Gazette universelle de littérature (1774)

ectte derniere maison & celle de Citeaux;
S. Bernard fit de grands reproches ä la
premiere qu’il trouvoit s’etre trop ckartde
de la r^gle de $. Benoit ; il condamnoit
le luxe qui s’y etoit introduit; la nourri-
ture des Religieux lui paroissbit trop sen-
saelle ; ils se faisoient servir de tres gros
poilsons pour sc dedommager de l’a'osti-
»ence d: la viande ; ils cboisisibient des
ctofFes trop fincs pour leurs veremcnts ;
on pouvoit couper a la meme piece l’ha.
bit d’un Chevalier , & le froc d’un Moine;
jl avoit vu des Abbtss avcir jusqu’a 60
chevaux. La magnificence des Temples ne
faisoit pas moins de peine ä S. Bernard ,
qui disoit que 1‘Eg'ise dtoit dclatante en
bätiments & reduite ä la derniere misere
dans les pauvres. Pierre le vcnerable re-
pondir ä ces reproches ; il chercha ä jus-
tifier ses Religieux, & leurs richesses. On
trouve dans son Apologie une ressexion
qui paroitra singuliere sür la substitution
de la priere aux travaux manuels ; il se-
roit indecent, dit-il, de voir occupds aux
travaux de la Campagne ceux qui doivent
garder la cloture , 1c silence , vaquer ä la
priere & ä la le&ure, & faire les sonAions
Eccksiastiques. Il faudroit etre insense ,
ajoute-t-il , pour dire qu'il vaut micux
couper un mauvais arbre , en plantet un
nouveau , quc de prier. Tous ces details
prouvent que des cc temps les Benedidins
dtoient tres nches ; ils avoient des terrcs
des vasiaux ; c’etoient des dons de la pid-
td ; ils les acceptoient pour en faire un
ineillcur usage que ceux.qui les leur don-
noient; on sait que de tout temps ca dte
J’excuse de l’avidird religieuse.
On n‘a oublie dans ce recucil analytique
ancune des Oeuvres d«s deux Abbes ; on
y fait meme en'rer cclles qui leut sont
simplcment artribuees ; on fait connoirre
toutes les editions qui en ont etc faires ,
& on termine ces notices par un jugement
sür la Do&rine qu’clles contieanent. Parini
les ouvrages les plus estimes de S. Ber-
nard , on distingne les cinq livres de la
consideration adresics au Pape Eugene III,
les sermons sür le canttque des cantiques.
Ces derniers sont au nombre de 86. Il
considcrc d’abord la teneur du texte , les

embkmei Gtti ry pksentent, sa suite &
la liaison du dilcours; de-la, il passe au
sens prophdtique & au sens moral. Dans
les sermons sür les Saints, il fait ä son
sieclc les reproches qu’on fait aujourd’hui
au nörre ; ce qui fait croire que de
tout temps il y a eu de mauvais Chrc-
tiens , contre lesqueis se sont Cleves tous
les Predicareurs. L’ambition setoit glilsde
dans l’Eglis?; on voyoit frequemment des
hommes qui aspiroient a la primautd, a
donner des loix, ä etre maitres , ce qui est
contraire ä l’humilite qui est une vertu
prekrite par le Christianisme & disficile-
ment observ^e. Heu , heu , dit le Saint,
Dominus Deus 1 ipß sunt in persecutiont
tua primi , qtii videntur in Eccleßa tua pri~
mazum diiigere , gerere principatum. 11
trouvoit son siecle rempli d’Antecbrists , &
les Prelats faits pour donner l’exeniplc ,
en offroient frequemment de mauvais,
mais il recommandqit le silence sür leer
conduite. Hac videt Chrißus & silet, h&c
salvator patitur & di/simulat, propterea di(si-
mulemus nos quoque necejj'e efi , 6* ßlea-
mus interim , maximeque de Er&latis nos-
tris Magißris ecclefiarum.
En 1140, S. Bernard s’elcva fortement
contre la fete de la Conception de la
sainte Vierge qui venoit d’etrc introduitc
recemmen« a Lyon ; on connoir sa lettre
sür ce sujet. On y trouve ce pasfagc « di-
ra-t-on , que Marie a etd san&ifie'e au mo-
ment de sa Conception ? mais la raison nc
le souffre pas , puisque le S. Esprit est in-
compatiblc avec la concupiscence j il fau-
droit dont dire qu’elle a et£ con^ue par Ic
S. Erprit , opinion inouie jusqu’ici, qui ötc-
roit ä J. C. sa prerogative en la donnant
ausii a sa mere, &c. » Les Saints au fond
de leur solitude s’occupoient souvent de
doftrines delicates dans leurs details. Cette
notice analytique est bien faite ; eile fera
plaisir aux Eccleliastiqües.
Histoire moderne.
The hißory of the late war, &c. Hißoire
de la derniere guerre dans 1‘Ameiique fep-
tentrionale , & les Indes occidentales , y
compris les campagnes de 176$ &