que , comme a son arrivee il s’ctoit fair
passer pour Medecin , on le consulta sür la
maladie d’une Princesse , qui etoit parcntedu
Rot , & que les Pretres n’avoicnt pu gue-
rir par leuts cxorcismes. M. Bruce ayant
reparu devant le Roi, lui parla en Abyf-
sin ; ce qui jeta ce Prince dans un si grand
etonnement , qu’il dir qu’il falloit qu’il
für inspire du Saint Esprit ou du Diable.
On le conduisit ä l’appartemont de la Prin-
cesle malade. II vit quelle avoit la fievre
tierce , & il la lui fit passer en peu de
temps.
Cette eure le mit dans une si haute es-
time aupres du Roi & des Grands, qu’oi»
lui ofFrit teure la prote&ion qu’il pouvoit
desirer pour parcourir le Royaume entier 5
& il en a si bien profite qu’il a rassera-.
ble plus de 6000 manuserits , & entr’au-
tres une bonne copie du livre du Patriar-
che Henoch , dont il a fair present au
Pape , en passant par Rome ä son retour.
II a fair outre cela une copicuse Collec-
tion dc semences & de plantes rares , de
dessins & d’autres rareres du pays.
Pendant qu’il etoit livre ä ces occupa-
tions , le Roi d’Abyflinie entra en guer-
re avec une nation barbare , sirude aux
frontieres de ses Etats. Son armee fut ro-
talemcnt defaite dans la premicre bataille,
naaisil en Ieva uoedcconde, & ayant prisM.
Bruce avec lui dans cette expedition , il
rangea ses troupes , suivant fes conseils ,
dc facon qu’il rerpporta a son tour une vic-
toire des plus complettes , dans laqüelle
il resta plus de uooo hommes sür la place,
& M. Bruce fut dangei-eusement blesse.
Apres sa guerison , 41 devint une des
premieresi pei sonncs 4dec 1'Etat , & iljoua.
ä-pcu-prevle meme role qtie joua autrefois
le Pattriajche Joseph en Egypte.
Apresjquatre auf dc fejouren Abysfinie ,
i| sentit Je defir de revoir sa patric. On
cut'beaueoup de .repugnance ä le laisier
a|ler, & 011 le retint encorc quelques
mois; il tssobtint enfin la permission de parcir
«ju’0i jurant, sar Ifts, Eyangiles qu’il,revien-
108 )
droit. M. Bruce a traverse les immenses
deserts oü se trouvent les sources & les
cataraftes du Nil ; dela il est venu en Nu-
bic & en Egypte , oii il a ete reduit ä une
fi gtande disette , que tous ses chameaux
& ses compagnons, ä l’exception d un seul
Gree, ont peri; etant rentre en Europe ,
il a passe par Rome & par Venisc, & a re-
vu enfin ses psnates. On le croit presen-
tement occupe ä dresier la relation de ses
interessants voyages.
Il dir que le Roi d’Abyssinie est un
jeune Prince de 18 ans; mais qui a beau-
coup d’esprir & de penetration. Il gouverne
d’une maniere tout-ä-fait despotique. Les
AbylTins vont ä la guerre armes de lanccs ;
mais ils ont aussi des armes a fett.
Si M. Bruce publie sa Relation de I’A-
bysfinie , eile fera d’autant plus de plaisir
qu’on n’a encore rien de sarisfaisant sür
cette contree. Le seul Protestant qui y ait
pdnetre est Pierre Heyling, en 1635 ; mais
l’Alleniagne n’a pas eu i’avantage de le
revoir. Wansseben d’Erfurt trompa le pieux
Duc Erliest dc Gotha; & au lieu de dc-
rneurer Protestant , & de faire le voyage
dont ce Prince vouloir fournir les frais,"
il apostasia. Le peu que les Jesuites ont
ecrit de l’Abyssinie dans les Relarions de leuts
missions , n’est gueres propre ä faire bien
cörinoirre ce Royaume. Ainsi , selon tou-
tes les apparences , M. Bruce va faire un
tres beau present ä l’Europe ; il a remis
ä la Bibliotheque Royale un exemplairc du
meme livre d’Enoch , qu’il adonne au Pape.
Et l’on croit que M. Wride Chapeiain
Anglois , qui est a<ftuellement ä Paris, &
qui entend la langue Ambarique , dans
laqüelle cet ouvragc est ecrit , se char-
gera de la traducftion. Quoique cet ou-
vrage soit reeonnu pour apocryphe il ne
laisse pas de remonter a une haute anti-
quite, & de feurnir matiere ä des diseus-
sions dignes d’occuper lies Savants. Or
pourra peut-etre decider la question , s’il
a ete compose par un Juif, ou par un
Chretien ?
’IMPKIMIRIK DUCALE.
passer pour Medecin , on le consulta sür la
maladie d’une Princesse , qui etoit parcntedu
Rot , & que les Pretres n’avoicnt pu gue-
rir par leuts cxorcismes. M. Bruce ayant
reparu devant le Roi, lui parla en Abyf-
sin ; ce qui jeta ce Prince dans un si grand
etonnement , qu’il dir qu’il falloit qu’il
für inspire du Saint Esprit ou du Diable.
On le conduisit ä l’appartemont de la Prin-
cesle malade. II vit quelle avoit la fievre
tierce , & il la lui fit passer en peu de
temps.
Cette eure le mit dans une si haute es-
time aupres du Roi & des Grands, qu’oi»
lui ofFrit teure la prote&ion qu’il pouvoit
desirer pour parcourir le Royaume entier 5
& il en a si bien profite qu’il a rassera-.
ble plus de 6000 manuserits , & entr’au-
tres une bonne copie du livre du Patriar-
che Henoch , dont il a fair present au
Pape , en passant par Rome ä son retour.
II a fair outre cela une copicuse Collec-
tion dc semences & de plantes rares , de
dessins & d’autres rareres du pays.
Pendant qu’il etoit livre ä ces occupa-
tions , le Roi d’Abyflinie entra en guer-
re avec une nation barbare , sirude aux
frontieres de ses Etats. Son armee fut ro-
talemcnt defaite dans la premicre bataille,
naaisil en Ieva uoedcconde, & ayant prisM.
Bruce avec lui dans cette expedition , il
rangea ses troupes , suivant fes conseils ,
dc facon qu’il rerpporta a son tour une vic-
toire des plus complettes , dans laqüelle
il resta plus de uooo hommes sür la place,
& M. Bruce fut dangei-eusement blesse.
Apres sa guerison , 41 devint une des
premieresi pei sonncs 4dec 1'Etat , & iljoua.
ä-pcu-prevle meme role qtie joua autrefois
le Pattriajche Joseph en Egypte.
Apresjquatre auf dc fejouren Abysfinie ,
i| sentit Je defir de revoir sa patric. On
cut'beaueoup de .repugnance ä le laisier
a|ler, & 011 le retint encorc quelques
mois; il tssobtint enfin la permission de parcir
«ju’0i jurant, sar Ifts, Eyangiles qu’il,revien-
108 )
droit. M. Bruce a traverse les immenses
deserts oü se trouvent les sources & les
cataraftes du Nil ; dela il est venu en Nu-
bic & en Egypte , oii il a ete reduit ä une
fi gtande disette , que tous ses chameaux
& ses compagnons, ä l’exception d un seul
Gree, ont peri; etant rentre en Europe ,
il a passe par Rome & par Venisc, & a re-
vu enfin ses psnates. On le croit presen-
tement occupe ä dresier la relation de ses
interessants voyages.
Il dir que le Roi d’Abyssinie est un
jeune Prince de 18 ans; mais qui a beau-
coup d’esprir & de penetration. Il gouverne
d’une maniere tout-ä-fait despotique. Les
AbylTins vont ä la guerre armes de lanccs ;
mais ils ont aussi des armes a fett.
Si M. Bruce publie sa Relation de I’A-
bysfinie , eile fera d’autant plus de plaisir
qu’on n’a encore rien de sarisfaisant sür
cette contree. Le seul Protestant qui y ait
pdnetre est Pierre Heyling, en 1635 ; mais
l’Alleniagne n’a pas eu i’avantage de le
revoir. Wansseben d’Erfurt trompa le pieux
Duc Erliest dc Gotha; & au lieu de dc-
rneurer Protestant , & de faire le voyage
dont ce Prince vouloir fournir les frais,"
il apostasia. Le peu que les Jesuites ont
ecrit de l’Abyssinie dans les Relarions de leuts
missions , n’est gueres propre ä faire bien
cörinoirre ce Royaume. Ainsi , selon tou-
tes les apparences , M. Bruce va faire un
tres beau present ä l’Europe ; il a remis
ä la Bibliotheque Royale un exemplairc du
meme livre d’Enoch , qu’il adonne au Pape.
Et l’on croit que M. Wride Chapeiain
Anglois , qui est a<ftuellement ä Paris, &
qui entend la langue Ambarique , dans
laqüelle cet ouvragc est ecrit , se char-
gera de la traducftion. Quoique cet ou-
vrage soit reeonnu pour apocryphe il ne
laisse pas de remonter a une haute anti-
quite, & de feurnir matiere ä des diseus-
sions dignes d’occuper lies Savants. Or
pourra peut-etre decider la question , s’il
a ete compose par un Juif, ou par un
Chretien ?
’IMPKIMIRIK DUCALE.