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prcstnt, n’a pas les mcmes vices da catur,
qu’avoient les Grecs du bas empire. On
fremit quand on lit les horreurs , que-les
Peerres & les favoris ont fair commettrc
aux foibles Empereurs Grecs. La ßtuation
de Constantinopie entre la mer blanche &
la mer noire, la beaute de son port , qui
embraiTe les deux plus beiles parties du
giobe terrestre , semblent l’avoir destinee
ä en etre- la Capitale , & ä regnet sür eile.
Chaqud-vent , des deux qui domiaent ä
Constantinopie , en ouvre une porte mari-
time & ferme l’autre 5 car avee le vent
du Nord , tous les bätiments qui viennent
du couchant & du midi , entrent dans le
port; avee celui du Nord, le commerce de
la mer noire est ouvert , Sc l’entrec des
vaidcaux de la Tartarie , de la Moldavie
& de la Valachie, amene une quantite de
vivres de tour genre , les pelleteri.es de Rus-
lie , les cuivres des mines de l’Armenie,
& d’autres richesies eparses le long du
Bosphore. Voilä, dir M. de-Riedesel , pres-
que tour ce qu’ii y a a voir dans cette ville
immense ; & l’Anglois qui revira de bord
apres en avoir contemple la ßtuation ,
s’en alla a temps pour en remporter une
bonne id.ee ; car des qu’on est entre dans
la ville , on est force de rabbattre infini-
Hient des impressions d’un coup d’ceil ma-
gnifique. Des rses mal pavees , ■ salles ,
bordees de maisons de bois, comme cel-
les des Juifs ä Livourne & a Francfert
sür le Mayn , “dont les guichets avances
dans la rue, la rendent encore plus obs-
curc , & etroite , sont des objets de de-
goüt. II y a cependant quelques beautes
au milieu de tour ce furnier ; les Bezes-
teins & les Kans , les' Mosquees , quel-
ques maisons de plaisance du Grand-Sei-
gneur , & d’autres grands de sa Cour,
les bains publicsquelques fontaines sür-
paßfent l’attente qu’on avoit conque ä l’cn-
tree. II y a des Bezesteins d’une etendue
immense, coupes par plusieurs rues, tou-
tes couvertes d’un meine toit , & qai se
ferment raus les soirs avee de bonnes por-
tes , ou l'achetteur pent chercher la meik
kure qualite & le meilleur marche en vi-
sirant au moins 300 boutiques. Celui des
drogues du Cairc cronne par £3 longueur j
celui ©u Fon vend les bijoux est superbc9'
par les richesies qu’ii renferme ; celui od
l’on vend les armes & les equipages des
chevaux , etoit bien foürni avant sOuver-
türe de la campagn’c contre les Rußes ,
de marchandiles & d’aehetteurs 5 on avoit
alors desarme tous les Grecs de l’Empire*
Les Kans sont magnifiques, & il y en a
d’une etendue immense. Plusieurs avoient
cte fort endommages par le dernier trem-
blement de terre , qui d’ailleurs n’avoit
pas fair grand dommage , excepte aux
Minärets , qui par kur hauteur dispro-
portionnee ä kur epaisieur , sont fort su-
jets a etre ebranles. Les maisons de Con-
stantinopie qui sont toutes de bois , ne
tombent gueres ; toutes les poutres en sont
clouees , & leur legerere les defend contre
les sccousies sourerraines , comme un vais
seau l’est contre les vagues de la mer5
außi ne s’inquiete-t-on gueres de ce sseau.
Ce voyagc est assurement interessant;
nous y reviendrons encore une fois ; nous
rapportcrons quelques details sür Constan-
tinople , & sür les meeurs des Tures qui
donneront une Idee de la maniere de voir
de l’Aatcur.
Poesie.
The Swedish Curate. &c. Le Cure Sue-
dois ; Poeme , par M. Jerningham. A Lon~
dres 1773 , c^ez Roblon , zk-4’.
11 n’y a personne qui ne connoilse les
revoluüons de Suede ; celle sur-tout qui
mit Guftave vasa sür le trone a fourni
un sujet interessant ä nos Romanciers & a
nos Auteurs tragiques. On sair que ce
Prince , apres avoir echappe au mastacre
de Stockholm , penetra a l’aide de divers
deguisements dans la Dalecarlie ; on sair
aulli que pendant ce voyage il sut trahi
par un Gentilhomme , chez lequel il s'etoii
cahe,, & que ce fut avee bien des difH-
cultes , qu’ii evita de tomber entre les
mains d’eanemis ardents , qui cherchoient
leur viclime pour la livrer ä la mort a la-
quelle eile s’dtoit soustraite ; il dut son
salut au zek de la maitresse de la raaisom,
& se resugia chez un CmL qui le cacha
daiiS son Eglisc. C’cst 1c tempk qui est.
prcstnt, n’a pas les mcmes vices da catur,
qu’avoient les Grecs du bas empire. On
fremit quand on lit les horreurs , que-les
Peerres & les favoris ont fair commettrc
aux foibles Empereurs Grecs. La ßtuation
de Constantinopie entre la mer blanche &
la mer noire, la beaute de son port , qui
embraiTe les deux plus beiles parties du
giobe terrestre , semblent l’avoir destinee
ä en etre- la Capitale , & ä regnet sür eile.
Chaqud-vent , des deux qui domiaent ä
Constantinopie , en ouvre une porte mari-
time & ferme l’autre 5 car avee le vent
du Nord , tous les bätiments qui viennent
du couchant & du midi , entrent dans le
port; avee celui du Nord, le commerce de
la mer noire est ouvert , Sc l’entrec des
vaidcaux de la Tartarie , de la Moldavie
& de la Valachie, amene une quantite de
vivres de tour genre , les pelleteri.es de Rus-
lie , les cuivres des mines de l’Armenie,
& d’autres richesies eparses le long du
Bosphore. Voilä, dir M. de-Riedesel , pres-
que tour ce qu’ii y a a voir dans cette ville
immense ; & l’Anglois qui revira de bord
apres en avoir contemple la ßtuation ,
s’en alla a temps pour en remporter une
bonne id.ee ; car des qu’on est entre dans
la ville , on est force de rabbattre infini-
Hient des impressions d’un coup d’ceil ma-
gnifique. Des rses mal pavees , ■ salles ,
bordees de maisons de bois, comme cel-
les des Juifs ä Livourne & a Francfert
sür le Mayn , “dont les guichets avances
dans la rue, la rendent encore plus obs-
curc , & etroite , sont des objets de de-
goüt. II y a cependant quelques beautes
au milieu de tour ce furnier ; les Bezes-
teins & les Kans , les' Mosquees , quel-
ques maisons de plaisance du Grand-Sei-
gneur , & d’autres grands de sa Cour,
les bains publicsquelques fontaines sür-
paßfent l’attente qu’on avoit conque ä l’cn-
tree. II y a des Bezesteins d’une etendue
immense, coupes par plusieurs rues, tou-
tes couvertes d’un meine toit , & qai se
ferment raus les soirs avee de bonnes por-
tes , ou l'achetteur pent chercher la meik
kure qualite & le meilleur marche en vi-
sirant au moins 300 boutiques. Celui des
drogues du Cairc cronne par £3 longueur j
celui ©u Fon vend les bijoux est superbc9'
par les richesies qu’ii renferme ; celui od
l’on vend les armes & les equipages des
chevaux , etoit bien foürni avant sOuver-
türe de la campagn’c contre les Rußes ,
de marchandiles & d’aehetteurs 5 on avoit
alors desarme tous les Grecs de l’Empire*
Les Kans sont magnifiques, & il y en a
d’une etendue immense. Plusieurs avoient
cte fort endommages par le dernier trem-
blement de terre , qui d’ailleurs n’avoit
pas fair grand dommage , excepte aux
Minärets , qui par kur hauteur dispro-
portionnee ä kur epaisieur , sont fort su-
jets a etre ebranles. Les maisons de Con-
stantinopie qui sont toutes de bois , ne
tombent gueres ; toutes les poutres en sont
clouees , & leur legerere les defend contre
les sccousies sourerraines , comme un vais
seau l’est contre les vagues de la mer5
außi ne s’inquiete-t-on gueres de ce sseau.
Ce voyagc est assurement interessant;
nous y reviendrons encore une fois ; nous
rapportcrons quelques details sür Constan-
tinople , & sür les meeurs des Tures qui
donneront une Idee de la maniere de voir
de l’Aatcur.
Poesie.
The Swedish Curate. &c. Le Cure Sue-
dois ; Poeme , par M. Jerningham. A Lon~
dres 1773 , c^ez Roblon , zk-4’.
11 n’y a personne qui ne connoilse les
revoluüons de Suede ; celle sur-tout qui
mit Guftave vasa sür le trone a fourni
un sujet interessant ä nos Romanciers & a
nos Auteurs tragiques. On sair que ce
Prince , apres avoir echappe au mastacre
de Stockholm , penetra a l’aide de divers
deguisements dans la Dalecarlie ; on sair
aulli que pendant ce voyage il sut trahi
par un Gentilhomme , chez lequel il s'etoii
cahe,, & que ce fut avee bien des difH-
cultes , qu’ii evita de tomber entre les
mains d’eanemis ardents , qui cherchoient
leur viclime pour la livrer ä la mort a la-
quelle eile s’dtoit soustraite ; il dut son
salut au zek de la maitresse de la raaisom,
& se resugia chez un CmL qui le cacha
daiiS son Eglisc. C’cst 1c tempk qui est.