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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: Triptolème en Syrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0105
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— 99 —

d’après Gordys , fds de Triptolème (1). Le bas-relief de Gharfin est de nature à
faire conjecturer que quelque autre branche des mêmes légendes, dont aucun
document littéraire ne nous a conservé la trace , devait amener Triptolème de la
même façon, et pendant le cours du même voyage , dans la contrée de Byblos.

Ainsi que l’a déjà remarqué Ottfried Muller, toutes ces fables gréco-syriennes
doivent avoir pour point de départ l’assimilation à Triptolème d’un dieu ou d’un
héros de l’ancienne mythologie indigène. C’est ainsi qu’en Lydie le héros ou dé-
mon national Tylos (2) finit par devenir un véritable Triptolème, que les monnaies
de Sardes à l’époque impériale représentent, avec son nom, exactement de la même
façon que le favori de Déméter (3). Une pierre gravée, qui faisait autrefois partie
des collections Démidoff (4), offre , avec une inscription de lecture fort difficile
tracée dans le type d’écriture araméenne dit des papyrus, une figure dont l’exécution
dénote la main d’un graveur grec. C’est un dieu ou un héros debout, vêtu d’une chla-
myde, tenant à la main des raisins et des épis et ayant près de lui deux serpents.
Cette image a une grande analogie avec celle de Triptolème et retrace manifestement,
sous des traits hellénisés, le personnage de la mythologie syro-phénicienne qui
fut identifié au héros grec. Dans un des récits cosmogoniques phéniciens em-
pruntés par Philon de Byblos à Sanchoniathon, et, chose remarquable, précisément
dans celui qui est donné comme se rattachant à la tradition locale de Byblos, on
raconte que des Titans ( Réphaïm) naquirent Amynos et Magos , « qui inventèrent
l’agriculture » (5). Les formes sémitiques originales des noms de ces deux per-
sonnages semblent impossibles à restituer d’une manière un peu sure ; mais il y
a grande probabilité pour que ce soit l’un d’eux qui, à l’époque gréco-romaine,
sera devenu le Triptolème de Gharfin

Il ne faut sans doute pas attacher d’importance à la forme tout égyptienne du
naos dans lequel est placée la figure du héros. Ce n’est là, suivant toute vraisem-
blance , qu’un motif de pure décoration, que les artistes de la Phénicie avaient
l’habitude de reproduire et dont ils accompagnaient toutes les figures de divinités.
Cependant on peut aussi noter qu’à Byblos subsistaient des vestiges d’influence
égyptienne particulièrement accentués, attestés par les débris des monuments de
cette ville; puisque, d’un autre côté, les Égyptiens hellénistes et les Grecs de

(1) Strab.j XVI, p. 747 et 750.

(2) Dionys. Halicarn., I, 27 ; Plin., Hist. nat.,
XXV, 2, 5, 14; Nonn., Dionys., XXV, 451-551 ;
voy. Ottfr. Müller, Ann. de l'Inst. arch., t. XI,
p. *83; O. Jahn, Bericht. d. K. Sachs. Gesellsch.,
1851, p. 133.

(3) Miiller—Wieseler, Denkm. d. ait. Kunst, t. II,
pl. x, n» 114. — Celte représentation coïncide

presque trait pour trait avec celle du bas-relief de
Gliarfm.

(4) Impronte gemmarie dell’ Instit. archeol.,
cent. II, n° 37 ; Gesenius, Monum. phœnic., pl. 28,
n° lxvii ter; A. Levy, Zeitschr. d. deutscli.
Morgenl. Gesellsch., t. XI, p. 71 et s. ; O. Blau,
même recueil, t. XIX, p. 536; A. Levy, Siegel
und Gemmen, p. 32, n° 21.

(5) Sanchoniath., p. 22, éd. Orelli.
 
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