Gazette universelle de littérature (1774)

discretion , de rettntie ; d'humilite' ; else
mene au sein de la grandeur, la vic la plus
r^glee & la plus retiree ; eile ne trouve de

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BELLES-LETTRES.

Melange s,
Maintenoniana , ou Choix d'anecdotes in«
teressantes , de maximes morales , Sic. tirees
des lettres de Madame de Maintenon , avec
des notes hiftoriques, par M. B. de B. A
Amsserdam ( probablement a Geneve ) gr,
z/z-80.
De pareils ouvrages sont trop aises ä
faire pour donner la quaiite d’Auteur ä
ceux qui les publient; mais , quand on fait
tant quc de les lediger , il faudroit puiser
dans des sources plus dignes de la confiin-
ce publique. Quelque vogue qu’ayent eu
les Memoires & les lettres de Madame de
Maintenon , il n’existe guercs de Compila-
tion plus suspefte ; feu M. de la Beau-
nulle y a fait entrer les cboses les plus ha-
sardees , & il a visiblement interpole les
lettres de Madame de Maintenon , au point
de lui preter ses sa-illies & plus d’une fois
ses tours de phrales , ses gasconismes. Ce
ß’etoit donc pas la peine de remettre ces
ebjets sous les yeux du public qui sait al«
sei oii les trouver, st l’cnvie lui en revient.
Mais on s’est fie ä l’interet qu’excitera
Soujours le nom de Madame de Maintenon
& ä tout ce qui se rapporte a cette spirituelle
& habile femme , qui a jouc avec le plus
de succes un des röles les plus distingues
sür un theätre dont tous les acteurs ont
fixe l’attentiou de leurs contemporains, &
exciteronc encore long temps celle de la
posterite.
Suivant l’idee qu’on donne ici de stjn
caradtere personel , & des refsorts de son
elevation , on voit une pauvre falle de qua-
iite , nee dans les prisons , & destinee en
apparence ä un sort rigoureux , se faire
connoitrc par son esprit, estimer par sa sa-
gesie , consideur par ses services ; eile ga-
gne par des degres imperceptibles , d’au-
rant plus solides qu’iis etoicnt lents , ton-
te la confiaiace d’un Monarque ralTasie de
plaistrs sensuels , & dont l’ame cherchoit
une ame , ä laquelle eile püt se lier inri—
mement, Dcpuis ce moment ,'Madame de
Maintenon ne .donne quc des eJsemples de

plaisir qu’ä faire de bonnes ceuvres , eile
dedaigne le falle & le luxe, eile montre
le plus parfait desinterelsement ; & dans la
pratique constante de ces vertus, eile nie-
peile tous les traits dont la malignite Sc
l’envie s’efForcent de l’accabler.
Ce tableau presenre un objet accomplt;
& il y a certainement peu d’ombres a y re«
pandre ; Madame de Maintenon n a peut-
erre pas etd toujours-une femme forte, &:
dans aucune periode de sa vie ne l‘a ete a
tous egards ; mais comparee a toutes les
favorites connues , on ne peut guere lui
conrester la preeminence. Les egards qu’ott
eut pour eile apres la mort du Roi , sonC
bien decisifs en sa faveur.
Il seroit inutile de rappeller ici les traits
dont le Redakteur a fait choix dans ses
lettres. On la trouve en contradiftion avec
elle-meme, quand eile ecrit ä son frerc
de ne pas persecuter les Huguenots , &
quand eile fait enlever de force a son plus
proche parent sa ftlle pour la faire elevet
dans la Religion' 'Catholique. Elle ne pen-
se pas philoibphiquement , quand eile sou-
haite qu’un enfant a la naissance duquel
eile s’interelFe, vienne plutot mort au mon-
de qu’avec quelque difformite corporelle.
Eile est , ou veut erre esclave du prejuge,
quand eile ttouve mauvais que le P. Mas-
caron- ait represente' les conquerants com-
me des brigandst. Rlle fait pitie en vou-
lant convertir un de ses cousins par des
motifs purement temporels, Sic.
Il y auroit bien d’autres remarques a
faire : il faut les lailset ä l’iutelligence des
Lcstcurs.
V O Y A G E S.
A voyage totrards the Norch pole , Sie.
oyage vers le Pole feptentrional, entrepris
par 1‘ordre de S. M. B. en 177^. Par M.
Constantiu-Jean Phipps. A 1ondres 1774 *
cIigz Nourse. iv-8“.
La decouvcrte d’un passage aux Indes
orientales par le pole septentrional, auroit-
A a a a a&