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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

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Nr. 3
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Lenormant, François: Artémis Nanæa, [2]
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Lenormant, François: [Text]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0076
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— 68 —

des morts qui surmontent habituellement les urnes étrusques, car probablement il
y a là un emprunt directement fait à l’Asie, comme tant d’autres usages de l’art de
l’Etrurie. La déesse du schéôl, du « Pays sans retour » comme disaient les Chaldéens
et les Assyriens, se représente sous les mêmes traits que les défunts qui peuplent
son empire, car elle est elle-même comme leur type divin.

François LENORMANT.

Il a été déjà plusieurs fois fait mention (1) des curieuses
idoles de terre-cuite, déformé aplatie, qui se rencontrent assez
fréquemment à Tlièbes de Béotie et qui représentent une
déesse figurée par un cône armé de deux bras rudimentaires ,
à la façon des bétyles de la Phénicie. Dans le type le plus
ancien, le plus simple, on ne A^oit que le cône avec ses rudi-
ments de bras ; le Cabinet des médailles en possède un échan-
tillon. Plus tard, le cône est surmonté d’une tête, qui offre
quelquefois l’empreinte du style d’une bonne époque de l’art.
Le cliché ci-joint en offre un spécimen, emprunté aux collec-
tions du Musée Britannique; l’original a 28 centimètres de
hauteur (2). Quelquefois la tête de la déesse est ornée d’un
haut diadème dentelé, ou bien un disque est placé sur le de-
vant de sa tiare conique (3).

Ce type de représentation tout particulier, et bien évidem-
ment consacré par la tradition, est d’origine asiatique. C’est
celui du bétyle de l’Astarté phénicienne, tel qu’on le voit dans
son temple de Paphos (4), sur les ex-voto du temple de la Dea Cœlestis à Car-
thage (5) et sur les monnaies de Cossura (6).

« S’il fallait donner un nom à ces déesses, a dit M. de Witte en parlant des terres-
cuites de Tlièbes, on peut penser à Harmonie, forme héroïque d’Astarté (7), plutôt
qu’à Yénus. » Le nom même d’Apgcmx n’est que l’exacte traduction du nom d’une
des formes de la divinité féminine chez les Chananéens (8), la 0oupw gEvovopacGeura
XoùcrapOu; (Thorali, appelée aussi Hhascheretlï) de Sanchoniathon (9). Son rôle dans
les traditions mythiques de Thèbes est au nombre des traits les plus positivement
asiatiques de la religion de cette cité, qui militent en faveur du caractère réel et his-
torique de la colonie phénicienne à laquelle s’attache la légende de Cadmus (10).

F. L.

(1) De Witte, Gazette clés Beaux-Arts, t. XXI,
p. 108; F. Lenormant, les Premières Civilisations,
t. Il,p. 888 et suiv.

(2) Cf. F. Lenormant, Catalogue Raifé, n° 1029.

(3) Catalogue Raifé, nos 1030 et 1031.

(4) Millin, Galerie mytholog., pl. xliii, nos 171-
173; Miinter, Der Tempel cler himmlischen Gœttin
zu Paphos, pl. iv ; Lajard, Recherches sur le culte
de Vénus, pl. i, nos 10-12 ; Gerhard, Ueber die
Kunst der Phœnicier, pl. m, n° 17.

(5) Gesenius, Monum. phœnic., pl. xxmetxxiv.

(6) Ibid., pl. xxxix, 13, D.

(7) Movers, Die Phœnizier, t. I, p. 512; Das
phœnizische Alterthum, t. II, p. 85 et suiv.

(8) Movers, Die Phœnizier, t. I, p. 508 et suiv.

(9) P. 42, éd. Orelli.

(10) Yoy. le travail sur la Légende de Cadmus et
les établissements phéniciens en Grèce, dans le
tome II de mes Premières Civilisations.

L'éditeur-gérant : A. LÉVY.

Paris. — Typographie Georges Chamerot, rue des Saints-Pères, 19.
 
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