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Gazette universelle de littérature — 1775

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[Num. 41-50]
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https://doi.org/10.11588/diglit.44755#0370
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le rivage à Mar-

La suite à ïordinaire prochain.

Foins qu’il a pris pour les
dirons celle-ci du Mercure
mois dernier.

«e sont pas au-dessus de ses sorces. Mais nous ne som«
mes point avec lui pour le consôlér , pour le soulage?;
il ell éloigné de nous, d’une épousc chérie ôc de trots
enfants qu’il aima toujours avec tendresse.-Et
quel nom votre pere porte-t-il à Tétuan? -Il n’ea
a pas changé : il s’appelle Robert comme à Marseib
le. —_ Ha Lha ! Robert . . . chez l’intendant des jar-
dins. --Oui, Moniteur-Votre malheur me
touche , mais d’après vos sentiments qui le méritent,
j’ose vous prérager un meilleur sort, &: je vous le
souhaite bien sincérement. . En jouissans du frais, jé
voulois auffî me livrer à .la solitude : ne trouvez
donc pas mauvais, mon ami, que je sois tranquille un
moment.
Lorlqu’il fut nuit, Robert eut ordre d’aborder.
Sortant du bateau , sans lui donner le temps d’en des-
cendre, ni de l’attacher, l’inconnu ne permit pas à
Robert de le remercier de sa bourse qu’il lui laissa e
en le quittant ainsi avec précipitation. Il y avoir dans
certe bourse huit doubles louis eh or, & dix écus
en argent. Une généralité sussi considérable inspira au
j-etrne homme la plus haute opinion de la serssibilité
de l’inconnu : mais ce fut en vain qu’il faisoit des
vœux pour le rencontrer & lui en rendre grâces.
Six lémaines après estte époque , cette famille hon-
nête, qui continuait, sans relâche,-à travailler, pour
completter la somme dont elle avoir b:soin, étant à
prendre un dîner frugal , composé de pain & d’amen-
des lèches , voit arriver Robert vies proprement vé-
cu > qui la surprend dans sa douleur & dans sa mi-
sere.-'Ah ! ma femme ! ah ! mes chers enfants !
comme!lt avez-vous pu me délivrer aussi prompte-
ment , 8c de la maniéré dont vous l’avez fait ? Voy.-z
un peu comment vous m’avez équippé, & puis ces
cinquante louis que l’on m’a comptés en m’embar-
quant sur le vaisseau , où mou passage & ma nourri-
ture écoiént acquittés d’avance ! comment reconnoî-
tre tant d’amour, tant de zele ? Sc ce dépouillement:
affreux où vous vous êtes mis pour moi !-La
surprise de la mere lui ôte d’abord la force de ré-
pondre ; el'e ne peut qu’embrasser son mari, fendre
en larmes, ses silles de l’imiter. Pour le jeune Robert,
il reste immoble sur sa chaise : toujours sans mouve-
ment , 8c il s’y évanouit enfin.
Les pleurs qu’il a répandus rendent la parole a la
mere ; elle embrasse encore sou mari, elle regarde,
son fils , & le montrant au pere : voilà votre libéra-
teur. Il falloir Sooo francs pour votre rançon : nous
en avons un peu plus de la moitié seulement, dont la
meilleure partie est le prix du travail & de l’amour de
votre fils. Ce resp.ettabie enfant aura trouvé des
amis, qui, touchés de ses vertus l’auront aidé; 8c
puisqu’il projétroit, en secrec, dès le principe de
votre esc-lavage, d’aller prendre votre place ; c’elt
sans doute à lui que nous devons notre bonheur : il a
voulu de même nous en laitier la surprise. Vbyez
comme il le sent ! mais secOurons-le. La mere vole à
lui; ses sœu.rs en font de même. Ce n’eil qu’avec
beaucoup de peine qu’on l’arrache de son évanouis-
sement ; il jette alors ses regards languissants sur son
pere : mais il n’a point allez de force pour parler
encore.

Le jeune Robert attendoit sur
seillc,que quelqu’un entrât dans son batelet. Un in
connu s’y plaça , mais il. alloir en sorcir incontinent,
en disant à Robert qui se présente , 3c qu’il ne loup-
çonue point en être le Patron , que puisque le conduc
leur ne se montre point, il va passer dans un au-
tre.-Celui ci» elt 1s mien, Monsieus; voulez
vous sottir du port? -Non --Monsieùr-Il
n’y a plus qu’une heure de jour ... Je voulois seule-
ment faire quelques tours dans le badin, pour profi-
ter de la fraîcheur & de la beauté de la soiree . . .
Mais vous n’avez pas l’ait d’un marinier, ni le ton
d'un homme de cet état-CeU est vrai, & je ne
le suis pas en effet : ce n’est que pour gagner plus,
d’argent que je fais ce mêti«r lesfêtes Sc dimanches.—
Fi ! avare à votre âge ! cela dépare votre jeunesse , 8c
étouffe l’intérêt qu'inspire d’abord votre heureuse phy-
iïonomie_Hélas ! si vous saviez pourquoi je dé-
lire h fort de gagner de l’argent, si vous me connois-
lîez , vous n’ajouteriez pas à ma peine celle de me
croire un caractère si bas.-J’ai pu vous saire tort:
mais vous vous êtes mal exprimé. Faisons notre pro-
menade ; vous me conterez verre histoire ... Eh
bien ! mon cher ami, dites moi donc quel sont vos
chagrins ; vous m’avez disppsé à y prendre part.-
Je n’en ai qu’un , celui d'avoir mon pere dans les
sers , sans pouvoir l’en tirer encore. Ilétoit Courtier
dans cette Ville ; s’étant procuré de ses épargnas 8c
de celles de ma mere , dans le commerce de mo-
des , un intérêt sur un vaisseau en charge pour
Smyrne , il a voulu lui-même veiller à l’échange de
sa pacotille 3c en faire le choix. Le vaisseau a été
pris par un Corsaire 8c conduit à Tétuan, où mon
mal-heureux pere est esclave avec le relie de l’équi-
page. Il saut deux mille écus pour sa rançon ; mais
comme il s’étoit épuisé , afin de rendre plus impor-
tante son entrepeise , nous sommes bien éloignes d’a-
voir encore cette somme. Cependant ma mere ôc
Ries soeurs travaillent jour âc nuit ; j’en fais de meme
chez mon maître,dans l’état de jouaillier que j’ai em-
brassé, 8c je cherche à mettre à profit, comme vous
voyez , les dimanches 8c les sêtes. Nous nous soraines
retranchés jusques sur les besoins de première neces-
sité ; une seule pètite'châmbëe forme le logement de
notre ménage infortuné. Je erpyois d’abord qu ilm’c-
toit possible d’aller prendre la place de mon pere, &c
de le délivrer en me chargeant de ses fers ; j’étois prêt
à exécuter ce projet, lotsque ma mere qui en sut in
formée , je ne sais comment, m’affura qu’il étoit aussi
impraticable que chimérique , & sit désendre a tous
les Capitaines pour le Levant de me prendre à leur
bord.-- Recevez-vous quelquefois des nouvelles
■de votre pere ; savez-vous quel est son Patron a T é-
tuan, 8c quels traitements il y éprouve? —- Son
Patron est Intendant des jardins du Roi; on le traite
-ay.ee humanité ; 8c lés travaux auxquels on l’emploie

Îsa-J
Têe du grand homme , qui joigaoit foutes
les vertus au génie j quelques unes n’ont
point échappé aux recherches, malgré les
cacher ; nous
de France du
 
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