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Gazette universelle de littérature — 1775

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[Num. 91-100]
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https://doi.org/10.11588/diglit.44755#0775
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célébré dont elles portent le nom ; c’est sa
propre fille qui les publie , d’après les ori-
ginaux qui sont entre ses mains ÿ on ne
pourroit pas présumer qu’elle eut voulu
manquer à la mémoire de son perc , en lui
attribuant des lettres qui ne sereient pas
de lui , quand même celles-ci ne porte-
roient pas des traits caraétéristiques de la
maniéré originale de leur Auteur.
Les mémoires lut la vie & la famille de
Sterne sont un morceau curieux , écrits du
ton du voyage fintimental ; il avoir jete
ces détails sur le papier peu de temps avant
sa mort , à la demande de Miss Lydia , sa
fille , mariée depuis à M. Medalle.
L’Auteur étoit né en Irlande ; ce pays a
eu le double avantage de produire un sé-
cond Cervantes , & un sécond Rabelais ;
l’Aureur des voyages de Gulliver, &. celui
du voyage fentimental , étoient tous deux
Irlandois.
Laurent Sterne étroit un descendant de
l’Arcirevéque Sterne ; son pere étoit Lieu-
tenant dans un régiment qu’on ne désigne
pas. Notre Auteur, naquit à Clonmel, dans
le Sud de l’Irlande , le 2 4. Novembre 1705,
peu de jours après l’arrivée de sa mere qui
•ycnoit a’orî de Dunkerque. Il pareil: que
dans l’histcire touchante qu’il publia de-
puis de Lefevre , il fit usage de plusieurs
événements de la vie de son pere. « J’a-
» vois eu l’année précédente , dit Sterne ,
« une sœur , qui étoit née à Lille en Fran-
3> dre j elle fut très malheureuse ; elle épou-
« sa à Dublin un certain Wiemans qui la
n traita sort mal , mangea sa petite for-
» tune, & disparut en lui laissant à peine
»ane chemise ; elle mourut dedesespoir;
» c’éroit une très belle femme qui roéri-
» toit un sort plus heureux. »
Sterne , dans fon enfance , voyagea beau-
coup avec son pere &-sa mere , qui n’a-
voient d’étabiissement nulle part , & qui
«hangeoient de demeure chaque fois que
le régiment changeoit de quartier. Il ra-
conte d’une maniéré allez plaisante toutes
ces dissérentes coursts qui n’enrichirent pas
son pere , parce qu’elles étoient trop fré-
quentes. Il ne.manque pas à cette ©ccasion
de faire quelques réssexions sur l'avantage
qu'ri y aurait de rendre les garnisohs sc-

5 ' . ,
7dentsires ; il y a peu de pays où l'on ne
sente ces avantages -, & il n’y en a point
où l’on songe encore à en profiter si ce
n’est dans les Etats de la maison d’Autri-
che où l’on paroît s’occuper de l’exécution
de ce projet.
Pendant ces differentes ccurses de la fa-
mille de Sterne , elle groïsissoic un peu.
Laurent fut mis à l’école près de Hali-
fax , par un de ses parents , qui se char-
gea de lui , Sc qui l’envoya à l’Univerfité
pour achever ses études. Pendant le temps
qu’il étoit éloigné de sa famille , elle
éprouva des malheurs dont il ne fut pas
témoin ; son pere eut une querelle avec un
Officier , se battit, & fut blessé dangereu-
sement ; il guérit de sa blessure , mais il
en conserva une foiblesse qui le rendit
moins propre à supporrer les fatigues de
son métier. Il fut envoyé à la J., marque 5
le changement de climat l’affoiblit encore;
il prit la fievre que les nouveaux venus
éprouvent ordinairement dans ce pays ; elle
le réduisit à l’état le plus pitoyable ; le
Lieutenant Sterne tomba dans une espece
d’enfance , & mourut deux mois après.
» Mon pere , dit notre Auteur , croit de
« petite taille , mais d’une force & d’une
«activité singulieres ; -avec cela; il étoit
» d’une patience dont on a peu d’exemples ;
» elle prenoit sa source dans son courage,
« & lui sit soutenir aisément tous les de-
5» sagréments qu’il plut à Dieu de répandre
” sur sa vie. Il étoit très vif, mais cepen-
» dant un caractère doux & honnête , ia-
» capable de faire le mal , & ne le soupçon-
” nant dans perfonne ; on pouvoir le
” tromper dix fois dans un jour ; car il
” ne s’appercevoit pas qu’il Fs voit été
» neuf fois. «
Au sortir de 1’Univer.sité , Laurent Sterne
alla à Yosck où son oncle lui procura la
ctjre de Sutton. « C’est à Yorck , dit il à
» sa sille , que je fis connoissance avec vo-
« tre mere 5 je lui fis ma cour pendînt
» deux ans , elle m’avoua enfin quelle
» m’aimoit ; mais elle pensa qu’elle n’é-
» toit pas allez riche , ou que j’étois trop
«pauvre pour unir nos destinées. Elle
«tomba dans une con sora pi ion. Un. sois
» que j’évüis affis auprès d'elle , dans la
 
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