gsiOîs par des exemples ce que je viens
d'avancer j mais on en trouve à chaque
page de l’h'.stoire , on en voit des qu’on
promene ses regards autour de soi.
sAinsi je palse à ia sécondé naéprise,
qui , sélon moi , conliste en ce qu’après
avoir mal mesuré les domaines de la For-
tune & de ia Prudence, ou les a plus mal-
à-propos encore entièrement séparés, com-
me si ta Fortune pouvoir être quelque choie
sans un certain degré de Prudence, ou la
Prudence parvenir à sestins, si la Fortune
Hui eft absolumenc & opiniâtrement con-
traire. Non, Meilleurs, tout ce que nous
voyons de grand & de frappant, a tiré ton
-origine d’un concours de sortune & de
prudence, auquel il doit sa conservation &
ses progrès. Le Général le plus malhabile
peut remporter une viétoire éclatante ; la
Fortune l'a favorisé; mais la Prudence lui
manque , & il n’en sait recueillir aucun
fruit. Au contraire, le Général le plus con-
sommé dans son art, peut avoir quelque
grand échec ; la Fortune lui a été con-
traire ; mais il s’en relevera : la palme de
la victoire & le char triomphal lui sont
finalement reservés. L.s Etats de même par-
viennent quelquefois des plus foibles com-
mencements , comme l’Empire Romain, au
faîte de grandeur , où du sein de la tour-
mente la plus orageuse, comme les Pro-
vinces-Unies, au calme le plus siorisiant;
ç’est qu’une suite de Guerriers magnanimes,
ou de Pilotes expérimentés ont présidé à
ces accroisscments. ©ans d’autres conjonc-
tures , les Etats se réunisient quelquefois
presque fortuitement sous un seul Maître ;
mais s'il ne sait pas les régler, û c’est un
Sardanapale plongé dans la mollesse , un
Honoritis livré à l’indolence, le plus vaste
Empire est un colosse d’argile qui ne tarde
pas à se briser.
» Que faut-il donc pour donner aux pros-
pérités humaines le plus véritable éclat, la
plus solide consistance & la plus longue
durée ? Il saut ce dont nous sommes les
témoins depuis trente-cinq ans 3 le concours
de la Fortune & de la Prudence » fôals un
concours dans lequel la Fortune soie tou-
jours subordonnée à la Prudence. Il y a eu
sans don e des circonstances sussi imprévues
qu heureuses qui ont lauvé plus d’une fois
le Héros Prusiien & son Etat des dangers
éminents auxquels ils se trouvoient exposés.
Mais , si la Prudence avoir abandonné ce
Héros dans ces moments critiques , si sa
tête n’avoit pas suppléé à son bras, croyez*
vous que nous nous réjouirions encore au-
jourd’hui de la durée de son glorieux régne ’
Frédéric conserve. des lauriers qui sont
mis à l’abri de la soudre ; il sera toujours
un des plus grands Capitaines qui aient
existé. Mais , s’il m’est permis de parler sur
des sujets ausli éloignés de ma sphere, ses
talents politiques l’emportent encore sur ses
talents militaires; je l’admire plus dans son
Cabinet qu’aux champs de Mars ; j’y vois
rassemblées autour de lui toutes les Divini-
tés propices aux Maîtres du monde ; sui-
vant l’idée d'un Poëte Latin , aucune ne sau-
roit lui manquer, puilqu’il a la Prudence
& quelle préside à tous ses Conseils. La,
Fortune est à présent devenue inutile ; on
pourvoit briser son simulacre & le fouler
aux pieds : ia Prudence a élevé, autour de
cet Etat , des remparts & des murs que
les plus paillants essorts ne pourront ren-
verser. Et si , comme nous le demandons
dans ce moment à {'Arbitre suprême des
destinées , Frédéric atteint au jubilé de son
avènement au trône , & qu’il soit célébré
dans ce Sanctuaire des Miises , ceux qui
assisteront à cette solemnité , verront une
monarchie qui avoir paru prête à se dissi-
per en éclats , porter (a têre jusqu’aux
cieux , & ses racines jusqu’aux sombres
demeures. «
A ce diseours a succédé le rapport con-
cernant les Prix à adjuger & les QuestionS
à proposer pour les Prix de l'année pro-
chaine ; le désaut d’eîpace nous force à
renvoyer ccs articles à l’ordinaire pro-
chain.
L’IMPRIMERIE oücalb.