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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 3
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Herweg, ...: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0193
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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d'ailleurs, peuvent envier à la Bavière l'influence bienfaisante à laquelle Munich doit
d'être devenue, depuis un demi-siècle, une des capitales de l'art moderne!

Je ne dois pas, en vous parlant des humbles productions des sculpteurs en bois de
nos montagnes, oublier de vous dire quelques mots d'un ouvrage d'une tout autre
portée, qui n'est pas à l'exposition du Kunstverein, mais que l'on a pu voir ici à l'Institut
Mayer. C'est un groupe remarquable, dû au ciseau de M. Knable, et destiné au principal
autel d'une église de Passau. Il se compose de cinq figures plus grandes que nature,
représentant Dieu le Père, Jésus-Christ couronnant la vierge Marie, et les deux patrons
de l'église, saint Sévcrin et saint Valentin. Le style de ces figures est vraiment noble
et l'impression de l'ensemble très-grandiose.—D'autres œuvres de statuaire sont récem-
ment sorties de la fonderie royale de Munich. Vous n'ignorez pas quelle est l'importance
de cet établissement, dirigé par M. de Miller, et le grand nombre d'ouvrages considé-
rables qui y ont été exécutés pour beaucoup de villes d'Allemagne, ou même des pays
étrangers. Parmi ceux qui ont été exécutés dans ces derniers temps, j'ai à vous signaler
particulièrement la statue équestre d'Éberhard, premier duc de Wurtemberg, par
M. L. de Hofer, statue qui vient d'être érigée à Stuttgard. Le prince est couvert d'une
armure; il tient de la main droite l'épée des ducs de Wurtemberg, exactement copiée
sur l'original qui est en la possession du roi. La statue entière a environ treize pieds de
haut. On a critiqué généralement la disproportion qui existe entre l'homme et le cheval :
celui-ci paraît trop faible pour porter un cavalier si lourdement armé; on a blâmé
aussi l'attitude un peu théâtrale du personnage, les mouvements contrariés, les lignes
peu harmonieuses de l'ensemble et la profusion des détails d'ornement qui amoindris-
sent la figure d'Éberhard, bien loin d'ajouter à sa majesté, comme l'artiste en avait
sans doute l'intention. Devant cette statue comme, devant la plupart des statues éques-
tres de ce temps-ci, on ne peut s'empêcher de penser avec regret à la grandeur simple
et tranquille des modèles antiques, du Marc-Aurèle ou du Balbus.

Un autre statiraire distingué, un délicat ciseleur, 31. André Fortner, est l'auteur d'une
pièce d'orfèvrerie qui sort du commun de ces sortes d'ouvrages : c'est un vase que le
Kunstverein de Bohême a offert au comte Thun, le ministre éclairé qui dirige avec tant
de zèle les intérêts des beaux-arls en Autriche. L'émail s'y marie à l'or et à l'argent;
les figures et les ornements sont du plus beau style de la Renaissance. C'est là une
rare exception, et qu'il faut remarquer au milieu de tant de productions sans goût,
sans originalité, sans art, que paient si cher cependant des possesseurs plus désireux
d'étaler sur leurs tables et dans leurs salons les preuves de leur richesse, que de réjouir
les regards et d'élever l'esprit de leurs hôtes par la vue de formes pures et gracieuses.

Herweg.
 
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