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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 2.1876

DOI issue:
Nr. 6
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Chanot, E. de: Terre-cuite de Tanagra
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https://doi.org/10.11588/diglit.25049#0148
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— 140

amateurs de Paris, M. Paravey ; c’est là qu’elle a été rejoindre une
autre terre-cuite célèbre, dont elle fait le digne pendant, la femme
assise arrangeant ses cheveux, de Pancienne collection Pourtalès,
autrefois gravée par Mercuri (i).

De savantes polémiques se sont engagées sur la question de savoir
si l’on devait chercher, dans la majorité des terres-cuites de Tana-
gra, des représentations mythologiques ou des sujets de genre, si ces
femmes figurées avec une si grande variété d’attitudes et d’ajustements,
toujours remplis d’une exquise vénusté, sont des déesses ou de sim-
ples mortelles. Il est difficile de voir autre chose qu’une femme à
l’attitude coquette, qu’une courtisane surprise par l’artiste au milieu
de l’abandon d’une conversation, dans la statuette que nous publions.
Et l’étalage d’ érudition d’un commentaire archéologique développé
ne serait pas à sa place à propos de ce petit monument, qui parle
avant tout à l’œil par son mérite d’art, et sur lequel une planche en
dit plus que toutes les phrases et toutes les recherches d’interpré-
tation.

Au point de vue de l’histoire des types de la sculpture, cette sta-
tuette offre, du reste, à ce qu’il me semble, un véritable intérêt.
L’œuvre du coroplaste est toujours un écho réduit de celles des
sculpteurs de son temps. Ainsi nous saisissons ici, sous les premiers
successeurs d’Alexandre, au moment où Lysippe développe et crée
pour ainsi dire l’art du portrait, l’apparition de ces statues ironiques
de femmes assises, dont la sculpture du premier siècle de l’empire
romain nous a légué de si remarquables spécimens. Si l’on s’abstrait
un moment des petites proportions de notre terre-cuite de Tanagra
pour la mettre en parallèle avec des statues de grandeur naturelle
d’une composition analogue , l’esprit se reporte immédiatement au
souvenir de l’Agrippine de la Villa Albani ou de la Livie de Gentum-
cellæ, conservée dans la riche galerie du prince Alexandre Torlonia,
à Rome. Sans doute, ce sont des statues en regard d’une statuette,
l’art y est empreint d’un caractère plus sérieux et plus élevé ; la pre-
mière offre un mélange de naturel exquis et un parfum d’élégance
aristocratique presque moderne que nous ne trouvons pas ici ; si l’on
peut se servir de cette expression en parlant d’une figure antique, elle
cause dans un salon avec un abandon qui n’exclut pas la noblesse, au
lieu de coqueter avec un amoureux ; la seconde a la gravité qui con-
vient à l’épouse d’Auguste; ce sont des impératrices, et notre figurine
ne nous montre qu’une jolie hétaire béotienne. Mais en tenant compte
de telles différences, toutes ces figures sont de même famille, et, dans
la petite maquette du modeleur hellène, on sent un accent indéfinis-

(-1) Panofka, Cab. Pourtalès, pl. xxxi.
 
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