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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Trivier, S.: [Pâte de verre du Musée britannique, offrant le portrait du philosophe Aristippe [vignette)]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0055
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la tête d’Aristippe, puis Dionysos, représenté seulement en buste , tenant une
coupe qu’il porte à ses lèvres ; en bas nous avons les deux tètes d’Apollon, carac-
térisé par la lyre, et d’Athénée casquée.

Que l’Aristippe, dont cette pâte de verre nous donne le portrait, soit le fameux
philosophe de ce nom, disciple de Socrate et fondateur de l’école particulière de
Cyrène, sa patrie, une telle réunion de divinités, escortant son effigie, ne permet
pas d’en douter. Aphrodite couronne l’amant de Laïs de Corinthe (1), et, jointe à
Dionysos, elle est bien à sa place auprès de celui dont un des traités était intitulé :
« Contre ceux qui le critiquent d’avoir du vin vieux et des maîtresses », Ilpàç zovç
ènizi[j.âvTaç ôzi xéxtyîtai otvov 7iaXatôv xa't iruipaç, , et un autre : « Contre ceux qui
critiquent le luxe de sa table », Upbç zovç èni-uxavraç ou nokvzikâç, oÿavzï (2). Apollon
et Athénée figurent en opposition avec Dionysos et Aphrodite, comme les divinités
de l’enthousiasme et de la sagesse, et ainsi se complète l’allégorie du système de
la morale d’Aristippe (3), qui prétendait maintenir une balance égale entre la volupté
et la vertu, arrivant à l’une par l’autre, système qui, dit-on, rendit ce philosophe
propre à se plier à toutes les circonstances (4), mais auquel on reprochait, avec
raison, un défaut complet d’élévation et de solidité morale. On raconte que la belle
moralité attribuée à Prodicos, d’Hercule choisissant entre la Volupté et la Vertu (5),
fut exposée par Socrate à ses disciples précisément pour combattre les tendances
du Cyrénéen qui suivait ses leçons (6), mais n’osa pas se trouver auprès de lui lors-
qu’il but la ciguë. Ch. Lenormant a proposé de reconnaître , sur un vase peint de
la Cyrénaïque (7), Aristippe placé, comme un autre Hercule, entre la Volupté et la
Vertu, personnifiées par Laïs, sa maîtresse , et Arété, sa fille, mais les associant
toutes deux, au lieu de faire uu choix entre elles. C’est la même idée qu’exprime
encore plus sûrement la réunion de divinités qui accompagne son portrait sur la
pâte de verre de la collection Blacas.

La mollesse exagérée que respire l’arrangement plein de recherche et de pré-
tention de la chevelure et de la barbe du personnage, est encore sur ce monument
un trait bien caractéristique d’Aristippe de Cyrène. Sa vie molle et efféminée ,
son goût d’élégance, les vêtements de pourpre dont il se parait (8), sont célèbres.
Athénée (9) dit de lui : cc Son existence fut conforme à ses principes de philosophie;
il vécut dans la mollesse et dans tout le luxe des parfums , des habits et des
femmes. »

La pâte que nous publions a ceci de curieux qu’elle vient rendre la plus sérieuse
autorité à des monuments aujourd’hui disparus, que les érudits d’autrefois avaient
admis pour authentiques, mais que la critique moderne avait dû écarter comme
suspects, du moins jusqu’à ce qu’ils reçussent une confirmation comme celle qui

(1) Diogen. Laërt., II, 74 et 7»; Athen., XIII.,
p. 588; Cic., Epist. ad fam., IX, 26, 2.

(2) Diogen. Laërt.., II, 84.

(3) Sur ce philosophe et ses doctrines, voyez
Kunhardt, Dissertatio philosophico-historica de
Aristippi philosophia morali, Halmstadt, 1795;
Wieland , Aristipp und einige seiner Zeitgenossen,
Leipzig, 1800 ; Ritter, Geschichte der Philosophie,
VII, 3; Brucker, Historia critica philosophiae, II,
2, 8; Ch. Lenor nant, Ann. de l’Inst, archéol.,
t. XIX (1847), p. 396-405.

(4) Horat., Epist., I, xvn, 23-24; cf. Diogen.
Laërt., II, 66; Johan. Stob., Florileg., XXXVII,
25; XCIV, 32. '

(5) Xenoph., Memorab. Socral., II, 1, 22.

(6) Diogen. Laërt., II, 65; Athen., XII, p. 544.

(7) Mon. inèd. de l'Inst. archéol., t. IV, pi.
xlvii ; Annal., t. XIX (1847), p. 391-496.

(8) Tertullian., Apologet,, 46.

(9) XII, p. 544.
 
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