LA PLUS ANCIENNE SCULPTURE CHALDEENNE.
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ÏI.
Sur les quatre ligures qui se voient encore et qui paraissent avoir fait partie d'une
composition assez compliquée, une ligure attire tout d'abord l'attention par l'étrangeté
de son aspect. Elle est tournée vers la brisure à main gauche; bien que les pieds
manquent, on voit qu'elle était représentée assise. A ses formes ramassées et à son
baroque accoutrement, on la prendrait pour une caricature, si le sérieux de l'intention
ne se trahissait jusque dans les détails les plus bizarres.
Le visage imberbe , tourné de prolil, est occupé presque tout entier par un grand œil
de face, bien horizontal, cerné en losange d'un double trait de pointe, et par un
énorme nez aquilin, qui ne laisse presque plus de place pour la bouche ni pour le
menton. Ainsi le type appelé, trop exclusivement sans doute, type sémitique est adopté
par l'art oriental, dès ses premiers débuts, et s'y trouve même accentué avec une
exagération singulière.
La chevelure tombe dans le dos et sur la poitrine en deux flots ou, pour mieux dire,
en deux queues striées, rayées de traits qui se bifurquent comme des barbes de plume
ou comme des arêtes de poisson. Sur d'autres représentations primitives et encore sur
certaines coupes phéniciennes, la queue du cheval est ligurée par le même procédé,
tout conventionnel. Les cheveux dessinent aussi autour du front une frange de petites
ondulations régulières, dont chacune est formée par deux bouclettes concentriques :
c'est le premier exempte d'une affectation d'école, qui se transmettra, avec une
incroyable persistance, à travers toute la période chaldéo-assyrienne, jusqu'aux temps de
l'archaïsme grec.
Au dessus de la chevelure, s'élève une coiffure non moins curieuse, cpii fait penser
du premier abord à certaines tiares épiscopales du moyen âge. En l'examinant avec
attention, on voit qu'elle se compose de deux cornes, dressées en forme de croissant,
entre lesquelles paraît comme une touffe de traits emmêlés et peu distincts.
Cette tête ainsi coiffée est portée par un corps trop petit pour elle, drapé transversa-
lement dans un châle qui enveloppe le côté gauche et laisse à découvert l'épaule droite,
ainsi que tout le bras, replié en avant. La main entr'ouverte présente un objet difficile à
déterminer, qui remplit seulement la fourche formée par l'écartement des doigts,
comme le ferait une fleur, un fruit ou peut-être un petit vase. Enfin le siège est une
sorte de caisse très simple, dont le côté porte pour tout ornement plusieurs traits
verticaux.
En face d'une représentation aussi antique, d'une ébauche aussi primitive, nous
risquerons-nous à l'étudier, à l'analyser, comme une figure ordinaire? N'est-on pas
d'avance condamné à perdre sa peine en cherchant à expliquer des détails figurés avec
une maladresse et une indécision qui font penser au travail des peuples sauvages ? Pour
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Sur les quatre ligures qui se voient encore et qui paraissent avoir fait partie d'une
composition assez compliquée, une ligure attire tout d'abord l'attention par l'étrangeté
de son aspect. Elle est tournée vers la brisure à main gauche; bien que les pieds
manquent, on voit qu'elle était représentée assise. A ses formes ramassées et à son
baroque accoutrement, on la prendrait pour une caricature, si le sérieux de l'intention
ne se trahissait jusque dans les détails les plus bizarres.
Le visage imberbe , tourné de prolil, est occupé presque tout entier par un grand œil
de face, bien horizontal, cerné en losange d'un double trait de pointe, et par un
énorme nez aquilin, qui ne laisse presque plus de place pour la bouche ni pour le
menton. Ainsi le type appelé, trop exclusivement sans doute, type sémitique est adopté
par l'art oriental, dès ses premiers débuts, et s'y trouve même accentué avec une
exagération singulière.
La chevelure tombe dans le dos et sur la poitrine en deux flots ou, pour mieux dire,
en deux queues striées, rayées de traits qui se bifurquent comme des barbes de plume
ou comme des arêtes de poisson. Sur d'autres représentations primitives et encore sur
certaines coupes phéniciennes, la queue du cheval est ligurée par le même procédé,
tout conventionnel. Les cheveux dessinent aussi autour du front une frange de petites
ondulations régulières, dont chacune est formée par deux bouclettes concentriques :
c'est le premier exempte d'une affectation d'école, qui se transmettra, avec une
incroyable persistance, à travers toute la période chaldéo-assyrienne, jusqu'aux temps de
l'archaïsme grec.
Au dessus de la chevelure, s'élève une coiffure non moins curieuse, cpii fait penser
du premier abord à certaines tiares épiscopales du moyen âge. En l'examinant avec
attention, on voit qu'elle se compose de deux cornes, dressées en forme de croissant,
entre lesquelles paraît comme une touffe de traits emmêlés et peu distincts.
Cette tête ainsi coiffée est portée par un corps trop petit pour elle, drapé transversa-
lement dans un châle qui enveloppe le côté gauche et laisse à découvert l'épaule droite,
ainsi que tout le bras, replié en avant. La main entr'ouverte présente un objet difficile à
déterminer, qui remplit seulement la fourche formée par l'écartement des doigts,
comme le ferait une fleur, un fruit ou peut-être un petit vase. Enfin le siège est une
sorte de caisse très simple, dont le côté porte pour tout ornement plusieurs traits
verticaux.
En face d'une représentation aussi antique, d'une ébauche aussi primitive, nous
risquerons-nous à l'étudier, à l'analyser, comme une figure ordinaire? N'est-on pas
d'avance condamné à perdre sa peine en cherchant à expliquer des détails figurés avec
une maladresse et une indécision qui font penser au travail des peuples sauvages ? Pour