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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Champeaux, Alfred de; Gauchery, Paul: Les travaux d’architecture et de sculpture, [2]: exécutés pour Jean de France, duc de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0091

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TRAVAUX D’ARCHITECTURE ET DE SCULPTURE DU DUC DE BERRY.

La grande salle du palais de Poitiers a conservé l’imposant aspect qu’elle présentait
au xive siècle. Sa construction primitive remonte au commencement du siècle précé-
dent, mais elle avait été brûlée par les Anglais en 1345 avec le reste du château, et Jean
de Berry dut la faire réparer quand il prit la possession définitive du Poitou. Cette
restauration fut confiée à Guy de Dammartin qui sut y créer un monument dont les
proportions grandioses ne laissent pas d’exciter l’admiration de nos architectes modernes.
Il appuya sur l’un des pignons de la salle un vaste corps de cheminée dont l’ensemble
décoratif s’éleva jusqu’à la naissance de la voûte. Cette cheminée, divisée en trois foyers
desservis par trois conduits, s’appuie sur un perron qui domine de dix marches le pavé
de la salle. Le dessus du manteau forme une sorte de tribune à laquelle on arrive par
deux escaliers ajourés qui communiquent aux tourelles des angles extérieurs. De
grandes baies ajourées à gables fleuronnés, dont les vitraux étaient éclairés par les
fenêtres du mur pignon, viennent s’appuyer sur cette galerie en dissimulant les tuyaux
des cheminées. L’ensemble de ce monument, si riche et si imprévu, dont la largeur
dans œuvre est de près de dix-sept mètres, termine noblement cette salle où se sont
accomplis tant de faits importants de notre histoire nationale1.

La sculpture répond dignement à cette œuvre grandiose. Rien n’est plus gracieux que
les deux figures d’ange et les quatre séraphins qui soutiennent les écus placés sur les
hottes des trois foyers. Toute la partie ornementale est traitée avec la même délicatesse.
On ne saurait donner trop d’attention aux quatre statues qui surmontent les pieds droits
de la galerie ajourée et qui, jusqu’à ce jour, ont été décrites comme représentant des
vertus allégoriques. Ce sont, en réalité, deux figures d’hommes et deux figures de femmes
dont l’intérêt historique est considérable. Malgré la hauteur à laquelle elle sont placées,
on peut reconnaître dans les deux statues centrales, les effigies du roi Charles Y et de
la reine Jeanne de Bourbon, accompagnées de chaque côté par les portraits de Jean de
Berry et de sa femme Jeanne d’Armagnac. La figure du monarque présente une analogie
évidente avec celle de Saint-Denis qui a été sculptée par Beauneveu2, et les trois écus
armoriés de France, de Berry et d’Armagnac viennent confirmer cette attribution.
Nous devons cependant observer que le duc de Berry y paraît bien plus jeune que dans
ses portraits restés à Bourges, ce qui s’explique aisément si l’on se rappelle qu’il n’avait
guère plus de quarante ans lors des travaux entrepris à Poitiers.

[A suivre.) A. de CHAMPEAUX. P. GAUCHERY.

I • La tour de Maubergeon et la cheminée du château

ont été étudiées dans le Dictionnaire cVarchitecture de
•M• Viollet-Leduc, d’après les dessins de M. de Mérindol,

architecte diocésain.

2. Courajod, Une statue de Philippe VI au Musée du
Louvre (Gazette des Beaux-Arts, 1er mars 1885).

Gazette archf.oj.ocique. — Année 1887,

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