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Gazette universelle de littérature — 1777

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[Num. 11-20]
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https://doi.org/10.11588/diglit.44757#0122
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r t
r»re de.cteire atlx miracfes de St. Paris.
D'ailleurs il eil tres bon Geometre comme
vous savez, & ce qui vaut mieux , tres
bon gar^on. Nous irons bientot philoso-
pher a Bruxelles enscnible ; car 011 n’a
point sa raison ä Paris ; le tourbillon du
nionde est cent fois plus pernicieux que
ceux de Descartes. Je n’ai encore eu m ie
temps de penser, ni celui de vous ecrire.
Pour Madame du Chätelet , eile est toure
differente ; eile pense toujours , eile a tou-
jours son esprit, & st eile ne vous a pas
ecrit, eile a tort ; eile vous fait nulle
complimens , & cn dir autant ä M. de
Buffon.
Adieu , mon cherami, envoyez-moi donc
de ces vers donc un seul die tant de cho-
ses. Faites ma cour , je vous prie , ä M.
de Buffon ; il ine plaic tant que je vou-
drois bien lui plaire. Adieu je suis ä vous
pour le resse de ma vie.
Letsre 2£V7JIf
Mon eher Rival, mon Poete , mon Phi-
Ipsbphe ,*je reviens de Berlin , apres avoir
cssuye tout ce que les chemins de la Wcst-
phalie , les inondations de la Meuse, de
l’Elbe & du Rhin , & les vents contraire?
sür la mer oot d’insupportable pour un
homme qui revole dans le sein de l’amitie.
J’ai montrd au Roi de Prüste votre epitre
corrigde ; j’ai eu le plaistr de voir qu’il a
admire les meraes choses que moi, & qu’il
a fait les meines critiques. Il manque peu
de chose ä cet ouvr2ge pour etre parfait.
Je ne cesserai de vous dire que li vous con-
tinucz a cultiver un art qui semble st aise
& qui est st difficile, vous vous ferez un
honneur bien rare parmi les Quarante ;
je dis les quarante de l’Academie , comme
ceux des Fermes.
Les inssitutions Phystques & l’anti Ma-
chiavel sont deux monumens bien stngu-
liers. Se seroit-on atcendu qu’un Roi du
N@rd & uns P^rpe de la £oiir de France


0 )
eustent honord ä ce point les Belles-Let*
tres ? Prault a du vous remettre de ma part
un anti-Machiavel. Vous avez eu la pliiio-
sophie Leibnirienne de la main de son ai-
mabie & illustre Auteur. Si Leibnitz vi-
voit encore , il mourroit de joyc de se
voir ainst explique , ou de honte de le
voir surpasser en clarte , en methode & eu
diegance. Je suis en peu de choses de l’a-
vis de Leibnitz. Je l'ai mem: abandonoe
sür les forces vives; mais apres avoir In
tout, ou presque tout ce qu’on a fait en
Allemagne sür la philosophie , je n’ai rien
vu qui approebe , ä beaucoup pres , du
livre de Madame du Chätelet. C’est unc
chose tres honorable pour son sexe & pour
la France. Il est peut-eire honorable pour
l’amitie d’aimer tant les gens qui ne sont
pas de notte avis; & meme de quitter ,
pour son adversaire un Roi qui me com-
ble de bontes & qui veut me fixer .ä sa
Cour par tout ce qui peut Satter le go.tit,
l’interet & l’ambition. Vous sayez , mon
eher ami , que je n’ai pas eu grand md-
rite a cela , & qu’un tel sacrifi.e n’a pas
du me coüter. Vous la connoissez j vous
savez st on a jamais joint a plus de lu-
mieres , un caeur plus genereux , plus cons-
tant & plus courageux dans l’amitie. Je
crois que vous me tnepriseriez bien st j’e-
tois resse a Berlin. Monsteur Gresser, qui
probablement a des engagemens plus le-
gers , rompra sans douce ses chaines ä
Paris , pour aller prendre cellcs d’un Roi
ä qui on ne peilt preferer que Madame du
Chätelet. J’ai bien dir ä sa Majcsse Prüs*
sienne que Gresset lui plairoir plus quC
moi 5 mais que je n'erois jaloux , ni comme
Auteur, ni comme courtisan. Sa maison
doit etre comme celle d’Horace , eß locus
uni cuique Jiius. Pour moi, il ne me man-
que ä present que mon eher Helvetius ;
ne reviendra-t-ii point sür les frontieres ?
n’aurai-je point encore le bonheur 1g
voir & de l embrasser ?

L’IMERlM ERIE DU CALE
 
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