( i8b )1
Morale.
Sammlung einigen predigten , &c. Recueil
de. quelques Sermons prononces a Lübeck ;
par M. le Dotfteur Jean Andre Cramer :
A J zJwk , chez Donatius. z«-8°.
C’est ä Copenhague que M. Cramer ,
s’est fair une reputation distinguee , taut
comme Predicateur, que comme Ecrivain ;
diverscs circonstances Font determine ä
quitter le poste qu’il occupoit en Dane-
marck , & il sest retire ä Lübeck dans le
dessein d’y "achever sa carriere. Depuis
qu’il y.refide, il a deja prononce un nom-
bre considerable de sermons, dent il fait
present au pubiie. Ils ont le meritc des
precedents ; mais on- ne laisse pas d’y sen-
t’r ä la fin , Finconvenient des repetitions
qu’il n’etoit gueres psssible deviter- dans
Une suite d’environ trente volumes qu’il a
publics. C’est un peu le cas de la manne
dont les Israelites furent rassalies. Cepen-
dairt les sujets des i<; Sermons de ce nou-
veau volume , Tont generalement bien choi-
sis & bien traites. Le troisieme , sür la
vianiere dont un Chretien doit examiner ses
bonn-s oeuvres , est cxcellent ; il y en a
d’autres qui sont fort infericurs , & cela
ne surprendra pas. Mais ce qui pourra
etonner c’est d’y trouver de ces sseurs pre-
tendii.es d’eloquencc , apres lesquelles cou-
rent les jeunes Orateurs , & qui ne diffe-
rent gueres des Concetti des Italiens. Nous
n'en citerons que cct exemple : « combien
r> de gens perdent leur droi-t d’ainess'e dans
» la Citd de Di.u pour le miserable potage
« de lentilles des voluptes charnelles ? » .
BELLES-LETTRES
Me MOIRE HISTORIQUE,
ST CRITIQUE.
Vie du Dante avec une notice detaillee de
ses ouvrages ; par M. de Chabanon , de
l’Academie Royale des Inscriptions &Bel-
les-Lcttres , & de celle de Lyon. A nms-
terdam, & se trouve ä Paris , chez La-
combe , Libraire, tue Ghristine, pres la
tue Dauphine.
Cette vie du Dante ost un morceau de-
tache d’un ouvrage plus considerable que
M. de Chabanon avoit entrepris sür i’erat
de la Litterature Italienne , dans le i je 3c
le 14c siecle 5 la maniere dont eile est ecri-
te , la saine cririque qui y regne, font re-
gretter que l’Auteür ait abandonne ses re-
cherches ; la renaissance des lettres en Ita-
lic a les plus grands droits ä notre curio-
site ; leur erat , leurs progres effiiroienü
une infinite de details interessants qiie l’on.
(eroit bien aise de voir traites par l’Au-
teur de la vie du Dante. Cette v-e en ge-
neral est affez connue ; on sait qu’il nä-
quit au milieu des troublcs que causerent
les faftions des Guelfes & des Gibelins s
des noirs & des blancs . Sc qu’il fut mal-
heureux ; mais on ne savoit pas si bien que
dans sa premiere jeunesse , il fut amoureux,.
& qu’il eprouva toures les agitations , Sc
les maiheurs trop souvent inseparables de
cette passion; ccux qui ont ecrit sa vie
ont neglige cette partie par cette raison?
merae qu’elle fut consacrde ä l’arnour « Eh
» pourquoi , dit M. de Chabanon , dedai-
» gner les premiers mouvements d’une ame’
„ doucement attiree vers l’objet qui lui
» plast ? les passions de l'homme mür le
» conccntrenc tout entier en lui-; l’amour
» le fait vivre dans un autre ; n’aurions-
» nous le droit d’interesier qu’en appre=»
»nant ä ne plus aimer que nous-me-
» mes ? » Le Dante qui avoit mieux juge de
cette partie de sa vie , l’a ccrite lui-meme
sous le titre de Vita nuova ; c’est dans
cet ouvrage . que M. de Chabanon a puisd
une multitude de details interessants , Sc
nouveaux en general pour les Lefteurs
Francois ; ce fut ä neuf ans que le Dante
devint amoureux ; l’histeire de cette pas-
sion est remplie de traits simples , naift
& touchants ; & on ne pouvoit les rendre
avec plus d’ihteret. « La premiere fois qu’il
» tencontra Beatrix sa maitresse , peu de
» temps apres leur premiere en^revue , eile
» jea sür lui les yeux. Ce regard, dit-il„
v me parut le dernier ttrme de la selicite,
»J’etois tellement penetre de sentimentS'
» doux que mon plus cruel ennemi , dans
r> ce moment nauroit pu me deplaire. Rien
2ide penible, rien de dwlaureux ne
Morale.
Sammlung einigen predigten , &c. Recueil
de. quelques Sermons prononces a Lübeck ;
par M. le Dotfteur Jean Andre Cramer :
A J zJwk , chez Donatius. z«-8°.
C’est ä Copenhague que M. Cramer ,
s’est fair une reputation distinguee , taut
comme Predicateur, que comme Ecrivain ;
diverscs circonstances Font determine ä
quitter le poste qu’il occupoit en Dane-
marck , & il sest retire ä Lübeck dans le
dessein d’y "achever sa carriere. Depuis
qu’il y.refide, il a deja prononce un nom-
bre considerable de sermons, dent il fait
present au pubiie. Ils ont le meritc des
precedents ; mais on- ne laisse pas d’y sen-
t’r ä la fin , Finconvenient des repetitions
qu’il n’etoit gueres psssible deviter- dans
Une suite d’environ trente volumes qu’il a
publics. C’est un peu le cas de la manne
dont les Israelites furent rassalies. Cepen-
dairt les sujets des i<; Sermons de ce nou-
veau volume , Tont generalement bien choi-
sis & bien traites. Le troisieme , sür la
vianiere dont un Chretien doit examiner ses
bonn-s oeuvres , est cxcellent ; il y en a
d’autres qui sont fort infericurs , & cela
ne surprendra pas. Mais ce qui pourra
etonner c’est d’y trouver de ces sseurs pre-
tendii.es d’eloquencc , apres lesquelles cou-
rent les jeunes Orateurs , & qui ne diffe-
rent gueres des Concetti des Italiens. Nous
n'en citerons que cct exemple : « combien
r> de gens perdent leur droi-t d’ainess'e dans
» la Citd de Di.u pour le miserable potage
« de lentilles des voluptes charnelles ? » .
BELLES-LETTRES
Me MOIRE HISTORIQUE,
ST CRITIQUE.
Vie du Dante avec une notice detaillee de
ses ouvrages ; par M. de Chabanon , de
l’Academie Royale des Inscriptions &Bel-
les-Lcttres , & de celle de Lyon. A nms-
terdam, & se trouve ä Paris , chez La-
combe , Libraire, tue Ghristine, pres la
tue Dauphine.
Cette vie du Dante ost un morceau de-
tache d’un ouvrage plus considerable que
M. de Chabanon avoit entrepris sür i’erat
de la Litterature Italienne , dans le i je 3c
le 14c siecle 5 la maniere dont eile est ecri-
te , la saine cririque qui y regne, font re-
gretter que l’Auteür ait abandonne ses re-
cherches ; la renaissance des lettres en Ita-
lic a les plus grands droits ä notre curio-
site ; leur erat , leurs progres effiiroienü
une infinite de details interessants qiie l’on.
(eroit bien aise de voir traites par l’Au-
teur de la vie du Dante. Cette v-e en ge-
neral est affez connue ; on sait qu’il nä-
quit au milieu des troublcs que causerent
les faftions des Guelfes & des Gibelins s
des noirs & des blancs . Sc qu’il fut mal-
heureux ; mais on ne savoit pas si bien que
dans sa premiere jeunesse , il fut amoureux,.
& qu’il eprouva toures les agitations , Sc
les maiheurs trop souvent inseparables de
cette passion; ccux qui ont ecrit sa vie
ont neglige cette partie par cette raison?
merae qu’elle fut consacrde ä l’arnour « Eh
» pourquoi , dit M. de Chabanon , dedai-
» gner les premiers mouvements d’une ame’
„ doucement attiree vers l’objet qui lui
» plast ? les passions de l'homme mür le
» conccntrenc tout entier en lui-; l’amour
» le fait vivre dans un autre ; n’aurions-
» nous le droit d’interesier qu’en appre=»
»nant ä ne plus aimer que nous-me-
» mes ? » Le Dante qui avoit mieux juge de
cette partie de sa vie , l’a ccrite lui-meme
sous le titre de Vita nuova ; c’est dans
cet ouvrage . que M. de Chabanon a puisd
une multitude de details interessants , Sc
nouveaux en general pour les Lefteurs
Francois ; ce fut ä neuf ans que le Dante
devint amoureux ; l’histeire de cette pas-
sion est remplie de traits simples , naift
& touchants ; & on ne pouvoit les rendre
avec plus d’ihteret. « La premiere fois qu’il
» tencontra Beatrix sa maitresse , peu de
» temps apres leur premiere en^revue , eile
» jea sür lui les yeux. Ce regard, dit-il„
v me parut le dernier ttrme de la selicite,
»J’etois tellement penetre de sentimentS'
» doux que mon plus cruel ennemi , dans
r> ce moment nauroit pu me deplaire. Rien
2ide penible, rien de dwlaureux ne