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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Champeaux, Alfred de; Gauchery, Paul: Les travaux d’architecture et de sculpture, [2]: exécutés pour Jean de France, duc de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0090

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70 TRAVAUX D’ARCHITECTURE ET DE SCULPTURE DU DUC DE BERRY.

La grosse horloge étant construite en bois, la majeure partie des comptes municipaux
est relative à des payements faits à des charpentiers et à des couvreurs. Ces mentions
n’offrent aucun caractère artistique. Le campanile était surmonté d’une flèche sur
laquelle Richard le peintre avait posé une grande bannière et quatre petites peintes de
fin azur d’Allemagne aux fleurs de lis de fin or double. Il reçut IY livres pour ce travail
et LXXII sols pour avoir peint aux mêmes armes huit tables de plomb servant d’abat-sons.
Le mouvement de l’horloge fut fourni par Pierre Merlin, horloger du roi et du duc de
Berry (1388-1397). Jean Osmont, fondeur de cloches à Paris, fut appelé à Poitiers pour
couler en métal le gros timbre et les cloches de cette tour. 11 reçut 300 liv. pour ce travail
dans lequel il fut aidé par Colin Haury, fondeur à Ruffec. Quelques années plus tard (sep-
tembre 1398), ce timbre se cassa et le duc chargea Guillaume de Roucy de le refondre.
L’opération manqua et il fallut la recommencer le mois suivant. Guillaume de Roucy
toucha à cette double occasion une somme de 250 francs d’or, que lui fît payer le duc,
plus une indemnité de dix livres. Cette belle cloche, qui portait une inscription commé-
morative avec les armoiries du duc Jean de Berry et de la ville de Poitiers, a été brisée
peu de temps après la Révolution.

Malgré les injures du temps, les constructions élevées à Poitiers par le duc de Berry,
constituent l’un des monuments les plus intéressants de la France. Ce qui en subsiste a
été aménagé pour servir de palais de justice. Cette transformation ne s’est pas accomplie
sans entraîner la suppression de plusieurs parties importantes de l’édifice. La tour de
Maubergeon, qui sert aujourd’hui de cour d’assises et aussi de magasin appartenant à
un particulier, était autrefois reliée au château par des bâtiments disparus. Ce donjon
était à lui seul un petit château de forme allongée, possédant une grande salle à chaque
étage et des chambres dans les quatre tours angulaires. De larges baies éclairaient
l’intérieur des salles. Au milieu des doubles fenêtres et sur les parois des tours, une
suite de dais en pierre sculptée, abritaient de grandes statues ou une tradition
discutable reconnaît les anciens comtes de Poitou. Les dais ayant été enlevés par
suite de l’arrasement des murs, rien ne protège plus ces figures dont quelques-unes
sont intactes et se détachent librement sur l’horizon. En attendant une restauration qui
rende à la tour de Maubergeon ses mâchicoulis primitifs et sa riche toiture en plomb
peint et doré, il serait à désirer que l’on prît des mesures pour arrêter la perte immi-
nente de ces figures. Les larges plis des vêtements, ainsi que l’accent individuel des
têtes, accusent évidemment le caractère de l’école franco-flamande de la fin du xive siècle.
Les noms des auteurs de ces œuvres se trouvent vraisemblablement parmi les tailleurs
de pierre que mentionnent les comptes comme travaillant sous la direction de Guy de
Dammartin.

Nous ajouterons que le livre d’Heures, conservé au château de Chantilly, si précieux à
consulter lorsqu’on y eut connaître les résidences du duc de Berry, renferme une vue
très exacte de ce donjon dans son état primitif.
 
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