ait cru devoir protester.
Mais combien de scènes touchantes ou poétiques, de mots
gracieux ou délicats n’a-t-il pas laissés dans les quatre-vingts
pièces qu’il a fait représenter depuis trente ans ?
— Certes, répondra-ton, mais c’est la part de ses collabora-
teurs, puisque Barrière n’a presque pas travaillé seul.
Erreur! Erreur absolue !
Les quelques pièces qu’il a signées, et par conséquent écrites
seul, celles où il a pu se laisser aller au penchant de sa nature,
sont justement celles où éclatent au plus haut degré les qualités
 
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