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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Mansell, C.- W.: [Pierres gravées phéniciennes avec la representation du sanglier ailé (vignettes)]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0059
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53

ce sont les deux formes complètement distinctes du mythe, qui ont trait aux phéno-
mènes de deux saisons différentes de l’année (1).

Ailleurs le sanglier est un dieu jaloux déguisé, soit Apollon qui dispute Adonis à
l'amour d’Aphrodite (2), soit Arès (3) ou lléphæstos (4), qui veulent le punir de
leur avoir rendu la déesse infidèle. Parmi les formes hellénisées du mythe d’origine
orientale, celles-ci seules paraissent exactement reproduire les versions asiatiques,
telles que celles de Byblos et d’Aphaca, dans lesquelles intervenait le sanglier. Ces
versions correspondaient, en effet, à un système spécial sur les causes de la mort
d’Adonis et sur la saison de l’année où on la plaçait.

Dans le système en question, la mort d’Adonis a lieu au solstice d’été, lorsque le
soleil atteint le maximum de sa force d’action et que « le printemps est tué par
l’été » (5). Le dieu chasseur et juvénile succombe alors sous les coups du monstre
que suscite un pouvoir jaloux et qu’il essaie vainement de combattre. Le jeune
soleil de printemps, producteur de la végétation, avec le développement de laquelle
l’identifie sa propre croissance, est tué par un dieu de même nature que lui, mais
plus viril, terrible et destructeur, par le soleil brûlant de l’été,dieu du feu dévorant,
dont les ardeurs insupportables détruisent et flétrissent tout dans la nature ; mais
il ressuscite bientôt après, quand ces ardeurs s’affaiblissent, quand la saison tend à
devenir tempérée, quand va arriver l’automne, amenant la maturité des fruits et
une véritable renaissance de la végétation sous le climat de la Syrie et de la
Phénicie.

Ainsi le sanglier qui tue Adonis ou Atys, qui ravage les campagnes de Clazomène
et de la Lydie, qui donne son nom au mois de khaziran et que nous voyons ailé
dans les gravures de nos scarabées phéniciens, symbolise dans ce qu’elle a de
plus funeste et de plus terrible la puissance dévorante du soleil destructeur de
l’été, que les populations syro-phéniciennes adoraient avec terreur sous les noms
de Moloch, Milcom, Chamos, et dont elles croyaient ne pouvoir fléchir le courroux
que par des immolations humaines. C’est bien évidemment pour se mettre à l’abri
de ses coups que l’on cherchait à se placer sous sa protection, que l’on portait sur
soi son image en signe de dévotion. Il me semble donc difficile de ne pas re-
connaître une intention talismanique, un caractère de phylactères préservateurs aux
scarabées qui présentent cette image.

C.-W. MANSELL.

(1) Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques,
t. II, p. 245 et s., 314 et s. — Dans une célèbre
vision où le prophète Ézéchiel est témoin des abo-
minations païennes qui se passent dans le Temple
de Jérusalem, il aperçoit « l’idole de la jalouse »,
HNipn bùD, c’est-à-dire de la rivale d’Astarté,
en môme temps que les femmes qui mènent le
deuil de Tammuz ou Adonis disparu (Ezecli., v ni,
3 et 4).

(2) Ptolem. Hephæst., p. 33, ed. Roulez.

(3) Apollodor., III, 14, 4 ; Ser'v. ad Virgil. ,
Eclog., X, 18; Schol. ad Iliad., E, 385, ed. Bekker;
Eustath. ad Iliad., E, p. 561.

(4) S. Melit. ap. Spicileg. Solesm. , t. II, p.
xi.iu ; Renan, Mém. de l’Acad. des Inser. , nouv.
sér., t. XXIII, 2e part., p. 321 et 323.

(5) Tl £ap V7T0 TOU 9£pOUf *. J. Lvd ,

De mens.. IV, 44.
 
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